HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Plutarque, Oeuvres morales, Des contradictions des stoiciens

Page 1034

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[1034] (1034a) Καὶ μὴν Ἀντίπατρος ἐν τῷ περὶ τῆς Κλεάνθους καὶ Χρυσίππου διαφορᾶς ἱστόρηκεν, ὅτι Ζήνων καὶ Κλεάνθης οὐκ ἠθέλησαν Ἀθηναῖοι γενέσθαι, μὴ δόξωσι τὰς αὑτῶν πατρίδας ἀδικεῖν. Ὅτι μέν, εἰ καλῶς οὗτοι, Χρύσιππος οὐκ ὀρθῶς ἐποίησεν ἐγγραφεὶς εἰς τὴν πολιτείαν, παρείσθω· πολλὴν δὲ μάχην καὶ παράλογον ἔχει τὸ τὰ σώματα καὶ τοὺς βίους οὕτω μακρὰν ἀποξενώσαντας τὰ ὀνόματα ταῖς πατρίσι τηρεῖν, ὥσπερ εἴ τις τὴν γαμετὴν ἀπολιπών, ἑτέρᾳ δὲ συζῶν καὶ συναναπαυόμενος καὶ παιδοποιούμενος ἐξ ἑτέρας, μὴ συγγράφοιτο γάμον, ὅπως ἀδικεῖν μὴ δοκῇ τὴν προτέραν. (1034b) Χρύσιππος δὲ πάλιν ἐν τῷ περὶ Ῥητορικῆς γράφων οὕτω ῥητορεύσειν καὶ πολιτεύσεσθαι τὸν σοφόν, ὡς καὶ τοῦ πλούτου ὄντος ἀγαθοῦ καὶ τῆς δόξης καὶ τῆς ὑγιείας, ὁμολογεῖ τοὺς λόγους αὐτῶν ἀνεξόδους εἶναι καὶ ἀπολιτεύτους καὶ τὰ δόγματα ταῖς χρείαις ἀνάρμοστα καὶ ταῖς πράξεσιν. Ἔτι δόγμα Ζήνωνός ἐστιν « Ἱερὰ θεῶν μὴ οἰκοδομεῖν· ἱερὸν γὰρ μὴ πολλοῦ ἄξιον καὶ ἅγιον οὐκ ἔστιν· οἰκοδόμων δ´ ἔργον καὶ βαναύσων οὐδέν ἐστι πολλοῦ ἄξιον. » Οἱ δὲ ταῦτ´ ἐπαινοῦντες ὡς εὖ ἔχοντα μυοῦνται μὲν ἐν ἱεροῖς, ἀναβαίνουσι δ´ εἰς ἀκρόπολιν, προσκυνοῦσι δὲ τὰ ἕδη καὶ (1034c) στεφανοῦσι τοὺς ναούς, οἰκοδόμων ὄντας ἔργα καὶ βαναύσων ἀνθρώπων· εἶτα τοὺς Ἐπικουρείους ἐλέγχεσθαι δοκοῦσι θύοντας θεοῖς, αὐτοὶ δὲ μᾶλλον ἐλέγχονται θύοντες ἐπὶ τῶν βωμῶν καὶ τῶν ἱερῶν, μήτ´ εἶναι μήτ´ οἰκοδομεῖσθαι δεῖν ἀξιοῦσιν. Ἀρετὰς Ζήνων ἀπολείπει πλείονας κατὰ διαφοράς, ὥσπερ Πλάτων, οἷον φρόνησιν ἀνδρείαν σωφροσύνην δικαιοσύνην, ὡς ἀχωρίστους μὲν οὔσας ἑτέρας δὲ καὶ διαφερούσας ἀλλήλων. Πάλιν δ´ ὁριζόμενος αὐτῶν ἑκάστην τὴν μὲν ἀνδρείαν φησὶν εἶναι φρόνησιν - - - ἐνεργητέοις τὴν δὲ δικαιοσύνην φρόνησιν ἐν ἀπονεμητέοις, ὡς μίαν οὖσαν ἀρετὴν ταῖς δὲ πρὸς τὰ πράγματα σχέσεσι κατὰ τὰς ἐνεργείας διαφέρειν δοκοῦσαν. (1034d) Οὐ μόνον δ´ Ζήνων περὶ ταῦτα φαίνεται αὑτῷ μαχόμενος, ἀλλὰ καὶ Χρύσιππος Ἀρίστωνι μὲν ἐγκαλῶν ὅτι μιᾶς ἀρετῆς σχέσεις ἔλεγε τὰς ἄλλας εἶναι, Ζήνωνι δὲ συνηγορῶν οὕτως ὁριζομένῳ τῶν ἀρετῶν ἑκάστην. δὲ Κλεάνθης ἐν Ὑπομνήμασι Φυσικοῖς εἰπὼν ὅτι « Πληγὴ πυρὸς τόνος ἐστί, κἂν ἱκανὸς ἐν τῇ ψυχῇ γένηται πρὸς τὸ ἐπιτελεῖν τὰ ἐπιβάλλοντα, ἰσχὺς καλεῖται καὶ κράτος » ἐπιφέρει κατὰ λέξιν « δ´ ἰσχὺς αὕτη καὶ τὸ κράτος, ὅταν μὲν ἐπὶ τοῖς φανεῖσιν ἐμμενετέοις ἐγγένηται, ἐγκράτειά ἐστιν, ὅταν δ´ ἐπὶ τοῖς ὑπομενετέοις, ἀνδρεία· περὶ τὰς ἀξίας δὲ δικαιοσύνη· (1034e) περὶ δὲ τὰς αἱρέσεις καὶ ἐκκλίσεις σωφροσύνη. » Πρὸς τὸν εἰπόντα « Μηδὲ δίκην δικάσῃς, πρὶν ἄμφω μῦθον ἀκούσῃς » ἀντέλεγεν Ζήνων τοιούτῳ τινὶ λόγῳ χρώμενος « Εἴτ´ ἀπέδειξεν πρότερος εἰπών, οὐκ ἀκουστέον τοῦ δευτέρου λέγοντος (πέρας γὰρ ἔχει τὸ ζητούμενον), εἴτ´ οὐκ ἀπέδειξεν (ὅμοιον γὰρ ὡς εἰ μηδ´ ὑπήκουσε κληθεὶς ὑπακούσας ἐτερέτισεν). Ἤτοι δ´ ἀπέδειξεν οὐκ ἀπέδειξεν· οὐκ ἀκουστέον ἄρα τοῦ δευτέρου λέγοντος. » Τοῦτον δὲ τὸν λόγον ἐρωτήσας αὐτὸς ἀντέγραφε μὲν πρὸς τὴν Πλάτωνος Πολιτείαν, ἔλυε δὲ σοφίσματα, καὶ τὴν διαλεκτικὴν ὡς τοῦτο ποιεῖν δυναμένην ἐκέλευε παραλαμβάνειν (1034f) τοὺς μαθητάς. Καίτοι ἀπέδειξε Πλάτων οὐκ ἀπέδειξε τὰ ἐν τῇ Πολιτείᾳ, κατ´ οὐδέτερον δ´ ἦν ἀναγκαῖον ἀντιγράφειν ἀλλὰ πάντως περιττὸν καὶ μάταιον. Τὸ δ´ αὐτὸ καὶ περὶ τῶν σοφισμάτων ἔστιν εἰπεῖν. [1034] (1034a) Antipater, dans son ouvrage sur la dispute entre Cléanthe et Chrysippe, dit que Zénon et Cléanthe refusèrent d'être citoyens d'Athènes pour ne pas faire injure à leur patrie. Je n'observerai pas ici que, s'ils ont eu raison en cela, Chrysippe a eu tort de se faire inscrire sur le rôle des citoyens. Mais il me semble qu'il y a bien de l'inconséquence à transporter ainsi sa personne et sa vie dans une terre étrangère, et à ne laisser que son nom dans sa patrie. C'est imiter un homme qui abandonnerait sa femme légitime pour vivre avec une autre dont il aurait des enfants, et qui refuserait seulement de l'épouser pour ne point paraître outrager la première. (1034b) D'ailleurs Chrysippe, qui, dans son traité de Rhétorique, dit que le sage parlera en public, et se mêlera des affaires du gouvernement, parce qu'il regarde les richesses, la gloire et la santé comme de véritables biens, n'avoue-t-il pas que tous ses discours ne sont que de vaines paroles, que des préceptes contraires à toute politique, et que ses principes ne sauraient s'accorder avec les actions et les besoins de la vie humaine? Zénon, dans un de ses préceptes, défend de bâtir des temples aux dieux, parce qu'un temple n'est pas un édifice sacré et digne de nos respects, et qu'étant l'ouvrage d'artisans grossiers, il ne peut avoir un grand prix. Cependant ces mêmes philosophes, qui louent de telles maximes, se font initier à nos mystères, montent au temple de Minerve dans la citadelle, adorent les images des dieux, et (1034c) couronnent ces autels, qui sont l'ouvrage de vils artisans. Ils accusent les épicuriens de contredire leurs dogmes quand ils offrent des sacrifices aux dieux ; mais ils sont bien plus contraires à eux-mêmes lorsqu'ils sacrifient sur des autels et dans des temples qu'ils voudraient ne pas voir exister, et qu'il est, selon