| [12] Αὕτη μὲν οὖν ἴσως οὐκ ὀργῆς ἰατρεία φανεῖται, διάκρουσις
 δὲ καὶ φυλακὴ τῶν ἐν ὀργῇ τινος ἁμαρτημάτων.
 καίτοι καὶ σπληνὸς οἴδημα σύμπτωμα μέν ἐστι πυρετοῦ
 πραϋνόμενον δὲ κουφίζει τὸν πυρετόν, ὥς φησιν Ἱερώνυμος. 
 ἀλλ´ αὐτῆς γε τῆς ὀργῆς
 ἀναθεωρῶν τὴν γένεσιν ἄλλους ὑπ´ ἄλλων αἰτιῶν ἐμπίπτοντας
 εἰς αὐτὴν ἑώρων, οἷς ἐπιεικῶς ἅπασι δόξα τοῦ
 καταφρονεῖσθαι καὶ ἀμελεῖσθαι παραγίνεται. διὸ καὶ τοῖς
 παραιτουμένοις ὀργὴν δεῖ βοηθεῖν πορρωτάτω τὴν πρᾶξιν
 ὀλιγωρίας ἀπάγοντας καὶ θρασύτητος, εἰς ἄγνοιαν ἢ ἀνάγκην
 ἢ πάθος ἢ δυστυχίαν τιθεμένους· ὡς Σοφοκλῆς
 "ἀλλ´ οὐ γάρ, ὦναξ, οὐδ´ ὃς ἂν βλάστῃ μένει
 νοῦς τοῖς κακῶς πράξασιν, ἀλλ´ ἐξίσταται."
  καὶ τῆς Βρισηΐδος τὴν ἀφαίρεσιν εἰς τὴν Ἄτην ἀναφέρων
 ὁ Ἀγαμέμνων ὅμως 
 "ἂψ ἐθέλει ἀρέσαι,  δόμεναί τ´ ἀπερείσι´ ἄποινα.·" 
 Καὶ γὰρ τὸ δεῖσθαι τοῦ μὴ  καταφρονοῦντός ἐστι, καὶ 
 ταπεινὸς φανεὶς ὁ ἀδικήσας  ἔλυσε τὴν τῆς ὀλιγωρίας 
 δόξαν. οὐ δεῖ δὲ ταῦτα περιμένειν  τὸν ὀργιζόμενον, 
 ἀλλὰ τὸ τοῦ Διογένους "οὗτοί σου καταγελῶσιν ὦ Διόγενες·" 
 "ἐγὼ δ´ οὐ καταγελῶμαι" λαμβάνειν ἑαυτῷ, 
 καὶ καταφρονεῖσθαι μὴ νομίζειν ἀλλὰ μᾶλλον
 ἐκείνου καταφρονεῖν ὡς δι´ ἀσθένειαν, ἢ πλημμέλειαν,
 ἢ προπέτειαν, ἢ ῥᾳθυμίαν, ἢ ἀνελευθερίαν, ἢ γῆρας,
 ἢ νεότητα πλημμελοῦντος. οἰκέταις δὲ καὶ φίλοις ἀφετέον
 τὸ τοιοῦτο παντάπασιν· οὐ γὰρ ὡς ἀδυνάτων οὐδ´
 ὡς ἀπράκτων, ἀλλὰ δι´ ἐπιείκειαν ἢ δι´ εὔνοιαν οἱ μὲν ὡς
 χρηστῶν οἱ δ´ ὡς φιλούντων καταφρονοῦσι. νυνὶ δ´ οὐ
 μόνον πρὸς γυναῖκα καὶ δούλους καὶ φίλους ὡς καταφρονούμενοι
 τραχέως ἔχομεν, ἀλλὰ καὶ πανδοκεῦσι καὶ ναύταις
 καὶ ὀρεωκόμοις μεθύουσι πολλάκις ὑπ´ ὀργῆς συμπίπτομεν
 οἰόμενοι καταφρονεῖσθαι, καὶ κυσὶν ὑλακτοῦσι 
 καὶ ὄνοις ἐμβάλλουσι χαλεπαίνομεν· ὡς ἐκεῖνος ὁ βουλόμενος
 τύπτειν τὸν ὀνηλάτην, εἶτ´ ἀνακραγόντος ὅτι
"Ἀθηναῖός εἰμι,""σὺ μὲν  οὖν  οὐκ εἶ Ἀθηναῖος" τὸν
 ὄνον λέγων ἔτυπτε καὶ πολλὰς ἐνεφόρει πληγάς.
