[1040] (1040a) Τί οὖν ἄλλο δόξειεν ἂν ποιεῖν ἢ ταὐτὰ πράγματα καὶ δόγματα
παρεγγράφειν αὐτός, ἑτέρων δὲ γραφόντων ἐξαλείφειν, Πλάτωνι μὲν ἐγκαλῶν
ὅτι τοῦ κακῶς ζῆν καὶ ἀμαθῶς τὸ μὴ ζῆν ἀποδείκνυσι λυσιτελέστερον,
Θεόγνιδι δὲ συμβουλεύων κατακρημνίζειν καὶ καταποντίζειν ἑαυτὸν ὑπὲρ τοῦ
φυγεῖν τὴν κακίαν; Ἀντισθένη μὲν γὰρ ἐπαινῶν ὅτι τοὺς μὴ νοῦν ἔχοντας εἰς
βρόχον συνήλαυνεν, αὑτὸν αὐτὸς ἔψεγεν εἰπόντα μηδὲν εἶναι τὴν κακίαν
πρὸς τὸ ἐκ τοῦ ζῆν ἡμᾶς ἀπαλλάττειν.
Ἐν δὲ τοῖς πρὸς αὐτὸν Πλάτωνα περὶ Δικαιοσύνης εὐθὺς ἐξ ἀρχῆς ἐνάλλεται τῷ
περὶ θεῶν λόγῳ καί φησιν (1040b) οὔτ´ ὀρθῶς ἀποτρέπειν τῷ ἀπὸ τῶν θεῶν
φόβῳ τῆς ἀδικίας τὸν Κέφαλον, εὐδιάβλητόν τ´ εἶναι καὶ πρὸς τοὐναντίον
ἐξάγειν ἔχοντα πολλοὺς περισπασμοὺς καὶ πιθανότητας ἀντιπιπτούσας τὸν
περὶ τῶν ὑπὸ τοῦ θεοῦ κολάσεων λόγον, ὡς οὐδὲν διαφέροντα τῆς Ἀκκοῦς καὶ
τῆς Ἀλφιτοῦς, δι´ ὧν τὰ παιδάρια τοῦ κακοσχολεῖν αἱ γυναῖκες ἀνείργουσιν.
Οὕτω δὲ διασύρας τὰ τοῦ Πλάτωνος ἐπαινεῖ πάλιν ἐν ἄλλοις καὶ προφέρεται τὰ
τοῦ Εὐριπίδου ταυτὶ πολλάκις·
« Ἀλλ´ ἔστιν, κεἴ τις ἐγγελᾷ λόγῳ,
Ζεὺς καὶ θεοὶ βρότεια λεύσσοντες πάθη· »
(1040b) καὶ ὁμοίως ἐν τῷ πρώτῳ περὶ Δικαιοσύνης τὰ Ἡσιόδεια ταυτὶ
προενεγκάμενος
« Τοῖσιν δ´ οὐρανόθεν μέγ´ ἐπήλασε πῆμα Κρονίων,
λιμὸν ὁμοῦ καὶ λοιμόν· ἀποφθινύθουσι δὲ λαοί»
ταῦτά φησι τοὺς θεοὺς ποιεῖν, ὅπως τῶν πονηρῶν κολαζομένων οἱ λοιποὶ
παραδείγμασι τούτοις χρώμενοι ἧττον ἐπιχειρῶσι τοιοῦτόν τι ποιεῖν. Πάλιν
ἐν μὲν τοῖς περὶ Δικαιοσύνης ὑπειπὼν ὅτι τοὺς ἀγαθὸν ἀλλὰ μὴ τέλος
τιθεμένους τὴν ἡδονὴν ἐνδέχεται σῴζειν καὶ τὴν δικαιοσύνην, θεὶς τοῦτο
κατὰ λέξιν εἴρηκε·
« Τάχα γὰρ ἀγαθοῦ αὐτῆς ἀπολειπομένης τέλους δὲ μή, τῶν δὲ δι´ αὑτῶν
αἱρετῶν ὄντος καὶ τοῦ καλοῦ, σῴζοιμεν ἂν τὴν δικαιοσύνην, μεῖζον ἀγαθὸν
ἀπολιπόντες τὸ καλὸν καὶ τὸ δίκαιον τῆς (1040d) ἡδονῆς.»
