[1052] ἀλλὰ πάντας (1052a) ὁμαλῶς καὶ γεγονότας καὶ φθαρησομένους.
Ταῦτα δὲ πανταχοῦ, ὡς ἔπος εἰπεῖν, ὑπ´ αὐτοῦ λέγεται.
Παραθήσομαι δὲ λέξιν ἐκ τοῦ τρίτου περὶ Θεῶν·
« Καθ´ ἕτερον λόγον· οἱ μὲν γὰρ γενητοὶ εἶναι καὶ φθαρτοὶ λέγονται, οἱ δ´
ἀγένητοι· καὶ ταῦτ´ ἀπ´ ἀρχῆς ὑποδείκνυσθαι φυσικώτερον. Ἥλιος μὲν γὰρ καὶ
σελήνη καὶ οἱ ἄλλοι θεοὶ οἱ παραπλήσιον ἔχοντες λόγον γενητοί εἰσιν, ὁ
δὲ Ζεὺς ἀίδιός ἐστιν. »
Καὶ πάλιν προελθών·
« Ὅμοια δὲ καὶ περὶ τοῦ φθίνειν καὶ περὶ τοῦ γενέσθαι ῥηθήσεται, περί τε
τῶν ἄλλων θεῶν καὶ τοῦ Διός· οἱ μὲν γὰρ φθαρτοί εἰσι τοῦ δὲ τὰ μέρη
ἄφθαρτα. »
Τούτοις ἔτι βούλομαι παραβαλεῖν μικρὰ τῶν ὑπὸ τοῦ Ἀντιπάτρου λεγομένων·
(1052b) « Ὅσοι δὲ περιαιροῦνται τὸ εὐποιητικὸν ἐκ τῶν θεῶν, ἀπὸ μέρους
προσβάλλουσι τῇ τούτων προλήψει· κατὰ τὸν αὐτὸν λόγον καὶ οἱ νομίζοντες
αὐτοὺς γενέσεώς τε καὶ φθορᾶς κοινωνεῖν. »
Εἴπερ οὖν ἐπίσης ἄτοπος ὁ φθαρτοὺς ἡγούμενος τοὺς θεοὺς τῷ μὴ νομίζοντι
προνοητικοὺς εἶναι καὶ φιλανθρώπους, ἐπίσης διαπέπτωκεν Ἐπικούρῳ
Χρύσιππος· ὁ μὲν γὰρ τὸ εὐποιητικὸν ὁ δὲ τὸ ἄφθαρτον ἀφαιρεῖται τῶν θεῶν.
Καὶ μὴν ἐν τῷ τρίτῳ περὶ Θεῶν ὁ Χρύσιππος περὶ τοῦ τρέφεσθαι τοὺς ἄλλους
θεοὺς τάδε λέγει·
« Τροφῇ τε οἱ μὲν ἄλλοι θεοὶ χρῶνται παραπλησίως, συνεχόμενοι δι´ αὐτήν· ὁ
δὲ (1052c) Ζεὺς καὶ ὁ κόσμος καθ´ ἕτερον τρόπον ἀναλισκομένων καὶ ἐκ
πυρὸς γινομένων. »
Ἐνταῦθα μὲν ἀποφαίνεται πάντας τοὺς ἄλλους θεοὺς τρέφεσθαι πλὴν τοῦ κόσμου
καὶ τοῦ Διός· ἐν δὲ τῷ πρώτῳ περὶ Προνοίας τὸν Δία φησὶν αὔξεσθαι, μέχρι
ἂν εἰς αὑτὸν ἅπαντα καταναλώσῃ·
« Ἐπεὶ γὰρ ὁ θάνατος μέν ἐστι ψυχῆς χωρισμὸς ἀπὸ τοῦ σώματος, ἡ δὲ τοῦ
κόσμου ψυχὴ οὐ χωρίζεται μὲν αὔξεται δὲ συνεχῶς μέχρι ἂν εἰς αὑτὴν
καταναλώσῃ τὴν ὕλην, οὐ ῥητέον ἀποθνήσκειν τὸν κόσμον. »
