[8] Οὕτω δὲ φαῦλοι καὶ ἀκρατεῖς περὶ τὰς εἰρημένας
ἐπιθυμίας ὄντες ἔτι μᾶλλον ἐν ταῖς ἀναγκαίαις ἐλέγχονται
πολὺ τῷ σωφρονεῖν ἀπολειπόμενοι τῶν θηρίων. αὗται
δ´ εἰσὶν αἱ περὶ βρῶσιν καὶ πόσιν· ὧν ἡμεῖς μὲν τὸ ἡδὺ
μετὰ χρείας τινὸς ἀεὶ λαμβάνομεν, ὑμεῖς δὲ τὴν ἡδονὴν
μᾶλλον ἢ τὸ κατὰ φύσιν τῆς τροφῆς διώκοντες ὑπὸ πολλῶν
καὶ μακρῶν κολάζεσθε νοσημάτων, ἅπερ ἐκ μιᾶς
πηγῆς ἐπαντλούμενα τῆς πλησμονῆς τοῖς σώμασι παντοδαπῶν
πνευμάτων καὶ δυσκαθάρτων ὑμᾶς ἐμπίπλησι.
πρῶτον μὲν γὰρ ἑκάστῳ γένει ζῴου μία τροφὴ σύμφυλός
ἐστι, τοῖς μὲν πόα τοῖς δὲ ῥίζα τις ἢ καρπός· ὅσα δὲ σαρκοφαγεῖ,
πρὸς οὐδὲν ἄλλο τρέπεται βορᾶς εἶδος οὐδ´ ἀφαιρεῖται
τῶν ἀσθενεστέρων τὴν τροφήν, ἀλλ´ ἐᾷ νέμεσθαι
καὶ λέων ἔλαφον καὶ λύκος πρόβατον ᾗ πέφυκεν. ὁ δ´ ἄνθρωπος
ἐπὶ πάντα ταῖς ἡδοναῖς ὑπὸ λαιμαργίας ἐξαγόμενος
καὶ πειρώμενος πάντων καὶ ἀπογευόμενος, ὡς
οὐδέπω τὸ πρόσφορον καὶ οἰκεῖον ἐγνωκώς, μόνος γέγονε
τῶν ὄντων παμφάγον. καὶ σαρξὶ χρῆται πρῶτον ὑπ´
οὐδεμιᾶς ἀπορίας οὐδ´ ἀμηχανίας (ᾧ πάρεστιν ἀεὶ καθ´
ὥραν ἄλλ´ ἐπ´ ἄλλοις ἀπὸ φυτῶν καὶ σπερμάτων τρυγῶντι
καὶ λαμβάνοντι καὶ δρεπομένῳ μὴ κάμνειν διὰ πλῆθος),
ἀλλ´ ὑπὸ τρυφῆς καὶ κόρου τῶν ἀναγκαίων βρώσεις ἀνεπιτηδείους
καὶ οὐ καθαρὰς σφαγαῖς ζῴων μετερχόμενος
πολὺ τῶν ἀγριωτάτων θηρίων ὠμότερον· αἷμα μὲν γὰρ
καὶ φόνος καὶ σάρκες ἰκτίνῳ καὶ λύκῳ καὶ δράκοντι σιτίον
οἰκεῖον, ἀνθρώπῳ δ´ ὄψον ἐστίν. ἔπειτα παντὶ γένει χρώμενος
οὐχ ὡς τὰ θηρία τῶν πλείστων ἀπέχεται ὀλίγοις
δὲ πολεμεῖ διὰ τὴν τῆς τροφῆς ἀνάγκην, ἀλλ´ οὔτε τι
πτηνὸν οὔτε νηκτὸν ὡς ἔπος εἰπεῖν οὔτε χερσαῖον ἐκπέφευγε
τὰς ἡμέρους δὴ λεγομένας ὑμῶν καὶ φιλοξένους
τραπέζας.
| [8] Que si les hommes montrent tant de bassesse et
d'intempérance dans les plaisirs dont je viens de parler, on
reconnaît encore bien davantage, quand il s'agit des besoins,
comme ils sont loin des bêtes pour la modération. Je
parle ici des besoins du manger et du boire. Nous autres
nous n'y goûtons quelque plaisir qu'en y trouvant de l'utilité.
Mais vous, c'est la sensualité que vous poursuivez,
plutôt qu'une réfection naturelle; (et, du reste, de nombreuses
et longues maladies vous en punissent. Ces maladies
nées d'une même source, qui est la réplétion, vous
remplissent de flatuosités de toute espèce dont vous avez
grand'peine à vous débarrasser). En premier lieu, à chaque
espèce d'animaux est attribué un aliment spécial : aux
uns l'herbe des champs ; aux autres une certaine racine,
un certain fruit. Ceux qui sont carnivores ne se tournent
vers aucune autre espèce de nourriture, et n'enlèvent pas
aux plus faibles celle qui leur est réservée. Le lion laisse
la biche, le loup laisse la brebis vivre de ce que naturellement
elles doivent manger. Mais l'homme, dans sa gourmandise,
porte ses désirs sur tout domaine : il essaye, il
goûte de tout. Comme s'il n'avait pas encore reconnu quel
aliment lui est propre et particulier, il est, de tous les êtres,
le seul omnivore. D'abord il se nourrit de chair, sans qu'aucune
disette, aucune insuffisance l'y oblige, puisque toujours
chaque saison lui prodigue successivement des plantes
et des graines qu'il vendange, qu'il récolte, qu'il cueille, et
puisque jamais le nombre ne lui en fait défaut. Mais, par
sensualité et par dégoût des aliments nécessaires, il en va
chercher d'autres, qui ne lui conviennent point, qui sont
impurs, et qu'il se procure en égorgeant des animaux.
L'homme n'est-il pas cent fois plus cruel que les bêtes ]es
plus sauvages? Le sang, le carnage, la chair sont pour le
milan, pour le loup ou le dragon, une nourriture appropriée
à leurs besoins ; pour l'homme, c'est un régal. Ensuite,
comme il consomme toute espèce de choses, il ne
s'abstient pas, ce que font les bêtes, d'un grand nombre
d'aliments. Il ne se borne pas, comme elles, à déclarer
la guerre à une petite quantité d'animaux pour se procurer
ce dont il a besoin. Il n'y a ni volatile, ni poisson, pour
ainsi dire, ni animal de terre, qui échappe au tribut que
vous levez pour vos tables, appelées par vous « tables douces
et hospitalières".
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