[1046] (1046a) μάλιστα δὲ Σωκράτης » καὶ ἐπιφωνήσας ὅτι « καὶ
συνεξαμαρτάνειν ἄν τις θελήσειε τούτοις τοσούτοις καὶ τοιούτοις οὖσιν »
ἐπιφέρει κατὰ λέξιν·
« εἰ μὲν γὰρ ἐκ παρέργου περὶ αὐτῶν εἰρήκεσαν, τάχ´ ἄν τις διέσυρε τὸν
τόπον τοῦτον· οὕτω δ´ αὐτῶν ἐπιμελῶς εἰρηκότων ὡς ἐν ταῖς μεγίσταις
δυνάμεσι καὶ ἀναγκαιοτάταις αὐτῆς οὔσης, οὐ πιθανὸν ἐπὶ τοσοῦτον
διαμαρτάνειν αὐτοὺς ἐν τοῖς ὅλοις ὄντας οἵους ὑπονοοῦμεν.»
Τί οὖν σύ, φήσαι τις ἄν, αὐτὸς ἀνδράσι τοιούτοις καὶ τοσούτοις οὐδέποτε
παύσῃ μαχόμενος οὐδ´ (1046b) ἐλέγχων, ὡς νομίζεις, ἐν τοῖς κυριωτάτοις καὶ
μεγίστοις διαμαρτάνοντας; Οὐ γὰρ δήπου περὶ μὲν διαλεκτικῆς ἐσπουδασμένως
ἔγραψαν, περὶ δ´ ἀρχῆς καὶ τέλους καὶ θεῶν καὶ δικαιοσύνης ἐκ παρέργου καὶ
παίζοντες, ἐν οἷς τυφλὸν αὐτῶν ἀποκαλεῖς τὸν λόγον καὶ μαχόμενον αὑτῷ καὶ
μυρίας ἄλλας ἁμαρτίας ἔχοντα.
Τὴν ἐπιχαιρεκακίαν ὅπου μὲν ἀνύπαρκτον εἶναί φησιν, ἐπεὶ τῶν μὲν ἀστείων
οὐδεὶς ἐπ´ ἀλλοτρίοις κακοῖς χαίρει, τῶν δὲ φαύλων οὐδεὶς χαίρει τὸ
παράπαν· ἐν δὲ τῷ δευτέρῳ περὶ Ἀγαθοῦ τὸν φθόνον ἐξηγησάμενος ὅτι « λύπη
ἐστὶν ἐπ´ ἀλλοτρίοις ἀγαθοῖς, ὡς δήποτε βουλομένων ταπεινοῦν τοὺς πλησίον,
ὅπως ὑπερέχωσιν αὐτοί, » (1046c) συνάπτει τὰ τῆς ἐπιχαιρεκακίας·
« Ταύτῃ δὲ συνεχὴς ἡ ἐπιχαιρεκακία γίνεται, ταπεινοὺς βουλομένων εἶναι
τοὺς πλησίον διὰ τὰς ὁμοίας αἰτίας· καθ´ ἑτέρας δὲ φυσικὰς φορὰς
ἐκτρεπομένων ὁ ἔλεος γίνεται. »
Δῆλος ἄρ´ ἐστὶν ἐνταῦθα τὴν ἐπιχαιρεκακίαν ὑπαρκτὴν ὥσπερ τὸν φθόνον καὶ
τὸν ἔλεον ἀπολιπών, ἣν ἐν ἑτέροις ἀνύπαρκτον εἶναί φησιν ὥσπερ τὴν
μισοπονηρίαν καὶ τὴν αἰσχροκέρδειαν.
