[1114]
Καὶ γὰρ Ἐπίκουρος, ὅταν λέγῃ τὸ πᾶν ἄπειρον εἶναι καὶ ἀγένητον καὶ
ἄφθαρτον καὶ μήτ´ αὐξόμενον μήτε μειούμενον, ὡς περὶ ἑνός τινος
διαλέγεται τοῦ παντός. Ἐν ἀρχῇ δὲ τῆς πραγματείας ὑπειπὼν τὴν τῶν
ὄντων φύσιν σώματα εἶναι καὶ κενὸν ὡς μιᾶς οὔσης εἰς δύο πεποίηται τὴν
διαίρεσιν, ὧν θάτερον ὄντως μὲν οὐθέν ἐστιν, ὀνομάζεται δ´ ὑφ´ ὑμῶν
ἀναφὲς καὶ κενὸν καὶ ἀσώματον· ὥστε καὶ ὑμῖν ἓν τὸ πᾶν ἐστιν, εἰ μὴ
βούλεσθε κεναῖς φωναῖς περὶ κενοῦ χρῆσθαι, σκιαμαχοῦντες πρὸς τοὺς
ἀρχαίους. Ἀλλ´ ἄπειρα νὴ Δία πλήθει τὰ σώματα κατ´ Ἐπίκουρόν ἐστι, καὶ
γίνεται τῶν φαινομένων ἕκαστον ἐξ ἐκείνων. Ὅρα μέντοι, ἃς ὑποτίθεσθε
πρὸς γένεσιν ἀρχάς, ἀπειρίαν καὶ κενόν· ὧν τὸ μὲν ἄπρακτον ἀπαθὲς
ἀσώματον, ἡ δ´ ἄτακτος ἄλογος ἀπερίληπτος, αὑτὴν ἀναλύουσα καὶ
ταράττουσα τῷ μὴ κρατεῖσθαι μηδ´ ὁρίζεσθαι διὰ πλῆθος. Ἀλλ´ ὅ γε
Παρμενίδης οὔτε πῦρ ἀνῄρηκεν οὔθ´ ὕδωρ οὔτε κρημνὸν οὔτε πόλεις, ὥς
φησι Κωλώτης, ἐν Εὐρώπῃ καὶ Ἀσίᾳ κατοικουμένας· ὅς γε καὶ διάκοσμον
πεποίηται, καὶ στοιχεῖα μιγνύς, τὸ λαμπρὸν καὶ σκοτεινόν, ἐκ τούτων τὰ
φαινόμενα πάντα καὶ διὰ τούτων ἀποτελεῖ. Καὶ γὰρ περὶ γῆς εἴρηκε πολλὰ
καὶ περὶ οὐρανοῦ καὶ ἡλίου καὶ σελήνης καὶ ἄστρων καὶ γένεσιν ἀνθρώπων
ἀφήγηται· καὶ οὐδὲν ἄρρητον, ὡς ἀνὴρ ἀρχαῖος ἐν φυσιολογίᾳ καὶ συνθεὶς
γραφὴν ἰδίαν οὐκ ἀλλοτρίαν διαφορῶν, τῶν κυρίων παρῆκεν. Ἐπεὶ δὲ καὶ
Πλάτωνος καὶ Σωκράτους ἔτι πρότερος συνεῖδεν, ὡς ἔχει τι δοξαστὸν ἡ
φύσις ἔχει δὲ καὶ νοητόν, ἔστι δὲ τὸ μὲν δοξαστὸν ἀβέβαιον καὶ πλανητὸν
ἐν πάθεσι πολλοῖς καὶ μεταβολαῖς τῷ φθίνειν καὶ αὔξεσθαι καὶ πρὸς ἄλλον
