HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Plutarque, Oeuvres morales - Contre Colotès

Page 1112

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[1112] Ταῦτ´ ἐγὼ μὲν οὐχ ὁρῶ καθ´ τι πρὸς τὸ ζῆν ὑπεναντιοῦται (1112) τοῖς ὑπολαμβάνουσι μήτε γένεσιν τοῦ μὴ ὄντος εἶναι μήτε φθορὰν τοῦ ὄντος, ἀλλ´ ὄντων τινῶν συνόδῳ πρὸς ἄλληλα τὴν γένεσιν διαλύσει δ´ ἀπ´ ἀλλήλων τὸν θάνατον ἐπονομάζεσθαι. Ὅτι γὰρ ἀντὶ τῆς γενέσεως εἴρηκε τὴν φύσιν, ἀντιθεὶς τὸν θάνατον αὐτῇ δεδήλωκεν Ἐμπεδοκλῆς. Εἰ δ´ οἱ μίξεις τὰς γενέσεις τιθέμενοι τὰς δὲ φθορὰς διαλύσεις οὐ ζῶσιν οὐδὲ δύνανται ζῆν, τί ποιοῦσιν ἕτερον οὗτοι; καίτοι μὲν Ἐμπεδοκλῆς τὰ στοιχεῖα κολλῶν καὶ συναρμόττων θερμότησι καὶ μαλακότησι καὶ ὑγρότησι μῖξιν αὐτοῖς καὶ συμφυΐαν ἑνωτικὴν ἁμωσγέπως ἐνδίδωσιν, οἱ δὲ τὰς ἀτρέπτους καὶ ἀσυμπαθεῖς ἀτόμους εἰς τὸ αὐτὸ συνελαύνοντες ἐξ αὐτῶν μὲν οὐδέν, αὐτῶν δὲ πολλὰς ποιοῦσι καὶ συνεχεῖς πληγάς. γὰρ περιπλοκὴ κωλύουσα τὴν διάλυσιν μᾶλλον ἐπιτείνει τὴν σύγκρουσιν, ὥστε μηδὲ μῖξιν εἶναι μηδὲ κόλλησιν ἀλλὰ ταραχὴν καὶ μάχην κατ´ αὐτοὺς τὴν λεγομένην γένεσιν· εἰ δ´ ἀκαρὲς ... Νῦν μὲν ἀπίασι διὰ τὴν ἀντίκρουσιν, νῦν δὲ προσίασι τῆς πληγῆς ἐκλυθείσης, πλεῖον διπλάσιον χωρίς εἰσιν ἀλλήλων χρόνον, οὐ ψαύουσαι καὶ πλησιάζουσαι, ὥστε μηδὲν ἐξ αὐτῶν ἀποτελεῖσθαι μηδ´ ἄψυχον, αἴσθησις δὲ καὶ ψυχὴ καὶ νοῦς καὶ φρόνησις οὐδὲ βουλομένοις ἐπίνοιαν δίδωσιν ὡς γένοιτ´ ἂν ἐν κενῷ καὶ ἀτόμοις. Ὧν οὔτε καθ´ ἑαυτὰ ποιότης ἐστὶν οὔτε πάθος μεταβολὴ συνελθόντων, ἀλλ´ οὐδὲ συνέλευσις σύγκρασιν ποιοῦσα καὶ μῖξιν καὶ συμφυΐαν ἀλλὰ πληγὰς καὶ ἀποπηδήσεις. Ὥστε τοῖς τούτων δόγμασι τὸ ζῆν ἀναιρεῖται καὶ τὸ ζῷον εἶναι, κενὰς καὶ ἀπαθεῖς καὶ ἀθέους καὶ ἀψύχους, ἔτι δ´ ἀμίκτους καὶ ἀσυγκράτους ἀρχὰς ὑποτιθεμένοις. Πῶς οὖν ἀπολείπουσι φύσιν καὶ ψυχὴν καὶ ζῷον; ὡς ὅρκον ὡς εὐχὴν ὡς θυσίαν ὡς προσκύνησιν, ῥήματι καὶ λόγῳ καὶ τῷ φάναι καὶ προσποιεῖσθαι καὶ ὀνομάζειν, ταῖς ἀρχαῖς καὶ τοῖς δόγμασιν ἀναιροῦσιν. Εἰ δὲ δὴ τὸ πεφυκὸς αὐτοὶ φύσιν καὶ τὸ γεγονὸς γένεσιν ὀνομάζουσιν, ὥσπερ οἱ ξυλείαν τὰ ξύλα καὶ συμφωνίαν καλοῦντες ἐκφορικῶς τὰ συμφωνοῦντα, πόθεν ἐπῆλθεν αὐτῷ τοιαῦτα προβάλλειν ἐρωτήματα τῷ Ἐμπεδοκλεῖ; « Τί κόπτομεν » φησίν « ἡμᾶς αὐτούς, σπουδάζοντες ὑπὲρ ἡμῶν αὐτῶν καὶ ὀρεγόμενοί τινων πραγμάτων καὶ φυλαττόμενοί τινα πράγματα; οὔτε γὰρ ἡμεῖς ἐσμεν οὔτ´ ἄλλ´ οἷς χρώμενοι ζῶμεν. » Ἀλλὰ θάρρει, φαίη τις ἄν, φίλον Κωλωτάριον· οὐδείς σε κωλύει σπουδάζειν ὑπὲρ σεαυτοῦ, διδάσκων ὅτι « Κωλώτου φύσις » αὐτὸς Κωλώτης ἐστὶν ἄλλο δ´ οὐθέν, οὐδὲ χρῆσθαι τοῖς πράγμασι (τὰ δὲ πράγματα ὑμῖν ἡδοναί εἰσιν), ὑποδεικνύων ὡς οὐκ ἔστιν ἀμήτων φύσις οὐδ´ ὀσμῶν οὐδὲ πλησιάσεως, ἄμητες δ´ εἰσὶ καὶ μύρα καὶ γυναῖκες. Οὐδὲ γὰρ γραμματικὸς λέγων τό « βίην Ἡρακλείην » αὐτὸν εἶναι τὸν Ἡρακλέα ἀναιρεῖ τὸν Ἡρακλέα, οὐδ´ οἱ τὰς συμφωνίας καὶ τὰς δοκώσεις ἐκφορὰς μόνον εἶναι φάσκοντες οὐχὶ καὶ φθόγγους καὶ δοκοὺς ὑπάρχειν λέγουσιν· ὅπου καὶ ψυχήν τινες ἀναιροῦντες καὶ φρόνησιν οὔτε τὸ ζῆν ἀναιρεῖν οὔτε τὸ φρονεῖν δοκοῦσιν. Ἐπικούρου δὲ λέγοντος « τῶν ὄντων φύσις σώματά ἐστι καὶ τόπος », πότερον οὕτως ἀκούωμεν ὡς ἄλλο τι τὴν φύσιν παρὰ τὰ ὄντα βουλομένου λέγειν τὰ ὄντα δηλοῦντος ἕτερον δὲ μηθέν; ὥσπερ ἀμέλει καὶ κενοῦ φύσιν αὐτὸ τὸ κενόν, καὶ νὴ Δία τὸ πᾶν « παντὸς φύσιν » ὀνομάζειν εἴωθε. Κἂν εἴ τις ἔροιτο « Τί λέγεις, Ἐπίκουρε, τὸ μέν τι κενὸν εἶναι τὸ δὲ φύσιν κενοῦ; » « Μὰ Δία » φήσει, « νενόμισται δέ πως τοιαύτη τῶν ὀνομάτων ὁμιλία, νόμῳ δ´ ἐπίφημι καὶ αὐτός. » Τί οὖν ἕτερον Ἐμπεδοκλῆς πεποίηκεν () διδάξας ὅτι φύσις παρὰ τὸ φυόμενον οὐθέν ἐστιν οὐδὲ θάνατος παρὰ τὸ θνῆσκον, [1112] Pour moi, je ne vois pas en quoi cette opinion d'Empédocle empêche de vivre ? (1112) ceux même qui pensent que rien n'est produit et que rien n'est anéanti, mais que la réunion des choses qui existent s'appelle génération, et que leur dissolution se nomme mort ; car Empédocle a montré clairement que, par nature, il a entendu la génération, puisqu'il l'oppose à la mort. Mais si c'est ne pas vivre que de regarder l'union des êtres comme la génération, et leur dissolution comme la mort, que font donc autre chose les épicuriens? Du moins Empédocle, en réunissant, en collant, pour ainsi dire, les éléments les uns avec les autres par des principes chauds, mous et humides, en fait une sorte de mélange et de composition qui les ramène à l'unité. Mais ceux qui poussent les uns contre les autres des atomes immuables et impassibles, ne leur donnent aucune faculté productive, et les font seulement se heurter réciproquement. Leur agrégation, en empêchant qu'ils ne se séparent, augmente leur collision mutuelle; de manière que ce qu'ils appellent génération n'est pas un mélange et une union intime, mais un désordre et un combat. Si donc les atomes ne se touchent entre eux qu'un seul instant, et qu'aussitôt après le contact ils s'éloignent mutuellement par l'effet de la résistance qu'ils éprouvent ; qu'ensuite ils se rapprochent lorsque l'impression du choc est diminuée, il s'ensuivra que le temps où ils ne se touchent pas et où seulement ils s'approchent et s'éloignent tour à tour, sera double de celui de leur contact ; en sorte qu'il ne peut pas résulter de leur mouvement même un corps inanimé. Quant au sentiment, à l'âme, à l'intelligence et à la prudence, il est impossible de concevoir comment ils se formeraient dans le vide et dans les atomes, qui, par eux-mêmes et séparément, n'ont aucune qualité, et qui, réunis, ne peuvent ni s'affecter ni se changer réciproquement. Cette réunion elle-même n'est pas un