HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Plutarque, Oeuvres morales, Des contradictions des stoiciens

Page 1038

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[1038] (1038a) καὶ εὐλάβεια τοίνυν λόγος ἐστὶν ἀπαγορευτικὸς τῷ σοφῷ· τὸ γὰρ εὐλαβεῖσθαι σοφῶν ἴδιον οὐ φαύλων ἐστίν. Εἰ μὲν οὖν ἕτερόν ἐστιν τοῦ σοφοῦ λόγος καὶ ἕτερον νόμος, μαχόμενον τῷ νόμῳ λόγον οἱ σοφοὶ τὴν εὐλάβειαν ἔχουσιν· εἰ δ´ οὐκ ἄλλο τι νόμος ἐστὶν τοῦ σοφοῦ λόγος, εὕρηται νόμος ἀπαγορευτικὸς τοῖς σοφοῖς τοῦ ποιεῖν εὐλαβοῦνται. Τοῖς φαύλοις οὐδὲν εἶναι χρήσιμον Χρύσιππός φησιν οὐδ´ ἔχειν χρείαν τὸν φαῦλον οὐδενὸς οὐδὲ δεῖσθαι. Ταῦτα δ´ εἰπὼν ἐν τῷ πρώτῳ τῶν Κατορθωμάτων αὖθις λέγει καὶ τὴν εὐχρηστίαν καὶ τὴν χάριν εἰς τὰ μέσα διατείνειν, (1038b) ὧν οὐδέν ἐστι χρήσιμον κατ´ αὐτούς. Καὶ μὴν οὐδ´ οἰκεῖον οὐδ´ ἁρμόττον οὐδὲν εἶναι τῷ φαύλῳ φησὶν ἐν τούτοις· « Κατὰ ταὐτὰ δὲ τῷ μὲν ἀστείῳ ἀλλότριον οὐδὲν τῷ δὲ φαύλῳ οὐδὲν οἰκεῖόν ἐστιν, ἐπειδὴ τὸ μὲν ἀγαθὸν τὸ δὲ κακόν ἐστιν αὐτῶν ». Πῶς οὖν ἀποκναίει πάλιν ἐν παντὶ βιβλίῳ φυσικῷ τὰ ἴδια καὶ ἠθικῷ γράφων ὡς « Οἰκειούμεθα πρὸς αὑτοὺς εὐθὺς γενόμενοι καὶ τὰ μέρη καὶ τὰ ἔκγονα τὰ ἑαυτῶν »; Ἐν δὲ τῷ πρώτῳ περὶ Δικαιοσύνης καὶ τὰ θηρία φησὶ συμμέτρως τῇ χρείᾳ τῶν ἐκγόνων ᾠκειῶσθαι πρὸς αὐτά, πλὴν τῶν ἰχθύων· « αὐτὰ γὰρ τὰ κυήματα τρέφεται δι´ αὑτῶν ». Ἀλλ´ οὔτ´ αἴσθησίς ἐστιν οἷς μηδὲν αἰσθητὸν οὔτ´ οἰκείωσις οἷς μηδὲν οἰκεῖον· (1038c) γὰρ οἰκείωσις αἴσθησις ἔοικε τοῦ οἰκείου καὶ ἀντίληψις εἶναι. Καὶ τὸ δόγμα τοῦτο τοῖς κυριωτάτοις ἑπόμενόν ἐστι, καὶ Χρύσιππος, εἰ καὶ πολλὰ πρὸς τοὐναντίον γέγραφε, δῆλός ἐστι προστιθέμενος τῷ μήτε κακίαν κακίας ἁμαρτίαν ἁμαρτίας ὑπερέχουσαν εἶναι μήτ´ ἀρετὴν ἀρετῆς κατόρθωσιν κατορθώσεως· ὅς γέ φησιν ἐν τῷ τρίτῳ περὶ Φύσεως « ὥσπερ τῷ Διὶ προσήκει σεμνύνεσθαι ἐφ´ αὑτῷ τε καὶ τῷ βίῳ καὶ μέγα φρονεῖν καί, εἰ δεῖ οὕτως εἰπεῖν, ὑψαυχενεῖν καὶ κομᾶν καὶ μεγαληγορεῖν, ἀξίως (1038d) βιοῦντι μεγαληγορίας, οὕτω τοῖς ἀγαθοῖς πᾶσι ταῦτα προσήκει, κατ´ οὐθὲν προεχομένοις ὑπὸ τοῦ Διός ». Ἀλλ´ αὐτός γε πάλιν ἐν τῷ τρίτῳ περὶ Δικαιοσύνης φησὶν ὅτι τὴν δικαιοσύνην ἀναιροῦσιν οἱ τέλος ὑποτιθέμενοι τὴν ἡδονήν, οἱ δὲ μόνον ἀγαθὸν εἶναι λέγοντες οὐκ ἀναιροῦσιν· ἔστι δὲ ταυτὶ τὰ κατὰ λέξιν· « Τάχα γὰρ ἀγαθοῦ αὐτῆς ἀπολειπομένης τέλους δὲ μή, τῶν δὲ δι´ αὑτῶν αἱρετῶν ὄντος καὶ τοῦ καλοῦ, σῴζοιμεν ἂν τὴν δικαιοσύνην, μεῖζον ἀγαθὸν ἀπολιπόντες τὸ καλὸν καὶ τὸ δίκαιον τῆς ἡδονῆς. » Ἀλλ´ εἴπερ μόνον τὸ καλὸν ἀγαθόν ἐστιν, ἁμαρτάνει μὲν τὴν ἡδονὴν ἀγαθὸν ἀποφαίνων, ἧττον δ´ ἁμαρτάνει τοῦ (1038e) καὶ τέλος αὐτὴν ποιοῦντος· ἀναιρεῖ γὰρ οὗτος τὴν δικαιοσύνην ἐκεῖνος δὲ σῴζει· καὶ κατὰ τοῦτον κοινωνία φροῦδός ἐστι καὶ ἀπόλωλεν, δὲ χρηστότητι καὶ φιλανθρωπίᾳ χώραν δίδωσιν. Ἔτι τὸ μὲν λέγειν αὐτὸν ἐν τῷ περὶ τοῦ Διὸς « αὔξεσθαι τὰς ἀρετὰς καὶ διαβαίνειν » ἀφίημι μὴ δόξω τῶν ὀνομάτων ἐπιλαμβάνεσθαι, καίτοι πικρῶς ἐν τῷ γένει τούτῳ καὶ Πλάτωνα καὶ τοὺς ἄλλους τοῦ Χρυσίππου δάκνοντος· ἐπαινεῖν δὲ μὴ πᾶν τὸ πραττόμενον κατ´ ἀρετὴν κελεύων ἐμφαίνει τινὰ τῶν κατορθωμάτων διαφοράν· λέγει (1038f) δ´ οὕτως ἐν τῷ περὶ τοῦ Διός· « Ἔργων γὰρ κατὰ τὰς ἀρετὰς ὄντων οἰκείων ἐστί τιν´ ἀποπροαχθέντα καὶ τούτων, οἷον ἀνδρείως τὸν δάκτυλον ἐκτεῖναι καὶ ἐγκρατῶς ἀποσχέσθαι δυσθανατώσης γραὸς καὶ ἀπροπτώτως ἀκοῦσαι τοῦ τὰ τρία τέσσαρα {μὴ} εἶναι, τελέως τέ τιν´ ἐμφαίνει ψυχρίαν διὰ τῶν τοιούτων ἐπαινεῖν τινας ἐγχειρῶν καὶ ἐγκωμιάζειν· » [1038] (1038a) La précaution est aussi la raison qui éloigne le sage de faire une chose; et cette vertu, qui est propre au sage, ne se trouve jamais dans les méchants. Si donc la raison du sage est autre chose que la raison de la loi, cette précaution, qui est naturelle aux sages, se trouve contraire à la loi ; mais si la loi n'est pas différente de la raison du sage, la loi défend donc aux sages ce qu'ils ont soin d'éviter. Chrysippe dit que rien n'est utile aux gens vicieux, et qu'ils n'ont proprement besoin de rien. Après avoir avancé cela dans son premier livre des Devoirs, il dit que là reconnaissance et l'action de grâce sont du genre des actions médiocrement bonnes ou indifférentes, (1038b) dont, suivant ces philosophes, aucune n'est utile. Il ajoute, au même endroit, que rien n'est propre et convenable au méchant, et, conséquemment, que rien n'est étranger au sage et que rien n'est bon au méchant, parce que ce qui est bon à l'un est mauvais à l'autre. Pourquoi donc nous répète-t-il sans cesse, dans tous ses ouvrages de physique et de morale, que, dès l'instant de notre naissance, nous sommes unis, par des rapports naturels, avec nous-mêmes et avec tout ce qui fait partie de nous ou qui en a été tiré ? Il ajoute, dans son premier livre de la Justice, que les bêtes brutes elles-mêmes, si l'on excepte les poissons, ont des liaisons naturelles avec leur progéniture. Car les petits se nourrissent de la substance de leurs mères. Mais il n'y a point de sentiment où il n'y a point de sensibilité, ni de rapport naturel où rien n'est selon la nature, (1038c) parce que ce rapport semble être le sentiment et l'appréhension de ce qui est naturel à une chose. Cette opinion est