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Καὶ γὰρ Ἐπίκουρος, ὅταν λέγῃ τὸ πᾶν ἄπειρον εἶναι καὶ ἀγένητον καὶ 
ἄφθαρτον καὶ μήτ´ αὐξόμενον μήτε μειούμενον, ὡς περὶ ἑνός τινος 
διαλέγεται τοῦ παντός. Ἐν ἀρχῇ δὲ τῆς πραγματείας ὑπειπὼν τὴν τῶν 
ὄντων φύσιν σώματα εἶναι καὶ κενὸν ὡς μιᾶς οὔσης εἰς δύο πεποίηται τὴν 
διαίρεσιν, ὧν θάτερον ὄντως μὲν οὐθέν ἐστιν, ὀνομάζεται δ´ ὑφ´ ὑμῶν 
ἀναφὲς καὶ κενὸν καὶ ἀσώματον· ὥστε καὶ ὑμῖν ἓν τὸ πᾶν ἐστιν, εἰ μὴ 
βούλεσθε κεναῖς φωναῖς περὶ κενοῦ χρῆσθαι, σκιαμαχοῦντες πρὸς τοὺς 
ἀρχαίους. Ἀλλ´ ἄπειρα νὴ Δία πλήθει τὰ σώματα κατ´ Ἐπίκουρόν ἐστι, καὶ 
γίνεται τῶν φαινομένων ἕκαστον ἐξ ἐκείνων. Ὅρα μέντοι, ἃς ὑποτίθεσθε 
πρὸς γένεσιν ἀρχάς, ἀπειρίαν καὶ κενόν· ὧν τὸ μὲν ἄπρακτον ἀπαθὲς 
ἀσώματον, ἡ δ´ ἄτακτος ἄλογος ἀπερίληπτος, αὑτὴν ἀναλύουσα καὶ 
ταράττουσα τῷ μὴ κρατεῖσθαι μηδ´ ὁρίζεσθαι διὰ πλῆθος. Ἀλλ´ ὅ γε 
Παρμενίδης οὔτε πῦρ ἀνῄρηκεν οὔθ´ ὕδωρ οὔτε κρημνὸν οὔτε πόλεις, ὥς 
φησι Κωλώτης, ἐν Εὐρώπῃ καὶ Ἀσίᾳ κατοικουμένας· ὅς γε καὶ διάκοσμον 
πεποίηται, καὶ στοιχεῖα μιγνύς, τὸ λαμπρὸν καὶ σκοτεινόν, ἐκ τούτων τὰ 
φαινόμενα πάντα καὶ διὰ τούτων ἀποτελεῖ. Καὶ γὰρ περὶ γῆς εἴρηκε πολλὰ 
καὶ περὶ οὐρανοῦ καὶ ἡλίου καὶ σελήνης καὶ ἄστρων καὶ γένεσιν ἀνθρώπων 
ἀφήγηται· καὶ οὐδὲν ἄρρητον, ὡς ἀνὴρ ἀρχαῖος ἐν φυσιολογίᾳ καὶ συνθεὶς 
γραφὴν ἰδίαν οὐκ ἀλλοτρίαν διαφορῶν, τῶν κυρίων παρῆκεν. Ἐπεὶ δὲ καὶ 
Πλάτωνος καὶ Σωκράτους ἔτι πρότερος συνεῖδεν, ὡς ἔχει τι δοξαστὸν ἡ 
φύσις ἔχει δὲ καὶ νοητόν, ἔστι δὲ τὸ μὲν δοξαστὸν ἀβέβαιον καὶ πλανητὸν 
