[1035] (1035a) Ὁ Χρύσιππος οἴεται δεῖν τῶν λογικῶν πρῶτον ἀκροᾶσθαι τοὺς νέους
δεύτερον δὲ τῶν ἠθικῶν μετὰ δὲ ταῦτα τῶν φυσικῶν, ὡς ἂν τέλος δὲ τούτοις
τὸν περὶ θεῶν λόγον ἔσχατον παραλαμβάνειν. Πολλαχοῦ δὲ τούτων ὑπ´ αὐτοῦ
λεγομένων ἀρκέσει παραθέσθαι τὰ ἐν τῷ τετάρτῳ περὶ Βίων ἔχοντα κατὰ λέξιν
οὕτως·
« Πρῶτον μὲν οὖν δοκεῖ μοι κατὰ τὰ ὀρθῶς ὑπὸ τῶν ἀρχαίων εἰρημένα τρία
γένη τῶν τοῦ φιλοσόφου θεωρημάτων εἶναι, τὰ μὲν λογικὰ τὰ δ´ ἠθικὰ τὰ δὲ
φυσικά· εἶτα τούτων δεῖν τάττεσθαι πρῶτα μὲν τὰ λογικὰ δεύτερα δὲ τὰ ἠθικὰ
τρίτα δὲ τὰ φυσικά· τῶν δὲ φυσικῶν ἔσχατος εἶναι ὁ περὶ τῶν θεῶν λόγος·
(1035b) διὸ καὶ τελετὰς προςηγόρευσαν τὰς τούτου παραδόσεις.»
Ἀλλὰ τοῦτόν γε τὸν λόγον, ὃν ἔσχατόν φησι δεῖν τάττεσθαι, τὸν περὶ θεῶν,
ἔθει προτάττει καὶ προεκτίθησι παντὸς ἠθικοῦ ζητήματος· οὔτε γὰρ περὶ
τελῶν οὔτε περὶ δικαιοσύνης οὔτε περὶ ἀγαθῶν καὶ κακῶν οὔτε περὶ γάμου καὶ
παιδοτροφίας οὔτε περὶ νόμου καὶ πολιτείας φαίνεται τὸ παράπαν
φθεγγόμενος, εἰ μή, καθάπερ οἱ τὰ ψηφίσματα ταῖς πόλεσιν εἰσφέροντες
προγράφουσιν Ἀγαθὴν Τύχην, οὕτως καὶ αὐτὸς προγράψειε τὸν Δία, τὴν
Εἱμαρμένην, τὴν Πρόνοιαν, τὸ συνέχεσθαι μιᾷ δυνάμει τὸν κόσμον ἕνα ὄντα
καὶ πεπερασμένον· ὧν οὐθὲν ἔστι (1035c) πεισθῆναι μὴ διὰ βάθους ἐγκραθέντα
τοῖς φυσικοῖς λόγοις. Ἄκουε δ´ ἃ λέγει περὶ τούτων ἐν τῷ τρίτῳ περὶ Θεῶν·
« Οὐ γὰρ ἔστιν εὑρεῖν τῆς δικαιοσύνης ἄλλην ἀρχὴν οὐδ´ ἄλλην γένεσιν ἢ τὴν
ἐκ τοῦ Διὸς καὶ τὴν ἐκ τῆς κοινῆς φύσεως· ἐντεῦθεν γὰρ δεῖ πᾶν τὸ τοιοῦτον
τὴν ἀρχὴν ἔχειν, εἰ μέλλομεν ὀρθῶς τι ἐρεῖν περὶ ἀγαθῶν καὶ κακῶν. »
Πάλιν ἐν ταῖς Φυσικαῖς Θέσεσιν