Ταῦτα μὲν ἐν τούτοις περὶ τῆς ἡδονῆς. Ἐν δὲ τοῖς πρὸς Πλάτωνα κατηγορῶν
αὐτοῦ δοκοῦντος ἀγαθὸν ἀπολιπεῖν τὴν ὑγίειαν, οὐ μόνον τὴν δικαιοσύνην
φησὶν ἀλλὰ καὶ τὴν μεγαλοψυχίαν ἀναιρεῖσθαι καὶ τὴν σωφροσύνην καὶ τὰς
ἄλλας ἀρετὰς ἁπάσας, ἂν ἢ τὴν ἡδονὴν ἢ τὴν ὑγίειαν ἤ τι τῶν ἄλλων, ὃ μὴ
καλόν ἐστιν, ἀγαθὸν ἀπολίπωμεν. Ἃ μὲν οὖν ῥητέον ὑπὲρ Πλάτωνος, ἐν ἄλλοις
γέγραπται πρὸς αὐτόν· ἐνταῦθα δ´ ἡ μάχη καταφανής ἐστιν, ὅπου μέν, ἂν μετὰ
τοῦ καλοῦ τις ὑποθῆται καὶ τὴν ἡδονὴν ἀγαθὸν εἶναι, σῴζεσθαι δικαιοσύνην
λέγοντος, ὅπου δὲ πάλιν τοὺς μὴ μόνον τὸ καλὸν ἀγαθὸν ἀπολιπόντας
(1040e) αἰτιωμένου τὰς ἀρετὰς ἁπάσας ἀναιρεῖν. Ἵνα δὲ μηδ´ ἀπολογίαν
ὑπολίπῃ τοῖς ἐναντιώμασιν, Ἀριστοτέλει περὶ δικαιοσύνης ἀντιγράφων οὔ
φησιν αὐτὸν ὀρθῶς λέγειν, ὅτι τῆς ἡδονῆς οὔσης τέλους ἀναιρεῖται μὲν ἡ
δικαιοσύνη, συναναιρεῖται δὲ τῇ δικαιοσύνῃ καὶ τῶν ἄλλων ἀρετῶν ἑκάστη·
τὴν μὲν γὰρ δικαιοσύνην ὑπ´ αὐτῶν ὡς ἀληθῶς ἀναιρεῖσθαι, τὰς δ´ ἄλλας
ἀρετὰς οὐδὲν κωλύειν ὑπάρχειν, εἰ καὶ μὴ δι´ αὑτὰς αἱρετὰς ἀλλ´ ἀγαθὰς
γοῦν καὶ ἀρεστὰς ἐσομένας· εἶθ´ ἑκάστην ἐξ ὀνόματος προσαγορεύει. βέλτιον
δὲ τὰς ἐκείνου λέξεις ἀναλαβεῖν·
(1040f) « Τῆς γὰρ ἡδονῆς » φησίν « ἐμφαινομένης τέλους κατὰ τὸν τοιοῦτον
λόγον τὸ μὲν τοιοῦτο πᾶν μοι δοκεῖ οὐκ ἐμπεριλαμβάνεσθαι, δι´ ὃ ῥητέον
μήτε τῶν ἀρετῶν τινα δι´ αὑτὴν αἱρετὴν εἶναι μήτε τῶν κακιῶν φευκτήν, ἀλλὰ
πάντα ταῦτα δεῖν ἀναφέρεσθαι πρὸς τὸν ὑποκείμενον σκοπόν· οὐδὲν μέντοι
κωλύσει κατ´ αὐτοὺς τὴν ἀνδρείαν μὲν καὶ τὴν φρόνησιν καὶ τὴν ἐγκράτειαν
καὶ τὴν καρτερίαν καὶ τὰς ὁμοίας ταύταις ἀρετὰς εἶναι τῶν ἀγαθῶν, τὰς δ´
ἐναντίας κακίας ὑπάρχειν φευκτάς.»
| [1040] (1040a) Que fait-il autre chose par là, que de transcrire dans ses propres
ouvrages les maximes qu'il efface et qu'il condamne dans ceux des autres?