ἄλλως ἔχειν καὶ μηδ´ ἀεὶ πρὸς τὸν αὐτὸν ὡσαύτως τῇ αἰσθήσει, τοῦ νοητοῦ
δ´ ἕτερον εἶδος, ἔστι γάρ
« Οὐλομελές τε καὶ ἀτρεμὲς ἠδ´ ἀγένητον »,
ὡς αὐτὸς εἴρηκε, καὶ ὅμοιον ἑαυτῷ καὶ μόνιμον ἐν τῷ εἶναι, ταῦτα
συκοφαντῶν ἐκ τῆς φωνῆς ὁ Κωλώτης καὶ τῷ ῥήματι διώκων οὐ τῷ
πράγματι τὸν λόγον ἁπλῶς φησι πάντ´ ἀναιρεῖν τῷ ἓν ὂν ὑποτίθεσθαι τὸν
Παρμενίδην. Ὁ δ´ ἀναιρεῖ μὲν οὐδετέραν φύσιν, ἑκατέρᾳ δ´ ἀποδιδοὺς τὸ
προσῆκον εἰς μὲν τὴν τοῦ ἑνὸς καὶ ὄντος ἰδέαν τίθεται τὸ νοητόν, ὂν μὲν ὡς
ἀίδιον καὶ ἄφθαρτον ἓν δ´ ὁμοιότητι πρὸς αὑτὸ καὶ τῷ μὴ δέχεσθαι
διαφορὰν προσαγορεύσας, εἰς δὲ τὴν ἄτακτον καὶ φερομένην τὸ αἰσθητόν.
Ὧν καὶ κριτήριον ἰδεῖν ἔστιν,
« Ἠμὲν Ἀληθείης εὐπειθέος ἀτρεκὲς ἦτορ »,
τοῦ νοητοῦ καὶ κατὰ ταὐτὰ ἔχοντος ὡσαύτως ἁπτόμενον,
« Ἡδὲ βροτῶν δόξας αἷς οὐκ ἔνι πίστις ἀληθής »
διὰ τὸ παντοδαπὰς μεταβολὰς καὶ πάθη καὶ ἀνομοιότητας δεχομένοις
ὁμιλεῖν πράγμασι. Καίτοι πῶς ἂν ἀπέλιπεν αἴσθησιν καὶ δόξαν, αἰσθητὸν
μὴ ἀπολιπὼν μηδὲ δοξαστόν; οὐκ ἔστιν εἰπεῖν. Ἀλλ´ ὅτι τῷ μὲν ὄντως ὄντι
προσήκει διαμένειν ἐν τῷ εἶναι, ταῦτα δὲ νῦν μὲν ἔστι νῦν δ´ οὐκ ἔστιν,
ἐξίσταται δ´ ἀεὶ καὶ μεταλλάσσει τὴν φύσιν, ἑτέρας ᾤετο μᾶλλον ἢ τῆς
ἐκείνου τοῦ ὄντος ἀεὶ δεῖσθαι προσηγορίας. Ἦν οὖν ὁ περὶ τοῦ ὄντος ὡς
ἓν εἴη λόγος οὐκ ἀναίρεσις τῶν πολλῶν καὶ αἰσθητῶν, ἀλλὰ δήλωσις
αὐτῶν τῆς πρὸς τὸ νοητὸν διαφορᾶς. Ἣν ἔτι μᾶλλον ἐνδεικνύμενος
Πλάτων τῇ περὶ τὰ εἴδη πραγματείᾳ καὶ αὐτὸς ἀντίληψιν τῷ Κωλώτῃ
παρέσχε. — Διὸ καὶ τὰ πρὸς τοῦτον εἰρημένα δοκεῖ μοι λαβεῖν ἐφεξῆς.
