[2] Πολλῶν μὲν δὴ καὶ ἄλλων ἡ πόλις ἥδε μήτηρ καὶ
τροφὸς εὐμενὴς τεχνῶν γέγονε, τὰς μὲν εὑραμένη καὶ
ἀναφήνασα πρώτη, ταῖς δὲ δύναμιν προσθεῖσα καὶ τιμὴν
καὶ αὔξησιν· οὐχ ἥκιστα δ´ ὑπ´ αὐτῆς ζωγραφία προῆκται
καὶ κεκόσμηται. | καὶ γὰρ Ἀπολλόδωρος ὁ ζωγράφος,
ἀνθρώπων πρῶτος ἐξευρὼν φθορὰν καὶ ἀπόχρωσιν σκιᾶς,
Ἀθηναῖος ἦν· οὗ τοῖς ἔργοις ἐπιγέγραπται ’μωμήσεταί
τις μᾶλλον ἢ μιμήσεται.‘ καὶ Εὐφράνωρ καὶ Νικίας καὶ
Ἀσκληπιόδωρος καὶ Πλεισταίνετος ὁ Φειδίου ἀδελφός, οἱ
μὲν στρατηγοὺς ἔγραψαν νικῶντας, οἱ δὲ μάχας, οἱ δ´
ἥρωας· ὥσπερ Εὐφράνωρ τὸν Θησέα τὸν ἑαυτοῦ τῷ
Παρρασίου παρέβαλε, λέγων τὸν μὲν ἐκείνου ῥόδα βεβρωκέναι,
τὸν δ´ ἑαυτοῦ κρέα βόεια. τῷ γὰρ ὄντι γλαφυρῶς ὁ
Παρρασίου γέγραπται - - - καὶ πεποίηται καί τι προσέοικε.’
τὸν δ´ Εὐφράνορος ἰδών τις εἶπεν οὐκ ἀφυῶς
‘δῆμον Ἐρεχθῆος μεγαλήτορος, ὅν ποτ´ Ἀθήνη
θρέψε Διὸς θυγάτηρ.’
γέγραφε δὲ καὶ τὴν ἐν Μαντινείᾳ πρὸς Ἐπαμεινώνδαν
ἱππομαχίαν οὐκ ἀνενθουσιάστως Εὐφράνωρ. τὸ δ´ ἔργον
ἔσχεν οὕτως· Ἐπαμεινώνδας Θηβαῖος ἀπὸ τῆς ἐν Λεύκτροις
μάχης ἀρθεὶς μέγας ἐπεμβῆναι τῇ Σπάρτῃ πεσούσῃ
καὶ πατῆσαι τὸ φρόνημα καὶ τὸ ἀξίωμα τῆς πόλεως
ἠθέλησε. καὶ πρῶτα μὲν ἐμβαλὼν ἑπτὰ μυριάσι στρατοῦ
διεπόρθησε τὴν χώραν καὶ τοὺς περιοίκους ἀπέστησεν
αὐτῶν· ἔπειτα περὶ Μαντίνειαν ἀντιτεταγμένους εἰς μάχην
προυκαλεῖτο. μὴ βουλομένων δὲ μηδὲ τολμώντων, ἀλλὰ
τὴν Ἀθήνηθεν ἐπικουρίαν ἐκδεχομένων, νυκτὸς ἄρας καὶ
λαθὼν ἅπαντας εἰς τὴν Λακωνικὴν κατέβη, καὶ μικρὸν
ἔφθη τὴν πόλιν ἔρημον ἐξ ἐφόδου λαβεῖν καὶ κατασχεῖν.
