[1127] καὶ οὐ τοῦτο δεινόν ἐστιν, ὅτι τοσούτων ὄντων φιλοσόφων (1127) μόνοι
σχεδὸν ἀσύμβολοι τῶν ἐν ταῖς πόλεσιν ἀγαθῶν κοινωνοῦσιν, ἀλλ´ ὅτι καὶ
τραγῳδιῶν ποιηταὶ καὶ κωμῳδιῶν ἀεί τι πειρῶνται χρήσιμον παρέχεσθαι
καὶ λέγειν ὑπὲρ νόμων καὶ πολιτείας, οὗτοι δέ, κἂν γράφωσι, γράφουσι
περὶ πολιτείας ἵνα μὴ πολιτευώμεθα, καὶ περὶ ῥητορικῆς ἵνα μὴ
ῥητορεύωμεν, καὶ περὶ βασιλείας ἵνα (μὴ) φεύγωμεν τὸ συμβιοῦν
βασιλεῦσι· τοὺς δὲ πολιτικοὺς ἄνδρας ἐπὶ γέλωτι καὶ καταλύσει τῆς δόξης
ὀνομάζουσι μόνον ὡς τὸν Ἐπαμεινώνδαν, ἐσχηκέναι τι λέγοντες ἀγαθὸν
καὶ τοῦτο δέ « μικκόν », οὑτωσὶ τῷ ῥήματι φράζοντες, αὐτὸν δέ « σιδηροῦν
σπλάγχνον » ἀποκαλοῦντες καὶ πυνθανόμενοι, τί παθὼν ἐβάδιζε διὰ τῆς
Πελοποννήσου μέσης καὶ οὐ πιλίδιον ἔχων οἴκοι καθῆτο, δηλαδὴ περὶ τὴν
τῆς γαστρὸς ἐπιμέλειαν ὅλος καθεστώς. Ἃ δὲ Μητρόδωρος ἐν τῷ περὶ
Φιλοσοφίας ἐξορχούμενος πολιτείαν γέγραφεν, οὐκ ᾤμην δεῖν παρεῖναι·
λέγει δέ, ὅτι
« Τῶν σοφῶν τινες ὑπὸ δαψιλείας τύφου οὕτως καλῶς ἐνεῖδον τὸ
ἔργον αὐτῆς, ὥστ´ οἴχονται φερόμενοι πρὸς τὰς αὐτὰς Λυκούργῳ καὶ
Σόλωνι ἐπιθυμίας κατὰ τοὺς περὶ βίων λόγους καὶ ἀρετῆς ».
Τῦφος οὖν ἦν καὶ δαψίλεια τύφου τὸ ἐλευθέρας εἶναι τὰς Ἀθήνας τήν
τε Σπάρτην εὐνομεῖσθαι καὶ τοὺς νέους μὴ θρασύνεσθαι, μηδ´ ἐξ ἑταιρῶν
παιδοποιεῖσθαι μηδὲ πλοῦτον καὶ τρυφὴν καὶ ἀσέλγειαν ἄρχειν ἀλλὰ νόμον
καὶ δικαιοσύνην ἐν ταῖς πόλεσιν· αὗται γὰρ ἦσαν ἐπιθυμίαι Σόλωνος καὶ
Λυκούργου. Καὶ λοιδορῶν ὁ Μητρόδωρος ἐπιλέγει τοῖς εἰρημένοις
« Διὸ καὶ καλῶς ἔχει τὸν ἐλεύθερον ὡς ἀληθῶς γέλωτα γελάσαι ἐπί τε
δὴ πᾶσιν ἀνθρώποις καὶ ἐπὶ τοῖς Λυκούργοις τούτοις καὶ Σόλωσιν ».
Ἀλλ´ οὐκ ἐλεύθερος οὗτος, ὦ Μητρόδωρε, ἐστὶν ἀλλ´ ἀνελεύθερος καὶ
ἀνάγωγος καὶ οὐδὲ μάστιγος ἐλευθέρας δεόμενος, ἀλλὰ τῆς ἀστραγαλωτῆς
ἐκείνης, ᾗ τοὺς Γάλλους πλημμελοῦντας ἐν τοῖς Μητρῴοις κολάζουσιν.
Ὅτι δ´ οὐ νομοθέταις ἀλλὰ νόμοις ἐπολέμουν, ἔξεστιν ἀκούειν
Ἐπικούρου· ἐρωτᾷ γὰρ αὑτὸν ἐν ταῖς Διαπορίαις, εἰ πράξει τινὰ ὁ σοφὸς
ὧν οἱ νόμοι ἀπαγορεύουσιν, εἰδὼς ὅτι λήσει, καὶ ἀποκρίνεται·
« Οὐκ εὔοδον τὸ ἁπλοῦν ἐστι κατηγόρημα, » τουτέστι
« Πράξω μέν, οὐ βούλομαι δ´ ὁμολογεῖν ».
Πάλιν δ´ οἶμαι γράφων πρὸς Ἰδομενέα διακελεύεται
« Μὴ νόμοις καὶ δόξαις δουλεύοντα ζῆν, ἐφ´ ὅσον ἂν μὴ τὴν διὰ τοῦ
πέλας ἐκ πληγῆς ὄχλησιν παρασκευάζωσιν ».
