| [15] Εἰ τοίνυν ἔροιτό τις 
‘τὸν κάκιστον ὅστις ἐστὶ καὶ τὸν ἐξωλέστατον’,
οὐδεὶς ἂν ἄλλον εἴποι τὸν προδότην παρελθών. Εὐθυκράτης
μὲν οὖν ‘ἤρεψε τὴν οἰκίαν τοῖς ἐκ Μακεδονίας ξύλοις’
ὥς φησι Δημοσθένης, Φιλοκράτης δὲ χρυσίον
πολὺ λαβὼν ‘πόρνας καὶ ἰχθῦς ἠγόραζεν’,
 Εὐφόρβῳ δὲ καὶ Φιλάγρῳ τοῖς Ἐρέτριαν προδοῦσι χώραν
 ὁ βασιλεὺς ἔδωκεν· ὁ δ´ ἀδόλεσχος ἄμισθός ἐστι προδότης
 καὶ αὐτεπάγγελτος, οὐχ ἵππους οὐδὲ τείχη προδιδούς,
ἀλλὰ λόγους ἐκφέρων ἀπορρήτους ἐν δίκαις ἐν στάσεσιν ἐν
διαπολιτείαις, μηδενὸς αὐτῷ χάριν ἔχοντος, ἀλλ´ αὐτός,
ἂν ἀκούηται, προσοφείλων χάριν. ὥστε τὸ λελεγμένον
πρὸς τὸν εἰκῆ καὶ ἀκρίτως ἐκχέοντα τὰ ἑαυτοῦ καὶ καταχαριζόμενον
‘οὐ φιλάνθρωπος σύ γ´ ἐσς´· ἔχεις νόσον, χαίρεις διδούς’
ἐναρμόττει καὶ πρὸς τὸν φλύαρον· ‘οὐ φίλος εἶ σὺ ταῦτα
μηνύων οὐδ´ εὔνους· ἔχεις νόσον, χαίρεις λαλῶν καὶ φλυαρῶν.’
 | [15] Continuons. Si l'on demande quel est parmi les plus 
méchants celui qui est le plus pernicieux, il n'y a personne 
qui, à l'exclusion de tous, ne nomme le traître. Comme tel, 
on signale Euthycrate, qui couvrit sa maison avec les bois 
qu'on lui envoyait de Macédoine. Si nous en croyons Démosthène, 
Philocrate reçut une somme d'argent considérable 
avec laquelle il acheta des femmes perdues et des poissons 
rares. Euphorbe et Philagre, qui avaient livré Érétrie, 
eurent du roi de Macédoine des terres en récompense. Mais 
le bavard n'a pas besoin d'être soudoyé pour trahir. Il offre 
de lui-même ses services, non pour livrer une cavalerie ou 
une forteresse, mais pour divulguer des secrets devant les
tribunaux, dans les séditions, dans les rivalités politiques. 
Personne pourtant ne lui en sait gré. C'est lui au contraire 
qui se montre reconnaissant si l'on veut bien l'écouter. Aussi 
les paroles adressées à celui qui répand son bien au hasard, 
sans discernement, avec une coupable prodigalité :
"Ce n'est point de ta part bonté, c'est maladie : 
Tu te plais à donner ..."	
ces paroles s'appliquent également au bavard : « Ce n'est 
point par amitié, peut-on lui dire, que tu donnes ces 
renseignements, ce n'est point par bienveillance. Tu as une 
maladie : c'est d'aimer à parler et à dire des fadaises. »
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