« Οὐ γὰρ ἔστιν ἄλλως οὐδ´ οἰκειότερον ἐπελθεῖν ἐπὶ τὸν τῶν ἀγαθῶν καὶ
κακῶν λόγον οὐδ´ ἐπὶ τὰς ἀρετὰς οὐδ´ ἐπ´ εὐδαιμονίαν, ἀλλ´ ἢ ἀπὸ τῆς
κοινῆς φύσεως καὶ ἀπὸ τῆς τοῦ κόσμου διοικήσεως. »
Προελθὼν δ´ αὖθις·
(1035d) « Δεῖ γὰρ τούτοις συνάψαι τὸν περὶ ἀγαθῶν καὶ κακῶν λόγον, οὐκ
οὔσης ἄλλης ἀρχῆς αὐτῶν ἀμείνονος οὐδ´ ἀναφορᾶς, οὐδ´ ἄλλου τινὸς ἕνεκεν
τῆς φυσικῆς θεωρίας παραληπτῆς οὔσης ἢ πρὸς τὴν περὶ ἀγαθῶν ἢ κακῶν
διάστασιν. »
Γίνεται τοίνυν ἅμα πρόσω καὶ ὀπίσω τῶν ἠθικῶν ὁ φυσικὸς λόγος κατὰ
Χρύσιππον· μᾶλλον δ´ ὅλως ἄπορος ἡ περιτροπὴ τῆς τάξεως, εἰ μετὰ ταῦτα
τακτέον ἐκεῖνον, ὧν καταλαβεῖν οὐθὲν ἐκείνου χωρὶς ἔστιν· καὶ πρόδηλος ἡ
μάχη τοῦ τὸν φυσικὸν λόγον ἀρχὴν μὲν εἶναι τοῦ περὶ ἀγαθῶν καὶ κακῶν
τιθεμένου κελεύοντος δὲ μὴ πρότερον ἀλλ´ ὕστερον ἐκείνων παραδίδοσθαι.
(1035e) Εἰ δέ τις ἐρεῖ γεγραφέναι τὸν Χρύσιππον ἐν τῷ περὶ Λόγου Χρήσεως, ὡς
« Οὐ καθάπαξ ἀφεκτέον ἐστὶ τῶν ἄλλων τῷ τὴν λογικὴν ἀναλαμβάνοντι πρώτην,
ἀλλὰ κἀκείνων μεταληπτέον κατὰ τὸ διδόμενον, »
ἀληθῆ μὲν ἐρεῖ βεβαιώσει δὲ τὴν αἰτίαν· μάχεται γὰρ πρὸς ἑαυτόν, ὅπου μὲν
ἔσχατον τὸν περὶ θεῶν λόγον ἀναλαμβάνειν κελεύων καὶ τελευταῖον, ὡς διὰ
τοῦτο καὶ τελετὴν προσαγορευόμενον, ὅπου δὲ πάλιν ἐν πρώτοις ἅμα καὶ
τούτου μεταληπτέον εἶναι λέγων· οἴχεται γὰρ ἡ τάξις, εἰ πάντων ἐν πᾶσι
μεταλαμβάνειν δεήσει. Τὸ δὲ μεῖζον, ὅτι τοῦ περὶ ἀγαθῶν (1035f) καὶ κακῶν
λόγου τὸν περὶ θεῶν ἀρχὴν πεποιημένος οὐκ ἀπὸ τούτου κελεύει τὸν ἠθικὸν
ἀρξαμένους ἀναλαμβάνειν, ἀλλ´ ἐκεῖνον ἀναλαμβάνοντας τούτου μεταλαμβάνειν
κατὰ τὸ διδόμενον, εἶτα μεταβαίνειν ἐπὶ τοῦτον ἀπ´ ἐκείνων, οὗ χωρὶς
οὐδεμίαν ἀρχὴν {ἀπ´} ἐκείνων οὐδ´ ἔφοδον εἶναί φησι.
