[2] (1) Ἔτι τοίνυν ἐν τοῖς συγγράμμασι κατιδεῖν ἔστι
τὸν μὲν ἐμμελῶς καὶ ἀνεπαχθῶς τῶν εἰς ἑαυτὸν ἁπτόμενον
ἐγκωμίων, ὅτε τούτου δεήσαι πρὸς ἕτερόν τι μεῖζον,
τἆλλα δ´ εὐλαβῆ καὶ μέτριον· ἡ δὲ Κικέρωνος ἐν τοῖς λόγοις
ἀμετρία τῆς περιαυτολογίας ἀκρασίαν τινὰ κατηγόρει
πρὸς δόξαν, βοῶντος ὡς τὰ ὅπλα δεῖ τῇ τηβέννῳ καὶ
τῇ γλώττῃ τὴν θριαμβικὴν ὑπείκειν δάφνην. (2) τελευτῶν δ´
οὐ τὰ ἔργα καὶ τὰς πράξεις μόνον, ἀλλὰ καὶ τοὺς λόγους
ἐπῄνει τοὺς εἰρημένους ὑφ´ αὑτοῦ καὶ γεγραμμένους, ὥσπερ
Ἰσοκράτει καὶ Ἀναξιμένει τοῖς σοφισταῖς διαμειρακιευόμενος,
οὐ τὸν Ῥωμαίων δῆμον ἄγειν ἀξιῶν καὶ ὀρθοῦν,
"βριθύν, ὁπλιτοπάλαν, δάιον ἀντιπάλοις".
(3) ἰσχύειν μὲν γὰρ διὰ λόγου τὸν πολιτευόμενον ἀναγκαῖον,
ἀγαπᾶν δ´ ἀγεννὲς καὶ λιχνεύειν τὴν ἀπὸ τοῦ λόγου δόξαν.
ὅθεν ἐμβριθέστερος ταύτῃ καὶ μεγαλοπρεπέστερος ὁ Δημοσθένης,
τὴν μὲν αὑτοῦ δύναμιν ἐμπειρίαν τινὰ πολλῆς
δεομένην τῆς παρὰ τῶν ἀκροωμένων εὐνοίας ἀποφαινόμενος,
ἀνελευθέρους δὲ καὶ βαναύσους, ὥσπερ εἰσί,
τοὺς ἐπὶ τούτῳ φυσωμένους ἡγούμενος.
| [2] (1) On peut encore voir dans leurs écrits que Démosthène,
quand il entame son propre éloge, le fait avec
modération et sans se rendre importun; encore n'y
touche-t-il que si le souci d'un plus grand intérêt l'exige; partout
ailleurs, il est circonspect et réservé. Mais les éloges
démesurés que se décernait Cicéron dans ses discours,
accusaient une passion immodérée pour la gloire, quand il
s'écriait, par exemple "Il faut que les armes le cèdent
à la toge, et le laurier triomphal à l'éloquence!"
(2) Il finit par louer, non seulement ses travaux et ses actes,
mais encore ses discours et ses écrits; on dirait un jeune
garçon qui veut rivaliser avec les sophistes Anaximène
et Isocrate, et non un chef décidé à conduire et à
redresser le peuple romain, un lutteur:
"Écrasant, armé de toutes pièces, terrible à ses adversaires."
(3) Car, si l'ascendant de la parole est nécessaire à un
homme d'État, c'est, de sa part, un manque de dignité
que de s'attacher à la gloire qu'elle donne et d'y aspirer
avidement. Aussi Démosthène, sur ce point, montre-t-il
plus de vigueur et d'élévation, en présentant son talent
comme un fruit de l'expérience, qui exige des auditeurs
beaucoup d'indulgence, et en regardant comme des êtres
serviles et de vulgaires artisans, comme ils le sont en
effet, les orateurs gonflés d'orgueil.
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