[1117] φορτικοὶ δ´ οἱ τῆς Ἑλλάδος νομοθέται
(1117) τὰ μέγιστα καὶ πλεῖστα τῶν ἱερῶν πυθόχρηστα καθιστάντες. Εἰ
τοίνυν ὁ περὶ Σωκράτους, ἀνδρὸς εἰς ἀρετὴν θεολήπτου γενομένου,
χρησμὸς ἀνενεχθεὶς ὡς σοφοῦ φορτικὸς ἦν καὶ σοφιστικός, τίνι
προσείπωμεν ἀξίως ὀνόματι τοὺς ὑμετέρους « βρόμους » καί «
ὀλολυγμούς » καί « κροτοθορύβους » καί « σεβάσεις » καί « ἐπιθειάσεις »,
αἷς προστρέπεσθε καὶ καθυμνεῖτε τὸν ἐπὶ ἡδονὰς παρακαλοῦντα συνεχεῖς
καὶ πυκνάς; ὃς ἐν τῇ πρὸς Ἀνάξαρχον ἐπιστολῇ ταυτὶ γέγραφεν
« Ἐγὼ δ´ ἐφ´ ἡδονὰς συνεχεῖς παρακαλῶ καὶ οὐκ ἐπ´ ἀρετάς, κενὰς
καὶ ματαίας καὶ ταραχώδεις ἐχούσας τῶν καρπῶν τὰς ἐλπίδας. »
Ἀλλ´ ὅμως ὁ μὲν Μητρόδωρος τὸν Τίμαρχον παρακαλῶν φησι·
« Ποιήσωμέν τι καλὸν ἐπὶ καλοῖς, μόνον οὐ καταδύντες ταῖς
ὁμοιοπαθείαις καὶ ἀπαλλαγέντες ἐκ τοῦ χαμαὶ βίου εἰς τὰ Ἐπικούρου ὡς
ἀληθῶς θεόφαντα ὄργια. »
Κωλώτης δ´ αὐτὸς ἀκροώμενος Ἐπικούρου φυσιολογοῦντος ἄφνω
τοῖς γόνασιν αὐτοῦ προσέπεσε, καὶ ταῦτα γράφει σεμνυνόμενος αὐτὸς
Ἐπίκουρος·
« Ὡς σεβομένῳ γάρ σοι τὰ τόθ´ ὑφ´ ἡμῶν λεγόμενα προσέπεσεν
ἐπιθύμημα ἀφυσιολόγητον τοῦ περιπλακῆναι ἡμῖν γονάτων ἐφαπτόμενον
καὶ πάσης τῆς εἰθισμένης ἐπιλήψεως γίνεσθαι κατὰ τὰς σεβάσεις τινῶν καὶ
λιτάς· ἐποίεις οὖν » φησί « καὶ ἡμᾶς ἀνθιεροῦν σὲ αὐτὸν καὶ ἀντισέβεσθαι.»
Συγγνωστὰ νὴ Δία τοῖς λέγουσιν ὡς παντὸς ἂν πρίαιντο τῆς ὄψεως
ἐκείνης εἰκόνα γεγραμμένην θεάσασθαι, τοῦ μὲν προσπίπτοντος εἰς γόνατα
καὶ περιπλεκομένου τοῦ δ´ ἀντιλιτανεύοντος καὶ ἀντιπροσκυνοῦντος. Οὐ
μέντοι τὸ θεράπευμα τοῦτο, καίπερ εὖ τῷ Κωλώτῃ συντεθέν, ἔσχε καρπὸν
ἄξιον· οὐ γὰρ ἀνηγορεύθη σοφὸς ἀλλὰ μόνον
« Ἄφθαρτός μοι περιπάτει » φησί, « καὶ ἡμᾶς ἀφθάρτους διανοοῦ. »
Τοιαῦτα μέντοι ῥήματα καὶ κινήματα καὶ πάθη συνειδότες αὑτοῖς
ἑτέρους φορτικοὺς ἀποκαλοῦσι.
Καὶ δῆτα καὶ προθεὶς ὁ Κωλώτης τὰ σοφὰ ταῦτα καὶ καλὰ περὶ τῶν
αἰσθήσεων, ὅτι
« Σιτία προσαγόμεθα καὶ οὐ χόρτον, καὶ τοὺς ποταμούς, ὅταν ὦσι
μεγάλοι, πλοίοις διαπερῶμεν, ὅταν δ´ εὐδιάβατοι γένωνται, τοῖς ποσίν »
ἐπιπεφώνηκεν·
« Ἀλλὰ γὰρ ἀλαζόνας ἐπετήδευσας λόγους, ὦ Σώκρατες· καὶ ἕτερα
μὲν διελέγου τοῖς ἐντυγχάνουσιν ἕτερα δ´ ἔπραττες. »
Πῶς γὰρ οὐκ ἀλαζόνες οἱ Σωκράτους λόγοι μηδὲν αὐτοῦ εἰδέναι
φάσκοντος ἀλλὰ μανθάνειν ἀεὶ καὶ ζητεῖν τὸ ἀληθές; Εἰ δὲ τοιαύταις, ὦ
Κωλῶτα, Σωκράτους φωναῖς περιέπεσες, οἵας Ἐπίκουρος γράφει πρὸς
Ἰδομενέα·
« Πέμπε οὖν ἀπαρχὰς ἡμῖν εἰς τὴν τοῦ ἱεροῦ σώματος θεραπείαν
ὑπέρ τε αὑτοῦ καὶ τέκνων· οὕτω γάρ μοι λέγειν ἐπέρχεται »,
τίσιν ἂν ῥήμασιν ἀγροικοτέροις ἐχρήσω; καὶ μὴν ὅτι Σωκράτης ἄλλα
μὲν ἔλεγεν ἄλλα δ´ ἔπραττε, θαυμαστῶς μαρτυρεῖ σοι τὰ ἐπὶ Δηλίῳ τὰ ἐν
Ποτιδαίᾳ τὰ ἐπὶ τῶν τριάκοντα τὰ πρὸς Ἀρχέλαον τὰ πρὸς τὸν δῆμον ἡ
πενία ὁ θάνατος· οὐ γὰρ ἄξια ταῦτα τῶν Σωκρατικῶν λόγων. Ἐκεῖνος ἦν, ὦ
μακάριε, κατὰ Σωκράτους ἔλεγχος ἕτερα μὲν λέγοντος ἕτερα δὲ
πράττοντος, εἰ τὸ ἡδέως ζῆν τέλος ἐκθέμενος οὕτως ἐβίωσε. Ταῦτα μὲν οὖν
πρὸς τὰς βλασφημίας. Ὅτι δέ, οἷς ἐγκαλεῖ περὶ τῶν ἐναργῶν, ἔνοχος αὐτός
ἐστιν, οὐ συνεῖδεν. Ἓν γάρ ἐστι τῶν Ἐπικούρου δογμάτων, τὸ μηδὲν
ἀμεταπείστως πεπεῖσθαι μηδένα πλὴν τὸν σοφόν. Ἐπεὶ τοίνυν ὁ Κωλώτης
οὐκ ἦν σοφὸς οὐδὲ μετὰ τὰς σεβάσεις ἐκείνας, ἐρωτάτω πρῶτον ἑαυτὸν
ἐκεῖνα τὰ ἐρωτήματα, πῶς σιτία προσάγεται καὶ οὐ χόρτον ἐπιτήδειος ὢν
καὶ τὸ ἱμάτιον τῷ σώματι καὶ οὐ τῷ κίονι περιτίθησι, μήθ´ ἱμάτιον εἶναι τὸ
ἱμάτιον μήτε σιτίον τὸ σιτίον ἀμεταπείστως πεπεισμένος.
