[1124] καὶ κανόνων καὶ
κριτηρίων (1124) ἐν τοῖς ἐναργεστάτοις πάθεσι καὶ κινήμασι τῆς αἰσθήσεως
ἢ τὸ ἀνύπαρκτον ἀληθὲς ἢ ψεῦδος καὶ ἀνύπαρκτον ἡγοῦνται τὸ ἀληθές,
οὐκ εἰ περὶ πάντων ἡσυχάζουσιν, ἀλλ´ εἴ τισιν ὅλως ἄνθρωποι
συγκατατίθενται, θαυμάζειν ἄξιον· οὐδ´ ἄπιστον, εἰ μηδεμίαν κρίσιν ἔχουσι
περὶ τῶν φαινομένων, ἀλλ´ εἰ τὰς ἐναντίας ἔχουσι. Τοῦ γὰρ ἐναντία λέγειν
ἀλλήλοις καὶ ἀντικείμενα τὸ μὴ τιθέναι μηδέτερον, ἀλλ´ ἐπέχειν περὶ τῶν
ἀντικειμένων ἧττον ἄν τις θαυμάσειεν. Ὁ γὰρ μήτε τιθεὶς μήτ´ ἀρνούμενος
ἀλλ´ ἡσυχάζων καὶ τῷ τιθέντι τὴν δόξαν ἧττον μάχεται τοῦ ἀρνουμένου καὶ
τῷ ἀρνουμένῳ τοῦ τιθέντος. Εἰ δὲ περὶ τούτων δυνατόν ἐστιν ἐπέχειν, οὐδὲ
περὶ τῶν ἄλλων ἀδύνατον, κατά γ´ ὑμᾶς αἴσθησιν αἰσθήσεως καὶ
φαντασίαν φαντασίας οὐδ´ ὁτιοῦν διαφέρειν ἡγουμένους.
Οὐ μῦθος οὖν οὐδὲ θήρα « μειρακίων λαμυρῶν καὶ προπετῶν » ὁ
περὶ τῆς ἐποχῆς λόγος ἐστίν, ὡς οἴεται Κωλώτης, ἀλλ´ ἕξις ἀνδρῶν καὶ
διάθεσις φυλάττουσα τὸ ἀδιάπτωτον καὶ μὴ προϊεμένη ταῖς διαβεβλημέναις
οὕτω καὶ δυστατούσαις αἰσθήσεσι τὴν κρίσιν μηδὲ συνεξαπατωμένη
τούτοις, οἳ τὰ φαινόμενα τῶν ἀδήλων πίστιν ἔχειν φάσκουσιν, ἀπιστίαν
τοσαύτην καὶ ἀσάφειαν ἐν τοῖς φαινομένοις ὁρῶντες. Ἀλλὰ μῦθος μέν ἐστιν
ἡ ἀπειρία καὶ τὰ εἴδωλα, προπέτειαν δὲ καὶ λαμυρίαν ἐμποιεῖ νέοις ὁ περὶ
Πυθοκλέους οὔπω γεγονότος ὀκτωκαίδεκα ἔτη γράφων οὐκ εἶναι φύσιν ἐν
ὅλῃ τῇ Ἑλλάδι ἀμείνω καὶ τερατικῶς αὐτὸν εὖ ἀπαγγέλλειν, καὶ πάσχειν
αὐτὸς τὸ τῶν γυναικῶν, εὐχόμενος ἀνεμέσητα πάντα εἶναι καὶ ἀνεπίφθονα
τῆς ὑπερβολῆς τῷ νεανίσκῳ· « σοφισταί » δ´ εἰσὶ καί « ἀλαζόνες » οἱ πρὸς
ἄνδρας ἐλλογίμους οὕτως ἀσελγῶς καὶ ὑπερηφάνως γράφοντες. Καίτοι
