[1055] πιθανὸν (1055a) πᾶσι τοῖς σώμασιν
εἶναι τὴν πρώτην κατὰ φύσιν κίνησιν πρὸς τὸ τοῦ κόσμου μέσον, τῷ μὲν κόσμῳ
οὑτωσὶ κινουμένῳ πρὸς αὑτόν, τοῖς δὲ μέρεσιν ὡς ἂν μέρεσιν οὖσιν. »
Εἶτα, φήσαι τις ἄν, ὦ ἄνθρωπε, τί παθὼν ἐπελάθου τῶν λόγων τούτων, ὥστε
τὸν κόσμον, εἰ μὴ τὴν μέσην χώραν ἐκ τύχης κατειλήφει, διαλυτὸν καὶ
φθαρτὸν ἀποφαίνειν; Εἰ γὰρ αὐτός γε νεύειν ἐπὶ τὸ αὑτοῦ μέσον ἀεὶ πέφυκε
καὶ τὰ μέρη πρὸς τοῦτο κατατείνειν πανταχόθεν, ὅποι ποτ´ ἂν τοῦ κενοῦ
μετατεθῇ, συνέχων ἑαυτὸν οὕτως καὶ περιστέλλων, ἄφθαρτος καὶ ἄθρυπτος
(1055b) διαμενεῖ· τὰ γὰρ θρυπτόμενα καὶ σκεδαννύμενα τοῦτο πάσχει
διακρίσει τῶν μερῶν ἑκάστου καὶ διαλύσει πρὸς τὸν οἰκεῖον τόπον ἐκ τοῦ
παρὰ φύσιν ἀπορρέοντος. Τί δὴ κατ´ ἄλλο τοῦ κενοῦ τεθέντα τὸν κόσμον
οἰόμενος οὕτω παντελεῖ συνάπτεσθαι φθορᾷ καὶ λέγων οὕτως καὶ διὰ τοῦτο
μέσον ἐν τῷ μηδὲν ἔχειν πεφυκότι μέσον ζητῶν ἀπείρῳ, τὰς μὲν τάσεις καὶ
συνοχὰς καὶ νεύσεις ἐκείνας ὡς οὐδὲν ἐχέγγυον εἰς σωτηρίαν ἐχούσας ἀφῆκας,
τῇ δὲ καταλήψει τοῦ τόπου τὴν σύμπασαν αἰτίαν τῆς διαμονῆς ἀνέθηκας;
Καίτοι τοῖς προειρημένοις ταυτὶ συνάπτεις, ὥσπερ αὐτὸς σεαυτὸν ἐξελέγξαι
φιλοτιμούμενος·
« Ὃν τρόπον δὲ κινεῖται ἕκαστον τῶν μορίων συμφυὲς ὂν τῷ λοιπῷ, (1055c)
εὔλογον οὕτως καὶ καθ´ αὑτὸ κινεῖσθαι, καὶ εἰ λόγου χάριν νοήσαιμεν αὐτὸ
καὶ ὑποθοίμεθα εἶναι ἐν κενῷ τινι τοῦ κόσμου τούτου· ὡς γὰρ ἂν συνεχόμενον
πάντοθεν ἐκινεῖτο ἐπὶ τὸ μέσον, μενεῖ ἐν τῇ κινήσει ταύτῃ, κἂν λόγου χάριν
ἐξαίφνης περὶ αὐτὸ γένηται κενόν. »
Εἶτα μέρος μὲν ὁτιοῦν ὑπὸ κενοῦ περιληφθὲν οὐκ ἀποβάλλει τὴν ἐπὶ τὸ τοῦ
κόσμου μέσον ἄγουσαν ῥοπήν, αὐτὸς δ´ ὁ κόσμος, ἂν μὴ τὴν μέσην παρασκευάσῃ
χώραν αὐτῷ τὸ αὐτόματον, ἀπολεῖ τὸν συνεκτικὸν τόνον, ἄλλοις ἀλλαχόσε τῆς
οὐσίας αὐτοῦ μέρεσι φερομένης.
