HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Plutarque, Oeuvres morales, Des contradictions des stoiciens

Page 1048

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[1048] (1048a) ἐν δὲ τῷ πρώτῳ περὶ Ἀγαθῶν τρόπον τινὰ συγχωρεῖ καὶ δίδωσι τοῖς βουλομένοις τὰ προηγμένα καλεῖν ἀγαθὰ καὶ κακὰ τἀναντία, ταύταις ταῖς λέξεσιν· « εἴ τις βούλεται κατὰ τὰς τοιαύτας παραλλαγὰς τὸ μὲν ἀγαθὸν αὐτῶν λέγειν τὸ δὲ κακόν, ἐπὶ ταῦτα φερόμενος τὰ πράγματα καὶ μὴ ἄλλως ἀποπλανώμενος, ἐν μὲν τοῖς σημαινομένοις οὐ διαπίπτοντος αὐτοῦ, τὰ δ´ ἄλλα στοχαζομένου τῆς κατὰ τὰς ὀνομασίας συνηθείας. » Οὕτω δὲ τὸ προηγμένον τῷ ἀγαθῷ συναγαγὼν ἐγγὺς ἐνταῦθα καὶ συμμίξας, ἐν ἑτέροις πάλιν οὐδὲν εἶναί φησι τούτων καθόλου πρὸς ἡμᾶς, ἀλλ´ (1048b) ἀποσπᾶν τὸν λόγον ἡμᾶς καὶ ἀποστρέφειν ἁπάντων τῶν τοιούτων· ταῦτα γὰρ ἐν τῷ πρώτῳ περὶ τοῦ Προτρέπεσθαι γέγραφεν. Ἐν δὲ τῷ τρίτῳ περὶ Φύσεως μακαρίζεσθαί φησιν ἐνίους βασιλεύοντας καὶ πλουτοῦντας, ὅμοιον εἰ χρυσαῖς ἀμίσι χρώμενοι καὶ χρυσοῖς κρασπέδοις ἐμακαρίζοντο· « Τῷ δ´ ἀγαθῷ τὸ τὴν οὐσίαν ἀποβαλεῖν οἱονεὶ δραχμὴν ἀποβαλεῖν καὶ τὸ νοσῆσαι οἷον προσκόψαι. » Διὸ τῶν ἐναντιωμάτων τούτων οὐ μόνον τὴν ἀρετὴν ἀλλὰ καὶ τὴν πρόνοιαν ἀναπέπληκεν. μὲν γὰρ ἀρετὴ μικρολόγος ἐσχάτως φανεῖται καὶ ἀνόητος περὶ ταῦτα πραγματευομένη καὶ τούτων ἕνεκα πλεῖν εἰς Βόσπορον κελεύουσα καὶ κυβιστᾶν τὸν σοφόν· (1048c) δὲ Ζεὺς γελοῖος εἰ Κτήσιος χαίρει καὶ Ἐπικάρπιος καὶ Χαριδότης προσαγορευόμενος, ὅτι δηλαδὴ χρυσᾶς ἀμίδας καὶ χρυσᾶ κράσπεδα χαρίζεται τοῖς φαύλοις, τοῖς δ´ ἀγαθοῖς ἄξια δραχμῆς, ὅταν πλούσιοι γένωνται κατὰ τὴν τοῦ Διὸς πρόνοιαν· ἔτι δὲ γελοιότερος Ἀπόλλων, εἰ περὶ χρυσῶν κρασπέδων καὶ ἀμίδων κάθηται θεμιστεύων καὶ περὶ προσκομμάτων ἀπολύσεως. Ἔτι δὲ μᾶλλον τῇ ἀποδείξει τὸ ἐναντίωμα ποιοῦσι φανερώτερον. ᾯ γὰρ ἔστιν εὖ χρήσασθαι καὶ κακῶς, τοῦτό φασι μήτ´ ἀγαθὸν εἶναι μήτε κακόν· πλούτῳ δὲ καὶ ὑγιείᾳ καὶ ῥώμῃ σώματος κακῶς χρῶνται πάντες οἱ ἀνόητοι· (1048d) διόπερ οὐδέν ἐστι τούτων ἀγαθόν. Εἴπερ οὖν θεὸς ἀρετὴν μὲν οὐ δίδωσιν ἀνθρώποις ἀλλὰ τὸ καλὸν αὐθαίρετόν ἐστι, πλοῦτον δὲ καὶ ὑγίειαν χωρὶς ἀρετῆς δίδωσιν, οὐκ εὖ χρησομένοις δίδωσιν ἀλλὰ κακῶς, τουτέστι βλαβερῶς καὶ αἰσχρῶς καὶ ὀλεθρίως. Καίτοι εἰ μὲν δύνανται τὴν ἀρετὴν παρέχειν οἱ θεοί, οὔκ εἰσι χρηστοὶ μὴ παρέχοντες· εἰ δὲ μὴ δύνανται ποιεῖν ἀγαθούς, οὐδ´ ὠφελεῖν δύνανται, μηδενός γε τῶν ἄλλων ὄντος ἀγαθοῦ μηδ´ ὠφελίμου. Τὸ δ´ ἄλλως τοὺς γενομένους ἀγαθοὺς κρίνειν κατ´ ἀρετὴν ἰσχὺν οὐδ´ ἔνεστι· καὶ γὰρ τοὺς θεοὺς οἱ ἀγαθοὶ κρίνουσι κατ´ ἀρετὴν καὶ ἰσχύν· (1048e) ὥστε μηδὲν μᾶλλον ὠφελεῖν ὠφελεῖσθαι τοὺς θεοὺς ὑπὸ τῶν ἀνθρώπων. Καὶ μὴν οὔθ´ αὑτὸν Χρύσιππος ἀποφαίνει σπουδαῖον οὔτε τινὰ τῶν αὑτοῦ γνωρίμων καθηγεμόνων. Τί οὖν περὶ τῶν ἄλλων φρονοῦσιν; ταῦτα ἅπερ λέγουσι; Μαίνεσθαι πάντας, ἀφραίνειν, ἀνοσίους εἶναι, παρανόμους, ἐπ´ ἄκρον ἥκειν δυστυχίας, κακοδαιμονίας ἁπάσης· Εἶτα προνοίᾳ θεῶν διοικεῖσθαι τὰ καθ´ ἡμᾶς οὕτως ἀθλίως πράττοντας; Εἰ γοῦν οἱ θεοὶ μεταβαλόμενοι βλάπτειν ἐθέλοιεν ἡμᾶς καὶ κακοῦν καὶ διαστρέφειν καὶ προσεπιτρίβειν, οὐκ ἂν δύναιντο διαθεῖναι χεῖρον νῦν ἔχομεν, ὡς Χρύσιππος ἀποφαίνει (1048f) μήτε κακίας ὑπερβολὴν ἀπολείπειν μήτε κακοδαιμονίας τὸν βίον· ὥστ´, εἰ λάβοι φωνήν, εἰπεῖν ἂν αὐτὸν τὰ τοῦ Ἡρακλέους « Γέμω κακῶν δή, καὶ οὐκ ἔσθ´ ὅπου τεθῇ. » Τίνας οὖν ἄν τις εὕροι μαχομένας μᾶλλον ἀλλήλαις ἀποφάσεις τῆς περὶ θεῶν Χρυσίππου καὶ τῆς περὶ ἀνθρώπων, [1048] (1048a) Dans le premier livre des Biens, il permet, en quelque sorte, de donner à ces avantages préalables le nom de biens, et d'appeler maux, leurs contraires. Voici ses termes : « Si quelqu'un, d'après ces changements de termes, veut appeler bien et mal ce qui l'est par rapport à lui-même, et les rechercher, sans