[1125] Οἱ γὰρ τούτων καταφρονοῦντες ὡς μύθων καὶ περὶ γαστέρα
τἀγαθὸν ἡγούμενοι καὶ τοὺς ἄλλους πόρους δι´ ὧν ἡδονὴ παραγίνεται,
νόμου δέονται καὶ φόβου καὶ πληγῆς καὶ βασιλέως τινὸς καὶ ἄρχοντος ἐν
χειρὶ τὴν δίκην ἔχοντος, ἵνα μὴ τοὺς πλησίον κατεσθίωσιν ὑπὸ λαιμαργίας
ἀθεότητι θρασυνομένης. Καὶ γὰρ ὁ τῶν θηρίων βίος τοιοῦτός ἐστιν, ὅτι τῆς
ἡδονῆς οὐδὲν ἐπίσταται κάλλιον οὐδὲ δίκην θεῶν οἶδεν οὐδὲ σέβεται τῆς
ἀρετῆς τὸ κάλλος, ἀλλ´ εἴ τι θαρραλέον αὐτοῖς ἢ πανοῦργον ἢ δραστήριον
ἐκ φύσεως ἔνεστι, τούτῳ πρὸς ἡδονὴν σαρκὸς καὶ ἀποπλήρωσιν ὀρέξεως
χρῆται. Καθάπερ οἴεται δεῖν ὁ σοφὸς Μητρόδωρος, λέγων τὰ καλὰ
πάντα καὶ σοφὰ καὶ περιττὰ τῆς ψυχῆς ἐξευρήματα τῆς κατὰ σάρκα ἡδονῆς
ἕνεκα καὶ τῆς ἐλπίδος τῆς ὑπὲρ ταύτης συνεστάναι καὶ πᾶν εἶναι κενὸν
ἔργον, ὃ μὴ εἰς τοῦτο κατατείνει. Τούτοις τοῖς διαλογισμοῖς καὶ
φιλοσοφήμασιν ἀρθέντων τῶν νόμων ὄνυχες λύκων ἐνδέουσι καὶ
ὀδόντες λεόντων καὶ γαστέρες βοῶν καὶ τράχηλοι καμήλων. Καὶ ταῦτα τὰ
πάθη καὶ τὰ δόγματα λόγων καὶ γραμμάτων ἀπορίᾳ τὰ θηρία βρυχήμασι
καὶ χρεμετισμοῖς καὶ ὑλακαῖς σημαίνει, καὶ πᾶσα φωνὴ γαστρός ἐστιν
αὐτοῖς καὶ σαρκὸς ἡδονὴν ἀσπαζομένη καὶ σαίνουσα παροῦσαν ἢ
μέλλουσαν, εἰ μή τι φύσει φιλόφωνόν ἐστι καὶ κωτίλον. Οὐδεὶς οὖν ἔπαινος
ἄξιος ἂν γένοιτο τῶν ἐπὶ ταῦτα τὰ πάθη τὰ θηριώδη νόμους θεμένων καὶ
πολιτείας καὶ ἀρχὰς καὶ νόμων διάταξιν. Ἀλλὰ τίνες εἰσὶν οἱ ταῦτα
συγχέοντες καὶ καταλύοντες καὶ ἄρδην ἀναιροῦντες; οὐχ οἱ πολιτείας
ἀφιστάντες αὑτοὺς καὶ τοὺς πλησιάζοντας; οὐχ οἱ τὸν τῆς ἀταραξίας
στέφανον ἀσύμβλητον εἶναι ταῖς μεγάλαις ἡγεμονίαις λέγοντες; οὐχ οἱ τὸ
βασιλεύειν ἁμαρτίαν καὶ διάπτωσιν ἀποφαίνοντες καὶ γράφοντες αὐταῖς
λέξεσιν, ὅτι
« Λέγειν δεῖ, πῶς ἄριστα τὸ τῆς φύσεως τέλος συντηρήσει καὶ πῶς τις
ἑκὼν εἶναι μὴ πρόσεισιν ἐξ ἀρχῆς ἐπὶ τὰς τῶν πληθῶν ἀρχάς »·
Καὶ ἔτι ταῦτα πρὸς ἐκείνοις·
« Οὐδὲν οὖν ἔτι δεῖ τοὺς Ἕλληνας σῴζειν οὐδ´ ἐπὶ σοφίᾳ στεφάνου
παρ´ αὐτῶν τυγχάνειν, ἀλλ´ ἐσθίειν καὶ πίνειν, ὦ Τιμόκρατες, ἀβλαβῶς τῇ
σαρκὶ καὶ κεχαρισμένως »;
