[1121] Καὶ γὰρ οὗτος, οὓς ἐν τοῖς Ἐπικούρου γράμμασιν
ἀσπάζεται καὶ ἀγαπᾷ λόγους, οὐ συνίησιν οὐδὲ γινώσκει λεγομένους ὑφ´
ἑτέρων. Οἱ γὰρ εἰδώλου προσπίπτοντος ἡμῖν περιφεροῦς ἑτέρου δὲ
κεκλασμένου τὴν μὲν αἴσθησιν ἀληθῶς τυποῦσθαι λέγοντες,
προσαποφαίνεσθαι δ´ οὐκ ἐῶντες ὅτι στρογγύλος ὁ πύργος ἐστὶν ἡ δὲ
κώπη κέκλασται, τὰ πάθη τὰ αὑτῶν καὶ τὰ φαντάσματα βεβαιοῦσι τὰ δ´
ἐκτὸς οὕτως ἔχειν ὁμολογεῖν οὐκ ἐθέλουσιν· ἀλλ´ ὡς ἐκείνοις τὸ ἱπποῦσθαι
καὶ τὸ τοιχοῦσθαι λεκτέον, οὐχ ἵππον οὐδὲ τοῖχον, οὕτως ἄρα τὸ
στρογγυλοῦσθαι καὶ τὸ σκαληνοῦσθαι τὴν ὄψιν, οὐ σκαληνὸν οὐδὲ
στρογγύλον ἀνάγκη τούτοις τὴν κώπην καὶ τὸν πύργον λέγειν· τὸ γὰρ
εἴδωλον, ὑφ´ οὗ πέπονθεν ἡ ὄψις, κεκλασμένον ἐστίν, ἡ κώπη δ´ ἀφ´ ἧς τὸ
εἴδωλον οὔκ ἐστι κεκλασμένη.
Διαφορὰν οὖν τοῦ πάθους πρὸς τὸ ὑποκείμενον ἐκτὸς ἔχοντος ἢ
μένειν ἐπὶ τοῦ πάθους δεῖ τὴν πίστιν ἢ τὸ εἶναι τῷ φαίνεσθαι
προσαποφαινομένην ἐλέγχεσθαι. Τὸ δὲ δὴ βοᾶν αὐτοὺς καὶ ἀγανακτεῖν
ὑπὲρ τῆς αἰσθήσεως, ὡς οὐ λέγουσι τὸ ἐκτὸς εἶναι θερμὸν ἀλλὰ τὸ ἐν
αὐτῇ πάθος γεγονέναι τοιοῦτον, ἆρ´ οὐ ταὐτόν ἐστι τῷ λεγομένῳ περὶ τῆς
γεύσεως, ὅτι τὸ ἐκτὸς οὔ φησιν εἶναι γλυκύ, πάθος δέ τι καὶ κίνημα περὶ
αὐτὴν γεγονέναι τοιοῦτον; ὁ δὲ λέγων ἀνθρωποειδῆ φαντασίαν λαμβάνειν,
εἰ δ´ ἄνθρωπός ἐστι μὴ αἰσθάνεσθαι, πόθεν εἴληφε τὰς ἀφορμάς; οὐ παρὰ
τῶν λεγόντων καμπυλοειδῆ φαντασίαν λαμβάνειν, εἰ δὲ καμπύλον ἐστί, μὴ
προσαποφαίνεσθαι τὴν ὄψιν μηδ´ ὅτι στρογγύλον, ἀλλ´ ὅτι φάντασμα περὶ
αὐτὴν καὶ τύπωμα στρογγυλοειδὲς γέγονε; « νὴ Δία » φήσει τις, « ἀλλ´ ἐγὼ
τῷ πύργῳ προσελθὼν καὶ τῆς κώπης ἁψάμενος ἀποφανοῦμαι τὴν μὲν
εὐθεῖαν εἶναι τὸν δὲ πολύγωνον, ἐκεῖνος δέ, κἂν ἐγγὺς γένηται, τὸ δοκεῖν
καὶ τὸ φαίνεσθαι, πλέον δ´ οὐδὲν ὁμολογήσει. » Ναὶ μὰ Δία σοῦ γε μᾶλλον,
ὦ βέλτιστε, τὸ ἀκόλουθον ὁρῶν καὶ φυλάττων, τὸ πᾶσαν εἶναι φαντασίαν
ὁμοίως ἀξιόπιστον ὑπὲρ ἑαυτῆς, ὑπὲρ ἄλλου δὲ μηδεμίαν ἀλλ´ ἐπίσης
ἔχειν. Σοὶ δ´ οἴχεται τὸ πάσας ὑπάρχειν ἀληθεῖς, ἄπιστον δὲ καὶ ψευδῆ
μηδεμίαν, εἰ ταύταις μὲν οἴει δεῖν προσαποφαίνεσθαι περὶ τῶν ἐκτός,
ἐκείναις δὲ ---. Τοῦ πάσχειν πλέον οὐδὲν ἐπίστευες. Εἰ μὲν γὰρ ἐπίσης
