[1039] (1039a) ὅμοια δ´ εἴρηται τούτοις ἐν τῷ τρίτῳ περὶ Θεῶν·
« ἔτι γὰρ οἶμαι » φησί « τοὺς ἐπαίνους ἀλλοτριώσεσθαι κατὰ τὰ τοιαῦτα τῶν
συμβαινόντων ἀπ´ ἀρετῆς, οἷον δυσθανατώσης γραὸς ἀποσχέσθαι καὶ καρτερῶς
ὑπομεῖναι μυίας δηγμόν.»
Τίν´ οὖν οὗτος ἄλλον κατήγορον περιμένει τῶν αὑτοῦ δογμάτων; Εἰ γὰρ ψυχρός
ἐστιν ὁ ταῦτ´ ἐπαινῶν, πολλῷ δήπου ψυχρότερος ὁ τούτων ἕκαστον ἂν
κατόρθωμα καὶ μέγα καὶ μέγιστον εἶναι τιθέμενος· εἰ γὰρ ἴσον ἐστὶ τῷ - - -
ἀνδρείως δῆγμα μυίας ἐνεγκεῖν καὶ τὸ σωφρόνως ἀποσχέσθαι τῆς γραός, οὐδὲν
οἶμαι διαφέρει τὸν σπουδαῖον ἀπὸ τούτων ἢ ἀπ´ ἐκείνων ἐπαινεῖσθαι. Ἔτι
τοίνυν (1039b) ἐν τῷ δευτέρῳ περὶ Φιλίας διδάσκων ὡς οὐκ ἐπὶ πᾶσι δεῖ τοῖς
ἁμαρτήμασι τὰς φιλίας διαλύεσθαι, ταύταις κέχρηται ταῖς λέξεσι·
« Προσήκει γὰρ τὰ μὲν ὅλως παραπέμπεσθαι τὰ δὲ μικρᾶς ἐπιστροφῆς
τυγχάνειν, τὰ δὲ καὶ ἐπὶ μεῖζον, τὰ δ´ ὅλως διαλύσεως ἀξιοῦσθαι.»
Ὃ δὲ τούτου μεῖζόν ἐστιν, ἐν τῷ αὐτῷ φησιν ὅτι
« τοῖς μὲν ἐπὶ πλεῖον τοῖς δ´ ἐπ´ ἔλαττον συμβαλοῦμεν, ὥστε τοὺς μὲν
μᾶλλον τοὺς δ´ ἧττον φίλους εἶναι· ἐπὶ πολὺ δὲ τῆς τοιαύτης παραλλαγῆς
γινομένης (οἱ μὲν γὰρ τοσαύτης οἱ δὲ τοσαύτης γίγνονται φιλίας ἄξιοι), καὶ
οἱ μὲν ἐπὶ τοσοῦτον οἱ δ´ ἐπὶ (1039c) τοσοῦτον πίστεως καὶ τῶν ὁμοίων
καταξιωθήσονται. »
Τί γὰρ ἄλλο πεποίηκεν ἐν τούτοις ἢ καὶ τούτων μεγάλας διαφορὰς ἀπολέλοιπε;
Καὶ μὴν ἐν τῷ περὶ Καλοῦ πρὸς ἀπόδειξιν τοῦ μόνον τὸ καλὸν ἀγαθὸν εἶναι
τοιούτοις λόγοις κέχρηται·
« Τὸ ἀγαθὸν αἱρετόν, τὸ δ´ αἱρετὸν ἀρεστόν, τὸ δ´ ἀρεστὸν ἐπαινετόν, τὸ δ´
ἐπαινετὸν καλόν »
καὶ πάλιν· « Τὸ ἀγαθὸν χαρτόν, τὸ δὲ χαρτὸν σεμνόν, τὸ δὲ σεμνὸν καλόν.»
