HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Plutarque, Oeuvres morales - Contre Colotès

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[1111] φαίνεσθαι τῶν ἀθροιζομένων τὸ μὲν ὕδωρ τὸ δὲ πῦρ τὸ δὲ φυτὸν τὸ δ´ ἄνθρωπον, εἶναι δὲ πάντα τὰς ἀτόμους, ἰδέας ὑπ´ αὐτοῦ καλουμένας, ἕτερον δὲ μηδέν· ἐκ μὲν γὰρ τοῦ μὴ ὄντος οὐκ εἶναι γένεσιν, ἐκ δὲ τῶν ὄντων μηδὲν ἂν γενέσθαι τῷ μήτε πάσχειν μήτε μεταβάλλειν τὰς ἀτόμους ὑπὸ στερρότητος· ὅθεν οὔτε χρόαν ἐξ ἀχρώστων οὔτε φύσιν ψυχὴν ἐξ ἀποίων καὶ ἀψύχων ὑπάρχειν. Ἐγκλητέος οὖν Δημόκριτος οὐχὶ τὰ συμβαίνοντα ταῖς ἀρχαῖς ὁμολογῶν ἀλλὰ λαμβάνων ἀρχὰς αἷς ταῦτα συμβέβηκεν. Ἔδει γὰρ ἀμετάβλητα μὴ θέσθαι τὰ πρῶτα, θέμενον δὲ δὴ συνορᾶν ὅτι ποιότητος οἴχεται πάσης γένεσις. Ἀρνεῖσθαι δὲ συνορῶντα τὴν ἀτοπίαν ἀναισχυντότατον· ὥστ´ ἀναισχυντότατον, Ἐπίκουρός φησιν, ἀρχὰς μὲν ὑποτίθεσθαι τὰς αὐτάς, οὐ λέγειν δέ « νόμῳ χροιὴν καὶ γλυκὺ καὶ λευκόν » καὶ τὰς ἄλλας ποιότητας. Εἰ μὲν οὖν τό « οὐ λέγειν τοιοῦτον » ἐστίν « οὐχ ὁμολογεῖν », τῶν εἰθισμένων τι ποιεῖ· καὶ γὰρ τὴν πρόνοιαν ἀναιρῶν εὐσέβειαν ἀπολείπειν λέγει, καὶ τῆς ἡδονῆς ἕνεκα τὴν φιλίαν αἱρούμενος ὑπὲρ τῶν φίλων τὰς μεγίστας ἀλγηδόνας ἀναδέχεσθαι, καὶ τὸ μὲν πᾶν ἄπειρον ὑποτίθεσθαι, τὸ δ´ ἄνω καὶ κάτω μὴ ἀναιρεῖν. † ἔστι δὲ οὓσ... Κύλικα μὲν λαβόντα καὶ πιεῖν ὅσον ἂν ἐθέλῃ καὶ ἀποδοῦναι τὸ λεῖπον, ἐν δὲ τῷ λόγῳ μάλιστα δεῖ τοῦ σοφοῦ τούτου μνημονεύειν ἀποφθέγματος « ὧν αἱ ἀρχαὶ οὐκ ἀναγκαῖαι, τὰ τέλη ἀναγκαῖα ». Οὐκ οὖν ἀναγκαῖον ὑποθέσθαι μᾶλλον δ´ ὑφελέσθαι Δημοκρίτου, ἀτόμους εἶναι τῶν ὅλων ἀρχάς· θεμένῳ δὲ τὸ δόγμα καὶ καλλωπισαμένῳ ταῖς πρώταις πιθανότησιν αὐτοῦ προσεκποτέον ἐστὶ τὸ δυσχερές, δεικτέον ὅπως ἄποια σώματα παντοδαπὰς ποιότητας αὐτῷ μόνῳ τῷ συνελθεῖν παρέσχεν. Οἷον εὐθύς, τὸ καλούμενον θερμὸν ὑμῖν πόθεν ἀφῖκται καὶ πῶς ἐπιγέγονε ταῖς ἀτόμοις, αἳ μήτ´ ἦλθον ἔχουσαι θερμότητα μήτ´ ἐγένοντο θερμαὶ συνελθοῦσαι; τὸ μὲν γὰρ ἔχοντος ποιότητα τὸ δὲ πάσχειν πεφυκότος, οὐδέτερον δὲ ταῖς ἀτόμοις ὑπάρχειν φατὲ προσῆκον εἶναι διὰ τὴν ἀφθαρσίαν. « Τί οὖν; οὐχὶ καὶ Πλάτωνι συνέβαινε καὶ Ἀριστοτέλει καὶ Ξενοκράτει χρυσὸν ἐκ μὴ χρυσοῦ καὶ λίθον ἐκ μὴ λίθου καὶ τἄλλα γεννᾶν ἐκ τεσσάρων ἁπλῶν καὶ πρώτων ἅπαντα; » πάνυ μὲν οὖν. Ἀλλ´ ἐκείνοις μὲν εὐθύς τε συνίασιν αἱ ἀρχαὶ πρὸς τὴν ἑκάστου γένεσιν ὥσπερ συμβολὰς μεγάλας φέρουσαι τὰς ἐν αὑταῖς ποιότητας, καὶ ὅταν συνέλθωσιν εἰς τὸ αὐτὸ καὶ συμπέσωσι ξηροῖς ὑγρὰ καὶ ψυχρὰ θερμοῖς καὶ στερεὰ μαλθακοῖς, σώματα κινούμενα παθητικῶς ὑπ´ ἀλλήλων καὶ μεταβάλλοντα δι´ ὅλων, ἑτέραν ἀφ´ ἑτέρας κράσεως συναποτίκτει γένεσιν. δ´ ἄτομος αὐτή τε καθ´ ἑαυτὴν ἔρημός ἐστι καὶ γυμνὴ πάσης γονίμου δυνάμεως, καὶ πρὸς ἄλλην προσπεσοῦσα βρασμὸν ὑπὸ σκληρότητος καὶ ἀντιτυπίας ἄλλο δ´ οὐδὲν ἔσχεν οὐδ´ ἐποίησε πάθος, ἀλλὰ παίονται καὶ παίουσι τὸν ἅπαντα χρόνον, οὐχ ὅπως ζῷον ψυχὴν φύσιν ἀλλ´ οὐδὲ πλῆθος ἐξ ἑαυτῶν κοινὸν οὐδὲ σωρὸν ἕνα παλλομένων ἀεὶ καὶ διισταμένων δυνάμεναι παρασχεῖν. δὲ Κωλώτης, ὥσπερ ἀγραμμάτῳ βασιλεῖ προσδιαλεγόμενος, πάλιν ἐξάπτεται τοῦ Ἐμπεδοκλέους ταὐτὸ πνέοντος· « Ἄλλο δέ τοι ἐρέω· φύσις οὐδενὸς ἔστιν ἑκάστου θνητῶν, οὐδέ τις οὐλομένη θανάτοιο γενέθλη· ἀλλὰ μόνον μῖξίς τε διάλλαξίς τε μιγέντων ἔστι, φύσις δ´ ἐπὶ τοῖς ὀνομάζεται ἀνθρώποισι. » [1111] elles forment, par leur agrégation, de l'eau, du feu, une plante ou un homme ; que toutes ces substances, qu'il appelait atomes, étaient de pures idées, et rien autre chose ; car on ne peut rien produire de ce qui n'existe pas, et ce qui est ne peut rentrer dans le néant, parce que les atomes, à raison de leur solidité, ne peuvent éprouver ni changement ni altération. Ainsi on ne peut faire une couleur de ce qui est sans couleur, ni une substance ou une âme de ce qui est sans âme et sans qualité. Démocrite est donc répréhensible, non pour avouer les conséquences de ces principes, mais pour avoir admis des principes qui donnent lieu à de telles conséquences. Il ne devait pas supposer des principes d'une nature immuable, ou, après les avoir supposés, ne pas voir qu'ils ne pouvaient produire aucune qualité, et nier les conséquences qui en découlaient naturellement, parce qu'il sentait tout ce qu'elles avaient d'absurde. « Mais c'est une extrême impudence à Épicure de soutenir qu'en admettant les mêmes principes que Démocrite, il ne dit pas, comme lui, qu'il n'y ait de couleur, de douceur et de blancheur que par des lois de convention. S'il dit vrai en cela, n'est-ce pas reconnaître qu'il agit selon sa coutume? car c'est ainsi qu'en détruisant l'idée de la Providence, il dit qu'il conserve la piété envers les dieux; qu'en ne cherchant dans l'amitié d'autre fin que la volupté, il veut cependant qu'on supporte pour ses amis les douleurs les plus cruelles; qu'en supposant l'univers infini, il lui laisse un espace supérieur et un espace inférieur. A table on ne boit de la coupe que ce qu'on veut, et on passe le reste à un autre; en philosophie, il faut se souvenir de cette sage maxime : les principes ne sont pas nécessaires, mais les conséquences le sont. Il n'était donc pas nécessaire qu'Épicure supposât des atomes pour principes des