Ἐν πολλοῖς εἰρηκὼς ὅτι παρὰ τὸν πλείονα χρόνον οὐδὲν μᾶλλον εὐδαιμονοῦσιν
ἀλλ´ ὁμοίως καὶ ἐπίσης τοῖς τὸν ἀμερῆ χρόνον εὐδαιμονίας μετασχοῦσιν, ἐν
πολλοῖς πάλιν εἴρηκεν ὡς οὐδὲ τὸν δάκτυλον καθήκει προτεῖναι (1046d) χάριν
ἀμεριαίας φρονήσεως καὶ καθάπερ ἀστραπῆς διιπταμένης. Ἀρκέσει δὲ
παραθεῖναι τὰ ἐν τῷ ἕκτῳ τῶν Ἠθικῶν Ζητημάτων ὑπ´ αὐτοῦ γεγραμμένα περὶ
τούτων· ὑπειπὼν γὰρ ὡς
« Οὔτε πᾶν ἀγαθὸν ἐπίσης εἰς χαρὰν πίπτει οὔτε πᾶν κατόρθωμα εἰς σεμνολογίαν »
ἐπενήνοχε ταῦτα·
« Καὶ γάρ, εἰ μόνον μέλλοι ἀμερῆ χρόνον ἢ τὸν ἔσχατον ἕξειν φρόνησιν, οὐδ´
ἂν τὸν δάκτυλον καθήκοι ἐκτεῖναι ἕνεκα τῆς οὕτω παρεσομένης φρονήσεως, »
καίπερ παρὰ τὸν πλείονα χρόνον οὐδὲν μᾶλλον εὐδαιμονούντων οὐδὲ τῆς ἀιδίου
εὐδαιμονίας αἱρετωτέρας γινομένης παρὰ τὴν ἀμεριαίαν.
(1046e) Εἰ μὲν οὖν τὴν φρόνησιν ἡγεῖτο ποιητικὸν εἶναι τῆς εὐδαιμονίας
ἀγαθὸν ὥσπερ ὁ Ἐπίκουρος, αὐτῆς ἔδει μόνον τῆς ἀτοπίας καὶ παραδοξολογίας
ἐπιλαμβάνεσθαι τοῦ δόγματος· ἐπεὶ δ´ ἡ φρόνησις οὐχ ἕτερόν ἐστι τῆς
εὐδαιμονίας κατ´ αὐτὸν ἀλλ´ εὐδαιμονία, πῶς οὐ μάχεται τὸ λέγειν ἐπίσης
μὲν αἱρετὴν εἶναι τὴν ἀμεριαίαν εὐδαιμονίαν καὶ τὴν ἀίδιον, μηδενὸς δ´
ἀξίαν τὴν ἀμεριαίαν;
Τὰς ἀρετάς φασιν ἀντακολουθεῖν ἀλλήλαις, οὐ μόνον τῷ τὸν μίαν ἔχοντα πάσας
ἔχειν, ἀλλὰ καὶ τῷ τὸν κατὰ μίαν ὁτιοῦν ἐνεργοῦντα κατὰ πάσας ἐνεργεῖν·
οὔτε γὰρ (1046f) ἄνδρα φασὶ τέλειον εἶναι τὸν μὴ πάσας ἔχοντα τὰς ἀρετὰς
οὔτε πρᾶξιν τελείαν, ἥτις οὐ κατὰ πάσας πράττεται τὰς ἀρετάς. Ἀλλὰ μὴν ἐν
τῷ ἕκτῳ τῶν Ἠθικῶν Ζητημάτων ὁ Χρύσιππος οὐκ ἀεί φησιν ἀνδρίζεσθαι τὸν
ἀστεῖον οὐδὲ δειλαίνειν τὸν φαῦλον, ὡς δέον ἐν φαντασίαις ἐπιφερομένων
τινῶν τὸν μὲν ἐμμένειν τοῖς κρίμασι τὸν δ´ ἀφίστασθαι.
