HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Plutarque, Oeuvres morales, Des contradictions des stoiciens

Page 1037

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[1037] (1037a) Εἶτα τούτους μέν, βέλτιστε, τοὺς λόγους, ὧν καταγελᾷς καὶ καλεῖς ὀνείδη τῶν ἐρωτώντων ὡς ἐμφανῆ τὴν κακίαν ἔχοντας, ὅμως δέδιας μή τινας περισπάσωσιν ἀπὸ τῆς καταλήψεως· αὐτὸς δὲ τοσαῦτα βιβλία γράφων κατὰ τῆς συνηθείας, οἷς, τι ἀνεῦρες, προσέθηκας ὑπερβαλέσθαι φιλοτιμούμενος τὸν Ἀρκεσίλαον, οὐδένα τῶν ἐντυγχανόντων ἐπιταράξειν προσεδόκησας; Οὐδὲ γὰρ ψιλοῖς χρῆται τοῖς κατὰ τῆς συνηθείας ἐπιχειρήμασιν, ἀλλ´ ὥσπερ ἐν δίκῃ μετὰ βάθους τινὸς συνεπιπάσχων μωρολογεῖν τε πολλάκις λέγει καὶ κενοκοπεῖν. Ἵνα τοίνυν μηδ´ ἀντίρρησιν (1037b) ἀπολίπῃ τοῦ τὰ ἐναντία λέγειν, ἐν μὲν ταῖς Φυσικαῖς Θέσεσι ταῦτα γέγραφεν· « Ἔσται δὲ καὶ καταλαμβάνοντάς τι πρὸς τὰ ἐναντία ἐπιχειρεῖν, τὴν ἐνοῦσαν συνηγορίαν ποιουμένους· ποτὲ δ´ οὐδέτερον καταλαμβάνοντας εἰς ἑκάτερον τὰ ὄντα λέγειν ». Ἐν δὲ τῷ περὶ τῆς τοῦ Λόγου Χρήσεως εἰπών, ὡς οὐ δεῖ τῇ τοῦ λόγου δυνάμει πρὸς τὰ μὴ ἐπιβάλλοντα χρῆσθαι καθάπερ οὐδ´ ὅπλοις, ταῦτ´ ἐπείρηκε· « Πρὸς μὲν γὰρ τὴν τῶν ἀληθῶν εὕρεσιν δεῖ χρῆσθαι αὐτῇ καὶ πρὸς τὴν τούτων συγγυμνασίαν, εἰς τἀναντία δ´ οὔ, πολλῶν ποιούντων τοῦτο », πολλοὺς {δὲ} λέγων ἴσως (1037c) τοὺς ἐπέχοντας. Ἀλλ´ ἐκεῖνοι μὲν οὐδέτερον καταλαμβάνοντες εἰς ἑκάτερον ἐπιχειροῦσιν, ὡς εἴ τι καταληπτόν ἐστιν οὕτως ἂν μόνως μάλιστα κατάληψιν ἑαυτῆς τὴν ἀλήθειαν παρέχουσαν· σὺ δ´, κατηγορῶν ἐκείνων, αὐτὸς τἀναντία γράφων οἷς καταλαμβάνεις περὶ τῆς συνηθείας ἑτέρους τε τοῦτο ποιεῖν μετὰ συνηγορίας προτρεπόμενος ἐν ἀχρήστοις καὶ βλαβεροῖς ὁμολογεῖς τῇ τοῦ λόγου δυνάμει χρώμενος ὑπὸ φιλοτιμίας νεανιεύεσθαι. Τὸ κατόρθωμά φασι νόμου πρόσταγμα εἶναι, τὸ δ´ ἁμάρτημα νόμου ἀπαγόρευμα, διὸ τὸν νόμον πολλὰ τοῖς (1037d) φαύλοις ἀπαγορεύειν προστάττειν δὲ μηθέν· οὐ γὰρ δύνανται κατορθοῦν. Καὶ τίς οὐκ οἶδεν ὅτι τῷ μὴ δυναμένῳ κατορθοῦν ἀδύνατόν ἐστι μὴ ἁμαρτάνειν; Αὐτὸν οὖν αὑτῷ μαχόμενον ποιοῦσι τὸν νόμον, προστάττοντα μὲν ποιεῖν ἀδυνατοῦσιν ἀπαγορεύοντα δ´ ὧν ἀπέχεσθαι μὴ δύνανται· γὰρ μὴ δυνάμενος σωφρονεῖν ἄνθρωπος οὐ δύναται μὴ ἀκολασταίνειν, καὶ μὴ δυνάμενος φρονεῖν οὐ δύναται μὴ ἀφραίνειν. Αὐτοί γε μὴν λέγουσι τοὺς ἀπαγορεύοντας ἄλλο μὲν λέγειν ἄλλο δ´ ἀπαγορεύειν ἄλλο δὲ προστάττειν· γὰρ λέγων « μὴ κλέψῃς » λέγει μὲν αὐτὸ τοῦτο « μὴ κλέψῃς », ἀπαγορεύει δὲ κλέπτειν, προστάττει (1037e) δὲ μὴ κλέπτειν· οὐδὲν οὖν ἀπαγορεύσει τοῖς φαύλοις νόμος, εἰ μηδὲ προστάξει. Ἔτι καὶ τὸν ἰατρὸν τῷ μαθητῇ προστάττειν λέγουσι τεμεῖν καὶ καῦσαι, κατὰ παράλειψιν τοῦ εὐκαίρως καὶ μετρίως, καὶ τὸν μουσικὸν λυρίσαι καὶ ᾆσαι, κατὰ παράλειψιν τοῦ ἐμμελῶς καὶ συμφώνως· δι´ τοὺς ταῦτα ποιήσαντας ἀτέχνως καὶ κακῶς κολάζουσιν, ὡς προσετάχθη μὲν ὀρθῶς, οἱ δ´ οὐκ ὀρθῶς ἐποίησαν. Οὐκοῦν καὶ σοφὸς τῷ θεράποντι προστάττων εἰπεῖν τι καὶ πρᾶξαι, κἂν μὴ εὐκαίρως τοῦτο πράξῃ μηδ´ ὡς δεῖ, κολάζων δῆλός ἐστι μέσον προστάττων οὐ κατόρθωμα· (1037f) εἰ δὲ μέσα προστάττουσιν οἱ σοφοὶ τοῖς φαύλοις, τί κωλύει καὶ τοῦ νόμου προστάγματα τοιαῦτ´ εἶναι; Καὶ μὴν ὁρμὴ κατά γ´ αὐτὸν τοῦ ἀνθρώπου λόγος ἐστὶ προστακτικὸς αὐτῷ τοῦ ποιεῖν, ὡς ἐν τῷ περὶ Νόμου γέγραφεν. Οὐκοῦν καὶ ἀφορμὴ λόγος ἀπαγορευτικὸς καὶ ἔκκλισις - - - εὔλογος ἔκκλισις· [1037] (1037a) Mais, homme simple que vous êtes, dirai-je à Chrysippe, ces mêmes arguments, que vous tournez en ridicule, que vous dites être l'opprobre de leurs acteurs et contenir un vice manifeste, vous craignez, cependant qu'ils n'empêchent quelques uns de vos auditeurs de comprendre ce que vous leur enseignez. Et vous-même, qui avez écrit contre la coutume un si grand nombre d'ouvrages, où la vaine ambition de surpasser Arcésilas vous a fait ajouter à ce qu'il avait dit le peu que vous avez pu inventer, ne comptiez-vous pas ébranler quelques-uns de vos lecteurs ? En effet, il ne se contente pas d'alléguer contre la coutume de simples raisonnements ; mais, comme s'il composait un plaidoyer, il se passionne pour sa cause, il taxe de folie ses adversaires et leur reproche de se donner une peine inutile. Et afin de ne pas laisser à d'autres le soin (1037b) de l'accuser de contradiction, il dit lui-même, dans ses Propositions naturelles : « On peut, lors même qu'on a compris une chose, la combattre par quelques raisonnements et la défendre autant qu'il est possible; et quelquefois même, si on ne comprend aucune des deux opinions, discourir en faveur de l'une et de l'autre. » Dans son traité sur l'Usage du discours, après avoir dit que dans des choses qui ne le comportent pas il ne faut pas user de toute la force de la raison, comme on a soin de ménager ses armes pour le combat, il ajoute : « Il faut l'employer pour la recherche de la vérité, pour tout ce qui lui est analogue, et non pour ce qui lui est contraire, quoique plusieurs philosophes le fassent. » Lorsqu'il dit plusieurs, il entend peut-être (1037c) ceux qui suspendent leur jugement. Mais ces philosophes, ne comprenant aucune des deux opinions, allèguent, pour l'une et pour l'autre, les raisons qui leur paraissent plausibles, persuadés que c'est le seul, ou du moins le plus sûr moyen de découvrir la vérité, si toutefois il y a