[1050] (1050a) « Οὕτω δὲ τῆς τῶν ὅλων οἰκονομίας προαγούσης, ἀναγκαῖον κατὰ
ταύτην, ὡς ἄν ποτ´ ἔχωμεν, ἔχειν ἡμᾶς, εἴτε παρὰ φύσιν τὴν ἰδίαν νοσοῦντες
εἴτε πεπηρωμένοι εἴτε γραμματικοὶ γεγονότες ἢ μουσικοί· »
καὶ πάλιν μετ´ ὀλίγον·
« κατὰ τοῦτον δὲ τὸν λόγον τὰ παραπλήσια ἐροῦμεν καὶ περὶ τῆς ἀρετῆς ἡμῶν
καὶ περὶ τῆς κακίας καὶ τὸ ὅλον τῶν τεχνῶν καὶ τῶν ἀτεχνιῶν, ὡς ἔφην, »
καὶ μετ´ ὀλίγον ἅπασαν ἀναιρῶν ἀμφιβολίαν·
« οὐθὲν γὰρ ἔστιν ἄλλως τῶν κατὰ μέρος γενέσθαι οὐδὲ τοὐλάχιστον ἢ κατὰ
τὴν κοινὴν φύσιν καὶ κατὰ τὸν ἐκείνης λόγον. »
Ὅτι δ´ ἡ κοινὴ φύσις καὶ ὁ κοινὸς τῆς (1050b) φύσεως λόγος εἱμαρμένη καὶ
πρόνοια καὶ Ζεύς ἐστιν, οὐδὲ τοὺς ἀντίποδας λέληθε· πανταχοῦ γὰρ ταῦτα
θρυλεῖται ὑπ´ αὐτῶν· καὶ τὸ
« Διὸς δ´ ἐτελείετο βουλή »
τὸν Ὅμηρον εἰρηκέναι φησὶν ὀρθῶς ἐπὶ τὴν εἱμαρμένην ἀναφέροντα καὶ τὴν τῶν
ὅλων φύσιν, καθ´ ἣν πάντα διοικεῖται. Πῶς οὖν ἅμα μὲν οὐδενὸς αἰσχροῦ
παραίτιος ὁ θεός, ἅμα δ´ οὐδὲ τοὐλάχιστον ἐνδέχεται γίνεσθαι ἄλλως ἢ κατὰ
τὴν κοινὴν φύσιν καὶ τὸν ἐκείνης λόγον; Ἐν γὰρ πᾶσι τοῖς γινομένοις καὶ τὰ
αἰσχρὰ δήπουθέν ἐστιν.
Καίτοι ὁ μὲν Ἐπίκουρος ἁμωσγέπως στρέφεται καὶ φιλοτεχνεῖ, τῆς ἀιδίου
(1050c) κινήσεως μηχανώμενος ἐλευθερῶσαι καὶ ἀπολῦσαι τὸ ἑκούσιον ὑπὲρ τοῦ
μὴ καταλιπεῖν ἀνέγκλητον τὴν κακίαν· ὁ δὲ Χρύσιππος ἀναπεπταμένην
παρρησίαν αὐτῇ δίδωσιν ὡς οὐ μόνον ἐξ ἀνάγκης οὐδὲ καθ´ εἱμαρμένην ἀλλὰ
καὶ κατὰ λόγον θεοῦ καὶ κατὰ φύσιν πεποιημένῃ τὴν ἀρίστην. Ἔτι δὲ καὶ
ταῦθ´ ὅρα τὰ κατὰ λέξιν οὕτως ἔχοντα·
« Τῆς γὰρ κοινῆς φύσεως εἰς πάντα διατεινούσης δεήσει πᾶν τὸ ὁπωσοῦν
γινόμενον ἐν τῷ ὅλῳ καὶ τῶν μορίων ὁτῳοῦν κατ´ ἐκείνην γενέσθαι καὶ τὸν
ἐκείνης λόγον κατὰ τὸ ἑξῆς ἀκωλύτως διὰ τὸ μήτ´ ἔξωθεν εἶναι τὸ
ἐνστησόμενον (1050d) τῇ οἰκονομίᾳ μήτε τῶν μερῶν μηδὲν ἔχειν ὅπως
κινηθήσεται ἢ σχήσει ἄλλως ἢ κατὰ τὴν κοινὴν φύσιν. »
Τίνες οὖν αἱ τῶν μερῶν σχέσεις εἰσὶ καὶ κινήσεις; Δῆλον μὲν ὅτι σχέσεις αἱ
κακίαι καὶ τὰ νοσήματα, φιλαργυρίαι φιληδονίαι φιλοδοξίαι δειλίαι ἀδικίαι,
κινήσεις δὲ μοιχεῖαι κλοπαὶ προδοσίαι ἀνδροφονίαι πατροκτονίαι. Τούτων
οἴεται Χρύσιππος οὔτε μικρὸν οὔτε μέγα παρὰ τὸν τοῦ Διὸς λόγον εἶναι καὶ
νόμον καὶ δίκην καὶ πρόνοιαν· ὥστε μὴ γίνεσθαι παρὰ τὸν νόμον τὸ
παρανομεῖν μηδὲ παρὰ τὴν δίκην τὸ ἀδικεῖν μηδὲ παρὰ τὴν πρόνοιαν τὸ
κακοποιεῖν.
