[1116] καὶ ἰδέας γινόμενον ἡμῶν
ἕκαστον (1116) εἰκόνα τοῦ παρασχόντος τὴν ὁμοιότητα τῇ γενέσει
προσαγορεύοντες. Οὐδὲ γὰρ ὁ πῦρ μὴ λέγων εἶναι τὸν πεπυρωμένον
σίδηρον ἢ τὴν σελήνην ἥλιον, ἀλλὰ κατὰ Παρμενίδην
« Νυκτιφαὲς περὶ γαῖαν ἀλώμενον ἀλλότριον φῶς »,
ἀναιρεῖ σιδήρου χρῆσιν ἢ σελήνης φύσιν, ἀλλ´ εἰ μὴ λέγοι σῶμα μηδὲ
πεφωτισμένον, ἤδη μάχεται ταῖς αἰσθήσεσιν, ὥσπερ ὁ σῶμα καὶ ζῷον καὶ
γένεσιν καὶ αἴσθησιν μὴ ἀπολείπων. Ὁ δὲ ταῦθ´ ὑπάρχειν τῷ μετεσχηκέναι
καὶ ὅσον ἀπολείπεται τοῦ ὄντος ἀεὶ καὶ τὸ εἶναι παρέχοντος αὐτοῖς
ὑπονοῶν οὐ παρορᾷ τὸ αἰσθητὸν ἀλλ´ οὐ παρορᾷ τὸ νοητόν, οὐδ´
ἀναιρεῖ τὰ γινόμενα καὶ φαινόμενα περὶ ἡμᾶς τῶν παθῶν, ἀλλ´ ὅτι
βεβαιότερα τούτων ἕτερα καὶ μονιμώτερα πρὸς οὐσίαν ἐστὶ τῷ μήτε
γίνεσθαι μήτ´ ἀπόλλυσθαι μήτε πάσχειν μηθέν, ἐνδείκνυται τοῖς ἑπομένοις
καὶ διδάσκει καθαρώτερον τῆς διαφορᾶς ἁπτομένους τοῖς ὀνόμασι τὰ μὲν
ὄντα τὰ δὲ γινόμενα προσαγορεύειν. Τοῦτο δὲ καὶ τοῖς νεωτέροις
συμβέβηκε· πολλὰ γὰρ καὶ μεγάλα πράγματα τῆς τοῦ ὄντος ἀποστεροῦσι
προσηγορίας, τὸ κενὸν τὸν χρόνον τὸν τόπον, ἁπλῶς τὸ τῶν λεκτῶν
γένος, ἐν ᾧ καὶ τἀληθῆ πάντ´ ἔνεστι. Ταῦτα γὰρ ὄντα μὲν μὴ εἶναι τινὰ δ´
εἶναι λέγουσι, χρώμενοι δ´ αὐτοῖς ὡς ὑφεστῶσι καὶ ὑπάρχουσιν ἐν τῷ βίῳ
καὶ τῷ φιλοσοφεῖν διατελοῦσιν.
Ἀλλ´ αὐτὸν ἡδέως ἂν ἐροίμην τὸν κατήγορον, εἰ τοῖς ἑαυτῶν
πράγμασι τὴν διαφορὰν οὐκ ἐνορῶσι ταύτην, καθ´ ἣν τὰ μὲν μόνιμα καὶ
ἄτρεπτα τὰ δὲ μεταβλητὰ καὶ τρεπτὰ ταῖς οὐσίαις ἐστίν, ὡς λέγουσι καὶ
τὰς ἀτόμους ἀπαθείᾳ καὶ στερρότητι πάντα χρόνον ὡσαύτως ἔχειν, τὰ δὲ
συγκρίματα πάντα ῥευστὰ καὶ μεταβλητὰ καὶ γινόμενα καὶ ἀπολλύμενα
εἶναι, μυρίων μὲν εἰδώλων ἀπερχομένων ἀεὶ καὶ ῥεόντων, μυρίων δ´ ὡς
εἰκὸς ἑτέρων ἐκ τοῦ περιέχοντος ἐπιρρεόντων καὶ ἀναπληρούντων τὸ
ἄθροισμα ποικιλλόμενον ὑπὸ τῆς ἐξαλλαγῆς ταύτης καὶ μετακεραννύμενον,
ἅτε δὴ καὶ τῶν ἐν βάθει τοῦ συγκρίματος ἀτόμων οὐδέποτε λῆξαι κινήσεως
οὐδὲ παλμῶν πρὸς ἀλλήλας δυναμένων, ὥσπερ αὐτοὶ λέγουσιν.
