HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Plutarque, Oeuvres morales - Apophthegmes des Lacédémoniens

Page 214

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[214] Ἐπεὶ δ´ ἤκουσέ ποτε δυσχερᾶναι τοὺς συμμάχους διὰ τὰς συνεχεῖς στρατείας, <214a> ὀλίγοις οὖσι τοῖς Λακεδαιμονίοις πολλοὺς ἀκολουθοῦντας, ἐλέγξαι βουλόμενος αὐτῶν τὸ πλῆθος ἐκέλευσεν ἅπαντας τοὺς συμμάχους καθίσαι μετ´ ἀλλήλων ἀναμεμιγμένους, ἰδίᾳ δὲ τοὺς Λακεδαιμονίους ἐφ´ ἑαυτῶν· εἶτα ἐκήρυττε τοὺς κεραμεῖς ἀνίστασθαι πρώτους, ὡς δ´ ἀνέστησαν οὗτοι, δευτέρους ἐκήρυττε τοὺς χαλκεῖς, εἶτα τέκτονας ἐφεξῆς καὶ οἰκοδόμους, καὶ τῶν ἄλλων τεχνῶν ἑκάστην. Πάντες οὖν ὀλίγου δεῖν ἀνέστησαν οἱ σύμμαχοι, τῶν δὲ Λακεδαιμονίων οὐδείς· ἀπείρητο γὰρ αὐτοῖς τέχνην ἐργάζεσθαι μανθάνειν βάναυσον. Οὕτω δὴ γελάσας Ἀγησίλαος <214b> « Ὁρᾶτε » εἶπεν « ἄνδρες, ὅσῳ πλείονας ὑμῶν στρατιώτας ἐκπέμπομεν ἡμεῖς; » Ἐν δὲ τῇ περὶ Λεῦκτρα μάχῃ πολλῶν Λακεδαιμονίων φυγόντων καὶ τούτων ταῖς ἐκ τοῦ νόμου ἀτιμίαις ὑπευθύνων ὄντων, οἱ ἔφοροι ἔρημον ἀνδρῶν τὴν πόλιν ὁρῶντες δεομένην στρατιωτῶν ἐβούλοντο τὴν ἀτιμίαν λῦσαι καὶ τοὺς νόμους τηρεῖν. Αἱροῦνται οὖν νομοθέτην τὸν Ἀγησίλαον· δὲ προελθὼν εἰς τὸ δημόσιον « Νομοθέτης μὲν οὐκ ἂν γενοίμην ἑτέρων νόμων » εἶπε, « τοῖς γὰρ οὖσιν οὔτ´ ἂν προσθείην τι οὔτ´ ἂν ἀφέλοιμι οὔτε μεταποιήσαιμι· τοὺς δ´ ὄντας ἡμῖν νόμους κυρίους εἶναι καλῶς ἔχον ἐστὶν ἀπὸ τῆς αὔριον. » <214c> Τὸν δ´ Ἐπαμεινώνδαν ἐπελθόντα μετὰ τοσούτου ῥεύματος καὶ κλύδωνος, τῶν Θηβαίων καὶ συμμάχων μεγαλαυχουμένων ἐπὶ τῇ νίκῃ, ὅμως εἶρξε τῆς πόλεως καὶ ἀναστρέψαι ἐποίησεν, ὀλίγων ὄντων τῶν ἐν τῇ πόλει. Ἐν δὲ τῇ περὶ Μαντίνειαν μάχῃ παρεκελεύσατο τοῖς Λακεδαιμονίοις τοὺς ἄλλους ἐάσαντας πάντας Ἐπαμεινώνδᾳ μάχεσθαι, μόνους λέγων τοὺς ἔμφρονας ἀνδρείους εἶναι καὶ μόνους νίκης αἰτίους ὑπάρχειν· εἰ οὖν τοῦτον ἀνέλοιεν, ῥᾷστα τοὺς ἄλλους ὑποχειρίους ποιήσειν· ἄφρονας γὰρ εἶναι καὶ οὐδενὸς ἀξίους. καὶ συνέβη· τῆς γὰρ νίκης σὺν Ἐπαμεινώνδᾳ οὔσης καὶ φυγῆς γενομένης, <214d> ἐπιστραφέντ´ αὐτὸν καὶ ἀνακαλούμενον τοὺς ἰδίους τῶν Λακεδαιμονίων τις καιρίως ἐπάταξε, καὶ πεσόντος ἀναστρέψαντες ἀπὸ τῆς φυγῆς οἱ σὺν Ἀγησιλάῳ ἐφάμιλλον τὴν νίκην ἐποίησαν, παρὰ πολὺ μὲν τῶν Θηβαίων χειρόνων παρὰ πολὺ δὲ τῶν Λακεδαιμονίων ἀμεινόνων φανέντων. Χρημάτων δὲ δεομένης τῆς Σπάρτης πρὸς πόλεμον καὶ ξενοτροφούσης ἐπορεύθη Ἀγησίλαος εἰς Αἴγυπτον μεταπεμφθεὶς ὑπὸ τοῦ βασιλέως Αἰγυπτίων ἐπὶ μισθῷ, διὰ δὲ τὸ λιτὸν τῆς ἐσθῆτος εἰς καταφρόνησιν ἦλθε τοῖς