HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Plutarque, Oeuvres morales, Des contradictions des stoiciens

Page 1036

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[1036] μὴ μετὰ συνηγορίας (1036a) ἀλλὰ διαλύοντας αὐτῶν τὸ πιθανόν· « Τοῖς μὲν γὰρ ἐποχὴν ἄγουσι περὶ πάντων ἐπιβάλλει » φησί « τοῦτο ποιεῖν καὶ συνεργόν ἐστι πρὸς βούλονται· τοῖς δ´ ἐπιστήμην ἐνεργαζομένοις καθ´ ἣν ὁμολογουμένως βιωσόμεθα, τὰ ἐναντία, στοιχειοῦν καὶ καταστοιχίζειν τοὺς εἰσαγομένους ἀπ´ ἀρχῆς μέχρι τέλους· ἐφ´ ὧν καιρός ἐστι μνησθῆναι καὶ τῶν ἐναντίων λόγων, διαλύοντας αὐτῶν τὸ πιθανόν, καθάπερ καὶ ἐν τοῖς δικαστηρίοις· » ταυτὶ γὰρ αὐταῖς λέξεσιν εἴρηκεν. Ὅτι μὲν οὖν ἄτοπός ἐστι τοὺς φιλοσόφους τὸν ἐναντίον λόγον οἰόμενος δεῖν τιθέναι μὴ μετὰ (1036b) συνηγορίας ἀλλ´ ὁμοίως τοῖς δικολόγοις κακοῦντας, ὥσπερ οὐ πρὸς τὴν ἀλήθειαν ἀλλὰ περὶ νίκης ἀγωνιζομένους, εἴρηται πρὸς αὐτὸν δι´ ἑτέρων. Ὅτι δ´ αὐτὸς οὐκ ἐν ὀλίγοις ἀλλὰ πολλαχοῦ τοὺς ἐναντίους οἷς δοκιμάζει λόγους κατεσκεύακεν ἐρρωμένως καὶ μετὰ σπουδῆς καὶ φιλοτιμίας τοσαύτης, ὥστε μὴ παντὸς εἶναι καταμαθεῖν τὸ ἀρέσκον, αὐτοὶ δήπου λέγουσι, τὴν δεινότητα θαυμάζοντες τοῦ ἀνδρὸς καὶ τὸν Καρνεάδην οὐθὲν οἰόμενοι λέγειν ἴδιον, ἀλλ´ ἐξ ὧν ἐπεχείρησε Χρύσιππος εἰς τοὐναντίον, ὁρμώμενον ἐπιτίθεσθαι τοῖς λόγοις αὐτοῦ καὶ πολλάκις παραφθέγγεσθαι· « Δαιμόνιε, φθίσει σε τὸ σὸν μένος » , ὡς (1036c) μεγάλας ἀφορμὰς καθ´ ἑαυτοῦ διδόντα τοῖς κινεῖν τὰ δόγματα καὶ διαβάλλειν βουλομένοις. Ἐπὶ δὲ τοῖς κατὰ Συνηθείας ἐκδοθεῖσιν οὕτω κομῶσι καὶ μεγαληγοροῦσιν, ὥστε τοὺς πάντων ὁμοῦ τῶν Ἀκαδημαϊκῶν λόγους εἰς ταὐτὸ συμφορηθέντας οὐκ ἀξίους εἶναι παραβαλεῖν οἷς Χρύσιππος ἔγραψεν εἰς διαβολὴν τῶν αἰσθήσεων. Καὶ τοῦτο μὲν ἀπειρίας τῶν λεγόντων φιλαυτίας σημεῖόν ἐστιν· ἐκεῖνο δ´ ἀληθές, ὅτι βουληθεὶς αὖθις συνειπεῖν τῇ συνηθείᾳ καὶ ταῖς αἰσθήσεσιν ἐνδεέστερος γέγονεν αὑτοῦ καὶ τὸ σύνταγμα τοῦ συντάγματος μαλακώτερον. Ὥστ´ αὐτὸν (1036d) ἑαυτῷ μάχεσθαι, κελεύοντα μὲν ἀεὶ τὰ ἐναντία μὴ μετὰ συνηγορίας ἀλλὰ μετ´ ἐνδείξεως τοῦ ὅτι ψευδῆ ἐστι παρατίθεσθαι, τῶν δ´ αὑτοῦ δογμάτων κατήγορον ὄντα δεινότερον συνήγορον, καὶ φυλάττεσθαι μὲν ἑτέροις παραινοῦντα τοὺς εἰς τὰ ἐναντία λόγους ὡς περισπῶντας τὴν κατάληψιν, αὐτὸν δὲ τῶν βεβαιούντων τὴν κατάληψιν λόγων φιλοτιμότερον συντιθέντα τοὺς ἀναιροῦντας. Καίτοι αὐτὸς ὅτι τοῦτ´ αὐτὸ φοβεῖται, σαφῶς ὑποδείκνυσιν ἐν τῷ τετάρτῳ περὶ Βίων, ταῦτα γράφων· « Οὐχ ὡς ἔτυχε δ´ οὐδὲ τοὺς ἐναντίους ὑποδεικτέον λόγους οὐδὲ τὰ πρὸς (1036e) τὰ ἐναντία πιθανὰ ἀλλ´ εὐλαβουμένους μὴ καὶ περισπασθέντες ὑπ´ αὐτῶν τὰς καταλήψεις ἀφῶσιν, οὔτε τῶν λύσεων ἱκανῶς ἂν ἀκοῦσαι δυνάμενοι καταλαμβάνοντές τ´ εὐαποσείστως· ἐπεὶ καὶ οἱ κατὰ τὴν συνήθειαν καταλαμβάνοντες καὶ τὰ αἰσθητὰ καὶ τὰ ἄλλα ἐκ τῶν αἰσθήσεων ῥᾳδίως προΐενται ταῦτα, καὶ ὑπὸ τῶν Μεγαρικῶν ἐρωτημάτων περισπώμενοι καὶ ὑπ´ ἄλλων πλειόνων καὶ δυναμικωτέρων ἐρωτημάτων. » Ἡδέως ἂν οὖν πυθοίμην τῶν Στωικῶν, εἰ τὰ Μεγαρικὰ ἐρωτήματα δυναμικώτερα νομίζουσιν εἶναι τῶν ὑπὸ Χρυσίππου κατὰ τῆς συνηθείας ἐν ἓξ βιβλίοις γεγραμμένων· (1036f) τοῦτο παρ´ αὐτοῦ Χρυσίππου δεῖ πυνθάνεσθαι; Σκόπει γὰρ οἷα περὶ τοῦ Μεγαρικοῦ λόγου γέγραφεν ἐν τῷ περὶ Λόγου Χρήσεως οὕτως· « Οἷόν τι συμβέβηκε καὶ ἐπὶ τοῦ Στίλπωνος λόγου καὶ Μενεδήμου· σφόδρα γὰρ ἐπὶ σοφίᾳ γενομένων αὐτῶν ἐνδόξων, νῦν εἰς ὄνειδος αὐτῶν λόγος περιτέτραπται, ὡς τῶν μὲν παχυτέρων τῶν δ´ ἐκφανῶς σοφιζομένων. » [1036] (1036a) et où l'on cherche seulement à en détruire la probabilité. « Ceux qui n'affirment jamais rien peuvent, dit-il, s'accommoder de cette méthode, parce qu'elle convient au but qu'ils se proposent. Mais ceux qui veulent acquérir une science véritable qui leur serve de règle de conduite doivent, dans toute la suite de leur ouvrage, établir des principes certains, et seulement, lorsque l'occasion s'en