mélange véritable, une incorporation, elle se borne à des chocs, à des répulsions mutuelles. Ainsi les dogmes d'Épicure détruisent et la vie humaine et tout être animé, puisqu'ils sont fondés sur des principes vides, impassibles, dépourvus de toute qualité et incapables de s'unir ensemble. Comment donc admettent-ils la nature, l'âme et la vie? Comme ils admettent les serments, les prières, les sacrifices, l'adoration des dieux, de parole seulement; ils en conservent les noms, ils en font les actes extérieurs, mais ils les détruisent réellement par leurs dogmes et par leurs actions. Ainsi ils donnent le nom de nature à ce qui est né ; celui de génération à ce qui a été engendré, comme on donne, par métonymie, le nom de bois aux ouvrages qui en sont faits, et celui de symphonie aux corps sonores. « D'où est venu à Colotes l'idée de reprocher à Empédocle ces sortes d'expressions? «Pourquoi, dit-il, nous fatiguer et nous agiter nous-mêmes pour rechercher certaines choses et en éviter d'autres ? car nous n'existons pas, et il faut en dire autant de ceux avec qui nous vivons. » Soyez tranquille, mon cher Colotarium, pourrait-on lui dire ; personne ne vous empêche de vous agiter pour vous-même, et n'enseigne que la nature de Colotes soit autre chose que Colotes lui-même. On ne vous défend point d'user des choses qui ne sont pour vous que des voluptés, et de nous prouver qu'il n'y a point une nature de pâtisseries, d'odeurs et de plaisirs, mais seulement des pâtisseries, des parfums et des femmes ; car le grammairien qui dit que la force d'Hercule est Hercule lui-même ne nie pas pour cela l'existence d'Hercule; ni ceux qui disent que les mots symphonie et opinion ne sont que des termes ordinaires et commune ne nient point qu'il existe des sons et des opinions, puisqu'il est des philosophes qui, n'admettant ni âme ni prudence, ne paraissent point nier qu'on ne puisse vivre et être prudent. Quand Épicure dit : "La nature des êtres est composée de corps et de vides", faut-il prendre cette définition dans ce sens, que la nature est autre chose que les êtres qui existent, ou que ces êtres sont les seules choses qui existent, comme on a coutume d'appeler le vide même la nature du vide, et l'univers la nature de l'univers? Mais si quelqu'un disait à Épicure : « Comment l'entendez-vous, que l'un est le vide même et l'autre la nature du vide? » sans doute répondrait-il : « Cette communication de noms est autorisée par l'usage, et je m'y conforme. » « Mais n'est-ce pas là ce qu'a fait Empédocle lorsqu'il a enseigné que la nature et la mort ne sont autre chose que ce qui naît et ce qui meurt?


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Dernière mise à jour : 27/11/2008