ἐν πάθεσι πολλοῖς καὶ μεταβολαῖς τῷ φθίνειν καὶ αὔξεσθαι καὶ πρὸς ἄλλον 
ἄλλως ἔχειν καὶ μηδ´ ἀεὶ πρὸς τὸν αὐτὸν ὡσαύτως τῇ αἰσθήσει, τοῦ νοητοῦ 
δ´ ἕτερον εἶδος, ἔστι γάρ
« Οὐλομελές τε καὶ ἀτρεμὲς ἠδ´ ἀγένητον »,
ὡς αὐτὸς εἴρηκε, καὶ ὅμοιον ἑαυτῷ καὶ μόνιμον ἐν τῷ εἶναι, ταῦτα 
συκοφαντῶν ἐκ τῆς φωνῆς ὁ Κωλώτης καὶ τῷ ῥήματι διώκων οὐ τῷ 
πράγματι τὸν λόγον ἁπλῶς φησι πάντ´ ἀναιρεῖν τῷ ἓν ὂν ὑποτίθεσθαι τὸν 
Παρμενίδην. Ὁ δ´ ἀναιρεῖ μὲν οὐδετέραν φύσιν, ἑκατέρᾳ δ´ ἀποδιδοὺς τὸ 
προσῆκον εἰς μὲν τὴν τοῦ ἑνὸς καὶ ὄντος ἰδέαν τίθεται τὸ νοητόν, ὂν μὲν ὡς 
ἀίδιον καὶ ἄφθαρτον ἓν δ´ ὁμοιότητι πρὸς αὑτὸ καὶ τῷ μὴ δέχεσθαι 
διαφορὰν προσαγορεύσας, εἰς δὲ τὴν ἄτακτον καὶ φερομένην τὸ αἰσθητόν. 
Ὧν καὶ κριτήριον ἰδεῖν ἔστιν, 
« Ἠμὲν Ἀληθείης εὐπειθέος ἀτρεκὲς ἦτορ », 
τοῦ νοητοῦ καὶ κατὰ ταὐτὰ ἔχοντος ὡσαύτως ἁπτόμενον, 
« Ἡδὲ βροτῶν δόξας αἷς οὐκ ἔνι πίστις ἀληθής »
διὰ τὸ παντοδαπὰς μεταβολὰς καὶ πάθη καὶ ἀνομοιότητας δεχομένοις 
ὁμιλεῖν πράγμασι. Καίτοι πῶς ἂν ἀπέλιπεν αἴσθησιν καὶ δόξαν, αἰσθητὸν 
μὴ ἀπολιπὼν μηδὲ δοξαστόν; οὐκ ἔστιν εἰπεῖν. Ἀλλ´ ὅτι τῷ μὲν ὄντως ὄντι 
προσήκει διαμένειν ἐν τῷ εἶναι, ταῦτα δὲ νῦν μὲν ἔστι νῦν δ´ οὐκ ἔστιν, 
ἐξίσταται δ´ ἀεὶ καὶ μεταλλάσσει τὴν φύσιν, ἑτέρας ᾤετο μᾶλλον ἢ τῆς 
ἐκείνου τοῦ ὄντος ἀεὶ δεῖσθαι προσηγορίας. Ἦν οὖν ὁ περὶ τοῦ ὄντος ὡς 
ἓν εἴη λόγος οὐκ ἀναίρεσις τῶν πολλῶν καὶ αἰσθητῶν, ἀλλὰ δήλωσις 
αὐτῶν τῆς πρὸς τὸ νοητὸν διαφορᾶς. Ἣν ἔτι μᾶλλον ἐνδεικνύμενος 
Πλάτων τῇ περὶ τὰ εἴδη πραγματείᾳ καὶ αὐτὸς ἀντίληψιν τῷ Κωλώτῃ 
παρέσχε. — Διὸ καὶ τὰ πρὸς τοῦτον εἰρημένα δοκεῖ μοι λαβεῖν ἐφεξῆς. 
