[1051] (1051a) ὃς ὑπὸ τοῦ πάντως τι βούλεσθαι καὶ περὶ παντὸς εἰπεῖν ἴδιον καὶ περιττὸν
οὐκ ἀχρήστως λέγει βαλλαντιοτομεῖν συκοφαντεῖν καὶ ἀφραίνειν, οὐκ ἀχρήστως
ἀχρήστους εἶναι, βλαβεροὺς κακοδαίμονας. Εἶτα ποῖός τις ὁ Ζεύς, λέγω δὲ
τὸν Χρυσίππου, κολάζων πρᾶγμα μήτ´ ἀφ´ αὑτοῦ μήτ´ ἀχρήστως γινόμενον; Ἡ
μὲν γὰρ κακία πάντως ἀνέγκλητός ἐστι κατὰ τὸν τοῦ Χρυσίππου λόγον, ὁ δὲ
Ζεὺς ἐγκλητέος εἴτ´ ἄχρηστον οὖσαν τὴν κακίαν πεποίηκεν εἴτε ποιήσας οὐκ
ἀχρήστως κολάζει.
Πάλιν ἐν τῷ πρώτῳ περὶ Δικαιοσύνης εἰπὼν περὶ τῶν θεῶν ὡς ἐνισταμένων
ἐνίοις ἀδικήμασι
« Κακίαν δέ » φησί (1051b) « καθόλου ἆραι οὔτε δυνατόν ἐστιν οὔτ´ ἔχει
καλῶς ἀρθῆναι ».
Τὴν ἀνομίαν τὴν ἀδικίαν τὴν ἀβελτερίαν, οὐ τοῦ παρόντος ἐστὶ λόγου τὸ
ζητεῖν· αὐτὸς δὲ τὴν κακίαν, ὅσον ἐφ´ ἑαυτῷ, διὰ τοῦ φιλοσοφεῖν ἀναιρῶν,
ἣν οὐκ ἔχει καλῶς ἀναιρεῖν, μαχόμενόν τι ποιεῖ καὶ τῷ λόγῳ καὶ τῷ θεῷ.
Πρὸς δὲ τούτοις λέγων ἐνίοις ἀδικήμασιν ἐνίστασθαι τὸν θεὸν ἔμφασιν πάλιν
τῆς τῶν ἁμαρτημάτων δίδωσιν ἀνοσιότητος.
Ἔτι περὶ τοῦ μηδὲν ἐγκλητὸν εἶναι μηδὲ μεμπτὸν ἐν τῷ κόσμῳ, κατὰ τὴν
ἀρίστην φύσιν ἁπάντων περαινομένων, πολλάκις γεγραφὼς ἔστιν ὅπου πάλιν
ἐγκλητάς τινας ἀμελείας οὐ περὶ μικρὰ καὶ φαῦλα καταλείπει. Ἐν (1051c)
γοῦν τῷ τρίτῳ περὶ Οὐσίας μνησθεὶς ὅτι συμβαίνει τινὰ τοῖς καλοῖς καὶ
ἀγαθοῖς τοιαῦτα
« Πότερον » φησίν « ἀμελουμένων τινῶν, καθάπερ ἐν οἰκίαις μείζοσι
παραπίπτει τινὰ πίτυρα καὶ ποσοὶ πυροί, τῶν ὅλων εὖ οἰκονομουμένων; Ἢ διὰ
τὸ καθίσταθαι ἐπὶ τῶν τοιούτων δαιμόνια φαῦλα, ἐν οἷς τῷ ὄντι γίνονται καὶ
ἐγκλητέαι ἀμέλειαι; »
Φησὶ δὲ πολὺ καὶ τὸ τῆς ἀνάγκης μεμῖχθαι. Τὸ μὲν οὖν τὰ τοιαῦτα συμπτώματα
τῶν καλῶν κἀγαθῶν ἀνδρῶν, οἷον ἡ Σωκράτους καταδίκη καὶ ὁ Πυθαγόρου ζῶντος
ἐμπρησμὸς ὑπὸ τῶν Κυλωνείων καὶ Ζήνωνος ὑπὸ Δημύλου τοῦ τυράννου καὶ
(1051d) Ἀντιφῶντος ὑπὸ Διονυσίου στρεβλουμένων ἀναιρέσεις, πιτύροις
παραπίπτουσιν ἀπεικάζειν ὅσης ἐστὶν εὐχερείας, ἐῶ· τὸ δὲ φαύλους δαίμονας
ἐκ προνοίας ἐπὶ τὰς τοιαύτας ἐπιστασίας καθίστασθαι πῶς οὐκ ἔστιν ἔγκλημα
τοῦ θεοῦ, καθάπερ βασιλέως κακοῖς καὶ ἐμπλήκτοις σατράπαις καὶ στρατηγοῖς
διοικήσεις ἐπιτρέποντος καὶ περιορῶντος ὑπὸ τούτων ἀμελουμένους καὶ
παροινουμένους τοὺς ἀρίστους; Καὶ μὴν εἰ πολὺ τὸ τῆς ἀνάγκης μέμικται τοῖς
πράγμασιν, οὔτε κρατεῖ πάντων ὁ θεὸς οὔτε πάντα κατὰ τὸν ἐκείνου λόγον
διοικεῖται.
