[1108] « Ἐκ δ´ ἔθορε κλῆρος κυνέης, ὃν ἄρ´ ἤθελον αὐτοί, Αἴαντος ».
Οὐ μὴν ἀλλ´ εἰ σὺ προστάττεις ἑλέσθαι,
« Πῶς ἂν ἔπειτ´ Ὀδυσῆος ἐγὼ θείοιο λαθοίμην; »
Ὅρα δὴ καὶ σκόπει, πῶς ἀμυνῇ τὸν ἄνδρα.»
Καὶ ὁ Ἀριστόδημος
« Ἀλλ´ οἶσθα » ἔφη « τὸ τοῦ Πλάτωνος, ὅτι τῷ παιδὶ χαλεπήνας οὐκ
αὐτὸς ἐνέτεινε πληγὰς ἀλλὰ Σπεύσιππον ἐκέλευσεν, εἰπὼν αὐτὸς
ὀργίζεσθαι. Καὶ σὺ τοίνυν παραλαβὼν κόλαζε τὸν ἄνθρωπον ὅπως βούλει·
ἐγὼ γὰρ ὀργίζομαι. » Τὰ αὐτὰ δὴ καὶ τῶν ἄλλων παρακελευομένων «
λεκτέον μέν » ἔφην « ἄρα, φοβοῦμαι δὲ μὴ δόξω καὶ αὐτὸς ἐσπουδακέναι
μᾶλλον ἢ δεῖ πρὸς τὸ βιβλίον ὑπ´ ὀργῆς, δι´ ἀγροικίαν καὶ βωμολοχίαν καὶ
ὕβριν τοῦ ἀνθρώπου χόρτον τινὰ προβάλλοντος ---ήσεως Σωκράτει καί,
πῶς εἰς τὸ στόμα τὸ σιτίον οὐκ εἰς τὸ οὖς ἐντίθησιν, ἐρωτῶντος. Ἀλλ´ ἴσως
ἂν ἐπὶ τούτοις καὶ γελάσειέ τις ἐννοήσας τὴν Σωκράτους πραότητα καὶ
χάριν, « ὑπέρ γε μέντοι παντὸς Ἑλλήνων στρατοῦ » τῶν ἄλλων
φιλοσόφων, ἐν οἷς Δημόκριτός ἐστι καὶ Πλάτων καὶ Στίλπων καὶ
Ἐμπεδοκλῆς καὶ Παρμενίδης καὶ Μέλισσος, οὕτω κακῶς ἀκηκοότων, οὐ
μόνον « αἰσχρὸν σιωπᾶν », ἀλλ´ οὐδ´ ὅσιον ἐνδοῦναί τι καὶ ὑφελέσθαι τῆς
ἄκρας ὑπὲρ αὐτῶν παρρησίας εἰς τοῦτο δόξης φιλοσοφίαν προαγαγόντων.
Καίτοι τὸ μὲν ζῆν οἱ γονεῖς μετὰ τῶν θεῶν ἡμῖν ἔδωκαν, παρὰ δὲ τῶν
φιλοσόφων δίκης καὶ νόμου συνεργὸν οἰόμεθα λόγον ἐπιθυμιῶν κολαστὴν
λαβόντες εὖ ζῆν· τὸ δ´ εὖ ζῆν ἐστι κοινωνικῶς ζῆν καὶ φιλικῶς καὶ
σωφρόνως καὶ δικαίως. Ὧν οὐθὲν ἀπολείπουσιν οἱ περὶ γαστέρα τἀγαθὸν
εἶναι βοῶντες, οὐκ ἂν δὲ τὰς ἀρετὰς ὁμοῦ πάσας τετρημένου χαλκοῦ
πριάμενοι δίχα τῆς ἡδονῆς --- πάσης πανταχόθεν ἐξελαθείσης· ἐνδεῖν δ´
αὐτοῖς τῶν περὶ θεῶν καὶ ψυχῆς λόγων, ὡς ἡ μὲν ἀπόλλυται διαλυθεῖσα,
τοῖς δ´ οὐθενὸς μέλει τῶν καθ´ ἡμᾶς. Τοῖς μὲν γὰρ ἄλλοις φιλοσόφοις
ἐγκαλοῦσιν οὗτοι, διὰ τὸ ἀγνοεῖν τοῦτο τὸ σοφὸν ὡς τὸ ζῆν ἀναιροῦσιν,
ἐκεῖνοι δὲ τούτοις, ὅτι ζῆν ἀγεννῶς καὶ θηριωδῶς διδάσκουσι.