êtres, il devait plutôt les détruire, quoique admis par Démocrite. Mais après les avoir une fois admis, après avoir tiré vanité des premières probabilités que ce système lui présentait, il fallait boire toute la coupe et admettre les conséquences embarrassantes qu'on en tirait, ou démontrer comment des corps privés de toute qualité peuvent, par leur seule réunion, produire des qualités de toutes les espèces. Par exemple, la chaleur, d'où nous vient-elle, ou comment est-elle produite dans les atomes, s'il n'y en a point déjà dans ces corps indivisibles au moment de leur agrégation, ou s'ils n'en ont pas après leur réunion? L'un supposerait qu'ils avaient déjà quelque qualité, l'autre, qu'ils avaient l'aptitude à en recevoir : or, vous dites que ni l'un ni l'autre n'est dans les atomes, parce qu'ils sont incorruptibles. Mais, me direz-vous, Platon, Aristote et Xénocrate ne disent-ils pas que l'or et la pierre sont produits par ce qui n'est ni pierre ni or, et que toutes les substances s'engendrent des quatre premiers corps, qui sont de simples éléments? Cela est vrai; mais les principes concourent aussitôt avec ces premiers corps pour la production de chaque substance, et ils y contribuent pour beaucoup en leur communiquant les qualités qu'ils contiennent en eux-mêmes. Quand ensuite ils se sont réunis et que les principes secs sont joints avec les humides, les froids avec les chauds, les mous avec les solides, ceux qui impriment le mouvement avec ceux qui sont faits pour recevoir les impressions et éprouver des changements dans toute leur substance, alors, par un effet de ces divers mélanges, ils produisent des formes différentes. Mais l'atome étant par lui-même dépourvu de toute faculté productrice, sa solidité et sa résistance font que lorsqu'il en rencontre un autre, il ne peut en résulter autre chose qu'un choc bruyant. Ils se heurtent sans cesse les uns les autres sans pouvoir produire, je ne dis pas un animal, une âme ou une plante, mais même une masse quelconque ou un nombre qui soit le résultat de leur agrégation, parce qu'ils sont toujours en agitation, toujours séparés les uns des autres. « Mais Colotes, qui, dans son ouvrage, parle à un prince ignorant, attaque Empédocle pour avoir dit : "La nature, vain nom, n'offre rien à l'esprit. Rien ne naît ici-bas, comme rien ne périt. Mais des corps composés l'union, la rupture, Sont ce que les mortels appellent la nature".


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Dernière mise à jour : 27/11/2008