Καὶ ταῦτα μὲν ἔχει μεγάλας (1055d) ὑπεναντιώσεις πρὸς τὸν φυσικὸν λόγον,
ἐκεῖνο δ´ ἤδη καὶ πρὸς τὸν περὶ θεοῦ καὶ προνοίας, τὸ τὰ μικρότατα τῶν
αἰτίων τούτοις ἀνατιθέντα τὸ κυριώτατον ἀφαιρεῖσθαι καὶ μέγιστον. Τί γάρ
ἐστι κυριώτερον τῆς τοῦ κόσμου διαμονῆς καὶ τοῦ τὴν οὐσίαν ἡνωμένην τοῖς
μέρεσι συνέχεσθαι πρὸς αὑτήν; Ἀλλὰ τοῦτό γε συμπέπτωκεν αὐτομάτως κατὰ
Χρύσιππον. Εἰ γὰρ ἡ τοῦ τόπου κατάληψις αἰτία τῆς ἀφθαρσίας ἐστὶν αὕτη δὲ
συντυχίᾳ γέγονε, δῆλον ὅτι συντυχίας ἔργον ἡ σωτηρία τῶν ὅλων ἐστίν, οὐχ
εἱμαρμένης καὶ προνοίας.
Ὁ δὲ τῶν δυνατῶν λόγος πρὸς τὸν τῆς εἱμαρμένης λόγον αὐτῷ πῶς οὐ
μαχόμενός ἐστιν; Εἰ γὰρ οὐκ ἔστι (1055e) δυνατὸν ὅπερ ἤ ἐστιν ἀληθὲς ἢ
ἔσται κατὰ Διόδωρον, ἀλλὰ πᾶν τὸ ἐπιδεκτικὸν τοῦ γενέσθαι, κἂν μὴ μέλλῃ
γενήσεσθαι, δυνατόν ἐστιν, ἔσται δυνατὰ πολλὰ τῶν μὴ καθ´ εἱμαρμένην
ἀνίκητον καὶ ἀνεκβίαστον καὶ περιγενητικὴν ἁπάντων ἡ εἱμαρμένη δύναμιν
ἀπόλλυσιν, ἢ ταύτης οἵαν ἀξιοῖ Χρύσιππος οὔσης τὸ ἐπιδεκτικὸν τοῦ γενέσθαι
πολλάκις εἰς τὸ ἀδύνατον ἐμπεσεῖται. Καὶ πᾶν μὲν ἀληθὲς ἀναγκαῖον ἔσται τῇ
κυριωτάτῃ πασῶν ἀνάγκῃ κατειλημμένον, πᾶν δὲ ψεῦδος ἀδύνατον, τὴν μεγίστην
ἔχον αἰτίαν ἀντιπίπτουσαν αὐτῷ πρὸς τὸ ἀληθὲς γενέσθαι. ᾯ γὰρ ἐν θαλάττῃ
πεπρωμένον ἐστὶν ἀποθανεῖν, πῶς ἂν οἷόν τε (1055f) τοῦτον ἐπιδεκτικὸν
εἶναι τοῦ ἐν γῇ ἀποθανεῖν; Τί δέ; Τὸν Μεγαροῖ δυνατόν ἐστιν ἐλθεῖν εἰς
Ἀθήνας ὑπὸ τῆς εἱμαρμένης κωλυόμενον;
Ἀλλὰ μὴν καὶ τὰ περὶ τῶν φαντασιῶν λεγόμενα νεανικῶς πρὸς τὴν εἱμαρμένην
ἐναντιοῦται. Τὴν γὰρ φαντασίαν βουλόμενος οὐκ οὖσαν αὐτοτελῆ τῆς
συγκαταθέσεως αἰτίαν ἀποδεικνύειν, εἴρηκεν ὅτι
« Βλάψουσιν οἱ σοφοὶ ψευδεῖς φαντασίας ἐμποιοῦντες, ἂν αἱ φαντασίαι
ποιῶσιν αὐτοτελῶς τὰς συγκαταθέσεις·
| [1055] il est vraisemblable que (1055a) tous les corps ont, par leur
nature, ce premier mouvement vers le centre du monde, que l'univers se
meut ainsi vers lui-même, et ses parties aussi, comme étant des portions
de lui-même. »
Mais, mon ami, pourrait-on lui dire, par quel accident avez-vous donc
oublié ces paroles, pour affirmer ensuite que si, par un hasard heureux,
le monde n'eût pas occupé le milieu, il aurait été sujet à la dissolution
et à la mort ? Si son mouvement naturel est de tendre toujours vers son
centre, et que ses parties s'y portent aussi de tous les côtés, dans
quelque partie du vide qu'il eût été placé, comme il se serait toujours
contenu et resserré lui-même, il serait toujours resté indissoluble et
(1055b) incorruptible. Car les corps qui se brisent et se divisent
n'éprouvent cette dissolution que par la séparation de chacune de leurs
parties, qui, abandonnant le lieu qu'elles occupaient contre leur nature,
vont prendre la place qui leur convient. Mais vous qui croyez que si le
monde occupait une autre place dans le vide, il serait sujet à une
destruction totale, qui le déclarez même, et qui, pour cela, mettez un
milieu dans un infini qui ne peut en avoir, vous avez donc abandonné ces
tensions, ces adhérences, ces inclinaisons, comme de faibles garants de sa
conservation; vous n'avez attribué qu'à la place qu'il occupe la cause de