| [1046] (1046a) mais principalement Socrate, s'étaient fort appliqués à la dialectique,
il ajoute avec emphase qu'il n'aurait pas honte de se tromper avec tant et de
si grands hommes. Ensuite il dit en propres termes :
« Si ces philosophes n'eussent traité cette matière qu'en passant,
peut-être pourrait-on les soupçonner d'erreur; mais comme ils s'en sont
occupés avec tout le soin qu'exigeait une science des plus importantes et
des plus nécessaires, il n'est pas vraisemblable que des hommes que nous
voyons si instruits dans toutes les parties de la philosophie, se soient
si fort trompés. »
Eh quoi! pourrait-on lui dire, ne cesserez-vous pas de combattre des
philosophes si illustres, (1046b) et de les accuser d'avoir donné dans
l'erreur sur les objets les plus importants? Est-il vraisemblable qu'ils
aient mis à la dialectique tant de soins et d'application, et qu'ils
n'aient traité que légèrement et comme un jeu des principes et des
dernières fins de l'homme, de la justice et des dieux, tous sujets où vous
prétendez que leur raison est aveugle, qu'ils sont en contradiction avec
eux-mêmes, et qu'ils sont tombés dans une foule d'erreurs ?
Il soutient que la joie du mal d'autrui n'existe pas, que jamais un homme
bien né ne se réjouira de voir quelqu'un dans la peine. Mais dans le
second livre de son traité sur le Bien, après avoir dit que l'envie est
une douleur du bien d'autrui, causée par le désir de rabaisser ses voisins
pour s'élever au-dessus d'eux, (1046c) il joint à cette passion la joie du
mal d'autrui :
« Cette joie, dit-il, suit toujours l'envie, parce que les hommes
désirent, pour des motifs semblables, de rabaisser leurs voisins ; mais
rappelés ensuite à d'autres mouvements plus conformes à la nature,
ils se sentent portés à la compassion. »
Il est clair par ce passage qu'il regarde la joie du bien d' autrui comme
une passion réelle, aussi bien que l'envie et la pitié, quoiqu'il eût dit
ailleurs qu'elle n'existait pas, non plus que la haine des méchants et le
désir d'un gain honteux.
Après avoir dit en plusieurs endroits que les hommes qui ont été longtemps
heureux ne le sont pas plus que ceux qui n'ont joui que d'un instant de
bonheur, il répète souvent qu'il ne faut pas se donner la moindre peine
(1046d) pour acquérir une sagesse momentanée, qui passe comme un éclair.
Mais il suffira de rapporter ce qu'il a écrit sur ce sujet dans le sixième
livre de ses Questions morales. Il commence par établir que toute espèce
de bien ne cause pas une égale joie, et que toute bonne action ne donne
pas un égal sujet de gloire, et il ajoute ensuite :
« Celui qui ne devra avoir la prudence que pour un moment, ou au dernier
instant de sa vie, ne se donnera pas le moindre mouvement pour une sagesse
éphémère, puisque, pour être longtemps heureux, les hommes n'ont pas une
plus grande somme de bonheur, et qu'une félicité éternelle n'est pas plus
désirable qu'un bonheur d'un instant. »
(1046e) S'il croyait que la prudence est un bien qui produit le bonheur,
comme le pensait Épicure, il n'y aurait à reprendre dans ce .passage que
ce qu'il a d'absurde et de paradoxal ; mais puisque, suivant Chrysippe
lui-même, la prudence ne diffère pas du bonheur, ou plutôt n'est que le
bonheur même, n'est-ce pas une contradiction manifeste que de dire qu'un
bonheur éternel n'est pas plus désirable qu'une félicité passagère, et que
celle-ci n'est d'aucun prix?
Il avance que toutes les vertus se suivent l'une et l'autre, non
seulement en ce sens que celui qui en a une les a toutes, mais aussi
parce que celui qui agit d'après une seule agit d'après toutes. Un homme,
(1046f) selon lui, n'est parfait autant qu'il possède toutes les vertus,
comme une action n'est parfaite que lorsqu'elle est produite par toutes les vertus.
Cependant il dit dans le sixième livre de ses Questions morales, qu'un
homme de cœur manque quelquefois de courage, et qu'un lâche ne se conduit
pas toujours lâchement, parce que certains objets qui viennent frapper
leur imagination font que l'un persiste dans ses jugements et que l'autre
s'en écarte.
|