Πλάτων καὶ Ἀριστοτέλης καὶ Θεόφραστος καὶ Δημόκριτος ἀντειρήκασι τοῖς
πρὸ αὐτῶν· βιβλίον δὲ τοιαύτην ἐπιγραφὴν ἔχον ὁμοῦ πρὸς ἅπαντας
οὐδεὶς ἄλλος ἐξενεγκεῖν ἐτόλμησεν. Ὅθεν ὥσπερ οἱ περὶ τὸ θεῖον
πλημμελήσαντες ἐξαγορεύων τὰ ἑαυτοῦ κακὰ τελευτῶντος ἤδη τοῦ βιβλίου
φησὶν ὅτι « τὸν βίον οἱ νόμους διατάξαντες καὶ νόμιμα καὶ τὸ βασιλεύεσθαι
τὰς πόλεις καὶ ἄρχεσθαι καταστήσαντες εἰς πολλὴν ἀσφάλειαν καὶ ἡσυχίαν
ἔθεντο καὶ θορύβων ἀπήλλαξαν· εἰ δέ τις ταῦτα ἀναιρήσει, θηρίων βίον
βιωσόμεθα καὶ ὁ προστυχὼν τὸν ἐντυχόντα μονονοὺ κατέδεται ». Τοῦτο
γὰρ ὁ Κωλώτης αὐταῖς λέξεσιν ἐκπεφώνηκεν, οὐ δικαίως οὐδ´ ἀληθῶς. Ἂν
γὰρ ἀνελών τις τοὺς νόμους τὰ Παρμενίδου καὶ Σωκράτους καὶ Ἡρακλείτου
καὶ Πλάτωνος ἀπολίπῃ δόγματα, πολλοῦ δεήσομεν ἀλλήλους κατεσθίειν
καὶ θηρίων βίον ζῆν· φοβησόμεθα γὰρ τὰ αἰσχρὰ καὶ τιμήσομεν ἐπὶ τῷ
καλῷ δικαιοσύνην, θεοὺς ἄρχοντας ἀγαθοὺς καὶ δαίμονας ἔχειν τοῦ βίου
φύλακας ἡγούμενοι καί « τὸν ὑπὲρ γῆς καὶ ὑπὸ γῆν χρυσὸν ἀρετῆς
ἀντάξιον » μὴ τιθέμενοι καὶ ποιοῦντες ἑκουσίως διὰ τὸν λόγον, ᾗ φησι
Ξενοκράτης (fr.), ἃ νῦν ἄκοντες διὰ τὸν νόμον. Πότ´ οὖν ἔσται θηριώδης
καὶ ἄγριος καὶ ἄμικτος ἡμῶν ὁ βίος; ὅταν ἀναιρεθῶσι μὲν οἱ νόμοι, μένωσι
δ´ οἱ πρὸς ἡδονὴν παρακαλοῦντες λόγοι, πρόνοια δὲ θεῶν μὴ νομίζηται,
σοφοὺς δ´ ἡγῶνται τούς « τῷ καλῷ προσπτύοντας, ἂν ἡδονὴ μὴ προσῇ »,
χλευάζωσι δὲ ταῦτα καὶ γελῶσιν
« Ἔστιν Δίκης ὀφθαλμός, ὃς τὰ πάνθ´ ὁρᾷ »
καί
« Πέλας γὰρ ἑστὼς ὁ θεὸς ἐγγύθεν βλέπει »
καί
« Ὁ μὲν θεός, ὥσπερ δὴ καὶ ὁ παλαιὸς λόγος, ἀρχήν τε καὶ μέσα καὶ
τελευτὴν ἔχων τοῦ παντὸς εὐθείᾳ περαίνει κατὰ φύσιν περιπορευόμενος·
τῷ δ´ ἕπεται Δίκη, τῶν ἀπολειπομένων τιμωρὸς τοῦ θείου νόμου ».