Ἀλλὰ μὴν ἧς γε καὶ Κωλώτης ἐπαινεῖ διατάξεως τῶν νόμων πρῶτόν
ἐστιν ἡ περὶ θεῶν δόξα καὶ μέγιστον, ᾗ καὶ Λυκοῦργος Λακεδαιμονίους καὶ
Νομᾶς Ῥωμαίους καὶ Ἴων ὁ παλαιὸς Ἀθηναίους καὶ Δευκαλίων Ἕλληνας
ὁμοῦ τι πάντας καθωσίωσαν, εὐχαῖς καὶ ὅρκοις καὶ μαντεύμασι καὶ φήμαις
ἐμπαθεῖς πρὸς τὰ θεῖα δι´ ἐλπίδων ἅμα καὶ φόβων καταστήσαντες. Εὕροις
δ´ ἂν ἐπιὼν πόλεις ἀτειχίστους, ἀγραμμάτους, ἀβασιλεύτους, ἀοίκους,
ἀχρημάτους, νομίσματος μὴ δεομένας, ἀπείρους θεάτρων καὶ γυμνασίων·
ἀνιέρου δὲ πόλεως καὶ ἀθέου, μὴ χρωμένης εὐχαῖς μηδ´ ὅρκοις μηδὲ
μαντείαις μηδὲ θυσίαις ἐπ´ ἀγαθοῖς μηδ´ ἀποτροπαῖς κακῶν οὐδείς ἐστιν
οὐδ´ ἔσται γεγονὼς θεατής· ἀλλὰ πόλις ἄν μοι δοκεῖ μᾶλλον ἐδάφους
χωρὶς ἢ πολιτεία τῆς περὶ θεῶν δόξης ὑφαιρεθείσης παντάπασι σύστασιν
λαβεῖν ἢ λαβοῦσα τηρῆσαι. Τοῦτο μέντοι τὸ συνεκτικὸν ἁπάσης κοινωνίας
καὶ νομοθεσίας ἔρεισμα καὶ βάθρον οὐ κύκλῳ περιιόντες οὐδὲ κρύφα καὶ
δι´ αἰνιγμάτων, ἀλλὰ τὴν πρώτην τῶν κυριωτάτων δοξῶν προσβαλόντες
εὐθὺς ἀνατρέπουσιν. Εἶθ´ ὥσπερ ὑπὸ Ποινῆς ἐλαυνόμενοι δεινὰ ποιεῖν
ὁμολογοῦσι συγχέοντες τὰ νόμιμα καὶ τὰς διατάξεις τῶν νόμων
ἀναιροῦντες, ἵνα μηδὲ συγγνώμης τύχωσι. Τὸ μὲν γὰρ ἁμαρτάνειν περὶ
δόξαν, εἰ καὶ μὴ σοφῶν, ὅμως ἀνθρώπινόν ἐστι· τὸ δ´ ἐγκαλεῖν ἑτέροις
ἅπερ αὐτοὶ πράττουσι πῶς ἄν τις εἴποι φειδόμενος τῶν ἀξίων ὀνομάτων;
| [1125] Ceux qui méprisent ces belles maximes et les traitent de
fables, qui placent le souverain bien de l'homme dans les sens et dans les
organes de ses plaisirs, ceux-là ont besoin de lois, de crainte, de
châtiments, de rois et de magistrats qui, armés du glaive de la justice, les
empêchent de dévorer leurs voisins, et de se livrer à une voracité féroce
qu'enhardit encore l'impiété. C'est là véritablement la vie des animaux
féroces, qui ne connaissent rien au-dessus de la volupté, qui n'ont nulle
idée de la justice divine, qui ne sont point frappés de la beauté de la vertu,
et qui ne font servir qu'à satisfaire leur sensualité et à assouvir leurs
désirs ce que la nature leur a donné de force, d'audace et de ruse.