Εἴπερ οὖν οἱ νόμους καὶ πολιτείας ἀναιροῦντες τὸν βίον ἀναιροῦσι τὸν
ἀνθρώπινον, Ἐπίκουρος δὲ καὶ Μητρόδωρος τοῦτο ποιοῦσι, τοὺς μὲν
συνήθεις ἀποτρέποντες τοῦ τὰ κοινὰ πράττειν τοῖς δὲ πράττουσιν
ἀπεχθανόμενοι τοὺς δὲ πρώτους καὶ σοφωτάτους τῶν νομοθετῶν κακῶς
λέγοντες τῶν δὲ νόμων παρακελευόμενοι περιφρονεῖν, ἐὰν μὴ προσῇ
φόβος πληγῆς καὶ κολάσεως, οὐκ οἶδα τί τηλικοῦτο κατέψευσται τῶν
ἄλλων ὁ Κωλώτης, ἡλίκον ἀληθῶς τῶν Ἐπικούρου λόγων καὶ δογμάτων
κατηγόρηκεν.»
| [1127] N'est-il pas indigne que, dans un si grand
nombre de philosophes, ils soient les seuls qui jouissent de tous les
avantages que les citoyens ont dans les villes, sans contribuer à les servir
de la moindre chose ? Tandis que les poètes tragiques et comiques
s'efforcent de faire et de dire des choses favorables aux lois et au
gouvernement, les épicuriens seuls l'écrivent sur la politique que pour
nous éloigner de l'administration des affaires ; sur la rhétorique, que pour
nous détourner d'en faire usage ; sur la royauté, que pour nous engager à
fuir la société des princes. Ils ne parlent jamais des hommes d'État que
pour en plaisanter, et pour rabaisser leur gloire. Ils conviennent bien
qu'Épaminondas avait quelques bonnes qualités, mais ils disent qu'au
fond son mérite était assez mince : ce sont là leurs propres expressions;
ils ajoutent même qu'il avait un cœur de fer, et ils demandent ce qui avait
pu l'engager à courir à la tête de son armée dans tout le Péloponnèse, au
lieu de se tenir tranquille chez lui, couronné d'un chapeau de fleurs,
apparemment pour s'y livrer à la bonne chère et à tous les plaisirs des sens.
« Mais je ne crois pas devoir omettre ici ce que Métrodore a écrit
dans son traité sur la Philosophie, où il abjure la politique. Il y dit en
propres termes :
« Il y a des sages qui, par un excès d'arrogance et de vanité, se sont
tellement passionnés pour l'administration des affaires publiques, qu'ils
ont donné des préceptes de sagesse et de vertu, et qu'ils ont eu la même
ambition que Lycurgue et Solon. »
C'était donc un excès de vanité que de délivrer Athènes des factions
qui la divisaient, de donner à Sparte de bonnes lois, d'enseigner aux
jeunes gens à modérer la fougue de leurs passions, et à ne pas se livrer à
des courtisanes, de proscrire des villes les richesses, le luxe et
l'intempérance, pour y faire régner les lois et la justice ; car c'était là
le désir de Solon. Métrodore, d'un ton de raillerie, ajoute encore :
« Un homme libre peut donc avec raison se moquer de tous les
hommes en général, même des Lycurgue et des Solon. »
Mais, ô Métrodore, celui qui se moque de ces grands personnages,
bien loin d'être un homme libre, est un esclave insolent qu'il faudrait punir,
non avec le fouet destiné aux personnes libres, mais avec ces étrivières
hérissées de nœuds dont on châtie les prêtres de Cybèle quand ils ont
manqué aux rites de leur culte.
Au reste, ce n'est pas seulement aux législateurs que ces
philosophes font la guerre, c'est aux lois elles-mêmes, et on peut s'en
convaincre en écoutant Épicure. Dans son ouvrage sur les Doutes, il se
demande à lui-même si le sage transgressera les lois lorsqu'il sera sûr de
n'être pas découvert, et il répond :
« Une assertion simple et précise n'est pas facile en pareil cas ; mais
il dira : Je le ferai, et je n'en conviendrai point. »
Ailleurs, en écrivant, je crois, à ldoménée, il l'exhorte à ne se pas
asservir aux lois et aux opinions reçues, à moins que ce ne soit pour
éviter le chagrin d'une prompte punition.
« Si donc vouloir abolir les lois et le gouvernement c'est détruire tous
les fondements de la vie humaine, Épicure et Métrodore sont coupables
de cet attentat, eux qui détournent leurs disciples de toute administration
des affaires publiques, qui s'indignent contre les hommes d'État, qui
traitent avec insulte les premiers et les plus sages des législateurs, et qui
provoquent les hommes à la transgression des lois, lorsqu'ils n'ont point à
craindre le châtiment. Aussi Colotes, dans son ouvrage, a-t-il, ce me
semble, moins intenté de fausses accusations contre les autres
philosophes qu'il n'en a avancé de très véritables contre les écrits et les
dogmes d'Épicure. »
|