αἰσθομένων δὲ τῶν συμμάχων καὶ βοηθείας κατὰ
τάχος πρὸς τὴν πόλιν γενομένης, ὕπειξε μὲν ὡς αὖθις
ἐπὶ λεηλασίαν καὶ φθορὰν τῆς χώρας τρεψόμενος, ἐξαπατήσας
δὲ καὶ κατακοιμίσας οὕτω τοὺς πολεμίους ἀνέζευξε
νυκτὸς ἐκ τῆς Λακωνικῆς· καὶ διαδραμὼν {εἰς} τὴν
μεταξὺ χώραν ἐπεφαίνετο τοῖς Μαντινεῦσιν ἀπροσδόκητος
διαβουλευομένοις {αὐτοῖς} ἀκμὴν τοῦ πέμπειν τὴν εἰς
Λακεδαίμονα βοήθειαν καὶ εὐθέως ὁπλίζεσθαι προσέταξε
τοῖς Θηβαίοις. οἱ μὲν οὖν Θηβαῖοι μέγα φρονοῦντες
ἐν τοῖς ὅπλοις ἐπεφέροντο καὶ περιελάμβανον κύκλῳ τὰ
τείχη· τῶν δὲ Μαντινέων ἔκπληξις ἦν καὶ ἀλαλαγμὸς
καὶ διαδρομή, ὡς ῥεῦμα τὴν δύναμιν ἀθρόαν ἐμπίπτουσαν
ἀπώσασθαι μὴ δυναμένων μηδ´ ἐπινοούντων βοήθειαν.
ἐν τούτῳ δὲ καιροῦ καὶ τύχης Ἀθηναῖοι κατέβαινον ἀπὸ
τῶν ἄκρων εἰς τὴν Μαντινικήν, οὐκ εἰδότες τὴν ῥοπὴν
οὐδὲ τὴν ὀξύτητα τοῦ ἀγῶνος, ἀλλ´ ὁδῷ πορευόμενοι καθ´
ἡσυχίαν· ὡς δέ τις αὐτῶν ἐκδραμὼν ἀπήγγειλε τὸν
κίνδυνον, ὀλίγοι μὲν ὄντες ὡς πρὸς τὸ πλῆθος τῶν
πολεμίων, ἐξ ὁδοῦ δὲ κεκμηκότες, οὐδενὸς δὲ τῶν ἄλλων
συμμάχων παρόντος, ὅμως εὐθὺς εἰς τάξιν καθίσταντο
τοῖς πλείστοις. οἱ δ´ ἱππεῖς διασκευασάμενοι καὶ προεξελάσαντες
ὑπὸ τὰς πύλας αὐτὰς καὶ τὸ τεῖχος ἔθεντο καρτερὰν
ἱππομαχίαν· καὶ κρατήσαντες ἐκ τῶν χειρῶν τοῦ
Ἐπαμεινώνδα ἀφείλοντο τὴν Μαντίνειαν. τοῦτο τὸ ἔργον
Εὐφράνωρ ἔγραψε, καὶ πάρεστιν ὁρᾶν ἐν εἰκόνι τῆς μάχης
τὸ σύρρηγμα καὶ τὴν ἀντέρεισιν ἀλκῆς καὶ θυμοῦ καὶ
πνεύματος γέμουσαν. ἀλλ´ οὐκ ἂν οἶμαι τῷ ζωγράφῳ
κρίσιν προθείητε πρὸς τὸν στρατηγὸν οὐδ´ ἀνάσχοισθε
τῶν προτιμώντων τὸν πίνακα τοῦ τροπαίου καὶ τὸ μίμημα
τῆς ἀληθείας.
| [2] Entre autres arts nombreux dont cette ville a été la
mère et la bienveillante nourrice , ayant découvert les uns et
les ayant la première mis en évidence, ayant donné aux autres
de la solidité, de la considération et des développements,
c'est la peinture surtout qui lui doit ses progrès et
sa gloire. En effet le peintre Apollodore, qui le premier
trouva le moyen de fondre les couleurs et de nuancer les
dégradations des ombres, était un Athénien. C'est au bas de
ses ouvrages que l'on a écrit : "Il sera plus facile de s'en
moquer que de les imiter". Après lui parurent Euphranor,
Nicias, Asclépiodore, Plisténète, frère de Phidias; et les
uns d'entre eux peignirent des généraux remportant des victoires,
les autres, des combats, les autres, des demi-dieux.