présente, faire mention des opinions contraires, comme dans les tribunaux on discute la probabilité des raisons de son adversaire. » Voilà ce qu'il dit en propres termes. J'ai prouvé ailleurs, contre Chrysippe, combien il est absurde de prescrire à des philosophes de rapporter les opinions de leurs (1036b) adversaires, non avec toutes leurs preuves, mais en les affaiblissant à la manière des avocats, comme s'ils devaient disputer pour la gloire de vaincre, et non pour découvrir la vérité. Mais lui-même, dans plusieurs autres de ses ouvrages que ceux de controverse, il expose souvent des opinions contraires aux siennes d'une manière si sérieuse et si forte, qu'il n'est pas facile de distinguer ce qui lui plaît le plus. C'est ce que reconnaissent ceux mêmes qui admirent sa subtilité en ce genre. Ils disent que Carnéade, en disputant, ne tirait rien de son propre fonds, mais que, prenant les arguments dont Chrysippe s'était servi pour prouver l'opinion contraire à celle qu'il soutenait, il les faisait valoir contre lui, et que souvent il lui criait dans la dispute : « Malheureux ! ton courage amènera ta perte ; » (1036c) C'est qu'il fournissait lui-même des arguments à ceux qui voulaient attaquer et renverser ses opinions. Les partisans de Chrysippe triomphent si fort de ce qu'il a écrit contre la coutume, et ils le vantent avec tant d'emphase, qu'à les en croire, les ouvrages de tous les académiciens ensemble ne méritent pas d'entrer en parallèle avec ce que Chrysippe a écrit contre la séduction des sens. Mais cette prétention prouve de leur part ou une grande ignorance ou un grand amour-propre. Ce qu'il y a de vrai, c'est qu'ayant voulu depuis défendre la coutume et les sens, il a été bien inférieur à lui-même ; et ce dernier ouvrage est écrit d'un style plus lâche. Ainsi il se (1036d) contredit lui-même, puisque ayant prescrit de proposer les opinions des adversaires, non en les soutenant, mais en prouvant leur fausseté, il a montré plus de force pour combattre ses propres sentiments que pour les défendre. Après avoir conseillé aux autres de traiter avec réserve les opinions qui leur étaient contraires, parce qu'elles pouvaient empêcher que la leur ne fût bien saisie, il a lui-même apporté des raisons plus fortes pour affaiblir son opinion que pour la confirmer. On voit clairement qu'il le craignait lui-même, lorsqu'il dit, dans son quatrième livre des Vies : « Il ne faut pas proposer au hasard les preuves qui établissent l'opinion contraire (1036e) à celle qu'on soutient; mais user en cela de beaucoup de réserve, de peur que les auditeurs, préoccupés par ces raisons, ne saisissent pas celles qu'on veut leur faire adopter, et que, n'étant pas capables d'en bien comprendre la solution, ils ne se détachent des premières opinions qu'on leur avait exposées. Car ceux même qui, par un effet de l'habitude, comprennent aisément les choses sensibles et celles qui en dépendent, les abandonnent facilement, entraînés dans des opinions contraires par les subtilités mégariques et par d'autres arguments plus nombreux et plus forts. » Je demanderais volontiers aux stoïciens s'ils croient ces subtilités mégariques plus puissantes que celles que Chrysippe a proposées en six livres,(1036f) ou plutôt c'est à Chrysippe lui-même qu'il faut le demander. Voyez ce qu'il dit des subtilités mégariques dans son traité sur l'Usage du discours : « Il est arrivé, dit-il, quelque chose de semblable à Stilpon et à Ménédème. Ces philosophes, si célèbres par leur sagesse, ont été blâmés du genre d'arguments qu'ils employaient, et on trouve aujourd'hui les uns trop communs, les autres trop sophistiques. »


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Dernière mise à jour : 18/10/2007