sa durée, et, comme si vous preniez plaisir à vous réfuter vous-même, vous
ajoutez encore :
« Il est naturel que chaque partie du monde soit mue par elle-même,
(1055d) de la même manière qu'elle se meut dans sa liaison avec les autres
parties, quand même, par une simple supposition, nous la concevrions
placée dans quelque espace vide du monde. Comme alors, contenue de toutes
parts, elle se porterait vers le centre, elle persévérerait dans le même
mouvement, en supposant même qu'il se ferait subitement du vide autour
d'elle ; d'ailleurs, une partie quelconque environnée par le vide ne perd
point sa tendance naturelle vers le centre du monde; et le monde lui-même,
si le hasard ne lui eût pas donné la place qu'il occupe dans le milieu,
eût perdu cette tension qui le contient et le conserve, parce que les
différentes parties de sa substance se seraient portées de différents côtés. »
Il y a dans ce passage des contradictions (1055d) bien choquantes contre
la physique ; mais il est encore plus opposé à Dieu et à la Providence, à
qui il ôte la principale et la plus importante influence, pour ne leur
laisser que les plus légères. En effet, la cause qui contribue le plus à
la conservation du monde, c'est que sa substance étant intimement liée à
ses parties, elle est contenue par elle-même. Mais, suivant Chrysippe,
cette disposition est l'effet du hasard ; car si c'est le lieu que le
monde occupe qui le rend incorruptible, et que ce soit le hasard qui l'y
ait placé, il est évident que l'univers doit sa conservation au hasard, et
non au Destin ni à la Providence.
Mais quelle contradiction entre la doctrine que Chrysippe enseigne sur le
possible et celle qu'il établit sur la destinée ! Car si le possible
(1055e) n'est point ce qui est ou qui sera vrai, comme le prétend Diodore,
mais tout ce qui peut être, quand même il ne devrait jamais exister, il y
aura beaucoup de choses possibles qui ne seront pas produites par le
Destin immuable, lequel soumet tout à son inévitable pouvoir. Ainsi le
Destin perd sa puissance ; ou, s'il est tel que Chrysippe se le figure, ce
qui pourrait être deviendra souvent impossible ; tout ce qui est vrai sera
nécessaire, parce qu'il sera compris dans la plus absolue de toutes les
nécessités, et tout ce qui est faux sera impossible, parce que la plus
puissante des causes s'opposera à ce qu'il soit jamais vrai. Car comment
est-il possiblé (1055f) qu'un homme meure sur terre, quand le Destin a déterminé
qu'il mourrait sur mer? ou comment un homme qui est à Mégare peut-il aller à
Athènes, si le Destin s'y oppose?
Ce qu'il avance avec tant de légèreté sur les objets qui frappent notre
imagination est encore contraire au pouvoir du Destin. Pour montrer que
ces objets ne sont pas par eux-mêmes des causes parfaites de consentement,
il dit que les sages nous feraient un tort réel en excitant en nous de fausses
imaginations, s'il était vrai qu'elles déterminassent entièrement notre volonté.
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