 | [1114] Épicure lui-même, quand il dit que l'univers est infini 
et incorruptible, qu'il n'a pas été engendré, qu'il ne peut ni s'accroître ni 
diminuer, ne parle-t-il pas comme s'il le croyait unique? Et lorsqu'au 
commencement de ce même traité il avance que la nature de l'univers est 
composée de corps et de vide, alors ne divise-t-il pas cette substance 
unique en deux, dont l'une, il est vrai, n'a point d'existence réelle et est, 
selon vous-même, impalpable, vide et incorporelle? Ainsi l'univers est 
unique pour vous si du moins, en parlant du vide, vous ne voulez pas 
employer des mots vides de sens, et, en attaquant les anciens, vous 
battre contre des ombres. Mais, direz-vous selon Épicure, les corps sont 
infinis en nombre, et c'est d'eux qu'est composée chacune des 
substances que nous voyons. Voilà donc deux principes de génération 
que vous admettez, l'infini et le vide, dont l'un est privé d'action, 
impassible et incorporel ; l'autre, dépourvu d'ordre et de raison, et ne 
pouvant être terminé, se confond et se détruit lui-même, parce que son 
immense étendue n'admet ni borne ni mesure. Mais Parménide n'enlève 
aux hommes ni le feu, ni l'eau, ni les montagnes, ni même, comme le 
prétend Colotes, les villes habitées, tant en Europe qu'en Asie, lui qui 
suppose le monde éternel, et qui, en mêlant ensemble les éléments, en 
réunissant la lumière et les ténèbres, compose par le moyen de ces 
principes et de leur substance même tout ce qui est visible. Il a beaucoup 
écrit sur la terre, le ciel, le soleil, la lune et les astres, et nulle part il n'a nié 
la génération des hommes, ni rien omis de ce qui servait à distinguer les 
choses essentielles. Car c'était un de ces anciens philosophes versés 
dans la science naturelle, et il enseignait une doctrine qui lui était propre, 
et qu'il n'avait pas empruntée d'ailleurs.
« Il à vu avant tous les autres philosophes, et avant Socrate lui-même, 
que, dans la nature, il y a des choses qui ne sont que du ressort 
de l'opinion, et d'autres qui sont l'objet de la pure intelligence ; que les 
premières sont variables, inconstantes, sujettes à des affections et à des 
changements divers ; que, susceptibles d'accroissement et de diminution, 
elles changent de rapports suivant la différence des objets, et ne 
conservent pas toujours les mêmes à l'égard d'un même objet. Mais la 
substance intellectuelle est d'une toute autre nature.
"Elle est toujours entière et toujours immuable",
comme le dit Empédocle; toujours semblable à elle-même et 
persévérante dans sa manière d'être. Colotes, qui s'attache bien moins 
aux choses qu'aux mots, attaque calomnieusement ces principes, non par 
des raisonnements, mais par de vaines paroles, et il se contente de dire 
que Parménide, en supposant que l'univers est un, détruit tout. Mais 
loin de détruire l'une et l'autre substance, il conserve à chacune ce qui lui 
appartient; il établit que l'essence de l'un est l'objet de la raison et de la 
science, parce que cet un est éternel et incorruptible ; et il l'appelle un 
parce qu'il est toujours semblable à lui-même et qu'il n'admet aucune 
diversité. Il dit que l'essence de l'autre est l'objet des sens, parce qu'elle 
est toujours emportée par un mouvement désordonné. Il est facile de 
voir la différence qu'il met entre ces deux natures :
"L'une est la vérité, qui porte la lumière ;
c'est la nature intelligible, qui est toujours la même.
L'autre à l'opinion devant son existence,  
Ne peut des bons esprits avoir la confiance",
parce qu'elle porte sur des objets susceptibles de toutes sortes de 
changements, d'affections et d'inégalités. Et comment Parménide eût-il 
laissé subsister le sentiment et l'opinion, s'il avait détruit ce qui est du 
ressort de l'opinion et des sens? Mais comme la permanence dans l'être 
est l'apanage de ce qui a une existence réelle, au lieu que les autres 
substances, tantôt existent, tantôt n'existent pas, qu'elles passent 
continuellement d'une manière d'être à une autre et changent sans cesse 
de nature, celles-ci doivent avoir un tout autre nom que celui d'êtres 
toujours existants. Ainsi, dire que tout est un, ce n'est pas détruire la 
pluralité des êtres sensibles, mais montrer leur différence avec les 
substances purement intelligibles. Platon ayant voulu, dans son traité des 
Idées, rendre cette différence encore plus sensible, a donné lieu à la  
censure de Colotes. Il est donc naturel que je place en cet endroit les 
reproches qu'il lui fait.
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