Οὗτοι δ´ οἱ λόγοι μάχονται πρὸς ἐκεῖνον· εἴτε γὰρ πᾶν ἀγαθὸν ἐπαινετόν
ἐστι, καὶ τὸ σωφρόνως ἀποσχέσθαι τῆς γραὸς ἐπαινετὸν ἂν εἴη· εἴτε πᾶν
ἀγαθὸν οὔτε σεμνὸν οὔτε χαρτόν· ἀλλ´ οἴχεται ὁ λόγος· πῶς γὰρ οἷόν (1039d)
τε τὸ μὲν ἄλλους ἀπὸ τῶν τοιούτων ἐπαινεῖν ψυχρὸν εἶναι, τὸ δ´ αὐτὸν ἐπὶ
τοῖς τοιούτοις χαίρειν καὶ σεμνύνεσθαι μὴ καταγέλαστον;
Πολλαχοῦ μὲν τοιοῦτός ἐστιν· ἐν δὲ ταῖς πρὸς ἑτέρους ἀντιλογίαις ἥκιστα
φροντίζει τοῦ μηδὲν εἰπεῖν ἐναντίον ἑαυτῷ καὶ διάφωνον. Ἐν γοῦν τοῖς περὶ
τοῦ Προτρέπεσθαι τοῦ Πλάτωνος ἐπιλαμβανόμενος λέγοντος ὅτι τῷ μηδὲ μαθόντι
μηδ´ ἐπισταμένῳ ζῆν λυσιτελεῖ μὴ ζῆν, ταῦτ´ εἴρηκε κατὰ λέξιν·
« Ὁ γὰρ τοιοῦτος λόγος καὶ ἑαυτῷ μάχεται καὶ ἥκιστ´ ἐστὶ προτρεπτικός.
Πρῶτον γὰρ παραδεικνύων ὅτι κράτιστον ἡμῖν ἐστι τὸ μὴ ζῆν καὶ τρόπον τινὰ
ἀποθνήσκειν ἀξιῶν, πρὸς ἕτερά τινα μᾶλλον ἡμᾶς (1039e) προτρέψεται ἢ τὸ
φιλοσοφεῖν· οὐ γὰρ ἔστι μὴ ζῶντα φιλοσοφεῖν οὐδὲ μὴν πολὺν χρόνον
ἐπιζήσαντα κακῶς καὶ ἀπείρως φρόνιμον γενέσθαι. »
Καὶ προελθὼν δέ φησιν ὅτι καὶ τοῖς φαύλοις καθήκει μένειν ἐν τῷ ζῆν· εἶτα
κατὰ λέξιν·
« Πρῶτον γὰρ ἡ ἀρετὴ ψιλῶς οὐδέν ἐστι πρὸς τὸ ζῆν ἡμᾶς, οὕτως δ´ οὐδ´ ἡ
κακία οὐδέν ἐστι πρὸς τὸ δεῖν ἡμᾶς ἀπιέναι. »
Καὶ μὴν οὐχ ἕτερα δεῖ βιβλία διειλῆσαι τοῦ Χρυσίππου τὴν πρὸς αὑτὸν
ἐνδεικνυμένους μάχην, ἀλλ´ ἐν αὐτοῖς τούτοις ποτὲ μὲν τοῦ Ἀντισθένους
ἐπαινῶν προφέρεται τὸ δεῖν κτᾶσθαι νοῦν ἢ βρόχον καὶ τοῦ Τυρταίου τὸ
« Πρὶν ἀρετῆς πελάσαι τέρμασιν ἢ θανάτου »·
καίτοι (1039f) τί ταῦτα βούλεται δηλοῦν ἄλλο πλὴν ὅτι τὸ μὴ ζῆν
λυσιτελέστερόν ἐστι τοῦ ζῆν τοῖς κακοῖς καὶ ἀνοήτοις; Ποτὲ δὲ τὸν Θέογνιν
ἐπανορθούμενος
« Οὐκ ἔδει» φησίν « εἰπεῖν
« Χρὴ πενίην φεύγοντα, »
μᾶλλον δέ « Χρὴ κακίαν φεύγοντα καὶ ἐς βαθυκήτεα πόντον
ῥιπτεῖν καὶ πετρῶν, Κύρνε, κατ´ ἠλιβάτων. »
| [1039] (1039a) Il dit la même chose dans son troisième livre des Dieux.