Καίτοι ταῦτα μὲν ἐγκέκραται τοῖς Ἐπικούρου λόγοις καὶ διαπεφοίτηκεν
αὐτοῦ τῆς φιλοσοφίας. Ὁ δὲ Κωλώτης ὅτι φωνάς τινας ἐρήμους
πραγμάτων ἀποσπῶν καὶ μέρη λόγων καὶ σπαράγματα κωφὰ τοῦ
βεβαιοῦντος καὶ συνεργοῦντος πρὸς νόησιν καὶ πίστιν ἕλκων ὥσπερ
ἀγορὰν ἢ πίνακα τεράτων συντίθησι τὸ βιβλίον, ἴστε δήπου παντὸς μᾶλλον
ὑμεῖς » ἔφην « τὰ συγγράμματα τῶν παλαιῶν διὰ χειρὸς ἔχοντες.
Ἐμοὶ δὲ δοκεῖ καθάπερ ὁ Λυδὸς ἐφ´ αὑτὸν ἀνοίγειν οὐ θύραν μίαν,
ἀλλὰ ταῖς πλείσταις τῶν ἀποριῶν καὶ μεγίσταις περιβάλλειν τὸν
Ἐπίκουρον. Ἄρχεται γὰρ ἀπὸ Δημοκρίτου, καλὰ καὶ πρέποντα διδασκάλια
κομιζομένου παρ´ αὐτοῦ. Καίτοι πολὺν χρόνον αὐτὸς ἑαυτὸν ἀνηγόρευε
Δημοκρίτειον ὁ Ἐπίκουρος, ὡς ἄλλοι τε λέγουσι καὶ Λεοντεύς, εἷς τῶν ἐπ´
ἄκρον Ἐπικούρου μαθητῶν, πρὸς Λυκόφρονα γράφων τιμᾶσθαί τέ φησι
τὸν Δημόκριτον ὑπ´ Ἐπικούρου διὰ τὸ πρότερον ἅψασθαι τῆς ὀρθῆς
γνώσεως, καὶ τὸ σύνολον τὴν περὶ φύσεως πραγματείαν Δημοκρίτειον
προσαγορεύεσθαι διὰ τὸ περιπεσεῖν αὐτὸν πρότερον ταῖς ἀρχαῖς. Ὁ δὲ
Μητρόδωρος ἄντικρυς ἐν τῷ περὶ Φιλοσοφίας εἴρηκεν, ὡς, εἰ μὴ
προκαθηγήσατο Δημόκριτος, οὐκ ἂν προῆλθεν Ἐπίκουρος ἐπὶ τὴν σοφίαν.
Ἀλλ´ εἰ κατὰ τὰ Δημοκρίτου δόγματα ζῆν οὐκ ἔστιν, ὡς οἴεται Κωλώτης,
γελοῖος ἦν ἐπὶ τὸ μὴ ζῆν ἄγοντι Δημοκρίτῳ κατακολουθῶν ὁ Ἐπίκουρος.
Ἐγκαλεῖ δ´ αὐτῷ πρῶτον, ὅτι τῶν πραγμάτων ἕκαστον εἰπὼν οὐ
μᾶλλον τοῖον ἢ τοῖον εἶναι συγκέχυκε τὸν βίον.
| [1108] C'était Ajax. Cependant, puisque vous m'ordonnez de faire un
choix, "Comment pour ce combat oublierais-je Ulysse"?