Τίς ἂν οὖν ἐναντιώτερα λέγων ἑαυτῷ φανείη τοῦ τὸν αὐτὸν θεὸν νῦν μὲν
αὔξεσθαι νῦν δὲ μὴ τρέφεσθαι λέγοντος; Καὶ τοῦτ´ οὐ δεῖ συλλογίζεσθαι·
σαφῶς γὰρ αὐτὸς ἐν τῷ αὐτῷ γέγραφεν·
(1052d) « Αὐτάρκης δ´ εἶναι λέγεται μόνος ὁ κόσμος διὰ τὸ μόνος ἐν αὑτῷ
πάντ´ ἔχειν ὧν δεῖται, καὶ τρέφεται ἐξ αὑτοῦ καὶ αὔξεται, τῶν {ἄλλων}
μορίων εἰς ἄλληλα καταλλαττομένων. »
Οὐ μόνον οὖν ἐν ἐκείνοις τοὺς ἄλλους θεοὺς ἀποφαίνων τρεφομένους πλὴν τοῦ
κόσμου καὶ τοῦ Διός, ἐν τούτοις δὲ καὶ τὸν κόσμον λέγων τρέφεσθαι μάχεται
πρὸς αὑτόν· ἀλλ´ ἔτι μᾶλλον, ὅτι τὸν κόσμον αὔξεσθαί φησιν ἐξ αὑτοῦ
τρεφόμενον. Τοὐναντίον δ´ εἰκὸς ἦν τοῦτον μόνον μὴ αὔξεσθαι τὴν αὑτοῦ
φθίσιν ἔχοντα τροφήν, τοῖς δ´ ἄλλοις θεοῖς ἔξωθεν τρεφομένοις ἐπίδοσιν
γίνεσθαι καὶ αὔξησιν καὶ μᾶλλον εἰς τούτους καταναλίσκεσθαι τὸν κόσμον, εἴ
γ´ ἐκείνῳ μὲν ἐξ αὑτοῦ τούτοις δ´ ἀπ´ ἐκείνου (1052e) λαμβάνειν ἀεί τι καὶ
τρέφεσθαι συμβέβηκε. Δεύτερον τοίνυν ἡ τῶν θεῶν ἔννοια περιέχει τὸ
εὔδαιμον καὶ μακάριον καὶ αὐτοτελές. Διὸ καὶ τὸν Εὐριπίδην ἐπαινοῦσιν εἰπόντα
« Δεῖται γὰρ ὁ θεός, εἴπερ ἔστ´ ὀρθῶς θεός,
οὐδενός· ἀοιδῶν οἵδε δύστηνοι λόγοι. »
Ἀλλ´ ὅ γε Χρύσιππος, ἐν οἷς παρεθέμην, αὐτάρκη μόνον εἶναι τὸν κόσμον φησὶ
διὰ τὸ μόνον ἐν αὑτῷ πάντ´ ἔχειν ὧν δεῖται. Τί οὖν ἕπεται τῷ μόνον αὐτάρκη
τὸν κόσμον εἶναι; Τὸ μήτε τὸν ἥλιον αὐτάρκη μήτε τὴν σελήνην εἶναι μήτ´
ἄλλον τινὰ τῶν θεῶν. Αὐτάρκεις δὲ μὴ ὄντες οὐκ ἂν εἶεν εὐδαίμονες οὐδὲ
μακάριοι.
(1052f) Τὸ βρέφος ἐν τῇ γαστρὶ φύσει τρέφεσθαι νομίζει καθάπερ φυτόν· ὅταν
δὲ τεχθῇ, ψυχόμενον ὑπὸ τοῦ ἀέρος καὶ στομούμενον τὸ πνεῦμα μεταβάλλειν
καὶ γίνεσθαι ζῷον· ὅθεν οὐκ ἀπὸ τρόπου τὴν ψυχὴν ὠνομάσθαι παρὰ τὴν ψῦξιν.
Αὐτὸς δὲ πάλιν τὴν ψυχὴν ἀραιότερον πνεῦμα τῆς φύσεως καὶ λεπτομερέστερον
ἡγεῖται μαχόμενος αὑτῷ.
