| [1126] Εἰ γὰρ πρὸς Ἀντίδωρον ἢ Βίωνα τὸν σοφιστὴν γράφων 
ἐμνήσθη νόμων καὶ πολιτείας καὶ διατάξεως, οὐκ ἂν (τις) εἶπεν αὐτῷ 
« Μέν´, ὦ ταλαίπωρ´, ἀτρέμα σοῖς ἐν δεμνίοις »
περιστέλλων τὸ σαρκίδιον, ἐμοὶ δὲ περὶ τούτων οἱ οἰκονομικῶς καὶ 
πολιτικῶς βεβιωκότες ἐγκαλείτωσαν; εἰσὶ δὲ τοιοῦτοι πάντες οἷς Κωλώτης 
λελοιδόρηκεν. Ὧν Δημόκριτος μὲν παραινεῖ τήν τε πολιτικὴν τέχνην 
μεγίστην οὖσαν ἐκδιδάσκεσθαι καὶ τοὺς πόνους διώκειν, ἀφ´ ὧν τὰ μεγάλα 
καὶ λαμπρὰ γίνεται τοῖς ἀνθρώποις· Παρμενίδης δὲ τὴν ἑαυτοῦ πατρίδα 
διεκόσμησε νόμοις ἀρίστοις, ὥστε τὰς ἀρχὰς καθ´ ἕκαστον ἐνιαυτὸν 
ἐξορκοῦν τοὺς πολίτας ἐμμενεῖν τοῖς Παρμενίδου νόμοις· Ἐμπεδοκλῆς δὲ 
τούς τε πρώτους τῶν πολιτῶν ὑβρίζοντας καὶ διαφοροῦντας τὰ κοινὰ 
ἐξελέγξας --- τήν τε χώραν ἀπήλλαξεν ἀκαρπίας καὶ λοιμοῦ διασφάγας 
ὄρους ἀποτειχίσας, δι´ ὧν ὁ νότος εἰς τὸ πεδίον ὑπερέβαλλε· Σωκράτης δὲ 
μετὰ τὴν καταδίκην φυγῆς αὐτῷ μεμηχανημένης ὑπὸ τῶν φίλων οὐκ 
ἐχρήσατο, τοὺς νόμους βεβαιῶν, ἀλλ´ ἀδίκως ἀποθανεῖν εἵλετο μᾶλλον ἢ 
σωθῆναι παρανόμως· Μέλισσος δὲ τῆς πατρίδος στρατηγῶν Ἀθηναίους 
κατεναυμάχησε· Πλάτων δὲ καλοὺς μὲν ἐν γράμμασι λόγους περὶ νόμων 
καὶ πολιτείας ἀπέλιπε, πολὺ δὲ κρείττονας ἐνεποίησε τοῖς ἑταίροις, ἀφ´ ὧν 
Σικελία διὰ Δίωνος ἠλευθεροῦτο καὶ Θρᾴκη διὰ Πύθωνος καὶ Ἡρακλείδου 
Κότυν ἀνελόντων, Ἀθηναίων δὲ Χαβρίαι στρατηγοὶ καὶ Φωκίωνες ἐξ 
Ἀκαδημείας ἀνέβαινον. Ἐπίκουρος μὲν γὰρ εἰς Ἀσίαν ἐξέπεμπε τοὺς 
Τιμοκράτει λοιδορησομένους, (καὶ) τῆς βασιλικῆς ἐξελῶν αὐλῆς τὸν 
ἄνθρωπον, ὅτι Μητροδώρῳ προσέκρουσεν ἀδελφὸς ὤν, καὶ ταῦτ´ ἐν τοῖς 
βιβλίοις γέγραπται τοῖς ἐκείνων· Πλάτων δὲ τῶν ἑταίρων ἐξαπέστειλεν 
Ἀρκάσι μὲν Ἀριστώνυμον διακοσμήσοντα τὴν πολιτείαν, Ἠλείοις δὲ 
Φορμίωνα, Μενέδημον δὲ Πυρραίοις. Εὔδοξος δὲ Κνιδίοις καὶ Ἀριστοτέλης 
Σταγειρίταις, Πλάτωνος ὄντες συνήθεις, νόμους ἔγραψαν· παρὰ δὲ 
Ξενοκράτους Ἀλέξανδρος ὑποθήκας ᾔτησε περὶ βασιλείας· ὁ δὲ πεμφθεὶς 
πρὸς Ἀλέξανδρον ὑπὸ τῶν ἐν Ἀσίᾳ κατοικούντων Ἑλλήνων καὶ μάλιστα 
διακαύσας καὶ παροξύνας ἅψασθαι τοῦ πρὸς τοὺς βαρβάρους πολέμου 
Δήλιος ἦν Ἐφέσιος, ἑταῖρος Πλάτωνος. Ζήνων τοίνυν ὁ Παρμενίδου 
γνώριμος ἐπιθέμενος Δημύλῳ τῷ τυράννῳ καὶ δυστυχήσας περὶ τὴν 
πρᾶξιν ἐν πυρὶ τὸν Παρμενίδου λόγον ὥσπερ χρυσὸν ἀκήρατον καὶ 
δόκιμον παρέσχε, καὶ ἀπέδειξεν ἔργοις ὅτι τὸ αἰσχρὸν ἀνδρὶ μεγάλῳ 
φοβερόν ἐστιν, ἀλγηδόνα δὲ παῖδες καὶ γύναια καὶ γυναίων ψυχὰς ἔχοντες 
ἄνδρες δεδίασι· τὴν γὰρ γλῶτταν αὑτοῦ διατραγὼν τῷ τυράννῳ 
προσέπτυσεν. 
Ἐκ δὲ τῶν Ἐπικούρου λόγων καὶ δογμάτων οὐ λέγω τίς 