(1050e) Ἀλλὰ μὴν τὸν θεὸν κολάζειν φησὶ τὴν κακίαν καὶ πολλὰ ποιεῖν ἐπὶ
κολάσει τῶν πονηρῶν, ὥσπερ ἐν τῷ δευτέρῳ περὶ Θεῶν ποτὲ μὲν τὰ δύσχρηστα
συμβαίνειν φησὶ τοῖς ἀγαθοῖς οὐχ ὥσπερ τοῖς φαύλοις κολάσεως χάριν, ἀλλὰ
κατ´ ἄλλην οἰκονομίαν, ὥσπερ ἐν ταῖς πόλεσι· καὶ πάλιν ἐν τούτοις·
« πρῶτον δὲ τῶν κακῶν παραπλησίως ἐστὶν ἀκουστέον τοῖς προειρημένοις· εἶθ´
ὅτι ταῦτ´ ἀπονέμεται κατὰ τὸν τοῦ Διὸς λόγον ἤτοι ἐπὶ κολάσει ἢ κατ´ ἄλλην
ἔχουσάν πως πρὸς τὰ ὅλα οἰκονομίαν. »
Ἔστι μὲν οὖν καὶ τοῦτο δεινόν, τὸ καὶ γίνεσθαι τὴν κακίαν καὶ κολάζεσθαι
κατὰ τὸν τοῦ Διὸς λόγον· ἐπιτείνει δὲ τὴν ὑπεναντίωσιν ἐν τῷ δευτέρῳ περὶ
Φύσεως γράφων τάδε·
(1050f) « Ἡ δὲ κακία πρὸς τὰ δεινὰ συμπτώματα ἴδιόν τιν´ ἔχει λόγον·
γίνεται μὲν γὰρ καὶ αὐτή πως κατὰ τὸν τῆς φύσεως λόγον καί, ἵν´ οὕτως
εἴπω, οὐκ ἀχρήστως γίνεται πρὸς τὰ ὅλα· οὐδὲ γὰρ ἂν τἀγαθὸν ἦν. »
Καὶ οὗτος ἐπιτιμᾷ τοῖς ἐπίσης πρὸς τὰ ἐναντία διαλεγομένοις,
| [1050] (1050a) « Puisque telle est l'administration de l'univers, il est
nécessaire que nous nous y conformions, soit que les maladies nous
affectent, soit que nous soyons mutilés, soit enfin que nous soyons
grammairiens ou musiciens. »
Il dit encore :
« En conséquence, nous dirons la même chose de nos vertus et de nos vices,
et en général de la connaissance et de l'ignorance des arts, comme
je l'ai déjà observé. »
Bientôt après, ôtant toute espèce d'équivoque, il ajoute :
« Les choses particulières, même les plus petites, ne peuvent arriver que
conformément à la raison de la nature universelle. »
Or, que la nature universelle (1050b) et sa raison soient la même chose
que le Destin, la Providence et Jupiter, c'est, je crois, ce qui n'est pas
ignoré, même aux antipodes ; car ils le répètent à tout propos, et ils
disent qu'Homère a parlé très exactement quand il a dit :
« Ainsi de Jupiter l'ordre s'exécutait; »
ce qu'il entendait, disent-ils, du Destin et de la nature universelle par
qui tout est gouverné. Maintenant comment ces deux choses sont-elles
vraies, et que Dieu n'est la cause d'aucune action honteuse, et que rien,
jusqu'aux plus petites choses, ne peut se faire que conformément à la
nature universelle et à sa raison ? Car certainement, dans toutes les
choses qui se font, sont comprises les actions honteuses.