| [1114] Épicure lui-même, quand il dit que l'univers est infini
et incorruptible, qu'il n'a pas été engendré, qu'il ne peut ni s'accroître ni
diminuer, ne parle-t-il pas comme s'il le croyait unique? Et lorsqu'au
commencement de ce même traité il avance que la nature de l'univers est
composée de corps et de vide, alors ne divise-t-il pas cette substance
unique en deux, dont l'une, il est vrai, n'a point d'existence réelle et est,
selon vous-même, impalpable, vide et incorporelle? Ainsi l'univers est
unique pour vous si du moins, en parlant du vide, vous ne voulez pas
employer des mots vides de sens, et, en attaquant les anciens, vous
battre contre des ombres. Mais, direz-vous selon Épicure, les corps sont
infinis en nombre, et c'est d'eux qu'est composée chacune des
substances que nous voyons. Voilà donc deux principes de génération
que vous admettez, l'infini et le vide, dont l'un est privé d'action,
impassible et incorporel ; l'autre, dépourvu d'ordre et de raison, et ne
pouvant être terminé, se confond et se détruit lui-même, parce que son
immense étendue n'admet ni borne ni mesure. Mais Parménide n'enlève
aux hommes ni le feu, ni l'eau, ni les montagnes, ni même, comme le
prétend Colotes, les villes habitées, tant en Europe qu'en Asie, lui qui
suppose le monde éternel, et qui, en mêlant ensemble les éléments, en
réunissant la lumière et les ténèbres, compose par le moyen de ces
principes et de leur substance même tout ce qui est visible. Il a beaucoup
écrit sur la terre, le ciel, le soleil, la lune et les astres, et nulle part il n'a nié
la génération des hommes, ni rien omis de ce qui servait à distinguer les
choses essentielles. Car c'était un de ces anciens philosophes versés
dans la science naturelle, et il enseignait une doctrine qui lui était propre,
et qu'il n'avait pas empruntée d'ailleurs.
« Il à vu avant tous les autres philosophes, et avant Socrate lui-même,
que, dans la nature, il y a des choses qui ne sont que du ressort
de l'opinion, et d'autres qui sont l'objet de la pure intelligence ; que les
premières sont variables, inconstantes, sujettes à des affections et à des
changements divers ; que, susceptibles d'accroissement et de diminution,
elles changent de rapports suivant la différence des objets, et ne
conservent pas toujours les mêmes à l'égard d'un même objet. Mais la
substance intellectuelle est d'une toute autre nature.
"Elle est toujours entière et toujours immuable",
comme le dit Empédocle; toujours semblable à elle-même et
persévérante dans sa manière d'être. Colotes, qui s'attache bien moins
aux choses qu'aux mots, attaque calomnieusement ces principes, non par
des raisonnements, mais par de vaines paroles, et il se contente de dire
que Parménide, en supposant que l'univers est un, détruit tout. Mais
loin de détruire l'une et l'autre substance, il conserve à chacune ce qui lui
appartient; il établit que l'essence de l'un est l'objet de la raison et de la
science, parce que cet un est éternel et incorruptible ; et il l'appelle un
parce qu'il est toujours semblable à lui-même et qu'il n'admet aucune
diversité. Il dit que l'essence de l'autre est l'objet des sens, parce qu'elle
est toujours emportée par un mouvement désordonné. Il est facile de
voir la différence qu'il met entre ces deux natures :
"L'une est la vérité, qui porte la lumière ;
c'est la nature intelligible, qui est toujours la même.
L'autre à l'opinion devant son existence,
Ne peut des bons esprits avoir la confiance",
parce qu'elle porte sur des objets susceptibles de toutes sortes de
changements, d'affections et d'inégalités. Et comment Parménide eût-il
laissé subsister le sentiment et l'opinion, s'il avait détruit ce qui est du
ressort de l'opinion et des sens? Mais comme la permanence dans l'être
est l'apanage de ce qui a une existence réelle, au lieu que les autres
substances, tantôt existent, tantôt n'existent pas, qu'elles passent
continuellement d'une manière d'être à une autre et changent sans cesse
de nature, celles-ci doivent avoir un tout autre nom que celui d'êtres
toujours existants. Ainsi, dire que tout est un, ce n'est pas détruire la
pluralité des êtres sensibles, mais montrer leur différence avec les
substances purement intelligibles. Platon ayant voulu, dans son traité des
Idées, rendre cette différence encore plus sensible, a donné lieu à la
censure de Colotes. Il est donc naturel que je place en cet endroit les
reproches qu'il lui fait.
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