HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Plutarque, Vies parallèles, Comparaison Agesilas-Pompée

Chapitre 4

  Chapitre 4

[4] (1) τοίνυν ἔργον ἐστὶν ἀγαθοῦ στρατηγοῦ μάλιστα, κρείττονα μὲν ὄντα βιάσασθαι τοὺς πολεμίους μάχεσθαι, λειπόμενον δὲ δυνάμει μὴ βιασθῆναι, τοῦτο ποιῶν Ἀγησίλαος ἀεὶ διεφύλαξεν ἑαυτὸν ἀνίκητον· (2) Πομπήϊον δὲ Καῖσαρ, οὗ μὲν ἦν ἐλάττων, διέφυγε μὴ βλαβῆναι, καθὸ δὲ κρείττων ἦν, ἠνάγκασεν ἀγωνισάμενον τῷ πεζῷ περὶ πάντων σφαλῆναι, καὶ κύριος εὐθὺς ἦν χρημάτων καὶ ἀγορᾶς καὶ θαλάττης, ὑφ´ ὧν διεπέπρακτο ἂν ἄνευ μάχης ἐκείνοις προσόντων. (3) τὸ δ´ ὑπὲρ τούτων ἀπολόγημα μέγιστόν ἐστιν ἔγκλημα στρατηγοῦ τηλικούτου. νέον μὲν γὰρ ἄρχοντα θορύβοις καὶ καταβοήσεσιν εἰς μαλακίαν καὶ δειλίαν ἐπιταραχθέντα τῶν ἀσφαλεστάτων ἐκπεσεῖν λογισμῶν εἰκός ἐστι καὶ συγγνωστόν· (4) Πομπήϊον δὲ Μάγνον, οὗ Ῥωμαῖοι τὸ μὲν στρατόπεδον πατρίδα, σύγκλητον δὲ τὴν σκηνήν, ἀποστάτας δὲ καὶ προδότας τοὺς ἐν Ῥώμῃ πολιτευομένους καὶ στρατηγοῦντας καὶ ὑπατεύοντας ἐκάλουν, ἀρχόμενον δὲ ὑπ´ οὐδενὸς ἔγνωσαν, πάσας δὲ αὐτοκράτορα στρατευσάμενον ἄριστα τὰς στρατείας, τίς ἂν ἀνάσχοιτο τοῖς Φαωνίου σκώμμασι καὶ Δομετίου, καὶ ἵνα μὴ Ἀγαμέμνων λέγηται, παρ´ ἐλάχιστον ἐκβιασθέντα τὸν περὶ τῆς ἡγεμονίας καὶ ἐλευθερίας ἀναρρῖψαι κίνδυνον; (5) ὃς εἰ μόνον ἐσκόπει τὸ παρ´ ἡμέραν ἄδοξον, ὤφειλεν ἀντιστὰς ἐν ἀρχῇ διαγωνίσασθαι περὶ τῆς Ῥώμης, ἀλλὰ μὴ τὴν φυγὴν ἐκείνην ἀποφαίνων στρατήγημα Θεμιστόκλειον ὕστερον ἐν αἰσχρῷ τίθεσθαι τὴν ἐν Θετταλίᾳ πρὸ μάχης διατριβήν. (6) οὐ γὰρ ἐκεῖνό γε στάδιον αὐτοῖς καὶ θέατρον ἐναγωνίσασθαι περὶ τῆς ἡγεμονίας θεὸς ἀπέδειξε τὸ Φαρσάλιον πεδίον, οὐδὲ ὑπὸ κήρυκος ἐκαλεῖτο μάχεσθαι κατιὼν λιπεῖν ἑτέρῳ τὸν στέφανον, ἀλλὰ πολλὰ μὲν πεδία μυρίας δὲ πόλεις καὶ γῆν ἄπλετον κατὰ θάλατταν εὐπορία παρέσχε βουλομένῳ μιμεῖσθαι Μάξιμον καὶ Μάριον καὶ Λεύκολλον καὶ αὐτὸν Ἀγησίλαον, (7) ὃς οὐκ ἐλάττονας μὲν ἐν Σπάρτῃ θορύβους ὑπέμεινε βουλομένων Θηβαίοις ὑπὲρ τῆς χώρας μάχεσθαι, πολλὰς δ´ ἐν Αἰγύπτῳ διαβολὰς καὶ κατηγορίας καὶ ὑπονοίας τοῦ βασιλέως ἤνεγκεν ἡσυχίαν ἄγειν κελεύων, (8) χρησάμενος δὲ τοῖς ἀρίστοις ὡς ἐβούλετο λογισμοῖς, οὐ μόνον Αἰγυπτίους ἄκοντας ἔσωσεν, οὐδὲ τὴν Σπάρτην ἐν τοσούτῳ σεισμῷ μόνος ὀρθὴν ἀεὶ διεφύλαξεν, ἀλλὰ καὶ τρόπαιον ἔστησε κατὰ Θηβαίων ἐν τῇ πόλει, τὸ νικῆσαι παρασχὼν αὖθις ἐκ τοῦ τότε μὴ προαπολέσθαι βιασαμένους. (9) ὅθεν Ἀγησίλαος μὲν ὑπὸ τῶν βιασθέντων ὕστερον ἐπῃνεῖτο σωθέντων, Πομπήϊος δὲ δι´ ἄλλους ἁμαρτών, αὐτοὺς οἷς ἐπείσθη κατηγόρους εἶχε. (10) καίτοι φασί τινες ὡς ὑπὸ τοῦ πενθεροῦ Σκηπίωνος ἐξηπατήθη· τὰ γὰρ πλεῖστα τῶν χρημάτων ὧν ἐκόμιζεν ἐξ Ἀσίας βουλόμενον αὐτὸν νοσφίσασθαι καὶ ἀποκρύψαντα κατεπεῖξαι τὴν μάχην, ὡς οὐκέτι χρημάτων ὄντων. (11) κἂν ἀληθὲς ἦν, παθεῖν οὐκ ὤφειλεν στρατηγός, οὐδὲ ῥᾳδίως οὕτω παραλογισθεὶς ἀποκινδυνεῦσαι περὶ τῶν μεγίστων. ἐν μὲν οὖν τούτοις οὕτως ἑκάτερον ἀποθεωροῦμεν. [4] (1) Ce qui appartient surtout à un bon général, c’est, quand il est le plus fort, de forcer les ennemis à combattre, et, quand il se trouve inférieur en nombre, de ne pas se laisser forcer à combattre lui-même. Agésilas le fit toujours, et se maintint, jusqu’au bout, invincible. (2) Quant à Pompée, César, tant qu’il eut des effectifs plus faibles, évita de se mesurer avec lui, de peur d’en souffrir; mais quand il fut plus fort, il le força de combattre avec sa seule infanterie, ce qui lui fit tout perdre; car