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Du texte à l'hypertexte

Plutarque, Vies parallèles, Comparaison Démosthène-Cicéron

Chapitre 3

  Chapitre 3

[3] (1) μὲν οὖν ἐν τῷ δημηγορεῖν καὶ πολιτεύεσθαι δύναμις ὁμαλῶς ἀμφοτέροις ὑπῆρξεν, ὥστε καὶ τοὺς τῶν ὅπλων καὶ στρατοπέδων κυρίους δεῖσθαι, Δημοσθένους μὲν Χάρητα καὶ Διοπείθη καὶ Λεωσθένην, Κικέρωνος δὲ Πομπήιον καὶ Καίσαρα τὸν νέον, ὡς αὐτὸς Καῖσαρ ἐν τοῖς πρὸς Ἀγρίππαν καὶ Μαικήναν ὑπομνήμασιν εἴρηκεν. (2) δὲ δοκεῖ μάλιστα καὶ λέγεται τρόπον ἀνδρὸς ἐπιδεικνύναι καὶ βασανίζειν, ἐξουσία καὶ ἀρχὴ πᾶν πάθος κινοῦσα καὶ πᾶσαν ἀποκαλύπτουσα κακίαν, Δημοσθένει μὲν οὐχ ὑπῆρξεν, οὐδ´ ἔδωκε τοιαύτην διάπειραν αὑτοῦ, μηδεμίαν ἀρχὴν τῶν ἐπιφανῶν ἄρξας, ὃς οὐδὲ τῆς ὑφ´ αὑτοῦ συντεταγμένης ἐπὶ Φίλιππον ἐστρατήγησε δυνάμεως· (3) Κικέρων δὲ ταμίας εἰς Σικελίαν καὶ ἀνθύπατος εἰς Κιλικίαν καὶ Καππαδοκίαν ἀποσταλείς, ἐν καιρῷ τῆς φιλοπλουτίας ἀκμαζούσης καὶ τῶν πεμπομένων στρατηγῶν καὶ ἡγεμόνων, ὡς τοῦ κλέπτειν ἀγεννοῦς ὄντος, ἐπὶ τὸ ἁρπάζειν τρεπομένων, οὐ τὸ λαμβάνειν ἐδόκει δεινόν, ἀλλ´ μετρίως τοῦτο ποιῶν ἠγαπᾶτο, πολλὴν μὲν ἐπίδειξιν ὑπεροψίας χρημάτων ἐποιήσατο, πολλὴν δὲ φιλανθρωπίας καὶ χρηστότητος. (4) ἐν αὐτῇ δὲ τῇ Ῥώμῃ λόγῳ μὲν ἀποδειχθεὶς ὕπατος, ἐξουσίαν δὲ λαβὼν αὐτοκράτορος καὶ δικτάτορος ἐπὶ τοὺς περὶ Κατιλίναν, ἐμαρτύρησε τῷ Πλάτωνι μαντευομένῳ παῦλαν ἕξειν κακῶν τὰς πόλεις, ὅταν εἰς ταὐτὸ δύναμίς τε μεγάλη καὶ φρόνησις ἔκ τινος τύχης χρηστῆς ἀπαντήσῃ μετὰ δικαιοσύνης. (5) Χρηματίσασθαι τοίνυν ἀπὸ τοῦ λόγου Δημοσθένης μὲν ἐπιψόγως λέγεται, λογογραφῶν κρύφα τοῖς περὶ Φορμίωνα καὶ Ἀπολλόδωρον ἀντιδίκοις, καὶ διαβληθεὶς μὲν ἐπὶ τοῖς βασιλικοῖς χρήμασιν, ὀφλὼν δὲ τῶν Ἁρπαλείων. (6) εἰ δὲ ταῦτα τοὺς γράφοντας (οὐκ ὀλίγοι δ´ εἰσὶν οὗτοι) ψεύδεσθαι φαίημεν, ἀλλ´ ὅτι γε πρὸς δωρεὰς βασιλέων σὺν χάριτι καὶ τιμῇ διδομένας ἀντιβλέψαι Δημοσθένης οὐκ ἂν ἐτόλμησεν (οὐδ´ ἦν τοῦτ´ ἔργον ἀνθρώπου δανείζοντος ἐπὶ ναυτικοῖς), ἀμήχανον ἀντειπεῖν· (7) περὶ δὲ Κικέρωνος, ὅτι καὶ Σικελιωτῶν ἀγορανομοῦντι καὶ βασιλέως τοῦ Καππαδοκῶν ἀνθυπατεύοντι καὶ τῶν ἐν Ῥώμῃ φίλων, ὅτε τῆς πόλεως ἐξέπιπτε, δωρουμένων πολλὰ καὶ δεομένων λαβεῖν ἀντέσχεν, εἴρηται. [3] (1) Pour ce qui est de haranguer le peuple et de faire de la politique, le talent était au même niveau chez l'un et chez l'autre, au point que même les maîtres absolus de la force armée et des camps avaient besoin d'eux: Charès, Diopeithès et Léosthénès, de Démosthène; Pompée et le jeune César, de Cicéron, comme César lui-même le dit dans ses Mémoires dédiés à Agrippa et à Mécène. (2) Mais ce qui passe, dans l'opinion courante, pour la meilleure pierre de touche d'un caractère, l'énergie du pouvoir et de l'autorité, qui donne le branle à toutes les passions et met à nu toutes les faiblesses, a manqué à Démosthène. Il ne put donc donner sa mesure, n'ayant exercé aucune magistrature en vue, lui qui ne commandait même pas l'armée rassemblée contre Philippe par sa propre initiative. (3) Cicéron, au contraire, a été questeur en Sicile, puis envoyé comme proconsul en Cilicie et en Cappadoce. En un temps où l'amour des richesses était au paroxysme, où les préteurs et les généraux en mission dans les provinces, jugeant le vol simple trop mesquin, s'adonnaient au brigandage, où, prendre ne paraissant plus un crime, celui qui le faisait avec modération était aimé, Cicéron donna la preuve éclatante de son mépris de l'argent, comme aussi de son humanité et de sa bonté. (4) À Rome surtout, où il exerça, sous le titre de consul, l'autorité d'un Empereur et d'un dictateur dans la lutte contre Catilina et ses complices, son exemple vint à l'appui de cet oracle de Platon: "Les maux des États auront leur terme quand une grande puissance et une grande intelligence, par suite d'une heureuse conjoncture, se trouveront jointes à la justice." (5) Il y a plus. On reproche à Démosthène d'avoir fait argent de sa parole en écrivant secrètement des plaidoyers pour ses adversaires Phormion et Apollodore; on l'accusa de recevoir des subsides du Roi, et il fut condamné pour détournement dans l'affaire d'Harpale. (6) Si nous voulons voir des calomnies dans ces accusations, portées cependant contre lui par bien des écrivains, il reste que Démosthène, à coup sûr, n'aurait jamais eu le courage de jeter un regard ferme sur les présents offerts par les Rois en signe de gratitude et d'estime, et de passer outre: ce dédain ne pouvait être dans la ligne de conduite d'un homme qui prêtait à la grosse aventure. Impossible de contester là-dessus. (7) Quant à Cicéron, édile, il refusa les présents considérables des Siciliens; proconsul, ceux du Roi de Cappadoce; exilé, ceux de ses amis de Rome; et cela malgré toutes les instances, nous l'avons dit.


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Dernière mise à jour : 6/06/2005