HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Plutarque, Oeuvres morales - Contre Colotès

Page 1109

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[1109] ἀλλὰ τοσοῦτόν γε Δημόκριτος ἀποδεῖ τοῦ νομίζειν μὴ μᾶλλον εἶναι τοῖον τοῖον τῶν πραγμάτων ἕκαστον, ὥστε Πρωταγόρᾳ τῷ σοφιστῇ τοῦτ´ εἰπόντι μεμαχῆσθαι καὶ γεγραφέναι πολλὰ καὶ πιθανὰ πρὸς αὐτόν. Οἷς οὐδ´ ὄναρ ἐντυχὼν Κωλώτης ἐσφάλη περὶ λέξιν τοῦ ἀνδρός, ἐν διορίζεται μὴ μᾶλλον τό « δέν » τό « μηδέν » εἶναι, « δέν » μὲν ὀνομάζων τὸ σῶμα « μηδέν » δὲ τὸ κενόν, ὡς καὶ τούτου φύσιν τινὰ καὶ ὑπόστασιν ἰδίαν ἔχοντος. δ´ οὖν δόξας τό « μηδὲν μᾶλλον εἶναι τοῖον τοῖον » Ἐπικουρείῳ δόγματι κέχρηται, τῷ « πάσας εἶναι τὰς δι´ αἰσθήσεως φαντασίας ἀληθεῖς ». Εἰ γὰρ δυοῖν λεγόντων τοῦ μὲν αὐστηρὸν εἶναι τὸν οἶνον τοῦ δὲ γλυκὺν οὐδέτερος ψεύδεται τῇ αἰσθήσει, τί μᾶλλον οἶνος αὐστηρὸς γλυκύς ἐστι; καὶ μὴν λουτρῷ γε τῷ αὐτῷ τοὺς μὲν ὡς θερμῷ τοὺς δ´ ὡς ψυχρῷ χρωμένους ἰδεῖν ἔστιν· οἱ μὲν γὰρ ψυχρὸν οἱ δὲ θερμὸν ἐπιβάλλειν κελεύουσι. Πρὸς δὲ Βερρονίκην τὴν Δηϊοτάρου τῶν Λακεδαιμονίων τινὰ γυναικῶν ἀφικέσθαι λέγουσιν· ὡς δ´ ἐγγὺς ἀλλήλων προσῆλθον, εὐθὺς ἀποστραφῆναι τὴν μὲν τὸ μύρον ὡς ἔοικε τὴν δὲ τὸ βούτυρον δυσχεράνασαν. Εἴπερ οὖν μὴ μᾶλλόν ἐστιν ἑτέρα τῆς ἑτέρας ἀληθὴς αἴσθησις, εἰκός ἐστι καὶ τὸ ὕδωρ μὴ μᾶλλον εἶναι ψυχρὸν θερμὸν καὶ τὸ μύρον καὶ τὸ βούτυρον μὴ μᾶλλον εὐῶδες δυσῶδες. Εἰ γὰρ τὸ αὐτὸ φαινόμενον ἕτερον ἑτέρῳ φάσκει τις ἀμφοτέροις τοιοῦτον εἶναι, ἀμφότερα εἶναι λέγων λέληθεν. Αἱ δὲ πολυθρύλητοι συμμετρίαι καὶ ἁρμονίαι τῶν περὶ τὰ αἰσθητήρια πόρων αἵ τε πολυμιξίαι τῶν σπερμάτων, δὴ πᾶσι χυμοῖς καὶ ὀσμαῖς καὶ χροιαῖς ἐνδιεσπαρμένα λέγουσιν ἑτέραν ἑτέρῳ ποιότητος κινεῖν αἴσθησιν, οὐκ ἄντικρυς εἰς τό « μὴ μᾶλλον » τὰ πράγματα συνελαύνουσιν αὐτοῖς; Τοὺς γὰρ οἰομένους ψεύδεσθαι τὴν αἴσθησιν, ὅτι τὰ ἐναντία πάθη γινόμενα τοῖς χρωμένοις ἀπὸ τῶν αὐτῶν ὁρῶσι, παραμυθούμενοι διδάσκουσιν, ὡς ἀναπεφυρμένων καὶ συμμεμιγμένων ὁμοῦ τι πάντων, ἄλλου δ´ ἄλλῳ πεφυκότος ἐναρμόττειν οὐκ ἔστι τῆς αὐτῆς πᾶσι ποιότητος ἐπαφὴ καὶ ἀντίληψις οὐδὲ πᾶσι τοῖς μέρεσι κινεῖ πάντας ὡσαύτως τὸ ὑποκείμενον, ἀλλ´ ἐκείνοις ἕκαστοι μόνοις ἐντυγχάνοντες, πρὸς σύμμετρον ἔχουσι τὴν αἴσθησιν, οὐκ ὀρθῶς διαμάχονται περὶ τοῦ χρηστὸν πονηρὸν λευκὸν μὴ λευκὸν εἶναι τὸ πρᾶγμα, τὰς αὑτῶν οἰόμενοι βεβαιοῦν αἰσθήσεις τῷ τὰς ἄλλων ἀναιρεῖν· δεῖ δ´ αἰσθήσει μὲν μηδεμιᾷ μάχεσθαι (πᾶσαι γὰρ ἅπτονταί τινος, οἷον ἐκ πηγῆς τῆς πολυμιξίας ἑκάστη λαμβάνουσα τὸ πρόσφορον καὶ οἰκεῖον), ὅλου δὲ μὴ κατηγορεῖν ἁπτομένους μερῶν, μηδὲ τὸ αὐτὸ δεῖν οἴεσθαι πάσχειν ἅπαντας, ἄλλους κατ´ ἄλλην ποιότητα καὶ δύναμιν αὐτοῦ πάσχοντας. Ὥρα δὴ σκοπεῖν, τίνες μᾶλλον ἄνθρωποι τό « μὴ μᾶλλον » ἐπάγουσι τοῖς πράγμασιν οἳ πᾶν μὲν τὸ αἰσθητὸν κρᾶμα παντοδαπῶν ποιοτήτων ἀποφαίνουσι, « σύμμικτον ὥστε γλεῦκος αὐλητήριον », ἔρρειν δ´ ὁμολογοῦσι τοὺς κανόνας αὐτοῖς καὶ παντάπασιν οἴχεσθαι τὸ κριτήριον, ἄνπερ εἰλικρινὲς αἰσθητὸν ὁτιοῦν καὶ μὴ πολλὰ ἕκαστον ἀπολίπωσιν. Ὅρα δὴ περὶ τοῦ οἴνου τῆς θερμότητος ἐν τῷ Συμποσίῳ Πολύαινον αὑτῷ διαλεγόμενον Ἐπίκουρος πεποίηκε. Λέγοντος γάρ « Οὐ φῂς εἶναι, Ἐπίκουρε, τὰς ὑπὸ τοῦ οἴνου διαθερμασίας; » ὑπέλαβε « Τίς σε τοκαθόλου θερμαντικὸν ἀποφαίνεσθαι τὸν οἶνον εἶναι »; καὶ μετὰ σμικρόν «Φαίνεται μὲν γὰρ δὴ τὸ καθόλου οὐκ εἶναι θερμαντικὸς οἶνος, τοῦδε δέ τινος τοσοῦτος εἶναι θερμαντικὸς ἂν ῥηθείη. » Καὶ πάλιν αἰτίαν ὑπειπὼν θλίψεις τε καὶ διασπορὰς ἀτόμων, [1109] mais Démocrite est si éloigné d'avoir soutenu une pareille assertion, qu'il l'a combattue au contraire dans le sophiste Protagoras, par plusieurs arguments qui ont la plus grande probabilité. Et Colotes, qui n'avait jamais eu la moindre idée de ces raisonnements, pas même en songe, s'est trompé sur le sens d'un passage dans lequel Démocrite établit que ce qu'il appelle corps n'est pas plus que le vidé, c'est-à-dire que le vide a sa nature et sa substance propre aussi bien que le corps ; mais celui qui croirait que rien n'est de telle manière plutôt que de telle autre adopterait ce dogme d'Épicure, que toutes les perceptions qui nous viennent par les sens sont véritables. Car si de deux personnes, dont l'une dit d'un vin qu'il est piquant, et l'autre qu'il est doux, aucune des deux ne se trompe dans son jugement, comment le vin sera-t-il plutôt doux que piquant? On voit qu'un même bain paraît chaud aux uns et froid à d'autres, puisque ceux-ci demandent qu'on y mêle de l'eau chaude, et les autres de l'eau froide. Une femme de Sparte ayant fait visite à Bérénice, femme du roi Déjotarus, on dit que, lorsqu'elles furent assises l'une auprès de l'autre, elles détournèrent aussitôt la tête, la Spartiate parce qu'elle ne put supporter l'odeur des essences, et la reine celle du beurre. Si donc une sensation n'est pas plus vraie qu'une autre, il s'ensuit naturellement que l'eau n'est pas plus froide que chaude, que le parfum et le beurre n'ont pas une odeur plus ou moins désagréable l'un que l'autre. Car celui qui dit qu'une même chose paraît telle à l'un et différente à un autre, affirme sans y penser qu'elle a les deux qualités à la fois. Ces symétries, ces proportions des pores dans les organes de nos sens, dont les épicuriens font tant de bruit dans leurs écoles ; ces mélanges multipliés de semences