Aussi les épicuriens vantent-ils la sagesse de ces paroles de Métrodore :
« Toutes les plus belles et les plus subtiles inventions de l'âme n'ont
eu pour objet que les plaisirs des sens ou l'espérance d'en jouir, et toute
action qui ne tend pas à ce but est vaine et inutile. »
Lorsque, par de tels raisonnements et par cette belle philosophie, on
aura anéanti les lois, il ne nous manquera plus, pour être des bêtes
féroces, que des griffes de lion, des dents de loup, des estomacs de bœuf
et des cous de chameau. Voilà les inclinations et les préceptes que les
animaux, qui n'ont ni langage ni écriture, expriment par leurs
rugissements, leurs mugissements et leurs hennissements; tous leurs cris
n'ont pour objet que leur ventre et leur sensualité ou présente ou à venir,
si l'on excepte quelques espèces qui aiment à chanter ou à gazouiller. On
ne saurait donc donner trop de louanges à ceux qui, pour réprimer ces
passions brutales, leur ont opposé le frein des lois, la police des
gouvernements et l'autorité des magistrats. Mais quels sont ceux qui
confondent et anéantissent ces sages établissements? Ne sont-ce
pas ces philosophes qui disent que la couronne du repos vaut infiniment
mieux que les plus grands empires; qui prétendent que régner est une
erreur coupable qui nous éloigne du bonheur, et qui écrivent en propres
termes : « Il faut chercher les moyens les plus sûrs de tendre au but de la
nature, et d'éviter dès le commencement l'exercice volontaire de toute
autorité sur la multitude , » qui osent même ajouter :
« Il ne faut pas se tourmenter pour sauver les Grecs, et obtenir d'eux
le prix de la sagesse; il vaut bien mieux, mon cher Timocrate, boire,
manger et tout accorder à ses sens, en observant seulement de ne pas se nuire?»
« Mais, dans cette institution des lois que Colotes lui-même a louée,
le premier point, comme le plus important , est celui qui établit la foi de la
Divinité. Aussi Lycurgue consacra-t-il aux dieux les Spartiates; Numa en
fit autant des Romains; l'ancien Ion des Athéniens, et Deucalion de
tous les Grecs, en établissant parmi eux les prières, les serments, les
oracles et la divination, et en les attachant fortement à ces êtres
suprêmes par le double lien de l'espérance et de la crainte. En parcourant
la terre, vous trouverez des villes sans murailles et sans rois, dont les
habitants, dépourvus de toute culture d'esprit, n'ont ni maisons, ni argent,
ni monnaie, ni théâtres, ni gymnases; mais l'on n'en vit et l'on n'en verra
jamais aucune qui n'ait pas l'idée d'un dieu, qui ne fasse ni prière, ni
serments, ni divination, ni sacrifices pour obtenir les biens ou détourner
les maux. Pour moi, je pense qu'on bâtirait plutôt une ville sans
fondement, qu'on ne pourrait établir et conserver un gouvernement dans
lequel on aurait absolument détruit toute idée de Divinité. Ce qui donc
est le lien de toute société, ce qui est le fondement et l'appui de toute
législation, les épicuriens le renversent, non par des détours cachés et
d'une manière énigmatique, mais par la première des maximes qu'ils
donnent pour les plus certaines. Ensuite, comme pressés par la
vengeance céleste, ils sont forcés d'avouer qu'ils commettent un crime
atroce, en confondant les droits les plus sacrés, en abolissant l'institution
des lois, et ils se reconnaissent indignes de pardon. Adopter de fausses
opinions, si ce n'est pas une preuve de sagesse, c'est au moins un
apanage de l'humanité ; mais reprocher aux autres les fautes dans
lesquelles on tombe soi-même, quel nom mérite une pareille inconséquence?
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