| [1122] ὅτι προστρίβεται Σωκράτει (1122) καὶ 
Πλάτωνι καὶ Παρμενίδῃ καὶ Ἡρακλείτῳ τὰ περὶ τῆς ἐποχῆς δόγματα καὶ τῆς 
ἀκαταληψίας οὐδὲν δεομένοις, ἀλλ´ οἷον ἀναγωγὴν καὶ βεβαίωσιν αὐτῶν 
εἰς ἄνδρας ἐνδόξους ποιούμενος. Ὑπὲρ μὲν οὖν τούτου Κωλώτῃ χάρις καὶ 
παντὶ τῷ τὸν Ἀκαδημαϊκὸν λόγον ἄνωθεν ἥκειν εἰς Ἀρκεσίλαον 
ἀποφαίνοντι. Τὴν δὲ περὶ πάντων ἐποχὴν οὐδ´ οἱ πολλὰ 
πραγματευσάμενοι καὶ κατατείναντες εἰς τοῦτο συγγράμματα καὶ λόγους 
ἐκίνησαν· ἀλλ´ ἐκ τῆς Στοᾶς αὐτῇ τελευτῶντες ὥσπερ Γοργόνα τὴν 
ἀπραξίαν ἐπάγοντες ἀπηγόρευσαν, ὡς πάντα πειρῶσι καὶ στρέφουσιν 
αὐτοῖς οὐχ ὑπήκουσεν ἡ ὁρμὴ γενέσθαι συγκατάθεσις οὐδὲ τῆς ῥοπῆς 
ἀρχὴν ἐδέξατο τὴν πρόσθεσιν, ἀλλ´ ἐξ ἑαυτῆς ἀγωγὸς ἐπὶ τὰς πράξεις 
ἐφάνη, μὴ δεομένη τοῦ προστίθεσθαι. Νόμιμοι γὰρ οἱ πρὸς ἐκείνους 
ἀγῶνές εἰσι, καί 
« Ὁπποῖόν κ´ εἴπῃσθα ἔπος, τοῖόν κ´ ἐπακούσαις »
 Κωλώτῃ δ´ οἶμαι τὰ περὶ ὁρμῆς καὶ συγκαταθέσεως ὄνῳ λύρας 
ἀκρόασιν εἶναι. 
Λέγεται δὲ τοῖς συνεπομένοις καὶ ἀκούουσιν, ὅτι τριῶν περὶ τὴν ψυχὴν 
κινημάτων ὄντων, φανταστικοῦ καὶ ὁρμητικοῦ καὶ συγκαταθετικοῦ, τὸ μὲν 
φανταστικὸν οὐδὲ βουλομένοις ἀνελεῖν ἔστιν, ἀλλ´ ἀνάγκη 
προεντυγχάνοντας τοῖς πράγμασι τυποῦσθαι καὶ πάσχειν ὑπ´ αὐτῶν, τὸ δ´ 
ὁρμητικὸν ἐγειρόμενον ὑπὸ τοῦ φανταστικοῦ πρὸς τὰ οἰκεῖα πρακτικῶς 
κινεῖ τὸν ἄνθρωπον, οἷον ῥοπῆς ἐν τῷ ἡγεμονικῷ καὶ νεύσεως γινομένης. 
Οὐδὲ τοῦτ´ οὖν ἀναιροῦσιν οἱ περὶ πάντων ἐπέχοντες, ἀλλὰ χρῶνται τῇ 
ὁρμῇ φυσικῶς ἀγούσῃ πρὸς τὸ φαινόμενον οἰκεῖον. Τί οὖν φεύγουσι 
μόνον; ᾧ μόνῳ ψεῦδος ἐμφύεται καὶ ἀπάτη, τὸ δοξάζειν καὶ προπίπτειν τὴν 
συγκατάθεσιν, εἶξιν οὖσαν ὑπ´ ἀσθενείας τῷ φαινομένῳ, χρήσιμον δ´ 
οὐδὲν ἔχουσαν. Ἡ γὰρ πρᾶξις δυοῖν δεῖται, φαντασίας τοῦ οἰκείου καὶ πρὸς 
τὸ φανὲν οἰκεῖον ὁρμῆς, ὧν οὐδέτερον τῇ ἐποχῇ μάχεται. Δόξης γάρ, οὐχ 
ὁρμῆς οὐδὲ φαντασίας ὁ λόγος ἀφίστησιν. Ὅταν οὖν φανῇ τὸ ἡδὺ οἰκεῖον, 
οὐθὲν δεῖ πρὸς τὴν ἐπ´ αὐτὸ κίνησιν καὶ φορὰν δόξης, ἀλλ´ ἦλθεν εὐθὺς ἡ 
ὁρμή, κίνησις οὖσα καὶ φορὰ τῆς ψυχῆς.
