[1054] (1054a) πολλὴν ἀτοπίαν καὶ μάχην τούτων ἐχόντων· εἰ μὲν γὰρ μένει ὁποῖός
ἐστι φύσει, πῶς τὸ μέλαν ἐν τῷ μὴ λευκῷ λευκότης γίνεται καὶ τὸ μαλθακὸν
ἐν τῷ μὴ σκληρῷ σκληρότης καὶ τὸ μανὸν ἐν τῷ μὴ πυκνῷ πυκνότης; Εἰ δὲ
μιγνύμενος ἐν τούτοις ἐξίσταται καὶ συνομοιοῦται, πῶς ἕξις ἐστὶν ἢ δύναμις
ἢ αἰτία τούτων, ὑφ´ ὧν κρατεῖται; Πάσχοντος γάρ ἐστιν οὐ δρῶντος, οὐδὲ
συνέχοντος ἀλλ´ ἐξασθενοῦντος ἡ τοιαύτη μεταβολή, καθ´ ἣν ἀπόλλυσι τὰς
αὑτοῦ ποιότητας. Καίτοι πανταχοῦ τὴν ὕλην ἀργὸν ἐξ ἑαυτῆς καὶ ἀκίνητον
ὑποκεῖσθαι ταῖς ποιότησιν ἀποφαίνουσι, τὰς δὲ ποιότητας πνεύματ´ οὔσας καὶ
(1054b) τόνους ἀερώδεις, οἷς ἂν ἐγγένωνται μέρεσι τῆς ὕλης, εἰδοποιεῖν
ἕκαστα καὶ σχηματίζειν. Ταῦτα δ´ οὐκ ἔνεστι λέγειν αὐτοῖς, τὸν ἀέρα φύσει
τοιοῦτον ὑποτιθεμένοις· ἕξις γὰρ ὢν καὶ τόνος αὑτῷ συνεξομοιώσει τῶν
σωμάτων ἕκαστον ὥστε μέλαν εἶναι καὶ μαλθακόν· εἰ δὲ τῇ πρὸς ἐκεῖνα κράσει
τὰς ἐναντίας λαμβάνει μορφὰς αἷς ἔχειν πέφυκεν, ὕλη τρόπον τινὰ τῆς ὕλης,
οὐκ αἴτιον οὐδὲ δύναμίς ἐστιν.
Ὅτι τοῦ κόσμου κενὸν ἐκτὸς ἄπειρόν ἐστι, τὸ δ´ ἄπειρον οὔτ´ ἀρχὴν οὔτε
μέσον οὔτε τελευτὴν ἔχει, πολλάκις ὑπ´ αὐτοῦ λέγεται. Καὶ τούτῳ μάλιστα
τὴν λεγομένην ὑπ´ Ἐπικούρου τῆς ἀτόμου κάτω φορὰν (1054c) ἐξ αὑτῆς
ἀναιροῦσιν, οὐκ οὔσης ἐν ἀπείρῳ διαφορᾶς, καθ´ ἣν τὸ μὲν ἄνω τὸ δὲ κάτω
νοεῖται γινόμενον. Ἀλλ´ ἔν γε τῷ τετάρτῳ περὶ Δυνατῶν μέσον τινὰ τόπον καὶ
μέσην χώραν ὑποθέμενος ἐνταῦθά φησιν ἱδρῦσθαι τὸν κόσμον· ἔστι δ´ ἡ λέξις αὕτη·
« Διὸ καὶ ἐπὶ τοῦ κόσμου εἰ ῥητέον φθαρτὸν εἶναι αὐτόν, λόγου οἴομαι
δεῖσθαι. Οὐ μὴν ἀλλὰ καὶ μᾶλλον ἐμοὶ φαίνεται οὕτως ἔχειν. Οἵα τε δ´ εἰς
τὴν ὥσπερ ἀφθαρσίαν πολύ τι αὐτῷ συνεργεῖν καὶ ἡ τῆς χώρας κατάληψις, οἷον
διὰ τὸ ἐν μέσῳ εἶναι· ἐπεί, εἰ ἀλλαχῆ νοηθείη ὤν, καὶ παντελῶς ἂν αὐτῷ
συνάπτοι ἡ φθορά. »
Καὶ μετὰ μικρὸν αὖθις·
(1054d) « Οὕτω γάρ πως καὶ ἡ οὐσία συντέτευχεν ἀιδίως τὸν μέσον
κατειληφυῖα τόπον, εὐθὺς τοιάδε τις οὖσα ὥστε καὶ καθ´ ἕτερον τρόπον,
ἀλλὰ καὶ διὰ τὴν συντυχίαν μὴ ἐπιδέχεσθαι αὐτὴν φθοράν, καὶ κατὰ τοῦτ´
εἶναι ἀίδιον. »
Ταῦτα μίαν μὲν ἔχει καταφανῆ καὶ βλεπομένην ἐναντίωσιν, ἐν ἀπείρῳ μέσον
τινὰ τόπον καὶ μέσην χώραν ἀπολείποντος· δευτέραν δ´ ἀδηλοτέραν μὲν
ἀλογωτέραν δὲ ταύτης. Οἰόμενος γὰρ οὐκ ἂν ἄφθαρτον διαμένειν τὸν κόσμον,
εἰ κατ´ ἄλλο μέρος αὐτῷ τοῦ κενοῦ συντετεύχει γενέσθαι τὴν ἵδρυσιν, δῆλός
ἐστι δεδιὼς μή, τῶν μερῶν τῆς οὐσίας ἐπὶ (1054e) τὸ μέσον φερομένων,
διάλυσις καὶ φθορὰ τοῦ κόσμου γένοιτο. Ταῦτα δ´ οὐκ ἂν ἐφοβεῖτο, μὴ φύσει
τὰ σώματα φέρεσθαι πανταχόθεν ἐπὶ τὸ μέσον ἡγούμενος οὐ τῆς οὐσίας ἀλλὰ
τῆς περιεχούσης τὴν οὐσίαν χώρας. Περὶ οὗ καὶ πολλάκις εἴρηκεν ὡς ἀδυνάτου
καὶ παρὰ φύσιν ὄντος· οὐ γὰρ ὑπάρχειν ἐν τῷ κενῷ διαφοράν, ᾗ τὰ σώματα
δευρὶ μᾶλλον ἢ δευρὶ προσάγεται· τὴν δὲ τοῦ κόσμου τούτου σύνταξιν αἰτίαν
εἶναι τῆς κινήσεως ἐπὶ τὸ κέντρον καὶ τὸ μέσον αὐτοῦ νευόντων καὶ
φερομένων πανταχόθεν. Ἀρκεῖ δ´ εἰς τοῦτο παραθέσθαι λέξιν ἐκ τοῦ δευτέρου
περὶ Κινήσεως. Ὑπειπὼν γὰρ ὅτι
« Τέλεον μὲν ὁ κόσμος σῶμά (1054f) ἐστιν, οὐ τέλεα δὲ τὰ τοῦ κόσμου μέρη
τῷ πρὸς τὸ ὅλον πως ἔχειν καὶ μὴ καθ´ αὑτὰ εἶναι »
καὶ περὶ τῆς κινήσεως αὐτοῦ διελθὼν ὡς ἐπὶ τὴν συμμονὴν καὶ τὴν συνοχὴν
τὴν ἑαυτοῦ κινεῖσθαι διὰ τῶν μερῶν πάντων πεφυκότος, οὐκ ἐπὶ τὴν διάλυσιν
καὶ τὴν θρύψιν, ταῦτ´ ἐπείρηκεν·
« Οὕτω δὲ τοῦ ὅλου τεινομένου εἰς αὑτὸ καὶ κινουμένου καὶ τῶν μορίων
ταύτην τὴν κίνησιν ἐχόντων ἐκ τῆς τοῦ σώματος φύσεως,
| [1054] (1054a) On sent tout ce que cette opinion a d'absurde et de contradictoire ;
car si l'air conserve toujours sa nature, comment, dans ce qui n'est pas
blanc, la noirceur se changera-t-elle en blancheur, la mollesse en dureté
dans ce qui n'est pas dur, et la rarité en densité dans ce qui n'est pas
dense? Ou si l'air, en se mêlant dans ces corps, s'assimile à eux et subit
des changements, comment est-il une habitude, ou une faculté, ou la cause
de ces effets, auxquels il est lui-même assujetti ? Car un changement qui
lui fait perdre ses qualités, prouve qu'il est passif plutôt qu'agent, et
qu'il est plus affaibli par les autres corps qu'il ne leur donne leur
consistance. D'ailleurs les stoïciens soutiennent hautement que la
matière, qui par elle-même n'a ni action ni mouvement, est susceptible de
toutes sortes de qualités; (1054b) que ces qualités sont des esprits
qu'ils appellent des tensions de l'air, et qu'elles donnent la forme et la
figure aux parties de la matière auxquelles elles s'attachent. Mais cela
ne saurait s'accorder avec la nature qu'ils ont attribuée à l'air; car,
s'il est une habitude et une tension, il doit assimiler à lui tous les
corps qui par leur mollesse sont susceptibles de changement. Si, au
contraire, par son mélange avec les corps, il prend des formes contraires
à celles qu'il a naturellement, il s'ensuit qu'il est en quelque sorte le
sujet de la matière et non pas sa faculté.
Chrysippe dit souvent que hors du monde il y a un vide infini, et que
l'infini n'a ni commencement, ni milieu, ni fin. C'est le principal
argument dont se servent les stoïciens pour réfuter l'opinion d'Épicure,
qui attribue aux atomes un mouvement naturel (1054c) vers le bas, parce
