HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

PLUTARQUE, Oeuvres morales, Sur les moyens de réprimer la colère

Chapitre 14

  Chapitre 14

[14] Δεῖ δὲ μήτε παίζοντας αὐτῇ διδόναι τόπον (ἔχθραν γὰρ ἐπάγει τῇ φιλοφροσύνῃ) μήτε κοινολογουμένους (φιλονεικίαν γὰρ ἐκ φιλολογίας ἀπεργάζεται) μήτε δικάζοντας (ὕβριν γὰρ τῇ ἐξουσίᾳ προστίθησι) μήτε παιδεύοντας (ἀθυμίαν γὰρ ἐμποιεῖ καὶ μισολογίαν) μήτ´ εὐτυχοῦντας (αὔξει γὰρ τὸν φθόνον) μήτε δυστυχοῦντας· ἀφαιρεῖ γὰρ τὸν ἔλεον, ὅταν δυσκολαίνωσι καὶ μάχωνται τοῖς συναχθομένοις· ὡς Πρίαμος "ἔρρετε, λωβητῆρες, ἐλεγχέες· οὔ νυ καὶ ὑμῖν οἴκοι ἔστι γόος, ὅτι μ´ ἤλθετε κηδήσοντες;" δ´ εὐκολία τοῖς μὲν βοηθεῖ τὰ δ´ ἐπικοσμεῖ τὰ δὲ συνηδύνει, περιγίνεται δὲ τῇ πραότητι καὶ θυμοῦ καὶ δυσκολίας ἁπάσης. ὥσπερ Εὐκλείδης τοῦ ἀδελφοῦ πρὸς αὐτὸν ἐκ διαφορᾶς εἰπόντος"ἀπολοίμην, εἰ μή σε τιμωρησαίμην" "ἐγὼ δέ" φήσας"ἀπολοίμην, εἰ μή σε πείσαιμι" διέτρεψε παραχρῆμα καὶ μετέθηκε. Πολέμων δὲ λοιδοροῦντος αὐτὸν ἀνθρώπου φιλολίθου καὶ περὶ σφραγίδια πολυτελῆ νοσοῦντος ἀπεκρίνατο μὲν οὐδὲν τῶν σφραγιδίων δ´ ἑνὶ προσεῖχε τὸν νοῦν καὶ κατεμάνθανεν· ἡσθεὶς οὖν ἄνθρωπος "μὴ οὕτως" εἶπεν " Πολέμων, ἀλλ´ ὑπ´ αὐγὰς θεῶ, καὶ πολύ σοι βέλτιον φανεῖται." δ´ Ἀρίστιππος ὀργῆς αὐτῷ πρὸς Αἰσχίνην γενομένης καί τινος εἰπόντος" Ἀρίστιππε, ποῦ ὑμῶν φιλία;" "καθεύδει" φησίν "ἐγὼ δ´ αὐτὴν ἐγερῶ," καὶ τῷ Αἰσχίνῃ προσελθὼν εἶπεν"οὕτω σοι δοκῶ παντάπασιν ἀτυχής τις εἶναι καὶ ἀνήκεστος, ὥστε μὴ νουθεσίας τυχεῖν;" δ´ Αἰσχίνης"οὐδέν" ἔφη"θαυμαστόν, εἰ πρὸς πάντα μου τῇ φύσει διαφέρων κἀνταῦθα τὸ δέον πρότερος συνεῖδες." "καὶ γὰρ κάπρον φριξαύχεν´ οὐ μόνον γυνή, παῖς δ´ ἂν νεογνὸς χειρὶ προσκνήθων νέᾳ κλίνοι παλαιστοῦ παντὸς εὐμαρέστερονἈλλ´ ἡμεῖς ἀγριαίνοντα τιθασεύομεν ζῷα καὶ πραΰνομεν, λυκιδεῖς καὶ σκύμνους λεόντων ἐν ταῖς ἀγκάλαις περιφέροντες, εἶτα τέκνα καὶ φίλους καὶ συνήθεις ἐκβάλλομεν ὑπ´ ὀργῆς, οἰκέταις δὲ καὶ πολίταις τὸν θυμὸν ὥσπερ θηρίον ἐφίεμεν, οὐ καλῶς ὑποκοριζόμενοι μισοπονηρίαν, ἀλλ´ ὥσπερ, οἶμαι, τῶν ἄλλων παθῶν τῆς ψυχῆς καὶ νοσημάτων τὸ μὲν πρόνοιαν τὸ δ´ ἐλευθεριότητα τὸ δ´ εὐσέβειαν καλοῦντες οὐδενὸς ἀπαλλαγῆναι δυνάμεθα. [14] Il ne faut pas qu'à la colère on donne occasion de se produire même en jouant : car elle ferait succéder la haine à la bienveillance. Bannissons-la également des réunions studieuses, où elle changerait en querelles les questions littéraires; des tribunaux, où elle mettrait l'insulte dans la bouche de celui qui est revêtu du pouvoir; de l'éducation, où elle produirait le découragement et la haine de l'étude. Ne l'autorisons pas chez les heureux, car on leur portera encore plus envie ; ni chez les malheureux, car elle empêchera qu'on ne les plaigne, si