Καὶ μὴν αὐτῶν γε τούτων ἀκούομεν βοώντων, ὡς 
« αἴσθησιν ἔχειν δεῖ καὶ σάρκινον εἶναι, καὶ φανεῖται ἡδονὴ ἀγαθόν ». 
Οὐκοῦν καὶ τῷ ἐπέχοντι ἀγαθὸν φανεῖται· καὶ γὰρ αἰσθήσεως μετέχει 
καὶ σάρκινός ἐστι, καὶ λαβὼν ἀγαθοῦ φαντασίαν ὀρέγεται καὶ ὁρμᾷ, πάντα 
πράττων ὅπως οὐ διαφεύξεται αὐτόν, ἀλλ´ ὡς ἀνυστὸν ἀεὶ συνέσται τῷ 
οἰκείῳ, φυσικαῖς οὐ γεωμετρικαῖς ἑλκόμενος ἀνάγκαις. « Ἄνευ διδασκάλου 
γὰρ αὐτὰ προκαλεῖται », τὰ καλὰ ταῦτα καί « λεῖα καὶ προσηνῆ κινήματα 
τῆς σαρκός », ὡς αὐτοί φασιν οὗτοι, καὶ τὸν πάνυ μὴ φάσκοντα μηδ´ 
ὁμολογοῦντα κάμπτεσθαι καὶ μαλάσσεσθαι τούτοις. « Ἀλλὰ πῶς οὐκ εἰς 
ὄρος ἄπεισι τρέχων ὁ ἐπέχων ἀλλ´ εἰς βαλανεῖον, οὐδὲ πρὸς τὸν τοῖχον 
ἀλλὰ πρὸς τὰς θύρας ἀναστὰς βαδίζει, βουλόμενος εἰς ἀγορὰν προελθεῖν; 
» τοῦτ´ ἐρωτᾷς ἀκριβῆ τὰ αἰσθητήρια λέγων εἶναι καὶ τὰς φαντασίας 
ἀληθεῖς; ὅτι φαίνεται δήπουθεν αὐτῷ βαλανεῖον οὐ τὸ ὄρος ἀλλὰ τὸ 
βαλανεῖον, καὶ θύρα οὐχ ὁ τοῖχος ἀλλ´ ἡ θύρα, καὶ τῶν ἄλλων ὁμοίως 
ἕκαστον. Ὁ γὰρ τῆς ἐποχῆς λόγος οὐ παρατρέπει τὴν αἴσθησιν, οὐδὲ τοῖς 
ἀλόγοις πάθεσιν αὐτῆς καὶ κινήμασιν ἀλλοίωσιν ἐμποιεῖ διαταράττουσαν τὸ 
φανταστικόν, ἀλλὰ τὰς δόξας μόνον ἀναιρεῖ χρῆται δὲ τοῖς ἄλλοις ὡς 
πέφυκεν. 
 | [1122] d'avoir fait honneur à Socrate, (1122) à Platon, à Parménide et 
à Héraclite de cette opinion dont il était l'auteur, 
qu'il faut suspendre tout assentiment et qu'il n' est rien que 
nous puissions comprendre; il le faisait, non que ces philosophes eussent 
besoin de cet hommage, mais parce qu'il croyait donner plus de poids et 
de stabilité à sa doctrine, en l'attribuant à des hommes célèbres. A cet 
égard, rendons grâce à Colotes et à tous ceux qui veulent que la doctrine 
des académiciens ait eu Arcésilas pour auteur. Quant à la suspension de 
tout assentiment, ceux qui se sont donné le plus de tourment, et qui ont 
péniblement composé de gros ouvrages pour combattre cette opinion, 
n'ont pu lui porter la moindre atteinte. Enfin, après avoir tiré du fond du 
Portique cette vie tranquille qu'ils recommandent si fort, et qui, selon eux, 
devait être pour leurs adversaires comme une tête de Méduse, ils ont été 
forcés d'abandonner la partie. Ils ont eu beau essayer de tout, et mettre 
tout en œuvre, jamais ils n'ont pu faire un consentement de l'impulsion qui 
nous porte à agir, ni lui donner le sens naturel pour principe de son 
mouvement. On a toujours cru qu'elle se portait d'elle-même aux actions 
qu'elle avait à faire, sans avoir besoin que le consentement s'y joignît. Au 
reste, avec d'autres adversaires, on peut établir une dispute régulière :
Ils savent se défendre et repousser les coups;
mais parler à Colotes d'impulsion et de consentement, c'est jouer de 
la lyre à un âne.