César, d’un seul coup, devint maître de l’argent et des vivres de Pompée, auquel il prit aussi la mer. Or, avec toutes ces ressources, Pompée aurait pu terminer la guerre à son profit, et sans combat. (3) Le principal argument que l’on invoque pour le défendre se tourne en grief, étant donnée la grandeur du général. Qu’un jeune chef d’armée, troublé par le vain tumulte des gens qui crient à la faiblesse et à la poltronnerie, renonce à la tactique la plus sûre, c’est naturel et pardonnable. (4) Mais Pompée le Grand, dont les Romains appelaient le camp une patrie et la tente un Sénat, alors qu’ils donnaient les noms de renégats et de traîtres aux hommes d’État restés à Rome, fussent-ils préteurs ou consuls, Pompée, à qui l’on ne donnait jamais de chef, et qui fit toutes ses campagnes, invariablement heureuses, comme généralissime, qui pourrait supporter que, pour éviter les railleries d’un Favonius et d’un Domitius et n’être pas appelé Agamemnon, il se laisse contraindre à livrer au hasard d’un moment l’empire et la liberté du monde? (5) S’il n’avait en vue que d’éviter une humiliation éphémère, il devait résister au début en livrant combat pour la possession de Rome au lieu de présenter sa fuite fameuse comme un stratagème à la Thémistocle pour considérer ensuite comme une honte l’ajournement éventuel de la bataille en Thessalie. (6) Car, à coup sûr, Dieu n’avait pas désigné aux adversaires comme champ clos et comme terrain de lutte pour vider la dispute du pouvoir, la plaine de Pharsale, et le héraut ne sommait point Pompée de descendre en lice ou d’abandonner la couronne à un autre. L’empire de la mer, dont il disposait, lui offrait bien des plaines, des milliers de villes, une terre immense, pour imiter, s’il le voulait, Fabius Maximus, Marius, Lucullus et Agésilas lui-même. (7) Le dernier nommé de ces grands hommes n’eut pas à faire face, à Sparte, à une moindre agitation, quand ses concitoyens voulaient combattre les Thébains pour défendre leur pays; et en Égypte il supporta bien des calomnies, des accusations et des soupçons du Roi qu’il engageait à se tenir en repos. (8) Mais en appliquant, comme il le voulait, la meilleure tactique, non seulement il sauva les Égyptiens malgré eux et seul, dans un si grand cataclysme, maintint toujours Sparte debout, mais encore il érigea un trophée contre les Thébains dans sa propre ville, parce qu’il avait permis à ses concitoyens de remporter une seconde victoire en refusant de travailler, pour leur obéir, à sa perte et à la leur. (9) Il en résulta qu’Agésilas, plus tard, était loué par ceux qu’il avait sauvés en leur résistant, et que Pompée, trompé par d’autres, eut pour accusateurs ceux-là mêmes à qui il s’était fié. (10) Cependant quelques historiens affirment qu’il fut induit en erreur par son beau-père Scipion: car ce personnage, voulant s’approprier la plus grande partie des fonds qu’il rapportait d’Asie et qu’il dissimulait, pressa la bataille sous prétexte qu’on n’avait plus d’argent. (11) Mais quand cela serait vrai, le général ne devait pas être dupe, ni se laisser si facilement circonvenir pour mettre en péril les plus grands intérêts. Dans cet ordre d’idées, voilà donc comment nous considérons chacun de nos deux héros.


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Dernière mise à jour : 23/05/2005