| [1124] lorsqu'il s'agit des perceptions et des mouvements qui
frappent le plus évidemment leurs sens, admettent pour vrai ce qui
n'existe pas, ou pour faux ce qui existe, il est étonnant sans doute, mais
non pas incroyable, qu'ils portent des jugements opposés sur ce qui
s'offre à eux, et non qu'ils n'en portent aucun. Il est moins surprenant de
ne rien affirmer sur des choses opposées et de suspendre son jugement,
que d'affirmer des opinions contradictoires; et celui qui, sans affirmer ou
nier, reste dans le doute et retient son consentement, est moins opposé à
celui qui affirme une opinion que celui qui la nie, et il l'est moins à celui qui
la nie que celui qui l'affirme. Mais si l'on peut suspendre son jugement sur
certaines choses, il n'est pas impossible de le faire sur d'autres, du moins
selon vous, qui prétendez qu'il n'y a aucune différence ni entre les
sensations ni entre les perceptions. La suspension de tout assentiment
n'est donc point une fable ni une invention de jeunes téméraires, comme
l'imagine Colotes: c'est une disposition, une habitude de gens
raisonnables qui veulent se préserver de toute erreur, qui n'abandonnent
pas leur jugement à des sensations suspectes et incertaines, et ne
partagent pas l'illusion de ceux qui ajoutent foi à des perceptions
obscures, tandis qu'ils voient sujettes à tant d'incertitudes et de doutes
celles qui les frappent le plus. Mais ce qu'il faut regarder comme de pures
fables, ce sont ces mondes infinis en nombre et ces images d'Épicure. Ce
qui est fait pour inspirer de la présomption et de la témérité aux jeunes
gens, c'est ce qu'il dit de Pythoclês, à peine alors âgé de dix-huit ans, qu'il
n'y avait pas dans toute la Grèce un meilleur naturel que le sien, et qu'il
exprimait ses conceptions avec une facilité prodigieuse. Ce philosophe,
aussi passionné qu'une femme, prie les dieux que les avantages
extraordinaires que ce jeune homme possède n'excitent pas contre lui la
haine et l'envie. Les véritables sophistes, les hommes arrogants, sont
ceux qui écrivent avec tant d'indécence et de fierté contre les philosophes
les plus célèbres. Certainement Platon, Aristote, Théophraste et
Démocrite ont quelquefois contredit ceux qui les avaient précédés;
mais personne, avant Colotes, n'avoir osé écrire un ouvrage où il se
proposât d'attaquer seul tous les philosophes ensemble.
« Aussi, à l'exemple de ceux qui ont offensé la Divinité, il fait, à la fin
de son livre, l'aveu de sa faute, et il convient que ceux qui ont établi la
justice et les lois, qui ont donné aux villes des rois et des magistrats pour
les gouverner, ont fait la sûreté, la paix et la tranquillité de la vie humaine ;
il avoue que si l'on supprimait toutes ces institutions, les hommes
mèneraient la vie la plus sauvage, et se dévoreraient les uns les autres.
Ce sont ses propres expressions ; mais elles ne sont ni justes ni vraies ;
car si, en abolissant les lois, on conservait les dogmes de Parménide, de
Socrate, d'Héraclite et de Platon, les hommes seraient encore loin de
s'entre-dévorer et de vivre comme des bêtes féroces. Ils n'en auraient pas
moins horreur des crimes, et par le sentiment seul de l'honnêteté, ils
respecteraient la justice, les dieux, les magistrats, persuadés qu'ils ont au-dessus
d'eux des génies qui sont préposés à la garde de notre vie;
convaincus que tout ce qui est sur la terre ou dans son sein ne peut entrer
en comparaison avec la vertu, ils feraient volontairement et par raison,
comme le dit Xénocrate, ce qu'ils font souvent malgré eux par la crainte
des lois. Quand est-ce donc que la vie humaine deviendra sauvage,
féroce et insociable? Lorsque les lois étant abolies, il ne nous restera plus
que les écrits qui nous exhortent à la volupté; lorsqu'on niera la
Providence des dieux ; qu'on regardera comme des sages ceux qui
crachent sur la vertu, si elle n'est jointe à la volupté, et qui tournent en
ridicule les maximes suivantes :
"Rien ne peut échapper à l'œil de la justice.
Un dieu toujours présent observe tous nos pas".
Et celle-ci surtout : Dieu, qui, d'après l'opinion la plus ancienne,
embrasse le commencement, le milieu et la fin du monde, marche
toujours sur une ligne droite dans la route de la nature, suivi de la justice,
qui venge les attentats commis contre la loi divine.
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