Πρὸς τὸν Ἐπίκουρον μάλιστα μάχεται καὶ πρὸς (1051e) τοὺς ἀναιροῦντας τὴν
πρόνοιαν ἀπὸ τῶν ἐννοιῶν, ἃς ἔχομεν περὶ θεῶν, εὐεργετικοὺς καὶ
φιλανθρώπους ἐπινοοῦντες. Καὶ τούτων πολλαχοῦ γραφομένων καὶ λεγομένων
παρ´ αὐτοῖς οὐδὲν ἔδει λέξεις παρατίθεσθαι καὶ τὸ χρηστοὺς ἅπαντας
εἶναι τοὺς θεοὺς προλαμβάνειν· ὅρα γὰρ οἷα Ἰουδαῖοι καὶ Σύροι περὶ θεῶν
φρονοῦσιν, ὅρα τὰ τῶν ποιητῶν πόσης ἐμπέπλησται δεισιδαιμονίας· φθαρτὸν δὲ
καὶ γενητὸν οὐδεὶς ὡς ἔπος εἰπεῖν διανοεῖται θεόν. Ὧν ἵνα τοὺς ἄλλους ἀφῶ
πάντας, Ἀντίπατρος ὁ Ταρσεὺς ἐν τῷ περὶ Θεῶν γράφει ταῦτα κατὰ λέξιν·
« Πρὸ δὲ τοῦ σύμπαντος λόγου τὴν ἔννοιαν, ἣν ἔχομεν περὶ θεοῦ, διὰ βραχέων
(1051f) ἐπιλογιούμεθα. Θεὸν τοίνυν νοοῦμεν ζῷον μακάριον καὶ ἄφθαρτον καὶ
εὐποιητικὸν ἀνθρώπων· »
εἶτα τούτων ἕκαστον ἀφηγούμενός φησιν οὕτως·
« Καὶ μὴν ἀφθάρτους αὐτοὺς ἡγοῦνται πάντες. »
Οὐδεὶς οὖν ἐστι τῶν πάντων ὁ Χρύσιππος κατ´ Ἀντίπατρον· οὐδένα γὰρ οἴεται
πλὴν τοῦ πυρὸς ἄφθαρτον εἶναι τῶν θεῶν,
| [1051] (1051a) lui qui, par l'envie de toujours parler et de dire quelque chose
de singulier et d'extraordinaire, prétend qu'il n'est pas sans quelque utilité
qu'il y ait des coupeurs de bourse,
des délateurs, des voluptueux; que ce n'est pas inutilement qu'il y a des
gens inutiles, pernicieux et misérables. Qu'est-ce donc que ce Jupiter?
j'entends celui de Chrysippe, pour punir ainsi des actions qui ne sont ni
volontaires ni inutiles ? Car d'après le raisonnement de ce philosophe, le
vice est absolument irrépréhensible, et Jupiter, au contraire, très
blâmable, soit qu'il ait produit le vice sans aucune utilité, soit qu'il
le punisse après l'avoir produit pour une fin utile.
