| [4] Καθάπερ οὖν τὴν φλόγα θριξὶ  λαγῴαις ἀναπτομένην 
καὶ θρυαλλίσι καὶ συρφετῷ ῥᾴδιόν  ἐστιν ἐπισχεῖν, 
ἐὰν δ´ ἐπιλάβηται τῶν στερεῶν καὶ βάθος
 ἐχόντων, ταχὺ διέφθειρε καὶ συνεῖλεν "ὑψηλὸν ἡβήσασα
 τεκτόνων πόνον" ὥς φησιν Αἰσχύλος, οὕτως ὁ
 τῷ θυμῷ προσέχων ἐν ἀρχῇ καὶ κατὰ μικρὸν ἔκ τινος
 λαλιᾶς καὶ βωμολοχίας συρφετώδους ὁρῶν καπνιῶντα καὶ
 διακαιόμενον οὐ μεγάλης δεῖται πραγματείας, ἀλλὰ πολλάκις
 αὐτῷ τῷ σιωπῆσαι καὶ καταμελῆσαι κατέπαυσε.
 καὶ γὰρ τὸ πῦρ ὁ μὴ παρασχὼν ὕλην ἔσβεσε, καὶ ὀργὴν ὁ
 μὴ θρέψας ἐν ἀρχῇ καὶ μὴ φυσήσας ἑαυτὸν ἐφυλάξατο καὶ
 καθεῖλεν. οὐκ ἤρεσκεν οὖν μοι, καίπερ ἄλλα χρήσιμα
 λέγων καὶ παραινῶν, ὁ Ἱερώνυμος,
 ἐν οἷς οὔ φησι γινομένης ἀλλὰ γεγενημένης καὶ οὔσης
 αἴσθησιν ὀργῆς εἶναι διὰ τὸ τάχος. οὐθὲν γὰρ οὕτω τῶν
 παθῶν συλλεγόμενον καὶ διακινούμενον ἔχει τὴν γένεσιν
 ἐμφανῆ καὶ τὴν αὔξησιν.  ὡς δὴ καὶ Ὅμηρος ἐμπείρως
 διδάσκει, λυπηθέντα μὲν εὐθὺς ἐξαίφνης ποιῶν τὸν Ἀχιλλέα
 τοῦ λόγου προσπεσόντος, ἐν οἷς λέγει 
 "ὣς φάτο· τὸν δ´ ἄχεος νεφέλη ἐκάλυψε μέλαινα,"
  θυμούμενον δὲ βραδέως τῷ Ἀγαμέμνονι καὶ διὰ λόγων
 πολλῶν ἐκκαιόμενον· οὓς εἴ τις ὑφεῖλεν
 αὐτῶν ἐν ἀρχῇ καὶ διεκώλυσεν, οὐκ ἂν ἔσχεν αὔξησιν ἡ
 διαφορὰ τηλικαύτην καὶ μέγεθος. ὅθεν ὁ Σωκράτης
 ὁσάκις αἴσθοιτο κινουμένου τραχύτερον αὑτοῦ πρός τινα
 τῶν φίλων, "πρὸ κ´υματος ὥσ τινα ποντίαν ἄκραν στελλόμενος", 
 ἐνεδίδου τε τῇ φωνῇ καὶ  διεμειδία τῷ προσώπῳ καὶ 
 τὸ βλέμμα πραότερον παρεῖχε, τῷ ῥέπειν ἐπὶ θάτερα 
 καὶ πρὸς τοὐναντίον ἀντικινεῖσθαι τῷ πάθει 
 διαφυλάττων ἑαυτὸν ἀπτῶτα καὶ ἀήττητον.
 | [4] De même donc que quand le feu prend à des poils de 
lièvre, à des mèches, à de la paille, il est facile de s'en 
rendre maître, tandis que s'il attaque des corps solides et 
de grande épaisseur, il a détruit et consumé en un instant
"Par sa vivacité de nobles travaux d'hommes",
pour parler avec Eschyle; de même, celui qui surveille sa 
colère verra qu'au début elle n'est rien, que c'est à l'occasion 
d'un bavardage, d'une plaisanterie qu'elle fume et prend 
feu comme paille. Il n'aura donc pas besoin de développer 
grands efforts. Souvent pour se calmer, il suffira qu'il oppose 
le silence et le dédain. On éteint le feu en ne lui donnant 
pas de matériaux; on se garde de la colère et on la
dissipe en ne l'alimentant pas à sa naissance, en ne la laissant 
pas se gonfler. Je suis donc loin d'approuver Hiéronyme, 
bien que nous lui devions d'ailleurs beaucoup de pensées 
et de préceptes utiles, de l'approuver, dis-je, quand il 
avance, que la colère se produit si instantanément qu'on ne 
la sent pas naître et qu'on ne la reconnaît en soi que quand 
elle existe. Au contraire, parmi les passions qui se concentrent 
et se démènent en nous, il n'en est aucune dont la 
naissance et les progrès soient aussi évidents. Homère le 
démontre en homme bien expérimenté, quand il nous dépeint 
Achille frappé soudain d'une douleur imprévue à une 
nouvelle qu'on lui apporte :
"Il dit : et le dépit, comme un sombre nuage, 
D'Achille en un instant a couvert le visage".
Mais quand le héros s'irrite contre Agamemnon, il ne s'emporte 
que progressivement et après s'être enflammé lui-même 
par les nombreuses invectives qu'iI a prononcées. Or 
si quelqu'un avait empêché ces paroles d'éclater sur ses 
lèvres et en eût arrêté le cours, la querelle des deux souverains 
n'aurait pas pris un développement si exagéré. 
Aussi, que faisait Socrate quand il se sentait animé de 
quelque sentiment de colère contre un de ses amis?
"... Comme avant un orage 
Le nautonier prudent regagne le rivage",
de même il abaissait le ton, prenait un visage souriant, 
un regard plein de douceur. C'était en se portant en quelque 
sorte du côté opposé; en prenant une direction inverse, 
qu'il parvenait à ne pas succomber, à n'être pas vaincu par la colère.
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