Il blâme Platon d'avoir dit qu'il vaut mieux ne pas vivre que de rester
dans le vice et dans l'ignorance, et il conseille à Théognis de dire que
pour échapper au vice, il faut se jeter dans la mer ou dans un précipice.
Il loue Antisthène de proposer un licol pour se pendre à ceux qui manquent
de bon sens, et il condamne celui qui a dit que le vice n'est pas un motif
suffisant pour abandonner la vie.
En combattant ce que Platon a dit sur la justice, il commence par ce qui
regarde les dieux, et il dit (1040b) que Céphalus a tort de détourner les hommes
de l'injustice, par la considération de la crainte des dieux;
que ce motif peut être facilement affaibli et
produire même un effet tout contraire ; que ce qu'il dit de la vengeance
divine est susceptible de plusieurs réponses très vraisemblables, et que
ses raisonnements sur cette matière ne diffèrent pas des contes d'Acco et
d'Alphito, dont les femmelettes effraient les petits enfants pour les
détourner de mal faire.
Après avoir ainsi déchiré Platon, il cite souvent avec éloge ces vers d'Euripide :
« Vainement nous bravons la justice des dieux.
Nos forfaits ne sauraient échapper à leurs yeux. »
De même, dans son premier livre sur la Justice, après avoir rapporté ces
vers d'Hésiode : « Le souverain des dieux, armé de son tonnerre,
Fait pleuvoir les fléaux qui désolent la terre,
La peste, la famine et la cruelle mort, »
il dit que les dieux en agissent ainsi afin que la punition des méchants
soit un exemple pour les autres, et qu'ils en soient moins hardis à commettre le mal.
Dans ses livres sur la Justice, il dit que ceux qui regardent la volupté
comme un bien, mais non comme la fin dernière de l'homme, conservent au
moins la justice. Voici ses propres termes :
« Peut-être qu'en laissant à la volupté la qualité de bien, et non celle
de fin dernière en la mettant au nombre des choses qui sont bonnes et
désirables par elles-mêmes, nous trouverons le moyen de conserver la
justice; ce sera reconnaître (1040b) que l'honnêteté
et la justice sont des biens préférables à la volupté.»
Voilà comment, dans cet ouvrage, il parle de la volupté. Mais dans ce
qu'il a écrit contre Platon, en blâmant ce philosophe d'avoir mis la santé
au nombre des biens, il dit que non seulement la justice, mais encore la
magnanimité, la tempérance et toutes les autres vertus sont anéanties si
on donne la qualité de biens à la volupté, à la santé, ou généralement à
tout ce qui n'est pas honnête. J'ai dit ailleurs, en combattant Chrysippe,
ce qu'il y avait à alléguer pour la défense de Platon. Mais ici la
contradiction est évidente de la part d'un homme qui, dans un endroit, dit
qu'on conserve la justice en admettant que la volupté est un bien ainsi
que l'honnêteté, et qui, dans un autre, accuse ceux qui reconnaissent
d'autre bien que l'honnêteté, (1040e) de détruire toutes les vertus ; et
pour ne laisser aucune excuse à ses contradictions, dans son traité de la
Justice contre Aristote, il le blâme d'avoir dit que mettre la fin
dernière de l'homme dans la volupté, c'est détruire la justice et avec
elle toutes les autres vertus. Il prétend qu'à la vérité cette opinion
anéantit la justice, mais que rien n'empêche que les autres vertus ne
soient sinon désirables par elles-mêmes, du moins des vertus réelles et
bonnes. Il les parcourt ensuite l'une après l'autre ; mais il vaut mieux
rapporter ses propres termes :
(1040f) « Encore que, dans cette opinion, la volupté semble être la fin
dernière de l'homme, je ne crois pas pour cela que tous y soient compris.
Il faudra donc dire qu'aucune vertu n'est désirable par elle-même, ni
aucun vice n'est par lui-même à éviter, mais qu'il faut rapporter et les
vertus et les vices à un but déterminé. Cependant rien n'empêchera, selon
les défenseurs de cette opinion, que la prudence, la force, la continence, la patience
et les autres vertus semblables ne soient des biens, et les qualités
contraires des vices à fuir. »
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