[7] Ταῦτα οὖν ὁρῶντί μοι καὶ παραφυλάττοντι συμβαίνει
τίθεσθαι καὶ διαμνημονεύειν ἐπιεικῶς πρὸς ἐμαυτόν, ὡς
ἀγαθὸν μέν ἐστιν ἐν πυρετῷ κρεῖττον δ´ ἐν ὀργῇ τὴν γλῶτταν
ἁπαλὴν ἔχειν καὶ λείαν. ἡ μὲν γὰρ τῶν πυρεττόντων
ἐὰν μὴ κατὰ φύσιν σχῇ, σημεῖόν ἐστι πονηρὸν οὐκ αἴτιον,
ἡ δὲ τῶν θυμουμένων τραχεῖα καὶ ῥυπαρὰ γενομένη καὶ
ῥυεῖσα πρὸς λόγους ἀτόπους ἔχθρας ἀνηκέστου δημιουργὸν
ὕβριν ἐκφέρει καὶ δυσμενείας ὑπούλου κατήγορον.
οὐδὲν γὰρ ὁ ἄκρατος ἀκόλαστον οὕτω καὶ δυσχερὲς ὡς ὁ
θυμὸς ἀναδίδωσι, κἀκεῖνα μὲν γέλωτι καὶ παιδιᾷ μέλει,
ταῦτα δὲ χολῇ κέκραται· καὶ παρὰ πότον μὲν ὁ σιωπῶν
ἐπαχθὴς τοῖς συνοῦσι καὶ φορτικός, ἐν ὀργῇ δὲ σεμνότερον
οὐδὲν ἡσυχίας, ὡς ἡ Σαπφὼ παραινεῖ
"σκιδναμένης ἐν στήθεσιν ὀργῆς πεφυλάχθαι γλῶσσαν
μαψυλάκαν."
| [7] A la suite de ces remarques et de ces observations je
fus amené à poser en principe et à reconnaître fort judicieusement,
qu'il est bon dans la fièvre, mais encore meilleur
dans la colère, que la langue reste amollie et sans aspérités.
Si quand on a la fièvre la langue n'est pas dans son
état naturel, c'est un mauvais signe; mais ce symptôme ne
suffit pas à lui seul pour donner le mal. Dans la colère, au
contraire, quand la langue devient rude et sale, quand elle
se laisse aller à des propos déplacés, alors elle répand des
injures qui causent des haines implacables et qui dénotent
une malveillance profonde. Le vin ne pousse pas autant aux
propos désordonnés et odieux que ne le fait la colère. Dans
l'ivresse il n'est rien qui ne puisse se mettre sur le compte
du rire et de la plaisanterie, tandis que dans la colère le
fiel envenime tout. Celui qui garde le silence quand on boit
est odieux et insupportable aux autres buveurs; mais dans la
colère rien n'est plus convenable que le silence, comme le
recommande Sapho :
"Lorsque dans votre sein bouillonne la colère,
Sur votre langue veillez".
|