[7] Καὶ ταύτας γε πρῶτον διέλθωμεν. ἡ μὲν οὖν πρὸς
τὰ εὐώδη καὶ κινοῦντα ταῖς ἀποφοραῖς τὴν ὄσφρησιν
οἰκείως ἡδονὴ πρὸς τῷ τὸ ὄφελος καὶ προῖκα καὶ ἁπλοῦν
ἔχειν ἅμα χρείαν τινὰ συμβάλλεται τῇ διαγνώσει τῆς τροφῆς.
ἡ μὲν γὰρ γλῶττα τοῦ γλυκέος καὶ δριμέος καὶ αὐστηροῦ
γνώμων ἐστί τε καὶ λέγεται, ὅταν τῷ γευστικῷ προσμιγέντες
οἱ χυμοὶ σύγχυσίν τινα λάβωσιν· ἡ δ´ ὄσφρησις
ἡμῶν πρὸ τῶν χυμῶν γνώμων οὖσα τῆς δυνάμεως
ἑκάστου πολὺ τῶν βασιλικῶν προγευστῶν σκεπτικώτερον
διαισθανομένη, τὸ μὲν οἰκεῖον εἴσω παρίησι τὸ δ´ ἀλλότριον
ἀπελαύνει καὶ οὐκ ἐᾷ θιγεῖν οὐδὲ λυπῆσαι τὴν γεῦσιν
ἀλλὰ διαβάλλει καὶ κατηγορεῖ τὴν φαυλότητα πρὶν
ἢ βλαβῆναι· τἄλλα δ´ οὐκ ἐνοχλεῖ, καθάπερ ὑμῖν, τὰ
θυμιάματα καὶ κινάμωμα καὶ νάρδους καὶ φύλλα καὶ
καλάμους Ἀραβικοὺς μετὰ δεινῆς τινος καὶ δευσοποιοῦ
φαρμακίδος τέχνης, ᾗ μυρεψικῆς ὄνομα, συνάγειν εἰς
ταὐτὸ καὶ † συμφαγεῖν ἀναγκάζουσα, χρημάτων πολλῶν
ἡδυπάθειαν ἄνανδρον καὶ κορασιώδη καὶ πρὸς οὐδὲν οὐδαμῶς
χρήσιμον ὠνουμένους. ἀλλὰ καίπερ οὖσα τοιαύτη
διέφθαρκεν οὐ μόνον πάσας γυναῖκας ἀλλὰ καὶ τῶν ἀνδρῶν
ἤδη τοὺς πλείστους, ὡς μηδὲ ταῖς αὑτῶν ἐθέλειν
συγγίγνεσθαι γυναιξίν, εἰ μὴ μύρων ὑμῖν ὀδωδυῖαι καὶ
διαπασμάτων εἰς ταὐτὸ φοιτῷεν. ἀλλὰ κάπρους τε σύες
καὶ τράγους αἶγες καὶ τἄλλα θήλεα τοὺς συννόμους αὐτῶν
ταῖς ἰδίαις ὀσμαῖς ἐπάγεται, δρόσου τε καθαρᾶς καὶ
λειμώνων ὀδωδότα καὶ χλόης, συμφέρεται δὲ πρὸς τοὺς
γάμους ὑπὸ κοινῆς φιλοφροσύνης, οὐχὶ θρυπτόμεναι μὲν αἱ
θήλειαι καὶ προϊσχόμεναι τῆς ἐπιθυμίας ἀπάτας καὶ γοητείας
καὶ ἀρνήσεις, οἱ δ´ ἄρρενες ὑπ´ οἴστρου καὶ μαργότητος
ὠνούμενοι μισθῶν καὶ πόνου καὶ λατρείας τὸ τῆς
γενέσεως ἔργον, ἄδολον δὲ σὺν καιρῷ καὶ ἄμισθον Ἀφροδίτην
μετιόντες, ἣ καθ´ ὥραν ἔτους ὥσπερ φυτῶν βλάστην
ἐγείρουσα τῶν ζῴων τὴν ἐπιθυμίαν εὐθὺς ἔσβεσεν, οὔτε
τοῦ θήλεος προσιεμένου μετὰ τὴν κύησιν οὔτε πειρῶντος
ἔτι τοῦ ἄρρενος. οὕτω μικρὰν ἔχει καὶ ἀσθενῆ τιμὴν ἡ
ἡδονὴ παρ´ ἡμῖν τὸ δ´ ὅλον ἡ φύσις. ὅθεν οὔτ´ ἄρρενος
πρὸς ἄρρεν οὔτε θήλεος πρὸς θῆλυ μῖξιν αἱ τῶν θηρίων
ἐπιθυμίαι μέχρι γε νῦν ἐνηνόχασιν· ὑμῶν δὲ πολλὰ τοιαῦτα
τῶν σεμνῶν καὶ ἀγαθῶν. ἐῶ γὰρ τοὺς οὐδενὸς
ἀξίους· ὁ δ´ Ἀγαμέμνων τὴν Βοιωτίαν ἐπῆλθε κυνηγετῶν
τὸν Ἄργυννον ὑποφεύγοντα καὶ καταψευδόμενος τῆς
θαλάσσης καὶ τῶν πνευμάτων, εἶτα καλὸν καλῶς ἑαυτὸν
βαπτίζων εἰς τὴν Κωπαΐδα λίμνην, ὡς αὐτόθι κατασβέσων
τὸν ἔρωτα καὶ τῆς ἐπιθυμίας ἀπαλλαξόμενος· ὁ δ´
Ἡρακλῆς ὁμοίως ἑταῖρον ἀγένειον ἐπιδιώκων ἀπελείφθη
