[1119] ἐρώμεθα τίς αὕτη τοῦ βίου σύγχυσίς ἐστιν ἢ πῶς ἐν
τῷ ζῆν οὐ δύναται διαμένειν ἀνήρ, ὅτε τύχοι, πρὸς ἑαυτὸν ἀναλογιζόμενος
« Φέρε, τίς ὢν οὗτος ὁ ἐγὼ τυγχάνω; πότερον ὡς κρᾶμά τι μεμιγμένον
ἔκ τε τῆς ψυχῆς καὶ τοῦ σώματος, ἢ μᾶλλον ἡ ψυχὴ τῷ σώματι χρωμένη,
καθάπερ ἱππεὺς ἀνὴρ ἵππῳ χρώμενος, οὐ τὸ ἐξ ἵππου καὶ ἀνδρός; ἢ τῆς
ψυχῆς τὸ κυριώτατον, ᾧ φρονοῦμεν καὶ λογιζόμεθα καὶ πράττομεν,
ἕκαστος ἡμῶν ἐστι, τὰ δὲ λοιπὰ καὶ ψυχῆς μόρια πάντα καὶ σώματος
ὄργανα τῆς τούτου δυνάμεως; ἢ τὸ παράπαν οὐκ ἔστιν οὐσία ψυχῆς ἀλλ´
αὐτὸ τὸ σῶμα κεκραμένον ἔσχηκε τὴν τοῦ φρονεῖν καὶ ζῆν δύναμιν; »
Ἀλλὰ τούτοις μὲν οὐκ ἀναιρεῖ τὸν βίον ὁ Σωκράτης, ἃ δὴ πάντες οἱ
φυσικοὶ ζητοῦσιν, ἐκεῖνα δ´ ἦν τὰ ἐν Φαίδρῳ δεινὰ καὶ ταρακτικὰ τῶν
πραγμάτων, αὑτὸν οἰομένου δεῖν ἀναθεωρεῖν, « εἴτε Τυφῶνός ἐστι θηρίον
πολυπλοκώτερον καὶ μᾶλλον ἐπιτεθυμμένον εἴτε θείας τινὸς καὶ ἀτύφου
μοίρας φύσει μετέχον »; ἀλλὰ τούτοις γε τοῖς ἐπιλογισμοῖς οὐ τὸν βίον
ἀνῄρει, τὴν δ´ ἐμβροντησίαν ἐκ τοῦ βίου καὶ τὸν τῦφον ἐξήλαυνε καὶ τὰς
ἐπαχθεῖς καὶ ὑπερόγκους κατοιήσεις καὶ μεγαλαυχίας. Ταῦτα γὰρ ὁ Τυφών
ἐστιν, ὃν πολὺν ὑμῖν ἐνεποίησεν ὁ καθηγεμὼν καὶ θεοῖς πολεμῶν καὶ θείοις
ἀνδράσι. —
Μετὰ δὲ Σωκράτην καὶ Πλάτωνα προσμάχεται Στίλπωνι· καὶ τὰ μὲν
ἀληθινὰ δόγματα καὶ τοὺς λόγους τοῦ ἀνδρός, οἷς ἑαυτόν τε κατεκόσμει καὶ
πατρίδα καὶ φίλους καὶ τῶν βασιλέων τοὺς περὶ αὐτὸν σπουδάσαντας, οὐ
γέγραφεν, οὐδ´ ὅσον ἦν φρόνημα τῇ ψυχῇ μετὰ πραότητος καὶ
μετριοπαθείας, ὧν δὲ παίζων καὶ χρώμενος γέλωτι πρὸς τοὺς σοφιστὰς
λογαρίων προύβαλλεν αὐτοῖς, ἑνὸς μνησθεὶς καὶ πρὸς τοῦτο μηδὲν εἰπὼν
μηδὲ λύσας τὴν πιθανότητα τραγῳδίαν ἐπάγει τῷ Στίλπωνι καὶ τὸν βίον
ἀναιρεῖσθαί φησιν ὑπ´ αὐτοῦ λέγοντος ἕτερον ἑτέρου μὴ κατηγορεῖσθαι.
