[16] Ταῦτα δ´ οὐ κατηγορίαν ἡγητέον ἀλλ´ ἰατρείαν τῆς
ἀδολεσχίας· τῶν γὰρ παθῶν κρίσει καὶ ἀσκήσει περιγινόμεθα,
προτέρα δ´ ἡ κρίσις ἐστίν. οὐδεὶς γὰρ ἐθίζεται
φεύγειν καὶ ἀποτρίβεσθαι τῆς ψυχῆς ὃ μὴ δυσχεραίνει·
δυσχεραίνομεν δὲ τὰ πάθη, ὅταν τὰς βλάβας καὶ τὰς
αἰσχύνας τὰς ἀπ´ αὐτῶν τῷ λόγῳ κατανοήσωμεν. ὥσπερ
νῦν κατανοοῦμεν ἐπὶ τῶν ἀδολέσχων, ὅτι φιλεῖσθαι βουλόμενοι
μισοῦνται, χαρίζεσθαι θέλοντες ἐνοχλοῦσι, θαυμάζεσθαι
δοκοῦντες καταγελῶνται, κερδαίνοντες οὐδὲν
ἀναλίσκουσιν, ἀδικοῦσι τοὺς φίλους, ὠφελοῦσι τοὺς
ἐχθρούς, ἑαυτοὺς ἀπολλύουσιν. ὥστε τοῦτο πρῶτον ἴαμα
καὶ φάρμακόν ἐστι τοῦ πάθους, ὁ τῶν ἀπ´ αὐτοῦ γινομένων
αἰσχρῶν καὶ ὀδυνηρῶν ἐπιλογισμός.
| [16] Si je m'exprime ainsi, qu'on ne croie pas que ce soit
pour accuser seulement le bavardage. C'est aussi pour le
guérir. On triomphe des passions par le bon sens et par l'exercice,
mais le bon sens est la première des choses. Nous ne
prenons l'habitude de fuir un vice et d'en débarrasser notre
âme, que si ce vice nous est odieux. Or, les vices ne nous
apparaissent comme tels que quand la raison nous a fait
comprendre le dommage et la honte qui en sont la suite.
Ainsi, par exemple, nous comprenons, à l'heure qu'il est,
que les bavards en voulant se faire aimer se rendent odieux,
qu'en croyant être admirés ils ne sont que ridicules, qu'au
lieu de retirer un profit quelconque ils dépensent en pure
perte, enfin que, sans être utiles à ceux qu'ils aiment, ils
sont inutiles à leurs ennemis et consomment leur propre
perte. C'est donc apporter une première guérison, un premier
remède au mal, que de réfléchir à la honte et à la
douleur dont cette manie est la cause.
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