qui, répandues, selon ces philosophes, dans toutes les saveurs, les odeurs et les couleurs, font distinguer aux sens les différentes qualités des substances, ne les conduisent-ils pas à dire sans détour que les choses ne sont pas de telle manière plutôt que de telle autre ? « Mais pour répondre à ceux qui croient que les sens nous trompent, parce qu'ils voient les mêmes objets produire des sensations opposées, les épicuriens enseignent que, quoique toutes les qualités soient confondues ensemble , il en est cependant qui conviennent naturellement à certaines substances; que par conséquent toutes n'ont pas la perception et comme le contact d'une même qualité ; qu'un même sujet ne nous affecte pas également par toutes ses parties; que seulement chacun de nous est heurté par celles qui se trouvent en proportion avec nos organes ; mais que nous avons tort de soutenir qu'un objet est ou n'est pas coloré, qu'il est ou n'est pas blanc, et de vouloir faire admettre pour vraies nos sensations, en détruisant celles des autres ; ils ajoutent qu'il ne faut contredire aucune sensation, puisque toutes sont attachées à quelque qualité, et que dans ces mélanges si multipliés chacune prend ce qui lui est analogue; qu'on ne doit pas non plus prononcer sur le tout quand on n'est affecté que par quelques parties, ni croire que nous éprouvons tous les mêmes sensations, tandis que nous sommes affectés chacun par des facultés et des qualités différentes. D'après de tels principes, faut-il demander quels sont les philosophes qui avancent que rien n'est d'une telle manière plutôt que de telle autre? N'est-ce pas ceux qui veulent que tout ce qui est sensible soit un mélange de toutes les espèces de qualités, comme un instrument fait entendre toutes les différences des tons? Ils disent que toutes leurs règles sont perdues, et qu'il ne reste plus de principe certain de jugement, si l'on admet qu'il peut y avoir d'objet sensible qui soit absolument simple, et que chaque qualité n'est pas composée de plusieurs. «Voyez ce qu'Épicure, dans son Banquet, fait dire à Polyénus, qui dispute avec lui sur la chaleur du vin, et qui lui demande s'il croit que le vin n'échauffe pas. Ce philosophe lui répond qu'on ne doit pas affirmer du vin en général qu'il soit échauffant, et il ajoute bientôt après que généralement le vin n'échauffe pas ; mais qu'une certaine quantité pourrait produire cet effet. Ensuite, pour en donner la raison, il allègue le choc de certains atomes disséminés dans le vin,


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Dernière mise à jour : 27/11/2008