une conséquence de leurs dogmes principaux. Quoique Chrysippe ait, en plusieurs endroits de ses ouvrages, écrit le contraire, on voit cependant qu'il pense que les fautes et les vices ne sont pas plus grands les uns que les antres; il croit aussi qu'il n'y a point de vertu ou de bonne action qui soit plus parfaite qu'une autre. En effet, il dit, dans le troisième livre de la Nature : « Comme il convient à Jupiter de penser avantageusement de lui-même et de se glorifier de sa vie, (1038d) parce que sa conduite justifie de tels sentiments, tous les sages peuvent en faire autant, attendu que Jupiter ne les surpasse en rien.» Il dit encore, dans son troisième livre de la Justice, que ceux qui placent la dernière fin de l'homme dans la volupté détruisent la justice ; mais qu'il n'en est pas de même de ceux qui disent simplement que la volupté est un bien. Voici ses propres termes : « Peut-être qu'en laissant à la volupté la qualité de bien, et non celle de fin dernière, en la mettant au nombre des choses qui sont bonnes et désirables par elles-mêmes, nous trouverons le moyen de conserver la justice ; ce sera reconnaître que l'honnêteté et la justice sont des biens préférables à la volupté. » Mais s'il n'y a de bien que ce qui est honnête, celui qui veut que la volupté soit un bien est dans l'erreur, quoiqu'à la vérité il y soit moins que celui (1038e) qui en fait la dernière fin de l'homme. Celui-ci anéantit la justice, et l'autre du moins la conserve; l'un détruit toute société humaine, l'autre laisse encore subsister la bienfaisance et l'humanité. Je ne m'arrête point à relever ce qu'il dit dans son livre sur Jupiter, que les vertus sont susceptibles de progrès ; je craindrais de paraître m'attacher aux mots, quoiqu'en ce genre, il traite lui-même sans aucun ménagement Platon et d'autres philosophes. Mais quand il ne veut pas qu'on loue tout ce qui se fait de conforme à la vertu, il montre clairement qu'il y a de la différence entre les bonnes actions. Voici comme il s'exprime, (1038f) dans son traité sur Jupiter : « Les actions étant proportionnées aux vertus qui les produisent, il faut louer les premières au même degré que celles-ci. Par exemple, il serait froid et insipide de faire un mérite à quelqu'un d'avoir étendu son bras, comme s'il avait fait un trait de bravoure, de s'être abstenu d'une femme décrépite et d'avoir compris tout de suite que trois ne font pas quatre. »


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Dernière mise à jour : 18/10/2007