| [1052] (1052a) que tous les autres, sans exception, ont été engendrés, et qu'ils
doivent tous périr. Il le répète presque dans tous ses ouvrages ; je ne
citerai qu'un passage de son troisième livre des Dieux :
« Il en est, dit-il, autrement des dieux, car les uns ont été engendrés et
sont corruptibles, les autres n'ont pas été produits. La démonstration de
cette doctrine est un des premiers objets de la philosophie naturelle. Le
soleil, la lune et les autres dieux de même nature ont été engendrés;
Jupiter seul est éternel. »
Il dit un peu plus loin :
« Nous dirons la même chose de Jupiter et des autres dieux quant à leur
origine et à leur corruptibilité ; car ceux-ci sont sujets à périr, et les
parties de l'autre sont incorruptibles. »
Je rapprocherai de cette doctrine de Chrysippe un passage d'Antipater :
(1052b) « Tous ceux, dit ce philosophe, qui citent aux dieux leur
bienfaisance, affaiblissent en partie les notions premières que nous avons
de la Divinité. Il faut en dire autant de ceux qui les croient sujets à la génération
et à la corruption. »
Si donc celui qui croit les dieux périssables tombe dans la même absurdité
que celui qui nie leur providence et leur amour pour les hommes, Chrysippe
n'est pas moins dans l'erreur qu'Épicure, puisque l'un ôte aux dieux leur
immortalité, et l'autre leur bienfaisance.
Dans son troisième livre des Dieux, Chrysippe, en parlant de la manière
dont ils se nourrissent, s'exprime ainsi :
« Les autres divinités usent de nourriture à peu près comme nous, et c'est
par ce moyen qu'ils entretiennent leur vie ; mais (1052c) Jupiter et le
monde se nourrissent d'une autre manière que les dieux engendrés et qui
doivent périr par le feu. »
Il soutient ici que tous les dieux, excepté Jupiter et le monde, prennent
de la nourriture ; et dans son premier livre de la Providence, il dit que
Jupiter prend de l'accroissement, jusqu'à ce que toutes choses soient
consommées en lui, parce que la mort étant la séparation de l'âme d'avec
le corps, et l'âme du monde ne se séparant jamais d'avec lui, mais prenant
des accroissements successifs, jusqu'à ce qu'elle ait consumé en elle-même
l'universalité de la matière, on ne peut pas dire que le monde doive
mourir. Quelle plus grande contradiction que d'avancer qu'un même dieu se
nourrit et ne se nourrit point? Il n'est pas besoin de raisonnements pour
prouver cette inconséquence ; car il le dit ouvertement au même endroit :
(1052d) « Le monde se suffit à lui-même, parce qu'il contient tout ce qui
lui est nécessaire; il se nourrit de lui-même et prend de l'accroissement,
parce que ses parties se changent les unes dans les autres. »
Non seulement donc il se contredit quand il avance dans un endroit, que
tous les dieux prennent de la nourriture, excepté Jupiter et le monde, et
dans un autre que le monde se nourrit aussi ; mais il le fait bien
davantage, lorsqu'il assure que le monde s'accroît en se nourrissant de
lui-même. Au contraire, il fallait plutôt
dire que le monde seul ne prend pas d'accroissement, puisqu'il ne se
nourrit que de sa propre destruction, et que les autres dieux en prennent,
puisqu'ils tirent du dehors leur nourriture ; et par conséquent que c'est
le monde qui se consume en eux, s'il est vrai qu'il tire de (1052e)
lui-même sa nourriture, et que les dieux la reçoivent de lui. En second
lieu, une autre idée que renferme naturellement la notion des dieux, est
celle de leur bonheur et de leur perfection. Aussi les stoïciens
louent-ils Euripide d'avoir dit :
« Au-dessus des besoins, Dieu, par son rang suprême,
Parfaitement heureux se suffit à lui-même. »
Mais Chrysippe, dans les passages que je viens de citer, prétend que le
monde seul se suffit à lui-même, parce que seul il contient en soi tout ce
dont il a besoin. Que suit-il de cette assertion? Que ni le soleil, ni la
lune, ni aucun des autres dieux ne se suffisent à eux-mêmes, et par
conséquent qu'ils ne sont pas heureux.
(1052f) Il croit que le fœtus est nourri par la nature, dans le sein de la
mère, comme une plante dans la terre ; qu'aussitôt qu'il est né, il est
refroidi et fortifié par l'air, ses esprits changent de nature, et il
devient un animal; qu'ainsi c'est avec raison que le nom qu'on donne à
l'âme vient du mot qui signifie rafraîchissement. Mais bientôt, en
contradiction avec lui-même, il dit que l'âme est un esprit d'une nature
plus subtile, et composé de parties très déliées.
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