τῶν ἀριστέων καὶ προύδωκε τὸν στόλον· ἐν δὲ τῇ θόλῳ
τοῦ Πτῴου Ἀπόλλωνος λαθών τις ὑμῶν ἐνέγραψεν ‘Ἀχιλ–
λεὺς καλός’ ἤδη τοῦ Ἀχιλλέως υἱὸν ἔχοντος, καὶ τὰ γράμματα
πυνθάνομαι διαμένειν. ἀλεκτρυὼν δ´ ἀλεκτρυόνος
ἐπιβαίνων, θηλείας μὴ παρούσης, καταπίμπραται ζωός,
μάντεώς τινος ἢ τερατοσκόπου μέγα καὶ δεινὸν ἀποφαίνοντος
εἶναι τὸ γιγνόμενον. οὕτω καὶ παρ´ αὐτῶν ἀνωμολόγηται
τῶν ἀνθρώπων, ὅτι μᾶλλον τοῖς θηρίοις σωφρονεῖν
προσήκει καὶ μὴ παραβιάζεσθαι ταῖς ἡδοναῖς τὴν
φύσιν. τὰ δ´ ἐν ὑμῖν ἀκόλαστα οὐδὲ τὸν νόμον ἔχουσα
σύμμαχον ἡ φύσις ἐντὸς ὅρων καθείργνυσιν, ἀλλ´ ὥσπερ
ὑπὸ ῥεύματος ἐκφερόμενα πολλαχοῦ ταῖς ἐπιθυμίαις δεινὴν
ὕβριν καὶ ταραχὴν καὶ σύγχυσιν ἐν τοῖς ἀφροδισίοις
ἀπεργάζεται τῆς φύσεως. καὶ γὰρ αἰγῶν ἐπειράθησαν ἄνδρες
καὶ ὑῶν καὶ ἵππων μιγνύμενοι καὶ γυναῖκες ἄρρεσι
θηρίοις ἐπεμάνησαν· | ἐκ γὰρ τῶν τοιούτων γάμων ὑμῖν
Μινώταυροι καὶ Αἰγίπανες, ὡς δ´ ἐγᾦμαι καὶ Σφίγγες
ἀναβλαστάνουσι καὶ Κένταυροι. καίτοι διὰ λιμόν ποτ´
ἀνθρώπου καὶ κύων ἔφαγεν ὑπ´ ἀνάγκης καὶ ὄρνις ἀπεγεύσατο·
πρὸς δὲ συνουσίαν οὐδέποτε θηρίον ἐπεχείρησεν
ἀνθρώπῳ χρήσασθαι. θηρία δ´ ἄνθρωποι καὶ πρὸς
ταῦτα καὶ πρὸς ἄλλα πολλὰ καθ´ ἡδονὰς βιάζονται καὶ
παρανομοῦσιν.
| [7] Et d'abord, passons en revue ces sensualités physiques.
Le plaisir particulier que cause à notre odorat l'émanation
des bonnes odeurs n'est pas seulement une satisfaction simple
et peu coûteuse; il contribue encore de la façon la plus
utile à guider notre discernement pour notre nourriture. On
dit, et rien n'est plus vrai, que la langue fait reconnaître
les saveurs douces, les fortes et les amères, quand les différents
sucs, mêlés et confondus ensemble, sont appréciés par
le sens du goût. Mais, avant même que le palais fasse son
office, notre odorat juge de la valeur des différents sucs;
et il n'y a pas de dégustateurs royaux qui sachent prononcer
avec une exactitude égale à la nôtre. Notre odorat
nous indique ce qui nous est bon, ce que nous pouvons
manger; il repousse ce qui nous est contraire; il ne permet
pas que nous y touchions, que nous en blessions notre
palais. Il nous en signale, il nous en dénonce le danger
avant que ce danger nous soit préjudiciable. Pour le reste, ce
sens ne nous cause pas, comme à vous, des préoccupations
fatigantes : nous n'avons pas besoin de parfums tels que
ceux que vous composez avec le cinnamome et le nard,
avec certaines feuilles, avec certains roseaux de l'Arabie.