ἔχουσιν ἐγγύς τε γενόμεναι καὶ μακρὰν οὖσαι πρὸς πίστιν, ἢ πάσαις
δίκαιόν ἐστιν ἢ μηδὲ ταύταις ἕπεσθαι τὴν προσαποφαινομένην τὸ εἶναι
κρίσιν· εἰ δὲ γίνεται διαφορὰ τοῦ πάθους ἀποστᾶσι καὶ προσελθοῦσι,
ψεῦδός ἐστι τὸ μήτε φαντασίαν μήτ´ αἴσθησιν ἑτέραν ἑτέρας
ἐναργεστέραν ὑπάρχειν. Καθάπερ ἃς λέγουσιν ἐπιμαρτυρήσεις καὶ
ἀντιμαρτυρήσεις, οὐθέν εἰσι πρὸς τὴν αἴσθησιν ἀλλὰ πρὸς τὴν δόξαν· ὥστ´
εἰ ταύταις ἑπομένους ἀποφαίνεσθαι περὶ τῶν ἐκτὸς κελεύουσι, τῆς δόξης
κρῖμα τὸ εἶναι τῆς δ´ αἰσθήσεως πάθος τὸ φαινόμενον ποιοῦντες, ἀπὸ τοῦ
πάντως ἀληθοῦς τὴν κρίσιν ἐπὶ τὸ διαπῖπτον πολλάκις μεταφέρουσιν. —
Ἀλλὰ ταῦτα μὲν ὅσης ἐστὶ μεστὰ ταραχῆς καὶ μάχης πρὸς ἑαυτά, τί δεῖ
λέγειν ἐν τῷ παρόντι; τοῦ δ´ Ἀρκεσιλάου τὸν Ἐπικούρειον οὐ μετρίως
ἔοικεν ἡ δόξα παραλυπεῖν ἐν τοῖς τότε χρόνοις μάλιστα τῶν φιλοσόφων
ἀγαπηθέντος. Μηδὲν γὰρ αὐτὸν ἴδιον λέγοντά φησιν ὑπόληψιν ἐμποιεῖν
καινοτομίας καὶ δόξαν ἀνθρώποις ἀγραμμάτοις, ἅτε δὴ πολυγράμματος
αὐτὸς ὢν καὶ μεμουσωμένος. Ὁ δ´ Ἀρκεσίλαος τοσοῦτον ἀπέδει τοῦ
καινοτομίας τινὰ δόξαν ἀγαπᾶν καὶ ὑποποιεῖσθαί τι τῶν παλαιῶν, ὥστ´
ἐγκαλεῖν τοὺς τότε σοφιστάς,
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De même les opinions que Colotes approuve et justifie dans Épicure, il ne les
reconnaît et ne les entend plus dans d'autres philosophes. Les
épicuriens, qui disent que lorsqu'il s'offre à notre vue une image ronde ou
rompue, l'impression que notre organe en reçoit est conforme à l'objet, et
qui cependant ne veulent pas qu'on affirme que la tour qu'on voit est
ronde et la rame rompue; les épicuriens, dis-je, confirment la vérité de
leurs perceptions, mais ils ne veulent pas avouer que les objets extérieurs
y soient conformes. Or, comme les cyrénaïques ne disent pas qu'ils sont
cheval ou mur, mais que leur organe reçoit la sensation du cheval ou du
mur, il faut aussi que les épicuriens disent que leur sens reçoit l'image
d'un objet rond ou rompu, et non qu'ils affirment que la tour est ronde et la
rame rompue. L'image qui affecte la vue est brisée, mais la rame ne l'est
point.
