HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Plutarque, Oeuvres morales - Contre Colotès

Page 1120

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[1120] δι´ ὧν γίνονται μαθήσεις διδασκαλίαι προλήψεις νοήσεις (1120) ὁρμαὶ συγκαταθέσεις, τὸ παράπαν οὐδ´ εἶναι λέγοντες; Οὐ μὴν ἀλλὰ τὸ ἐπὶ τοῦ Στίλπωνος τοιοῦτόν ἐστιν· εἰ περὶ ἵππου τὸ τρέχειν κατηγοροῦμεν, οὔ φησι ταὐτὸν εἶναι τῷ περὶ οὗ κατηγορεῖται τὸ κατηγορούμενον ἀλλ´ ἕτερον· οὐδ´ εἰ περὶ ἀνθρώπου τὸ ἀγαθὸν εἶναι, ἀλλ´ ἕτερον μὲν ἀνθρώπῳ τοῦ τί ἦν εἶναι τὸν λόγον, ἕτερον δὲ τῷ ἀγαθῷ· καὶ πάλιν τὸ ἵππον εἶναι τοῦ τρέχοντα εἶναι διαφέρειν· ἑκατέρου γὰρ ἀπαιτούμενοι τὸν λόγον οὐ τὸν αὐτὸν ἀποδίδομεν ὑπὲρ ἀμφοῖν. Ὅθεν ἁμαρτάνειν τοὺς ἕτερον ἑτέρου κατηγοροῦντας --- . Εἰ μὲν γὰρ ταὐτόν ἐστι τῷ ἀνθρώπῳ τὸ ἀγαθὸν καὶ τῷ ἵππῳ τὸ τρέχειν, πῶς καὶ σιτίου καὶ φαρμάκου τὸ ἀγαθὸν καὶ νὴ Δία πάλιν λέοντος καὶ κυνὸς τὸ τρέχειν κατηγοροῦμεν; εἰ δ´ ἕτερον, οὐκ ὀρθῶς ἄνθρωπον ἀγαθὸν καὶ ἵππον τρέχειν λέγομεν. Εἴπερ οὖν ἐν τούτοις ἐξαιμάξει πικρῶς Στίλπων, τῶν ἐν ὑποκειμένῳ καὶ καθ´ ὑποκειμένου λεγομένων μηδεμίαν ἀπολιπὼν συμπλοκὴν πρὸς τὸ ὑποκείμενον, ἀλλ´ ἕκαστον αὐτῶν, εἰ μὴ κομιδῇ ταὐτὸν συμβέβηκε λέγεται, μηδ´ ὡς συμβεβηκὸς οἰόμενος δεῖν περὶ αὐτοῦ λέγεσθαι, φωναῖς τισι δυσκολαίνων καὶ πρὸς τὴν συνήθειαν ἐνιστάμενος, οὐ τὸν βίον ἀναιρῶν οὐδὲ τὰ πράγματα δῆλός ἐστι. — Γενόμενος δ´ οὖν Κωλώτης ἀπὸ τῶν παλαιῶν τρέπεται πρὸς τοὺς καθ´ ἑαυτὸν φιλοσόφους, οὐδενὸς τιθεὶς ὄνομα· καίτοι καλῶς εἶχε καὶ τούτους ἐλέγχειν ἐπ´ ὀνόματος μηδὲ τοὺς παλαιούς. δὲ τὸν Σωκράτην καὶ τὸν Πλάτωνα καὶ τὸν Παρμενίδην τοσαυτάκις θέμενος ὑπὸ τὸ γραφεῖον δῆλός ἐστιν ἀποδειλιάσας πρὸς τοὺς ζῶντας, οὐ μετριάσας ὑπ´ αἰδοῦς, ἣν τοῖς κρείττοσιν οὐκ ἔνειμε. Βούλεται δὲ προτέρους μέν, ὡς ὑπονοῶ, τοὺς Κυρηναϊκοὺς ἐλέγχειν, δευτέρους δὲ τοὺς περὶ Ἀρκεσίλαον Ἀκαδημαϊκούς. Οὗτοι γὰρ ἦσαν οἱ περὶ πάντων ἐπέχοντες· ἐκεῖνοι δὲ τὰ πάθη καὶ τὰς φαντασίας ἐν αὑτοῖς τιθέντες οὐκ ᾤοντο τὴν ἀπὸ τούτων πίστιν εἶναι διαρκῆ πρὸς τὰς ὑπὲρ τῶν πραγμάτων καταβεβαιώσεις, ἀλλ´ ὥσπερ ἐν πολιορκίᾳ τῶν ἐκτὸς ἀποστάντες εἰς τὰ πάθη κατέκλεισαν αὑτούς, τό « φαίνεται » τιθέμενοι τὸ δ´ « ἐστί » μηκέτι προσαποφαινόμενοι περὶ τῶν ἐκτός. Διό φησιν αὐτοὺς Κωλώτης μὴ δύνασθαι ζῆν μηδὲ χρῆσθαι τοῖς πράγμασιν· εἶτα κωμῳδῶν « Οὗτοι » φησίν « ἄνθρωπον εἶναι καὶ ἵππον καὶ τοῖχον οὐ λέγουσιν, αὑτοὺς δὲ τοιχοῦσθαι καὶ ἱπποῦσθαι καὶ ἀνθρωποῦσθαι », πρῶτον αὐτὸς ὥσπερ οἱ συκοφάνται κακούργως χρώμενος τοῖς ὀνόμασιν· ἕπεται μὲν γὰρ ἀμέλει καὶ ταῦτα τοῖς ἀνδράσιν, ἔδει δέ, ὡς ἐκεῖνοι διδάσκουσι, δηλοῦν τὸ γινόμενον. Γλυκαίνεσθαι γὰρ λέγουσι καὶ πικραίνεσθαι καὶ ψύχεσθαι καὶ θερμαίνεσθαι καὶ φωτίζεσθαι καὶ σκοτίζεσθαι, τῶν παθῶν τούτων