τυραννοκτόνος ἢ τίς ἀριστεὺς ἢ τίς νομοθέτης ἢ τίς ἄρχων ἢ βασιλέως 
σύμβουλος ἢ δήμου προστάτης ἢ βεβασανισμένος ὑπὲρ τῶν δικαίων ἢ 
τεθνηκώς, ἀλλὰ τίς τῶν σοφῶν ἔπλευσεν ὑπὲρ τῆς πατρίδος, 
ἐπρέσβευσεν, ἀνήλωσε, ποῦ γέγραπται πολιτικὴ πρᾶξις ὑμῖν; καίτοι ὅτι 
Μητρόδωρος εἰς Πειραιᾶ κατέβη σταδίους τεσσαράκοντα Μιθρῇ τινι Σύρῳ 
τῶν βασιλικῶν συνειλημμένῳ βοηθήσων, πρὸς πάντας ἐγράφετο καὶ 
πάσας ἐπιστολαῖς, μεγαληγοροῦντος Ἐπικούρου καὶ σεμνύνοντος ἐκείνην 
τὴν ὁδόν. Τί οὖν εἴ τι τοιοῦτον ἐπέπρακτο αὐτοῖς οἷον Ἀριστοτέλει, τὴν 
πατρίδα κτίσαι διεφθαρμένην ὑπὸ Φιλίππου, Θεοφράστῳ δὲ δὶς 
ἐλευθερῶσαι τυραννουμένην; οὐκ ἐπιλιπεῖν ἔδει πρότερον φέροντα 
βύβλους τὸν Νεῖλον ἢ τούτους ἀποκαμεῖν γράφοντας περὶ αὑτῶν; 
 | [1126] « Lorsque Épicure, en écrivant contre Antidore ou contre Bion 
le sophiste, faisait mention des lois, de l'ordre et de la police des 
gouvernements, n'avait-on pas droit de lui dire :
"Tenez-vous, homme faible, enfermé dans vos langes,
et soignez bien votre corps"? C'est à ceux qui ont bien rempli les 
devoirs de la vie civile et domestique à relever nos fautes en ce genre ; et 
tels ont été tous ceux que Colotes a calomniés dans son ouvrage. De ce 
nombre est Démocrite, qui conseille dans ses écrits de se former à l'art 
militaire, comme le plus important de tous, et de s'accoutumer à en 
supporter les fatigues, parce qu'elles procurent les plus brillants 
avantages. Parménide donna à sa patrie des lois si sages que tous les 
ans, lorsque les magistrats entrent en charge, on leur fait jurer d'observer 
les lois de Parménide. Empédocle ayant convaincu les principaux 
d'entre ses concitoyens de concussions et de violences, il les fit 
condamner; il délivra son pays de la stérilité et de la peste, en faisant 
boucher des défilés de montagnes par où souillait un vent du midi qui 
désolait les campagnes. Socrate, après sa condamnation, afin de 
conserver aux lois leur autorité, ne voulut pas profiter des moyens 
d'évasion que ses amis lui avaient ménagés, et il dit qu'il aimait mieux 
mourir injustement que de sauver sa vie en violant les lois. Mélissus, 
élu général par ses concitoyens, défit les Athéniens dans un combat 
naval. Platon a laissé d'excellents préceptes sur les lois et sur les 
gouvernements ; mais il les a mieux gravés encore dans le cœur de ses 
disciples. Ce fut par l'ascendant de ses discours que Dion délivra la Sicile 
de la tyrannie de Denys; que Python et Héraclide tuèrent le roi Cotys  