« Πῶς γὰρ βιωσόμεθα μὴ λέγοντες ἄνθρωπον ἀγαθὸν μηδ´
ἄνθρωπον στρατηγὸν ἀλλ´ ἄνθρωπον ἄνθρωπον καὶ χωρὶς ἀγαθὸν
ἀγαθὸν καὶ στρατηγὸν στρατηγόν, μηδ´ ἱππεῖς μυρίους μηδὲ πόλιν ἐχυράν,
ἀλλ´ ἱππεῖς ἱππεῖς, καὶ μυρίους μυρίους, καὶ τὰ ἄλλα ὁμοίως; »
Τίς δὲ διὰ ταῦτα χεῖρον ἐβίωσεν ἀνθρώπων; τίς δὲ τὸν λόγον ἀκούσας
οὐ συνῆκεν, ὅτι παίζοντός ἐστιν εὐμούσως ἢ γύμνασμα τοῦτο
προβάλλοντος ἑτέροις διαλεκτικόν; οὐκ ἄνθρωπον, ὦ Κωλῶτα, μὴ λέγειν
ἀγαθὸν οὐδ´ ἱππεῖς μυρίους δεινόν ἐστιν, ἀλλὰ τὸν θεὸν μὴ λέγειν θεὸν
μηδὲ νομίζειν, ὃ πράττετε ὑμεῖς μήτε Δία γενέθλιον μήτε Δήμητραν
θεσμοφόρον εἶναι μήτε Ποσειδῶνα φυτάλμιον ὁμολογεῖν ἐθέλοντες. Οὗτος
ὁ χωρισμὸς τῶν ὀνομάτων πονηρός ἐστι καὶ τὸν βίον ἐμπίπλησιν
ὀλιγωρίας ἀθέου καὶ θρασύτητος, ὅταν τὰς συνεζευγμένας τοῖς θεοῖς
προσηγορίας ἀποσπῶντες συναναιρῆτε θυσίας μυστήρια πομπὰς ἑορτάς.
Τίνι γὰρ προτέλεια θύσομεν, τίνι σωτήρια; πῶς δὲ φωσφόρεια, βακχεῖα,
προτέλεια γάμων ἄξομεν, μὴ ἀπολιπόντες μηδὲ βακχεῖς καὶ φωσφόρους
καὶ προηροσίους καὶ σωτῆρας; ταῦτα γὰρ ἅπτεται τῶν κυριωτάτων καὶ
μεγίστων ἐν πράγμασιν ἔχοντα τὴν ἀπάτην, οὐ περὶ φωνάς τινας οὐδὲ
λεκτῶν σύνταξιν οὐδ´ ὀνομάτων συνήθειαν. Ὡς εἴ γε καὶ ταῦτα τὸν βίον
ἀνατρέπει, τίνες μᾶλλον ὑμῶν πλημμελοῦσι περὶ τὴν διάλεκτον, οἳ τὸ τῶν
λεκτῶν γένος οὐσίαν τῷ λόγῳ παρέχον ἄρδην ἀναιρεῖτε, τὰς φωνὰς καὶ τὰ
τυγχάνοντα μόνον ἀπολιπόντες, τὰ δὲ μεταξὺ σημαινόμενα πράγματα,
| [1119] et demandons-lui
quelle confusion cette étude met dans la vie humaine, et comment
l'homme ne peut pas vivre, lorsqu'il réfléchit en lui-même et qu'il se dit :
Que suis-je? mon être est-il un composé, un mélange d'âme et de
corps ? ou plutôt n'est-il qu'une âme qui conduit le corps, comme un
écuyer qui gouverne un cheval n'est pas un composé de cheval et
d'homme? Chacun de nous est-il cette faculté principale de l'âme qui nous
fait comprendre, raisonner et agir? les autres parties de l'âme ne sont-elles
que les instruments de cette faculté? ou bien n'y a-t-il absolument
point d'âme, et n'est-ce que l'organisation du corps même qui est la
faculté de vivre et de comprendre ?