« Puis donc qu'il y a de la différence entre la sensation et l'objet
extérieur qui la produit, il faut ou s'en tenir au rapport de la sensation, ou
être convaincu de faux, en affirmant sur l'apparence la nature du sujet. Et
lorsqu'ils se récrient avec indignation contre les cyrénaïques, parce qu'en
expliquant nos sensations ils disent que l'objet extérieur n'est point chaud,
et que la chaleur n'existe que dans la sensation même que nous en
avons, n'est-ce pas blâmer ce qu'on dit également par rapport au goût,
que l'objet extérieur n'est pas doux, et que la douceur n'est que dans la
sensation et dans l'impression qui se fait sur l'organe? Celui qui dit qu'il
voit l'image d'un homme, mais qu'il n'est pas certain que ce soit un
homme, d'où a-t-il pris ce raisonnement? N'est-ce pas de ceux qui disent
qu'ils ont l'image d'un objet courbé ou rond, mais que la vue ne saurait
prononcer affirmativement s'il est rond ou courbé, et qu'elle a eu
seulement une image de forme ronde? Cela est vrai, me dira quelqu'un;
mais si j'approche de la tour, ou que je touche la rame, je prononcerai que
celle-ci est droite et que l'autre est de forme polygone. Et lui aussi,
quand il sera près de l'objet, conviendra qu'il lui paraît et qu'il le croit tel,
mais il n'ira pas plus loin. En cela, grand philosophe, il est beaucoup plus
conséquent que vous, parce qu'il voit et observe que toute perception
mérite également notre confiance en elle-même, mais non considérée par
rapport à autrui ; car alors elles sont toutes d'une même condition. Et vous
ne sauriez plus dire qu'elles sont toutes vraies et qu'il n'y en a aucune de
fausse, si vous croyez que les unes doivent prononcer affirmativement sur
l'objet extérieur, et que vous n'ajoutiez foi qu'à la sensation des autres. Si
vous leur donnez la même confiance de loin comme de près, il est juste,
sur le rapport de toutes, d'affirmer la nature de l'objet, ou de ne s'en tenir
au rapport d'aucune d'entre elles. Si, au contraire, il y a delà différence
dans la sensation, suivant qu'on est près ou loin, il est donc faux qu'il n'y
ait pas des perceptions et des sensations plus évidentes les unes que les
autres. Celles que les épicuriens appellent des attestations ne font rien
pour le sens, mais beaucoup pour l'opinion. Ils veulent donc qu'en
prononçant d'après ces sortes de sensations sur la nature de l'objet, on
attribue le jugement à l'opinion, et la perception au sens naturel; ainsi ils
transportent la règle de nos jugements de ce qui est totalement vrai à ce
qui nous trompe souvent. Ai-je besoin de faire remarquer combien il y a
dans cette doctrine d'incertitudes et de contradictions?
« Il paraît qu'Épicure était vraiment blessé de la réputation
d'Arcésilas, le plus estimé des philosophes de ce temps-là. Il dit de lui
que, sans avoir jamais rien enseigné de son propre fonds, il avait su se
faire passer, auprès des gens peu instruits, pour un esprit très orné et
d'une vaste érudition. Mais Arcésilas était si éloigné de se donner pour un
inventeur d'opinions nouvelles, ou de s'attribuer celles des anciens, que
les sophistes de son temps lui reprochaient
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