Ἀλλ´ ἔστι μὲν ἐν τοῖς πράγμασιν ἡ τοιαύτη διαφορὰ τῆς οὐσίας,
σοφώτερος δὲ τοῦ Πλάτωνος ὁ Ἐπίκουρος, ᾗ πάντα ὁμοίως ὄντα
προσαγορεύει, τὸ ἀναφὲς κενὸν τὸ ἀντερεῖδον σῶμα, τὰς ἀρχὰς τὰ
συγκρίματα, κοινῆς καὶ μὴ διαφερούσης ἡγούμενος οὐσίας μετέχειν τὸ
ἀίδιον τῷ γινομένῳ, τὸ ἀνώλεθρον τῷ φθειρομένῳ, τὰς ἀπαθεῖς καὶ
διαρκεῖς καὶ ἀμεταβλήτους καὶ μηδέποτε τοῦ εἶναι δυναμένας ἐκπεσεῖν
φύσεις ταύταις ὧν ἐν τῷ πάσχειν καὶ μεταβάλλειν τὸ εἶναι, ταῖς μηδένα
χρόνον ὡσαύτως ἐχούσαις; εἰ δὲ δὴ καὶ ὡς ἔνι μάλιστα διήμαρτε τούτοις ὁ
Πλάτων, ὀνομάτων ὤφειλε συγχύσεως εὐθύνας ὑπέχειν τοῖς ἀκριβέστερον
ἑλληνίζουσι τούτοις καὶ καθαρώτερον διαλεγομένοις, οὐχ ὡς ἀναιρῶν τὰ
πράγματα καὶ τοῦ ζῆν ἐξάγων ἡμᾶς αἰτίαν ἔχειν, ὅτι τὰ γινόμενα γινόμενα
καὶ οὐκ ὄντα, καθάπερ οὗτοι, προσηγόρευσεν. —
Ἀλλ´ ἐπεὶ τὸν Σωκράτην μετὰ τὸν Παρμενίδην ὑπερέβημεν,
ἀναληπτέος ... . Εὐθὺς οὖν τὸν ἀφ´ ἱερᾶς κεκίνηκεν ὁ Κωλώτης, καὶ
διηγησάμενος ὅτι χρησμὸν ἐκ Δελφῶν περὶ Σωκράτους ἀνήνεγκε
Χαιρεφῶν, ὃν ἴσμεν ἅπαντες, ταῦτ´ ἐπείρηκε·
« Τὸ μὲν οὖν τοῦ Χαιρεφῶντος διὰ τὸ τελέως σοφιστικὸν καὶ φορτικὸν
διήγημα εἶναι παρήσομεν. »
φορτικὸς οὖν ὁ Πλάτων ὁ τοῦτον ἀναγράψας τὸν χρησμόν,
ἵνα τοὺς ἄλλους ἐάσω· φορτικώτεροι δὲ Λακεδαιμόνιοι τὸν περὶ Λυκούργου
χρησμὸν ἐν ταῖς παλαιοτάταις ἀναγραφαῖς ἔχοντες· σοφιστικὸν δ´ ἦν
διήγημα τὸ Θεμιστοκλέους, ᾧ πείσας Ἀθηναίους τὴν πόλιν ἐκλιπεῖν
κατεναυμάχησε τὸν βάρβαρον·
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est l'image de l'être qui, par la génération, nous imprime sa ressemblance.