quelque chose qu'on puisse savoir véritablement. Mais vous, Chrysippe, qui les blâmez, tandis que vous écrivez, au sujet de l'habitude, le contraire de ce que vous croyez savoir, et qu'avec le zèle d'un défenseur, vous exhortez les autres à faire de même, ne convenez-vous pas que vous vous êtes livré à une vaine et puérile ambition, en employant votre éloquence à soutenir des choses inutiles et même nuisibles? Les stoïciens disent que la loi ordonne les bonnes actions et qu'elle défend les mauvaises ; que c'est pour cela que la loi fait beaucoup de défenses aux (1037d) méchants et ne leur commande rien, parce qu'ils sont incapables de faire le bien. Mais qui ne voit que celui qui ne peut pas faire le bien doit nécessairement commettre le mal ? Ils mettent donc la loi en contradiction avec elle-même, puisqu'ils supposent qu'elle commande à certains hommes ce qu'ils ne peuvent pas faire, et qu'elle leur défend ce dont ils ne sauraient s'abstenir. L'homme incapable d'être tempérant et sage ne peut être que fou et intempérant. Ils disent eux-mêmes que quand le magistrat fait une défense, il énonce une chose, il en défend une autre et en commande une troisième. Mais celui qui dit : Vous ne déroberez point, en même temps qu'il prononce ces paroles, défend bien de dérober, (1037e) mais il n'ordonne rien. La loi ne défendra donc rien aux méchants lorsqu'elle ne leur commandera rien. Ils disent aussi qu'un médecin commande à son élève de faire une amputation, d'appliquer un cautère et de suivre à propos et avec adresse les leçons qu'on lui a données. Un musicien ordonne de même à son disciple de jouer de la lyre et de chanter en mesure. Aussi punissent-ils ceux qui le font mal et contre les règles de l'art, parce que, ayant reçu l'ordre de le bien faire, ils l'ont mal exécuté. Le sage donc, lorsqu'il ordonne à son esclave de dire ou de faire quelque chose, et qu'il le punit pour l'avoir mal fait, lui avait sûrement commandé de faire une action parfaitement, et non pas médiocrement bonne. (1037f) Mais si les sages prescrivent aux méchants des actions médiocrement bonnes, qui empêche que celles que la loi impose ne soient de la même nature? Or, ce que les stoïciens appellent inclination n'est, suivant la définition qu'en donne Chrysippe lui-même, dans son traité de la Loi, que la raison qui ordonne à l'homme de faire quelque chose. L'aversion, au contraire, sera donc la raison qui défend d'agir ; et cette aversion est conforme à la raison.


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Dernière mise à jour : 18/10/2007