ἑκάστου τὴν ἐνάργειαν οἰκείαν ἐν αὑτῷ καὶ ἀπερίσπαστον ἔχοντος· εἰ δὲ γλυκὺ τὸ μέλι καὶ πικρὸς θαλλὸς καὶ ψυχρὰ χάλαζα καὶ θερμὸς ἄκρατος καὶ φωτεινὸς ἥλιος καὶ σκοτεινὸς τῆς νυκτὸς ἀήρ, ὑπὸ πολλῶν ἀντιμαρτυρεῖσθαι καὶ θηρίων καὶ πραγμάτων καὶ ἀνθρώπων, τῶν μὲν δυσχεραινόντων τὸ μέλι, τῶν δὲ προσιεμένων τὴν θαλλίαν καὶ ἀποκαομένων ὑπὸ τῆς χαλάζης καὶ καταψυχομένων ὑπ´ οἴνου καὶ πρὸς ἥλιον ἀμβλυωττόντων καὶ νύκτωρ βλεπόντων. Ὅθεν ἐμμένουσα τοῖς πάθεσιν δόξα διατηρεῖ τὸ ἀναμάρτητον, ἐκβαίνουσα δὲ καὶ πολυπραγμονοῦσα τῷ κρίνειν καὶ ἀποφαίνεσθαι περὶ τῶν ἐκτὸς αὑτήν τε πολλάκις ταράσσει καὶ μάχεται πρὸς ἑτέρους ἀπὸ τῶν αὐτῶν ἐναντία πάθη καὶ διαφόρους φαντασίας λαμβάνοντας. δὲ Κωλώτης ἔοικε τὸ αὐτὸ πάσχειν τοῖς νεωστὶ γράμματα μανθάνουσι τῶν παίδων, οἳ τοὺς χαρακτῆρας ἐν τοῖς πυξίοις ἐθιζόμενοι λέγειν, ὅταν ἔξω γεγραμμένους ἐν ἑτέροις ἴδωσιν, ἀμφιγνοοῦσι καὶ ταράττονται. [1120] et d'où dérivent tous nos moyens d'instruction, tels que les enseignements, les prénotions, les conceptions, (1120) les mouvements de l'esprit et les assentiments, tout cela n'est rien. « Voici donc le sens de ce que dit Stilpon. Si nous affirmons d'un cheval qu'il court, ce qui est affirmé n'est pas la même chose que le sujet dont on l'affirme, comme la définition de l'homme n'est pas la même chose que celle de bon ; de même être cheval est autre chose que de courir, et si on nous demande la définition de l'un et de l'autre, nous en donnerons une différente pour les deux ; par conséquent ce serait se tromper que d'affirmer de l'un ce qu'on affirme de l'autre. En effet, si homme et bon, cheval et courir sont une même chose, comment bon peut-il s'affirmer d'un mets et d'un médicament ? Comment dit-on également d'un lion et d'un chien qu'ils courent? Mais si ce n'est pas une même chose, nous avons tort de dire d'un homme qu'il est bon et d'un cheval qu'il court. Si Stilpon va trop loin en cela, puisqu'il ne laisse subsister aucune liaison du sujet avec ce qui est dans le sujet ou avec ce qui en est affirmé, et qu'il croit que si chacun de nous n'est pas absolument une même chose avec ce qui est en nous un accident, on ne peut pas l'affirmer de nous-même comme accidentel, il est évident qu'il rejette quelques expressions employées ordinairement dans le discours et qu'il en blâme l'usage ; mais en cela il ne trouble point la vie humaine, et il n'anéantit pas toutes choses. « Après les anciens philosophes, Colotes livre le combat à ses contemporains, mais sans en nommer aucun en particulier, quoiqu'il eût été beaucoup plus juste d'attaquer ceux-ci nommément, ou de ne pas nommer les anciens. Mais s'il a tant de fois insulté sans ménagement Socrate, Platon