eux, indécent de construire. Zénon, à l'exemple de Platon, distingue plusieurs vertus à raison de leurs différences; telles que la prudence, la force, la tempérance et la justice. Il convient qu'elles sont inséparables, mais que cependant elles diffèrent entre elles. Quand ensuite il vient à les définir, il dit que la force est la prudence dans l'exécution, que la justice est la prudence dans la distribution, comme s'il n'y avait qu'une seule vertu qui n'eût que des rapports différents selon la diversité des actions. (1034d) Ce n'est pas seulement Zénon qui se contredit lui-même sur cette matière, mais encore Chrysippe, qui, après avoir blâmé Ariston de ce qu'il regarde les différentes vertus comme des modifications d'une seule, justifie les définitions que Zénon a données de chaque vertu. Cléanthe dit, dans ses Mémoires de Physique, « que le ressort de tous les êtres est l'effet de l'impression du feu, et que, s'il est assez actif dans l'âme, pour lui faire accomplir ses devoirs, on l'appelle alors force et puissance ; » après quoi il ajoute en propres termes : « Quand cette force et cette puissance s'exercent sur des choses d'éclat dans lesquelles il faille persévérer, elle se nomme continence ; si c'est à des choses qu'on doive supporter, elle s'appelle force; s'il faut l'appliquer aux divers degrés de mérite, c'est la justice; (1034e) s'il s'agit de ce qu'il faut poursuivre ou rejeter, c'est la tempérance. » On dit communément : « Il faut pour bien juger, ouïr les deux parties. » Zénon, pour contredire cette maxime, raisonne ainsi : « Ou le premier qui a parlé a prouvé son dire, et alors il ne faut pas écouter le second, puisque la question est décidée, ou bien il ne l'a pas prouvé, et alors c'est comme s'il n'avait pas comparu en justice ou qu'il n'eût dit que de vaines paroles. Soit donc qu'il ait prouvé son affaire ou qu'il ne l'ait pas prouvée, il est inutile de laisser parler le second. » Cependant, après avoir proposé ce dilemme, il a écrit contre la République de Platon, il a enseigné la méthode de résoudre les sophismes, et il a exhorté ses disciples à l'étude de la dialectique, (1034f) comme un art propre à leur apprendre ces solutions. Mais on peut lui dire : Ou Platon, dans sa République, a prouvé le sujet qu'il traitait, ou il ne l'a pas prouvé. Or, dans l'un et l'autre cas, vous n'aviez pas besoin d'écrire contre lui, et tout ce que vous avez écrit est inutile et superflu. On doit en dire autant par rapport aux sophismes.


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Dernière mise à jour : 18/10/2007