Τὸ πρὸς τὰ ἐναντία διαλέγεσθαι καθόλου μὲν οὔ φησιν ἀποδοκιμάζειν, χρῆσθαι
δὲ οὕτω παραινεῖ, μετ´ εὐλαβείας ὥσπερ ἐν τοῖς δικαστηρίοις,
| [1035] (1035a) Chrysippe veut que les jeunes gens apprennent d'abord la
logique, ensuite la morale, puis la physique, et que dans celle-ci on réserve la
question des dieux pour la dernière. Il l'a souvent dit dans ses ouvrages,
mais il suffira de rapporter le passage suivant de son quatrième livre
des Vies :
« Il me semble, dit-il, que, d'après la division exacte des anciens, on
distingue trois parties dans la philosophie spéculative, la logique, la
morale, et la physique. Je crois qu'il faut commencer par la logique,
passer ensuite à la morale, et finir par la physique, dans laquelle ce qui
regarde les dieux doit être placé le dernier. (1035b) C'est pour cela que
la partie où l'on en traite est dite télète. »
Cependant cette instruction sur les dieux, qu'il prescrit de placer la
dernière, il la met toujours lui-même à la tête de toutes les questions
morales. Jamais vous ne le verrez traiter des fins de nos actions, de la
justice, des biens et des maux, du mariage, de l'éducation des enfants,
des lois, et de l'administration publique, qu'à l'exemple de ceux qui,
dans les villes, commencent leurs décrets par des vœux pour la prospérité
de l'État, il ne place à la tête de son traité les noms de Jupiter, du
Destin et de la Providence ; qu'il ne dise que le monde est unique, qu'il
est fini, et qu'une seule puissance le conserve. Or, on ne (1035c) peut
être persuadé d'aucun de ces points qu'on n'ait pénétré dans les
profondeurs de la philosophie naturelle. Écoutee ce qu'il dit lui-même
dans son troisième livre des dieux :
« On ne saurait imaginer aucune autre source de la justice que Jupiter et
la nature universelle. C'est de ce principe qu'il faut que nous
partions lorsque nous voulons traiter des biens et des maux. »
Il dit encore, dans ses Questions naturelles :
« La manière la plus convenable, ou plutôt la seule d'entrer dans les
questions des biens et des maux, des vertus et du bonheur, est de
commencer par la nature universelle et par le gouvernement de l'univers. »
Il ajoute, un peu plus loin :
(1035d) « C'est à ce principe qu'il faut lier les questions des biens et
des maux, parce qu'il n'est point de meilleur commencement ni de meilleure
relation, et que l'étude de la nature ne doit avoir d'autre but que de
connaître la différence des biens et des maux. »
Ainsi, selon Chrysippe, la physique est tout à la fois et avant et après
la morale, ou plutôt c'est renverser tout ordre que de mettre à la
dernière place des questions sans la connaissance desquelles les premières
qu'on traite ne sauraient être comprises. Et c'est une contradiction
manifeste de dire que la physique est le principe de l'enseignement sur les
biens et les maux, et de vouloir cependant qu'on ne l'enseigne qu'après
celle-ci.
(1035e) Si quelqu'un m'oppose que Chrysippe, dans son traité sur l'usage
du discours, dit qu'en commençant par apprendre la logique, on ne doit pas
pour cela s'abstenir des autres sciences, mais s'en instruire, autant que
possible, il dit vrai, mais aussi il confirmera le reproche que je lui
fais. Car il se contredit lui-même en prescrivant tantôt qu'on n'apprenne
qu'en dernier la science qui traite des dieux, et qui, pour cela, est
appelée télète, et tantôt qu'on commence par s'instruire de celle-là. Il
n'y a plus aucun ordre, s'il faut tout embrasser à la fois. Et,
ce qui est bien plus fort encore, c'est qu'après avoir dit que
l'instruction sur les biens (1035f) et sur les maux doit être précédée par
celle qui traite des dieux, il ne veut pas que ceux qui s'appliquent à
l'étude de la morale commencent par celle-ci; mais qu'en apprenant la
morale, ils s'instruisent de l'autre autant qu'ils le pourront pour passer
ensuite de la morale à la science des dieux, sans laquelle, de son aveu
même, on ne peut entrer dans la morale ni y faire aucun progrès.
Quant à la méthode de soutenir le pour et le contre sur une même matière,
il ne la condamne pas absolument, mais il veut qu'on en use avec réserve,
comme dans les tribunaux, où l'on ne soutient pas les raisons de la partie
adverse,
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