| [1117] Ce fut encore un artifice
de la part des législateurs de la Grèce (1117) d'avoir institué la plupart de
leurs sacrifices les plus solennels d'après des oracles de la pythie. Mais si
l'oracle apporté de Delphes, et qui donnait la prééminence de la sagesse
à Socrate, ce philosophe plein d'un saint enthousiasme pour la vertu, si
cet oracle, dis-je, est d'un orgueil et d'un ridicule insupportables, quelle
qualification faudra-t-il donner à ces cris tumultueux, à ces hurlements, à
ces applaudissements forcenés, à ces apothéoses, à ce culte insensé,
par lesquels vous célébrez, vous consacrez la vertu de cet homme qui
vous exhorte à jouir sans cesse des voluptés, et qui, dans sa lettre à
Anaxarque, s'exprime ainsi :
« Je vous appelle à des plaisirs constants plutôt qu'à des vertus qui
ne donnent que la vaine et inquiète espérance de fruits incertains? »
Aussi Métrodore donne-t-il à Timarque les conseils suivants :
«Nous agirons avec sagesse en évitant de nous enchaîner par des
affections réciproques et en nous retirant de cette vie terrestre pour nous
plonger dans les orgies vraiment divines d'Épicure. »
Colotes lui-même, un jour qu'il entendait Épicure discourir sur la physique,
se jeta brusquement à ses genoux, et Épicure s'en glorifie en ces termes :
« Comme saisi à mes paroles d'un respect religieux, il vous prit
subitement un désir surnaturel de vous prosterner devant moi,
d'embrasser mes genoux, de vous coller à moi, de me donner tous les
signes ordinaires d'adoration et de m'adresser des prières. Aussi, de mon
côté, vous ai-je regardé comme un personnage sacré et digne de tous
mes hommages. »
En vérité, je pardonne la curiosité de ceux qui auraient voulu, à
quelque prix que ce fût, voir cette scène mise en tableau, Colotes
prosterné aux pieds d'Épicure et embrassant ses genoux, et Épicure, de
son côté, adorant Colotes et lui adressant des vœux. Cependant cet
hommage si humble , et acquitté par Colotes avec tant de ferveur, ne lui
procura pas les fruits qu'il en espérait ; il ne fut pas déclaré sage, et
Épicure se contenta de lui dire :
«Va, sois incorruptible, et crois que je le suis aussi. »
Et des hommes à qui leur conscience reproche des paroles, des faits
et des passions de cette espèce, osent accuser les autres d'un orgueil
insupportable !
Ce n'est pas tout : Colotes, après avoir dit sur nos sens naturels ces
paroles si belles et si raisonnables : que nous mangeons de la viande et
non pas du foin, que nous passons les grandes rivières dans des bateaux
et les petites au gué, s'écrie :
« Tu tenais, Socrate, des discours pleins d'arrogance; tu parlais
d'une manière à ceux qui conversaient avec toi, et tu agissais d'une autre.»
«Les discours de Socrate n'étaient-ils pas en effet bien pleins
d'arrogance, lui qui disait qu'il ne savait rien, qu'il apprenait toujours, et
qu'il faisait profession de chercher la vérité ! Mais Colotes, si vous aviez lu
dans Socrate des paroles semblables à celles d'Épicure, lorsqu'il écrivait
en ces termes à Idoménée :
« Envoyez-moi, en votre nom et celui de vos enfants, des prémices
de vos sacrifices, afin d'honorer mon corps sacré, car il m'est permis de
m'exprimer ainsi, »
de quels termes plus insolents auriez-vous pu vous servir? Quant au
reproche que vous lui faites d'avoir parlé autrement qu'il n'agissait, vous
en avez de merveilleux témoignages dans ce qu'il a fait à Délium, à
Potidée, sous la tyrannie des Trente, à l'égard d'Archélaus et envers le
peuple, dans sa pauvreté et dans sa mort. Sa conduite dans toutes
ces occasions n'a-t-elle pas été d'accord avec sa doctrine? Vous
auriez pu le taxer avec justice de cette inconséquence, si, après avoir
établi en principe que la volupté était la fin dernière de l'homme, il eût
vécu comme il l'a toujours fait. Mais en voilà assez sur les reproches
personnels qu'il fait à Socrate ; passons à celui qui regarde sa doctrine
sur l'évidence. Colotes n'a pas senti qu'il était lui-même coupable de
l'inconséquence dont il accuse ce philosophe. C'est un des dogmes
d'Épicure que personne, le sage seul excepté, ne doit s'attacher à une
opinion au point de ne jamais en revenir. Puis donc que Colotes n'était
pas sage, même après ses adorations à Épicure, il devait avant tout faire
ces questions : Comment, lorsqu'il avait faim, il mangeait de la viande et
non pas du foin; pourquoi il couvrait son corps de ses habits, plutôt que
d'en revêtir une colonne; car enfin il n'était pas irrévocablement persuadé
que la viande fût de la viande, ni qu'un habit fût un habit.
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