Épicure se met l'esprit à la torture et imagine toutes sortes de
subtilités (1050c) pour affranchir notre libre arbitre du mouvement
éternel, afin de laisser au vice tout le blâme qu'il mérite. Chrysippe le
met à cet égard en pleine liberté. En effet, selon lui, le vice est
produit non seulement par la nécessité et la destinée, mais encore par la
raison même de Dieu, et conformément à la nature la plus parfaite. Voici
ses propres expressions :
« La nature universelle s'étendant à tout, il faut que tout ce qui se fait
par la raison ou par quelqu'une de ses parties se fasse suivant cette
nature et conformément à sa raison, et que tout se suive sans obstacle,
puisque rien au dehors ne peut arrêter (1050d) son opération, et qu'aucune
de ses parties ne peut avoir de mouvement ou d'affection qui ne soit
conforme à cette nature universelle.»
Mais quelles sont ces affections, et ces mouvements des parties de la
nature ? Il est clair que les
affections sont les vices et les maladies de l'âme, comme l'avarice, la
volupté, l'ambition, la lâcheté et l'injustice. Les mouvements sont les
actions qui naissent de ces vices : les adultères, les vols, les
trahisons, les meurtres, les parricides. Chrysippe croit qu'aucun de ces
crimes ne se fait que conformément à la raison de Jupiter, à la loi, à la
justice et à la Providence, de manière que les prévarications de la loi ne
sont pas contraires à la loi, que les torts qu'on fait à autrui et les
crimes que l'on commet ne blessent ni la justice ni la Providence.
(1050e) Il dit cependant que Dieu châtie le vice et qu'il fait bien des
choses pour la punition des méchants. Voici comme il s'exprime dans le
second livre des Dieux :
« Les gens de bien éprouvent quelquefois des accidents fâcheux, non, il
est vrai, par punition, comme les méchants, mais par une autre sorte de
dispensation divine, ainsi qu'on le voit dans les républiques. »
Il dit encore dans ce même ouvrage :
« Premièrement, il faut entendre ce qui regarde les maux dans le sens que
nous avons déjà expliqué; en second lieu, il faut savoir qu'ils sont
distribués d'après la raison de Jupiter, soit par punition, soit par une
autre dispensation qui intéresse tout l'univers. »
N'est-ce pas déjà une chose bien indigne que le vice se fasse d'après la
raison de Jupiter, et que cependant ce Dieu le punisse? Mais il rend cette
contradiction encore plus choquante, lorsqu'il dit dans le second livre de la Nature :
(1050f) « Le vice, considéré même dans les actions les plus atroces, a une
raison qui lui est particulière, car il se fait conformément à la raison
de la nature, et on peut presque dire qu'il n'est pas sans quelque utilité
par rapport à l'univers; car autrement il n'y aurait pas de biens. »
Et après cela il reprend ceux qui disputent pour et contre,
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