[4] (1) Καὶ μὴν ἥ γε φυγὴ τῷ μὲν αἰσχρὰ κλοπῆς
ἁλόντι συνέπεσε, τῷ δὲ διὰ κάλλιστον ἔργον, ἀνθρώπους
ἀλιτηρίους τῆς πατρίδος ἐκκόψαντι. (2) διὸ τοῦ μὲν οὐδεὶς
λόγος ἐκπίπτοντος, ἐφ´ ᾧ δ´ ἡ σύγκλητος ἐσθῆτά τε διήλλαξε
καὶ πένθος ἔσχε καὶ γνώμην ὑπὲρ οὐδενὸς εἰπεῖν
ἐπείσθη πρότερον ἢ Κικέρωνι κάθοδον ψηφίσασθαι. τὴν
μέντοι φυγὴν ἀργῶς ὁ Κικέρων διήνεγκεν ἐν Μακεδονίᾳ
καθήμενος, τῷ δὲ Δημοσθένει καὶ ἡ φυγὴ μέρος μέγα
τῆς πολιτείας γέγονε. (3) συναγωνιζόμενος γὰρ ὡς εἴρηται
τοῖς Ἕλλησι καὶ τοὺς Μακεδόνων πρέσβεις ἐξελαύνων
ἐπήρχετο τὰς πόλεις, πολὺ βελτίων Θεμιστοκλέους καὶ
Ἀλκιβιάδου παρὰ τὰς αὐτὰς τύχας διαφανεὶς πολίτης·
καὶ μέντοι καὶ κατελθὼν αὖθις αὑτὸν ἐπέδωκεν εἰς τὴν
αὐτὴν ταύτην πολιτείαν, καὶ διετέλει πολεμῶν πρὸς
Ἀντίπατρον καὶ Μακεδόνας. (4) Κικέρωνα δ´ ὠνείδισεν ἐν
τῇ βουλῇ Λαίλιος, αἰτουμένου Καίσαρος ὑπατείαν μετιέναι
παρὰ νόμον οὔπω γενειῶντος, σιωπῇ καθήμενον. ἔγραφε
δὲ καὶ Βροῦτος ἐγκαλῶν ὡς μείζονα
καὶ βαρυτέραν πεπαιδοτριβηκότι τυραννίδα τῆς ὑφ´ αὑτοῦ
καταλυθείσης.
| [4] (1) En outre, l'exil de l'un fut le prix du vol honteux
dont il avait été convaincu; l'exil de l'autre, celui de la
belle action qu'il avait accomplie en retranchant de la
patrie des criminels. (2) Aussi le départ de l'un ne fit aucun
bruit; lors du bannissement de l'autre, au contraire, le
Sénat prit le deuil, qu'il garda longtemps, et adopta la
résolution de n'émettre son avis sur rien avant le vote
du rappel de l'exilé. En revanche, Cicéron passa le temps
de son exil en Macédoine dans une tranquille oisiveté;
pour Démosthène, au contraire, l'exil est une phase importante
de sa vie politique. (3) En effet, comme nous l'avons
dit, continuant de lutter aux côtés des Grecs, il parcourait
les villes, dont il chassait les ambassadeurs de Macédoine,
et il se montra de la sorte bien meilleur citoyen que
Thémistocle et Alcibiade dans les mêmes conjonctures. De
plus, à son retour, il se consacra encore à la même
politique, et ne cessa de faire la guerre à Antipater et aux
Macédoniens. (4) Cicéron, lui, s'entendit reprocher en plein
Sénat par Laelius d'être resté silencieux à son banc
quand le jeune César posait illégalement sa candidature
au consulat, n'ayant pas encore de barbe au menton.
Brutus, dans une lettre, le blâmait aussi d'avoir veillé
sur les premiers pas d'une tyrannie plus absolue et
destinée à pousser des racines plus profondes que celle
qu'il venait de renverser.
|