C'est là pour vous une occasion de faire des teintures, de
préparer des drogues, et vous appelez cela faire de la
parfumerie. Vous êtes obligés de combiner ainsi une foule de
substances que vous vous incorporez : ce qui est une
sensualité indigne d'hommes et faite pour de petites maîtresses
seulement. Vous y dépensez beaucoup d'argent, pour n'en
retirer aucun profit. Et pourtant, tel qu'il est, ce besoin
factice a si fort corrompu, non seulement toutes les femmes,
mais encore la majorité des hommes, que vous ne
consentez pas à coucher avec vos moitiés si elles ne se
rapprochent de vous exhalant les parfums et saupoudrées
d'aromates. Au contraire le sanglier n'est attiré vers la laie, le
bouc, vers la chèvre, chaque autre mâle, vers sa femelle, que
par la fraîche odeur de rosée et d'herbe des champs qu'exhale
cette moitié de lui-même. C'est une tendresse commune
qui préside à leur rapprochement, sans que les femelles,
par une coquetterie raffinée, provoquent les désirs à force de
ruses, de séductions et de refus, sans que les mâles, dans
leurs transports impudiques, poursuivent à prix d'argent et
par de fatigantes assiduités le droit de se reproduire. Parmi
nous l'amour est sans artifices. Il est opportun; il ne se
vend point; il se produit à une saison fixe de l'année, comme
le mouvement de la végétation. Allumé à la fois dans les
veines de tous les animaux, c'est un désir qui ne tarde pas
à s'éteindre. Dès que la femelle a conçu elle n'accepte plus
les recherches du mâle, et celui-ci n'essaye pas de les continuer.
Tant il est vrai que chez nous la volupté est peu de
chose et qu'à nos yeux elle est à peu près sans force et sans
valeur! Tout est pour la nature.
Aussi l'amour des mâles avec les mâles, des femelles avec
les femelles, est-il un goût qui ne s'est pas, jusqu'ici du moins,
produit parmi les animaux. Chez vous cette odieuse passion
égare les personnages les plus graves et les plus courageux.
Sans parler des hommes de rien, Agamemnon parcourut
la Béotie en poursuivant comme un chasseur Argynnus
qui le fuyait. Il accusait faussement et la mer et les
aquilons, puis enfin il se plongeait bravement, le bel
amoureux, dans les eaux du lac Copaïs pour y éteindre l'ardeur
de son désir et s'y débarrasser de sa flamme. Hercule,
pareillement, occupé à courir après un de ses compagnons
encore imberbe, abandonna les plus braves de son équipage
et fit manquer le but de l'expédition. Sur le frontispice
du temple d'Apollon Ptoüs, quelqu'un de vous traça furtivement
cette inscription : « ô bel Achille! » bien qu'Achille
eût déjà un fils; et j'ai entendu dire que cette inscription
subsiste encore. Si un coq n'ayant pas de poules auprès de
lui vient à saillir un autre coq, il est brûlé tout vif, et un
devin, un interprète des prodiges ne manque pas de déclarer
que c'est un fait grave, un présage terrible. Tant il
est vrai que les hommes eux-mêmes s'accordent à reconnaître
que la modération convient mieux aux bêtes, et que
celles-ci dans leurs désirs ne font pas violence à la nature !
Chez vous l'intempérance n'est pas réprimée par le secours
des lois, et la nature est impuissante à la contenir dans de
justes limites. C'est un torrent qui se précipite. La consommation
de vos désirs amoureux donne bien souvent naissance
à des monstruosités qui déshonorent la nature, qui bouleversent
et confondent ses lois. Des hommes ont cherché à
s'accoupler avec des chèvres, avec des truies, avec des juments,
des femmes se sont passionnées pour des animaux
mâles; et de ces mariages naissent parmi vous les Minotaures,
les Egypans, et aussi, je pense, les Sphinx et les
Centaures. Sans doute, pressé par la faim un chien a
quelquefois mangé de l'homme, un oiseau en a aussi goûté
quelquefois; mais jamais une bête n'a tenté de s'accoupler
à une créature humaine, tandis que pour satisfaire cette
sensualité et bien d'autres les hommes abusent des bêtes
par la violence et au mépris de toutes les lois.
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