Car celui qui dit que le feu n'est point le fer rouge, que la lune n'est pas le
soleil, mais qu'elle est, suivant Parménide,
"Un astre qui, n'ayant qu'un éclat emprunté,
Parcourt les vastes cieux sur son char argenté",
ne nie point l'utilité du fer ni la substance de la lune. Mais s'il disait
qu'elle n'est point un corps et qu'elle n'est pas éclairée, alors il contredirait
les sens naturels et nierait l'existence du corps, de l'animal, de la
génération et du sentiment. Mais celui qui conjecture qu'une chose existe,
parce qu'elle a quelque participation de l'être qui est toujours et qui donne
aux autres l'existence, celui-là admet une très grande distance entre l'un
et l'autre, mais il ne détruit pas les objets sensibles, et montre seulement
l'existence des êtres purement intelligibles. Il ne nous ôte pas les
affections qui sont produites en nous et qui y paraissent visiblement ; mais
il prouve qu'il est des choses d'une substance plus solide et plus durable
qui ne naissent ni ne périssent et ne reçoivent aucune impression
étrangère ; il nous enseigne à désigner plus exactement cette différence
par les termes qu'on donne à ces deux sortes de nature, en donnant aux
unes le nom d'êtres, et aux autres celui de substances produites. C'est
aussi ce que font les modernes, qui refusent l'appellation d'être à
plusieurs choses très considérables, telles que le vide, le temps, l'espace,
et en général tout ce qui n'est qu'un simple énoncé et en quoi sont
renfermées toutes les choses vraies. Ils disent que ce ne sont pas des
êtres, mais qu'ils ont une certaine existence, et soit dans le commerce
journalier de la vie, soit dans le langage philosophique, ils en font un
usage continuel, comme de choses existantes et subsistantes.
Mais je demanderais volontiers à notre censeur si dans leurs propres
affaires les épicuriens n'aperçoivent pas eux-mêmes cette différence qui
fait que certaines choses sont permanentes et immuables dans leur
substance. Ne disent-ils pas que les atomes, par leur solidité et leur
impassibilité, sont constamment dans le même état, tandis que tous les
corps qui en sont composés sont mobiles et changeants, naissent et
périssent, parce qu'un nombre infini d'images s'en écoulent continuellement,
et qu'une infinité d'autres, comme il est naturel, y sont ramenées par l'air
ambiant et réparent les vides qui se font dans la masse totale, laquelle
varie par l'effet de ces échanges réciproques, et reçoit des affections
nouvelles? Car les atomes qui se trouvent au fond de la masse qu'ils ont
formée ne cessent jamais d'être en mouvement et de se heurter les uns
contre les autres, comme le disent les épicuriens eux-mêmes. Il y a donc
dans les choses mêmes une pareille diversité de substance.
« Mais Épicure, en cela plus exact que Platon, donne également
le nom d'êtres à toutes les substances, au vide impalpable, au corps
sensible, aux principes et à leurs composés, quoique d'ailleurs il ne croie
pas que ce qui est éternel, indestructible, impassible, permanent,
immuable et toujours fixe dans son être, ait la même nature que ce qui a
engendré, qui est périssable, sujet au changement et à l'altération, et qui
ne demeure jamais dans le même état. Au reste, si Platon a mérité d'être
repris de cette confusion de termes, il devait l'être par des Grecs qui
parlassent leur langue avec plus de pureté et raisonnassent avec plus de
justesse. Mais il ne fallait pas lui reprocher d'avoir détruit les choses
mêmes et renversé la vie humaine, parce qu'il avait appelé les choses
sensibles des substances produites, et non pas des êtres, comme Épicure.
« Après avoir justifié Parménide, il faut revenir à Socrate. Ici Colotes
a, comme on dit, passé la ligne sacrée. Après avoir rapporté l'oracle
rendu à Chéréphon en faveur de Socrate, par la prêtresse de Delphes, et
qui est connu de tous , il ajoute :
«Pour ce récit de Chéréphon, comme il est d'un orgueil et d'une fierté
insupportables, nous ne nous y arrêterons pas. »
Ainsi, pour ne rien dire des autres, Platon est d'un orgueil
insupportable, lui qui nous a transmis cet oracle ; les Lacédémoniens le
sont encore davantage, eux qui ont consigné dans leurs plus anciennes
inscriptions celui qui fut rendu en faveur de Lycurgue. Ce fut encore
par une vanité ridicule que Thémistocle rapporta aux Athéniens cette
réponse de l'oracle, d'après laquelle il leur persuada d'abandonner
leur ville, et vainquit sur mer les Barbares.
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