  | [12] Peut-être dans ces recommandations quelqu'un 
verra-t-il un traitement moins propre à guérir cette passion 
qu'à éloigner et éviter les fautes causées par elle. II est 
vrai : mais je réponds que le gonflement de la rate n'est pas 
non plus une cause efficiente de la fièvre. Il en est simplement 
l'accessoire; et toutefois quand il est adouci, la fièvre 
en est grandement allégée, ainsi que dit Hiéronyme. J'ai 
attentivement examiné de quelle façon se produit la colère, 
et j'ai reconnu que si les uns y succombent pour une cause, 
les autres pour une autre, il y a vraisemblablement chez 
tous une opinion commune : c'est qu'ils ont été ou méprisés 
ou négligés. Conséquemment, pour venir en aide à ceux qui 
désirent résister à cette passion, il faut éloigner de leur esprit 
tout soupçon de dédain et d'insolence, et leur laisser 
croire que l'acte dont ils se plaignent est échappé à la folie, 
a été commandé par la nécessité, motivé par la passion ou 
par le malheur. Comme quand Sophocle dit :
"Prince, ils ont mal agi; mais en cette injustice 
De leur libre raison ils n'ont plus l'exercice."
Lorsque Agamennon met sur le compte de la déesse Até 
l'enlèvement de Briséis, il dit de même
"A la paix disposé, j'apporte des présents".
C'est qu'en effet les prières ne sont pas une preuve de 
mépris, et quand on s'humilie après avoir fait mal on ne 
laisse plus supposer qu'on ait voulu être dédaigneux. L'offensé 
ne doit même pas attendre qu'on en soit venu là. Il 
doit imiter Diogène : «Diogène ces gens se moquent de toi», 
lui disait-on. — «Eh bien, moi je ne me sens pas moqué», 
répondit le Cynique. Il faut s'approprier ce mot. Au lieu 
de se croire méprisé des autres, on devra les mépriser soi-même 
en attribuant leur faute à la faiblesse, à la négligence, 
à la précipitation, à l'indolence, à la bassesse, au 
grand âge, à une étourderie de jeune homme. Envers nos 
domestiques et nos amis il faut absolument professer une 
semblable indulgence. Disons-nous intérieurement : «Ce 
n'est pas qu'ils nous refusent le pouvoir ou la volonté d'agir : 
mais c'est qu'ils connaissent les uns notre douceur, les autres, 
notre bienveillance. Les premiers ne s'inquiètent point, 
parce qu'ils comptent sur notre indulgence, les seconds, 
parce qu'ils connaissent notre amitié pour eux."
Et pourtant ce n'est pas seulement contre notre femme, 
contre nos esclaves, que nous nous irritons, convaincus qu'ils 
nous ont traités avec dédain. C'est contre des cabaretiers, 
des matelots, des palefreniers ivres qu'éclate le plus souvent 
notre humeur rude. Nous nous figurons être l'objet de leur 
mépris. Des chiens qui aboient, des ânes qui se ruent excitent 
aussi notre fureur. Cela me rappelle un homme qui 
voulait battre un ânier. L'ânier criait de toutes ses forces :
"Je suis Athénien". «Eh bien, toi, tu n'es pas Athénien», 
dit le furieux en s'adressant à l'âne; et il se mit à 
accabler de coups le pauvre animal.
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