que dans l'infini, disent-ils, il n'y a point de différence locale qui
fasse que certains corps soient en haut et d'autres en bas. Mais dans son
quatrième livre des Possibles, il suppose un milieu dans lequel le monde est
placé. Voici ses expressions :
« Il faut dire que le monde est incorruptible : cette assertion aurait
peut-être besoin de preuve ; mais je la crois certaine, et ce qui doit
contribuer beaucoup à l'incorruptibilité du monde, c'est qu'il occupe le
milieu; car si on le supposait placé ailleurs, alors il serait absolument corruptible. »
Il ajoute bientôt après :
(1054d) « Ainsi sa substance a éternellement occupé le milieu, et, par
cette situation qu'il a eue dès son origine, par plusieurs causes
différentes, et aussi par un heureux hasard, il n'est pas susceptible de
corruption, et par conséquent il est éternel. »
Ce passage offre d'abord une première contradiction manifeste, puisqu'il
suppose un milieu à l'infini ; mais il en contient une seconde, qui est
moins frappante et plus absurde. Puisqu'il croit que le monde, s'il
occupait une autre place que le milieu dans le vide infini, ne se
conserverait pas incorruptible, on voit clairement qu'il a craint que les
parties qui forment sa substance, (1054e) en se portant alors vers le
milieu, n'entraînassent la dissolution et la destruction du monde. Mais il
n'aurait pas eu cette crainte s'il n'eût pensé que les corps tendent
naturellement de tous les côtés vers le milieu, non de la substance
elle-même, mais de l'espace qu'elle occupe. Et c'est ce qu'il a souvent
dit être impossible et contre nature, parce qu'il n'y a dans le vide
aucune différence qui fasse que les corps se portent d'un côté plutôt que
d'un autre, et que c'est la composition même du monde qui est la cause du
mouvement que les corps ont vers le centre, et qui les fait s'y porter de
tous les côtés. Il suffit de citer ici un passage de son second livre du
Mouvement. Après avoir dit (1054f) que le monde est un corps parfait, mais
que ses parties ne le sont point, parce qu'elles existent moins pour
elles-mêmes que par rapport à l'univers, il parle ensuite de son
mouvement, dont telle était la nature, que toutes ses parties tendaient à
l'affermir, à le conserver, et non à le dissoudre et à le rompre ; après quoi, il ajoute :
« Ainsi l'univers ayant un mouvement et une tendance vers un même point,
et ses parties, à raison de leur nature corporelle, ayant aussi ce même mouvement,
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