Socrate, en faisant toutes ces questions, ne prive personne de la vie
; tous les physiciens les font aussi. Il en est d'autres qui paraissent plus
fâcheuses et qui portent le trouble dans bien des âmes : ce sont celles
qu'il propose dans son Phèdre, où il veut que chacun se fonde soi-même
et se demande s'il n'est pas un animal sauvage plus artificieux et plus
violent qu'un Typhon, ou un animal doux et tranquille qui participe à la
nature divine. Mais par toutes ces réflexions il ne détruit point la vie
humaine ; il ne fait qu'en bannir la présomption, l'orgueil, et cette opinion
avantageuse que nous avons de nous-mêmes, qui est ce vrai Typhon,
dont votre maître a si fort rempli votre âme, en se déclarant l'ennemi
des dieux et des hommes divins.
« Après Platon et Socrate, c'est Stilpon que Colotes attaque.
Mais il n'a rapporté ni les vrais dogmes de ce philosophe, ni les maximes
sensées dont il faisait sa propre instruction, celle de ses amis et de sa
patrie ; il n'a pas dit un seul mot des témoignages d'affection que
plusieurs princes lui donnèrent, ni de sa grandeur d'âme, que relevaient
encore sa douceur et sa modestie. Il n'a cité qu'une plaisanterie de Stilpon
contre les sophistes, et, sans la réfuter, sans affaiblir ce qu'elle a de
vraisemblable, il s'emporte contre ce philosophe et lui impute d'anéantir la
vie humaine, parce qu'il a dit que ce qu'on affirme d'une chose ne
s'affirme pas d'une autre,
« Comment vivrons-nous, dit Colotes, si nous ne pouvons dire : Un
homme bon, un général d'armée, et qu'il faille nommer séparément
l'homme, le général, le bon ; qu'on ne doive pas dire ni dix mille cavaliers
ni une ville forte, mais nommer à part les cavaliers, les dix mille, et ainsi
des autres choses. »
Et quel est donc l'homme qui ait moins bien vécu pour cela? Est-ce
quelqu'un qui n'ait regardé ce mot de Stilpon comme un jeu d'esprit,
comme une question de dialectique faite pour exercer? Ce n'est pas une
chose dangereuse, Colotes, que de ne pas dire un homme bon ni dix mille
cavaliers; ce qui l'est véritablement, c'est de ne pas convenir que Dieu soit
Dieu, c'est de ne vouloir pas reconnaître, comme vous faites, qu'il y ait un
Jupiter qui préside à la génération, une Cérès législatrice, un Neptune qui
féconde les plantes. C'est là cette séparation de noms qui a été vraiment
funeste aux hommes et qui leur a inspiré un mépris impie de la Divinité et
une insolence inouïe. C'est vous qui, arrachant des noms des dieux les
titres qui y sont joints, avez en même temps aboli les sacrifices, les
mystères, les cérémonies et les fêles publiques. En effet, à qui
sacrifierons-nous pour obtenir une heureuse culture, ou en
reconnaissance de la vie sauve ? Comment célébrerons-nous les
Phosphories, les Bacchanales, les cérémonies du mariage, si l'on
supprime les bacchantes, les prêtres qui portent les torches dans les
mystères, ceux qui président aux sacrifices pour le labourage, enfin les
dieux sauveurs ? Voilà ce qui touche aux intérêts les plus précieux de
l'humanité, et où l'erreur porte sur les choses mêmes et non sur les
paroles, sur l'ordre des mots ou sur leur acception ordinaire. Au reste, si
les noms portent le trouble dans la vie humaine, personne ne commet
dans le langage plus de fautes que vous, qui, en voulant que les idées
intérieures soient la seule substance du discours, détruisez entièrement
les mots, et en ne conservant que les objets qui frappent nos sens,
prétendez que les notions que notre âme en a,
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