et Parménide, il est évident que c'est par crainte qu'il n'a pas nommé les vivants, et non par un sentiment de modestie qu'il n'avait pas eu pour des hommes qui leur étaient bien supérieurs. Les premiers qu'il a eu en vue sont, si je ne me trompe, les cyrénaïques, et après eux les académiciens de la secte d'Arcésilas. Ces derniers n'affirmaient rien; et les autres, plaçant dans l'homme même ses perceptions et ses affections, ne croyaient pas qu'elles méritassent assez de confiance pour rien affirmer sur les objets qui les produisaient. En abandonnant tous les dehors, comme on fait dans une ville assiégée , ils se sont, pour ainsi dire, renfermés dans les affections dont ils affirmaient la vraisemblance; mais ils ne prononçaient jamais d'aucun objet extérieur telle chose est. Aussi Colotes prétend-il qu'avec cette doctrine ils ne peuvent ni vivre ni faire usage de rien, et ensuite, prenant le ton plaisant : « Ces philosophes, dit-il, nient que l'homme, le cheval et le mur existent; mais ils disent qu'ils deviennent eux-mêmes mur, cheval et homme. » En cela il suit la méthode des calomniateurs qui abusent malicieusement des termes. A la vérité, c'est une conséquence de la doctrine des cyrénaïques, mais il fallait l'exposer comme ils le font eux-mêmes. Ils disent qu'une Chose devient douce, amère, lumineuse ou obscure, lorsqu'elle est affectée par quelqu'une de ces qualités au point qu'elle ne peut plus en être séparée. Quoiqu'on dise que le miel est doux, l'olivier amer, la grêle froide, le vin chaud, l'air lumineux pendant le jour et obscur pendant la nuit, cependant bien des hommes, des animaux et des choses même attestent le contraire, puisqu'on voit des gens avoir le miel en aversion, et des animaux se nourrir de branches d'olivier; que certaines substances sont brûlées par la grêle, et d'autres rafraîchies par le vin; qu'il y a des hommes et des animaux qui sont éblouis par la lumière du jour, et qui ne voient clair que la nuit. Ainsi, quand l'opinion s'en tient à la sensation qu'elle éprouve, elle est à l'abri de l'erreur; mais si elle veut aller au delà, pour juger plus en détail les choses extérieures, et affirmer positivement quelle est leur nature, alors elle devient souvent incertaine, et se trouve en opposition avec d'autres personnes qui reçoivent des mêmes objets des impressions et des sensations différentes. Mais Colotes est comme les enfants qui commencent à apprendre à lire : accoutumés à voir les lettres sur des tablettes, quand ils les voient ailleurs, ils ont peine à les reconnaître et les lisent moins bien.


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Dernière mise à jour : 27/11/2008