« Pour ceux qui sont en état de saisir et de suivre nos 
raisonnements, nous leur dirons qu'il y a dans notre âme trois 
mouvements divers : celui de l'imagination, celui de l'impulsion, et enfin 
celui du consentement. Le premier existe nécessairement en nous, et nos 
efforts ne sauraient le détruire ; il est impossible que les objets dont nous 
approchons n'impriment en nous leur image. L'impulsion donnée par 
l'imagination nous porte vers les choses qui nous sont convenables, et 
nous détermine à agir par le mouvement qu'elle excite dans la faculté 
principale de notre âme. Ceux qui suspendent tout assentiment ne 
détruisent pas non plus cette seconde espèce de mouvement; ils font 
usage de cette impulsion naturelle qui conduit l'homme vers ce qui lui est 
convenable. Quel est donc le seul point qu'ils rejettent? c'est celui 
qu'accompagnent toujours la fausseté et l'erreur, c'est la facilité à croire et 
à consentir ; disposition qui nous fait céder par faiblesse à la simple 
apparence des objets, et qui jamais ne peut nous être utile. En effet, pour 
agir il faut deux choses, la perception d'un objet qui soit analogue à notre 
nature, et une impulsion qui nous porte vers ce qui nous a paru tel; et ni 
l'un ni l'autre ne répugne à la suspension de tout assentiment ; car la 
raison nous empêche de céder à l'opinion, mais non à l'impulsion ni à 
l'imagination. Lors donc qu'une chose agréable et qui nous est analogue 
s'offre à nous, l'opinion ne nous est pas nécessaire pour nous imprimer le 
mouvement qui nous porte vers elle; l'impulsion, qui n'est autre chose que 
le mouvement et la tendance de l'âme, nous est aussitôt imprimée. 
Or tout homme qui croira qu'il faut avoir des sens et en suivre les 
mouvements regardera la volupté comme un bien. Elle le sera donc aussi 
pour celui qui suspend son assentiment parce qu'il a des sens, et que 
lorsque l'image du bien se présente à son imagination, il en désire l'objet, 
il se porte vers lui, et ne néglige rien pour s'en assurer la possession. 
Mais, entraîné par une nécessité physique et non géométrique, il 
s'attache autant qu'il lui est possible à ce qui est analogue à sa nature. 
Ces mouvements si doux et si agréables de nos sens nous attirent assez 
d'eux-mêmes, sans le secours d'aucun maître, comme les épicuriens en 
conviennent, et ceux même qui ne veulent pas l'avouer en éprouvent 
l'attrait et la puissance. Mais, dites-vous, comment celui qui doute de 
tout ne va-t-il jamais au sommet d'une montagne en croyant aller au bain? 
Pourquoi, lorsqu'il sort pour aller à la place publique, ne donne-t-il pas de 
la tête contre le mur de sa maison, et qu'il passe toujours par la porte ? 
Quoi! vous me faites cette demande, vous qui croyez que le rapport des 
sens est infaillible, et que toutes les perceptions sont vraies? C'est que le 
bain lui paraît un bain, et non une montagne ; c'est que la porte s'offre à 
lui sous l'image d'une porte et non d'une muraille, et ainsi de même de 
tous les autres objets. La doctrine de la suspension de tout assentiment 
ne pervertit pas les sens naturels, et ne cause pas dans les affections et 
dans les mouvements purement mécaniques un changement qui trouble 
et altère l'imagination ; elle rejette seulement les opinions, et fait usage 
des autres facultés suivant leur destination naturelle.
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