« Il serait, je crois, ridicule de louer quelqu'un pour s'être abstenu
d'une vieille femme ou pour avoir supporté courageusement la piqûre d'une
mouche, quoiqu'au fond ce soient des actes de vertu. »
Quel autre accusateur attend-il donc de ses opinions que lui-même? Si
celui qui loue de telles actions est froid et insipide, combien plus doit
l'être celui qui veut les faire passer pour des actes de la vertu la plus
parfaite ! Si c'est être brave que de supporter courageusement la piqûre
d'une mouche, et continent que de s'abstenir d'une vieille femme, il n'y a
pas, je crois, de différence à louer un homme de bien sur l'une et sur
l'autre de ces actions. (1039b) De plus, dans son second livre sur
l'Amitié, où il enseigne qu'on ne doit pas rompre avec ses amis pour
toutes sortes de fautes, il dit en propres termes :
« Il est des fautes qu'il faut dissimuler; il en est qu'il faut reprendre
légèrement ; il y en a qui exigent des réprimandes sévères, et d'autres
méritent qu'on renonce totalement à l'amitié. »
Et, ce qui est plus fort encore, il dit, dans ce même livre, qu'étant plus
liés avec certaines personnes qu'avec d'autres, les uns seront plus nos amis et les
autres moins ; que cette différence s'étend si loin, que, parmi nos amis même, il y en
aura qui obtiendront de nous plus (1039c) d'attachement, de confiance et d'autres
affections pareilles. Que fait-il autre chose dans tous ces passages, que
de mettre de très grandes différences entre les divers sentiments qui
accompagnent l'amitié? Cependant, pour prouver qu'il n'y a de bon que ce
qui est honnête, voici comment il s'exprime dans son traité de l'Honnêteté :
« Le bien est désirable par lui-même ; ce qui est désirable plaît ; ce qui
plaît est louable; ce qui est louable est honnête. »
Il dit ailleurs :
« Ce qui est bon donne de la satisfaction ; ce qui cause ce sentiment est
honorable ; et ce qui est honorable est honnête. »
Toutes ces maximes combattent l'opinion de Chrysippe ; car si tout ce qui
est bon est louable, il le sera aussi de s'abstenir d'une femme décrépite.
Mais une telle action n'est ni bonne ni agréable. Ainsi tout ce qui est
bien n'est pas honorable et ne donne point de plaisir. Sa raison donc
tombe d'elle-même. (1039d) Car est-il possible que l'on soit insipide et
froid pour louer de pareilles choses, et que celui qui s'en réjouit et en
tire vanité ne le soit pas?
Voilà quel est Chrysippe dans la plupart de ses ouvrages. Mais quand il
dispute contre les autres, il s'embarrasse très peu d'être en
contradiction avec lui-même. Dans son traité de l'Exhortation, en blâmant
Platon d'avoir dit que celui qui ne sait pas bien user de la vie aurait de
l'avantage à en être privé, il dit en propres termes :
« Un tel discours est une contradiction palpable et n'est nullement propre
à encourager. D'abord, en nous montrant qu'il ne nous est pas utile de
vivre, et en nous conseillant en quelque sorte de mourir, il nous exhorte
à toute autre chose (1039e) qu'à la culture de la philosophie; car il
n'est pas possible de s'y appliquer si on n'est vivant, ni de devenir
prudent, quelque temps que l'on vive, si l'on vit dans le mal et dans l'ignorance. »
Il dit un peu plus loin qu'il convient aussi aux méchants de rester dans
la vie ; après quoi il ajoute en termes exprès:
« Premièrement, la vertu, considérée en elle-même, n'a rien qui puisse
nous engager à vivre, ni le vice n'a rien qui doive nous déterminer à
sortir de la vie. »
Il n'est pas nécessaire de parcourir d'autres ouvrages de Chrysippe, pour
prouver ses contradictions. Dans ceux que j'ai déjà cités, il rapporte
avec éloge ce mot d'Antisthène, qu'il faut faire provision de bon sens ou
d'un lacet pour se pendre, et cite ce vers du poète Tyrtée :
« Renoncez à la vie, ou soyez vertueux. »
(1039f) Mais que veulent dire ces maximes, sinon que, pour les méchants et
les insensés, la mort est préférable à la vie? Ailleurs, il corrige
Théognis, et prétend qu'il n'aurait pas dû dire :
« Faites tout, cher Cyrnus, pour fuir la pauvreté, » mais plutôt,
« Cher Cyrnus, croyez-moi, pour échapper au vice,
Jetez-vous dans la mer ou dans un précipice. »
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