Parmi ces peintres, Euphranor, comparant son Thésée avec
celui de Parrhasius, disait que celui de son rival avait été
nourri de feuilles de rose, et le sien, de viande de boeuf.
Effectivement, le Thésée de Parrhasius est un dameret, dont
le teint rappelle assez bien celui de la rose; mais en voyant
celui d'Euphranor, on aurait pu dire avec vraisemblance:
"Oui : c'est bien là ton sang, magnanime Érechtée ;
C'est bien le nourrisson de Pallas".
Euphranor avait aussi représenté la charge de cavalerie
contre Épaminondas à Mantinée ; et cette peinture semblait
faite avec enthousiasme. En voici le sujet.
Le Thébain Epaminondas, fier et enflé de la victoire de
Leuctres, avait voulu profiter de la défaite des Spartiates pour
envahir leur territoire et écraser l'orgueil et les prétentions
de cette ville. Il entra d'abord dans la contrée avec soixante-dix
mille hommes, la ravagea, et contraignit à la défection les
peuples voisins. Ensuite les Spartiates étant rangés en bataille
auprès de Mantinée, il leur présenta le combat. Ils ne
voulurent ni n'osèrent s'y résoudre, parce qu'ils n'avaient pas
reçu le secours qu'ils attendaient d'Athènes. Alors Epaminondas
leva le camp au milieu de la nuit à l'insu de tous, et redescendit
en Laconie. Peu s'en fallut que dès son arrivée il ne
surprît la ville, presque vide de défenseurs, et qu'il ne s'en
emparât. Mais leurs alliés avaient été prévenus, et des secours
arrivèrent en toute hâte à la ville. Il fit alors semblant
de n'être revenu que pour piller et ravager encore la contrée,
mais c'était afin de tromper et d'endormir les ennemis.
Il décampa nuitamment du territoire de Lacédémone, traversa
comme un trait tout le pays intermédiaire, et se représenta
à l'improviste devant les Mantinéens, au moment
où ils délibéraient avec le plus d'activité pour envoyer du
secours à Lacédémone. Il fit aussitôt prendre les armes aux
Thébains, et ceux-ci, pleins de confiance en leurs forces,
s'élancèrent contre la ville, dont ils cernèrent de tous côtés les
remparts. L'effroi était au comble chez les Mantinéens. On
criait, on allait et venait, on sentait qu'il était impossible
de repousser ces flots d'ennemis qui se pressaient et se
précipitaient comme un torrent; et l'on n'imaginait pas que
l'on pût être secouru. Dans un moment aussi critique et
aussi désespéré, les Athéniens débouchèrent, des hauteurs,
dans la plaine de Mantinée. Ne sachant ni la situation critique,
ni l'urgence du péril, ils s'acheminaient à loisir.
Un des Mantinéens se détacha et courut les prévenir du
danger. Bien qu'ils fussent très inférieurs par le nombre à
la quantité de leurs adversaires, bien que la marche les eût
fatigués, et qu'aucun autre des peuples alliés ne fût arrivé
encore, ils n'hésitèrent pas cependant à se ranger en bataille
devant ces lignes d'ennemis serrés. Leur cavalerie
prend ses dispositions, elle s'élance; et aux portes mêmes de
Mantinée, sous les murailles, s'engage un conflit terrible
de cavaliers. Les Athéniens sont vainqueurs, et la ville de
Mantinée échappe aux mains d'Epaminondas.
C'est cette mêlée qu'Euphranor a reproduite sur la toile. On
peut voir dans ce tableau l'ensemble de la bataille, et de part
et d'autre la vigueur, le courage et l'enthousiasme des combattants.
Mais pourtant, je ne crois pas que l'on puisse
mettre le talent du peintre en parallèle avec la gloire du
général. Qui oserait souffrir qu'au trophée on préférât
le tableau, à la réalité ce qui en est la représentation?
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