« Voyez donc comment vous répondez à Colotes. — Vous
savez, me dit-il, ce que fit Platon lorsque, irrité contre un de ses esclaves,
il ne voulut pas le frapper lui-même : il ordonna à son neveu Speusippe de
le punir, parce qu'il était trop en colère; je vous dirai aussi :
"Emparez-vous de cet homme, et traitez-le comme il le mérite, car je
suis en colère. »
Tous les assistants s'étant joints à Aristodème pour m'en prier :
« Je m'en chargerai, leur dis-je; mais je crains qu'on ne m'accuse de
donner à l'ouvrage de Colotes plus d'importance qu'il ne mérite, en
voulant défendre Socrate contre l'insolence grossière d'un écrivain qui ose
proposer à ce philosophe respectable de manger du foin, et qui lui
demande comment il ne porte pas la nourriture à son oreille plutôt qu'à sa
bouche. Il serait peut-être beaucoup mieux d'en rire, et d'imiter la douceur
et l'aménité que Socrate opposait à ces injures. Mais pour l'honneur de
l'armée entière des philosophes grecs, de Démocrite, de Platon,
d'Empédocle, de Parménide et de Mélissus, que Colotes a si fort
maltraités, on ne pourrait sans crime garder le silence ; ce serait même
une sorte de sacrilège que de ne pas égaler, en les défendant, l'extrême
franchise avec laquelle parlaient sur leur propre compte ces grands hommes
qui ont porté la philosophie à un si haut degré de splendeur et de gloire.
« Nos parents, avec le secours des dieux, nous ont donné la vie ;
mais la bonne vie nous la devons aux philosophes qui nous ont
communiqué l'instruction dont l'effet est de maintenir la justice et les lois,
et de réprimer les passions ; cette seconde vie est le fondement de la
société entre les hommes ; l'équité, la modération et l'amitié mutuelle en
sont les liens. Or, tous ces avantages nous sont enlevés par des
philosophes qui nous crient sans cesse que le souverain bien consiste
dans les plaisirs des sens, et que si les vertus étaient séparées de la volupté,
ils ne voudraient pas les acheter toutes ensemble pour la plus
mauvaise pièce de monnaie. Dans leurs ouvrages sur les dieux et sur
l'âme, ils soutiennent que celle-ci est anéantie après sa séparation d'avec
le corps, et que les dieux ne se mêlent en rien des affaires des humains.
Les épicuriens donc reprochent aux autres philosophes d'ôter par leur
sagesse la vie à l'homme, et ceux-ci les accusent à leur tour de lui
apprendre à mener une vie grossière et animale.
En effet, c'est le résultat des préceptes répandus dans tous les
ouvrages d'Épicure, et sa philosophie ne respire autre chose. Mais
Colotes, qui a extrait des écrits des autres philosophes beaucoup de
passages et de fragments détachés des raisonnements et des preuves
qui en faciliteraient l'intelligence et leur donneraient delà probabilité, a fait
un ouvrage bizarre, ou plutôt un tableau d'objets monstrueux. Vous le
savez mieux que moi, vous qui lisez si souvent les écrits des anciens
philosophes.
« Mais il me semble qu'il n'ouvre pas seulement comme ce Lydien
une porte contre lui-même (2) : il livre encore Épicure aux plus grandes
difficultés. Ce philosophe avait puisé ses principes dans Démocrite, et il
lui paie un bon salaire des leçons qu'il en avait reçues. Il est certain que
pendant longtemps Épicure lui-même reconnaissait tenir sa philosophie
de Démocrite, comme l'avouent plusieurs écrivains, et entre autres
Léontée, l'un des plus illustres disciples d'Épicure, dans sa lettre à
Lycophron, où il dit que son maître avait la plus grande estime pour
Démocrite, qui le premier avait eu des connaissances exactes, et saisi les
vrais principes de la nature ; ce qui avait fait donner son nom à la
philosophie naturelle. Métrodore, en parlant de la philosophie, dit
ouvertement que si Démocrite n'eût pas tracé la route à Épicure,
jamais celui-ci ne serait parvenu à la sagesse. Mais si ce n'est pas vivre
que de se conduire d'après les principes de Démocrite, comme le prétend
Colotes, Épicure n'est-il pas ridicule d'avoir pris pour guide un philosophe
dont la doctrine le menait à ne pas pouvoir vivre ?
« Colotes reproche en premier lieu à Démocrite d'avoir dit que rien
n'est plutôt de telle manière que de telle autre, et d'avoir confondu par là
toute la vie humaine ;
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