et affranchirent la Thrace de la servitude. Chabrias et Phocion, deux 
généraux athéniens, étaient sortis de l'Académie. Épicure, il est vrai, 
envoya jusqu'en Asie pour réprimander Timocrate et l'arracher de la cour 
où il était, parce qu'il avait offensé son frère Métrodore, et il l'a 
consigné dans ses ouvrages. Mais Platon députa plusieurs de ses 
disciples pour donner à divers peuples une forme de gouvernement ; il 
envoya Aristonyme aux Arcadiens, Phormion aux Éléens, et Ménédème à 
ceux de Pyrrha. Eudoxe et Aristote, deux disciples de Platon, donnèrent 
des lois, le premier aux Cnidiens, et le second aux habitants de Stagyre. 
Alexandre demanda à Xénocrate des préceptes pour bien régner. Celui 
que les Grecs d'Asie députèrent vers ce prince, et qui contribua le 
plus à allumer en lui le désir de faire la guerre aux Barbares, fut Délius 
d'Éphèse, l'ami de Platon. Zénon, le disciple de Parménide, qui avait 
voulu tuer le tyran Démylus, ayant manqué son coup, fit éclater dans les 
tourments la beauté des préceptes de son maître, comme on voit l'or 
s'épurer dans le feu ; il montra qu'un grand homme ne redoute que 
l'infamie ; que la douleur n'effraie que les enfants, les femmes et les 
cœurs efféminés ; car il se coupa lui-même la langue avec les dents, et la 
cracha au visage du tyran.
« Mais la doctrine et les dogmes d'Épicure n'ont jamais produit un 
vengeur de la tyrannie, un législateur, un magistrat, un ministre des rois, 
un défenseur des peuples, un homme qui ait été tourmenté ou qui soit 
mort pour la justice. Je vais plus loin encore : quel est le sage sorti de son 
école qui ait entrepris un voyage sur mer pour le service de sa patrie, qui 
ait été en ambassade, ou qui ait fait quelque dépense pour le bien public ? 
Quelle action utile au peuple peut-on citer d'un seul d'entre eux ? 
Métrodore descendit d'Athènes au Pyrée, et fit quarante stades pour aller 
au secours d'un Syrien nommé Mythrès, officier du roi de Perse, lequel 
avait été fait prisonnier. Épicure en parle sans cesse dans toutes ses 
lettres, et exalte cette action dans les termes les plus magnifiques. Et qu'auraient-ils donc dit s'ils avaient fait une action semblable à celle 
d'Aristote, qui obtint le rétablissement de sa patrie, détruite par Philippe, 
ou à celle de Théophraste, qui délivra deux fois la sienne, opprimée par 
des tyrans? Tout ce que le Nil produit de papier n'aurait pas suffi pour 
décrire de pareilles actions. 
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