Dans son premier livre sur la Justice, après avoir dit des dieux qu'ils
s'opposent à quelques injustices, il ajoute qu'il n'est pas possible de
détruire (1015b) entièrement le vice, et que quand même cela se pourrait,
il ne serait pas expédient de le faire. Il n'est pas de mon sujet
d'examiner s'il ne serait pas expédient de détruire les transgressions des
lois, les injustices et toutes les folies humaines; mais Chrysippe, qui,
par ses préceptes philosophiques, s'efforce autant qu'il peut d'extirper
tous les vices, ce qu'il n'est pas, selon lui, expédient de faire,
contredit en cela et Dieu et la raison. D'ailleurs, en disant qu'il y a
des injustices auxquelles Dieu s'oppose, il prouve qu'il y a des actions
impies et criminelles.
Après avoir dit en plusieurs endroits qu'il n'y a rien de répréhensible et
de blâmable dans ce monde, parce que tout y est réglé conformément à la
plus parfaite nature, il admet ailleurs des négligences répréhensibles, et
sur des choses qui ne sont ni petites ni légères. Il dit, dans (1015c) son
troisième livre de la Substance, que des fautes de cette nature peuvent
arriver même aux gens de bien ; après quoi il ajoute : « Cela vient-il de
ce qu'on néglige les moindres objets, comme dans une grande maison il se
perd des grains de blé ou un peu de son, quoique tout le reste y soit dans
le plus grand ordre? Ou bien y a-t-il quelques mauvais génies qui
président à ces sortes de détails dans lesquels il se glisse des
négligences répréhensibles? » Il dit aussi que la nécessité y entre pour
beaucoup. Je ne m'arrêterai pas à relever ici la légèreté avec laquelle il
compare à du son qui se perd les malheurs qu'ont éprouvés les hommes les
plus vertueux, comme la condamnation de Socrate, la mort de Pythagore,
brûlé vif par les Cyloniens, les tourments affreux dans lesquels les
tyrans Démylus et (1051d) Denys firent expirer Zenon et Antiphon;
mais dire qu'il y a de mauvais génies que la Providence divine a préposés
à ces sortes d'événements, n'est-ce pas calomnier Dieu, et le représenter
comme un roi qui confie le gouvernement de ses provinces à des satrapes et
à des ministres pervers, et qui les laisse avec indifférence outrager et
tourmenter les meilleurs de ses sujets ?
Mais s'il est vrai que la nécessité entre pour beaucoup dans les
événements humains, Dieu ne tient pas tout sous sa puissance, et tout
n'est pas gouverné conformément à sa raison.
Chrysippe combat vivement Épicure et ceux (1051e) qui détruisent la
Providence ; et pour les réfuter, il fait valoir l'idée naturelle que nous
avons des dieux, et qui nous les fait regarder comme les amis et les
bienfaiteurs des hommes. Cette doctrine est si souvent répétée dans les
ouvrages des stoïciens, qu'il est inutile de citer ici leurs propres
paroles. Cependant tous les hommes ne croient pas que les dieux soient
bons. Voyez, par exemple, ce que les Syriens et les Juifs pensent de la Divinité.
Voyez de combien de superstitions sont remplis les écrits des poètes.
Presque personne, parmi les stoïciens, ne croit que Dieu ait été engendré
et qu'il soit corruptible. Pour ne pas les citer tous, je me bornerai au
seul Antipater de Tarse, qui dit dans son ouvrage sur les dieux :
« Afin de jeter plus de jour sur cette matière, j'exposerai en peu de mots
l'opinion que j'ai des dieux. (1051f) Je crois donc que Dieu est un animal
heureux, incorruptible et bienfaiteur des hommes. »
Ensuite, en expliquant chacun de ces termes, il ajoute :
« En effet, tous les hommes croient les dieux incorruptibles. »
Mais Chrysippe n'est point de l'opinion qu'Antipater attribue à tous les
hommes. Il croit que de tous les dieux Jupiter seul est incorruptible,
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