se détourner vers d'autres objets, il peut, pourvu qu'il ne se trompe pas sur le vrai sens des termes, suivre les dénominations communes ». Après avoir ainsi mis ces préalables si près des biens, et les y avoir, pour ainsi dire, mêlés, (1048b) il dit au contraire, dans son troisième livre des Exhortations, que rien de tout cela ne nous intéresse et que la raison nous en éloigne. Dans le troisième livre de la Nature, il prétend que quelques-uns regardent comme heureux les rois et les gens libres, principalement, parce qu'ils ont des bassins et des franges d'or; mais que l'homme de bien n'est pas plus affecté de la perte de toute la fortune, que de celle d'une drachme, et d'une maladie grave que d'une légère contusion au pied. Il a soumis à ces sortes de contradictions, non seulement la vertu, mais encore la providence. Car la vertu fera bien stupide et bien méprisable, si elle s'occupe de choses de cette espèce, et que, pour les acquérir, elle oblige le sage d'aller jusqu'au Bosphore et de faire la culbute. (1048c) Jupiter est ridicule lorsqu'il se plaît à être nommé le dieu qui donne les richesses, qui prodigue les fruits et qui fait naître la joie dans le cœur des mortels, puisqu'il ne donne aux méchants que des bassins et des franges d'or, et que les richesses que sa providence procure aux gens de bien valent à peine une drachme. Apollon est encore plus digne de risée, de s'amuser à rendre des oracles sur des bassins et des franges d'or, ou sur des faibles contusions au pied. La démonstration dont ils font usage rend encore la contradiction plus sensible. Les choses, disent-ils, dont on peut bien ou mal user, ne sont ni des biens ni des maux. Or, tous les gens vicieux usent mal de la richesse, de la santé, de la force du corps ; (1048b) ainsi aucun de ces avantages ne peut s'appeler un bien. Si donc Dieu ne donne pas la vertu aux hommes, et que le bien mérite par lui-même notre choix, ou si Dieu donne la richesse et la santé sans la vertu, il les donnera à des hommes qui en useront mal, c'est-à-dire pour leur honte et pour leur perte. Mais si les dieux peuvent donner la vertu et qu'ils ne le fassent pas, ils ne sont pas bons, et s'ils ne peuvent pas rendre les hommes vertueux, ils ne peuvent pas non plus leur être utiles, puisque, sans la vertu, rien n'est bon ni utile. Il ne sert de rien de dire que les dieux jugent d'après leur force et leur vertu ceux qui sont devenus bons sans leur secours. Les gens de bien jugent aussi les méchants sur leur force et sur leur vertu. (1048e) Ainsi les dieux ne feront pas plus d'avantage aux hommes qu'ils n'en recevront d'eux. Mais Chrysippe ne se croit bon ni lui-même ni aucun de ses amis ou de ses maîtres. Que doivent-ils donc penser des autres, si ce qu'ils disent est vrai, que tous les hommes sont des insensés, des furieux, des impies, des transgresseurs des lois, qu'ils sont plongés dans la misère, dans un abîme de malheurs? Ils disent cependant que, quoique malheureux à ce point, nous sommes gouvernés par la Providence ; mais si les dieux, venant à changer de nature, voulaient nous affliger, nous tourmenter et nous accabler de maux, ils ne pourraient pas nous réduire dans un pire état que celui où nous sommes, puisque, selon Chrysippe, (1048f) notre vie ne saurait être ni plus dépravée ni plus malheureuse, au point que, si elle pouvait parler, elle dirait avec Hercule : « De malheurs accablée, en ai-je encore à craindre? » Quelles maximes donc plus contradictoires que celles que Chrysippe avance sur les dieux et sur les hommes?


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Dernière mise à jour : 18/10/2007