on les voit répondre par de la mauvaise humeur et de l'hostilité à ceux qui s'affligent avec eux, comme fait Priam s'écriant : "Détalez, importuns ! Vous qui venez des autres Épier les douleurs, n'avez-vous pas les vôtres"? L'égalité d'humeur, au contraire, est un secours dans certaines situations ; dans d'autres, elle est un ornement ; dans d'autres, un bonheur de plus. Par sa douce influence elle triomphe de la colère et de toute aigreur. Le frère d'Euclide, à la suite d'un différend, venait de lui dire : «Que je périsse si je ne me venge pas de toi!» — «Et moi, répondit Euclide, que je périsse si je ne te calme pas"! Il n'en fallut pas davantage pour détourner la colère de ce frère et changer son mauvais vouloir. Polémon était insulté par un homme qui était passionné pour les pierreries et qui avait la maladie des cachets coûteux. Sans lui répondre un mot il se mit à regarder attentivement un des anneaux de cet homme, et il étudiait le bijou. L'autre fut enchanté. "Non, pas dans ce sens, Polémon", lui dit-il. "Regarde-le au grand jour : il te paraîtra beaucoup plus beau." Aristippe s'était laissé emporter à une colère très-vive contre Eschine, et quelqu'un lui dit : "O Aristippe, où est l'amitié qui vous unissait?» —"Elle dort", répondit-il, "mais je vais la réveiller". Et se rendant auprès d'Eschine : «Te semblé-je, lui dit-il, tellement malheureux et incurable que je ne puisse même être digne de tes reproches?» Eschine lui répondit : "Il n'est pas étonnant que supérieur en tout à moi par l'excellence de ta nature, tu aies, dans cette circonstance aussi, vu le premier ce qu'il était convenable de faire." "Qu'un sanglier farouche, au crin qui se hérisse, Par les doigts d'une femme ou par la main novice D'un enfant soit gratté sur le dos mollement, Il s'incline et s'abat, vaincu plus aisément Que par le bras puissant d'un vigoureux athlète." Nous apprivoisons, nous adoucissons des animaux féroces, nous portons dans nos bras des louveteaux et des lionceaux; et lorsque nous sommes en colère nous repoussons nos enfants, nos amis, et ceux avec qui nous vivons d'habitude ! Contre nos domestiques, contre nos concitoyens nous lâchons notre colère comme une bête furieuse. Par un détour qui n'est pas honorable, nous prétextons la haine que nous portons aux méchants. Nous en agissons, ce me semble, ainsi qu'avec les autres passions, les autres maladies de notre âme, comme quand nous appelons tel vice prévoyance, tel autre libéralité, tel autre pitié, de sorte que nous ne pouvons nous débarrasser d'aucun d'eux.


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Dernière mise à jour : 23/05/2005