ἐγχωρίοις· προσεδόκων γὰρ τὸν Σπάρτης βασιλέα <214e> καθάπερ τὸν Περσῶν κεκοσμημένον ὄψεσθαι διαπρεπῶς τὸ σῶμα, φαύλην ἔχοντες περὶ βασιλέων δόξαν. Ἔδειξε γοῦν αὐτοῖς μεταξύ, ὡς τὸ μεγαλεῖον καὶ ἀξιόλογον νοήσει καὶ ἀνδρείᾳ κτᾶσθαι προσήκει. Ἐπεὶ δὲ τοὺς παρ´ αὐτῷ παραστήσεσθαι μέλλοντας ἑώρα δεδιότας τὸν ἐπιόντα κίνδυνον διὰ τὸ τῶν πολεμίων πλῆθος (εἴκοσι γὰρ ἦσαν μυριάδες) καὶ τὴν τῶν περὶ αὑτὸν ὀλιγότητα, πρὸ τῆς παρατάξεως ἔγνω προθύσασθαι· καὶ ἀσυνειδήτως τοῖς ἄλλοις ἐπὶ τὴν ἀριστερὰν ὑπεστραμμένην τῇ χειρὶ « Νίκην » προσέγραψε, λαβὼν <214f> δὲ παρὰ τοῦ μάντεως τὸ ἧπαρ ἐπέθηκε μὲν ἐπὶ τὴν ὑπογεγραμμένην χεῖρα, κρατῶν δ´ ἐφ´ ἱκανὸν χρόνον ὑπέφαινε δισταγμὸν καὶ προσποίησιν εἶχεν ἀποροῦντος, μέχρι τῷ ἥπατι συναναλειφθέντες ἐτυπώθησαν οἱ τῶν γραμμάτων χαρακτῆρες. Καὶ τότε τοῖς συναγωνίζεσθαι μέλλουσιν ἐπεδείκνυε, φάμενος τοὺς θεοὺς διὰ τῶν γεγραμμένων ἐκφῆναι νίκην. Ἀσφαλὲς οὖν τεκμήριον δόξαντες ἔχειν τοῦ κρατῆσαι ἐθάρρησαν πρὸς τὴν μάχην. Περιταφρευόντων δὲ τῶν πολεμίων τὸ στρατόπεδον αὐτοῦ διὰ τὸ πλῆθος, καὶ Νεκτανάβιος, συνεμάχει, ἀξιοῦντος ἐπεξιέναι καὶ διαμάχεσθαι, οὐκ ἔφη διακωλύςειν τοὺς πολεμίους ἴσους αὐτοῖς γενέσθαι βουλομένους. [214] Agésilas ayant su que les alliés de Sparte trouvaient mauvais que dans toutes les expéditions ils fussent obligés de marcher sous les ordres des Lacédémoniens, <214a> beaucoup moins nombreux qu'eux, il voulut les convaincre que le nombre des Spartiates était bien plus grand qu'ils ne croyaient. Il fil mettre d'un côté tous les alliés pêle-mêle, et de l'autre, les seuls Lacédémoniens. Ensuite il dit au héraut de faire lever d'abord les potiers de terre, puis les forgerons, après eux les architectes et les maçons, et ainsi de suite tous les autres artisans. Les alliés se levèrent presque tous, et il ne se leva pas un seul Lacédémonien, car les lois leur défendaient d'exercer aucun art mécanique. Alors Agésilas dit en souriant aux alliés : <214b> « Vous voyez combien nous fournissons plus de soldats que vous. » Après la bataille de Leuctres, un grand nombre de Lacédémoniens qui avaient pris la fuite devaient, selon les lois, être déclarés infâmes. Les éphores voyant que si on les punissait à la rigueur, la ville n'aurait plus de soldats, et elle en avait le plus grand besoin, cherchaient un expédient pour abolir la peine d'infamie, sans cependant porter ouvertement atteinte aux lois. Ils chargèrent Agésilas de faire à ce sujet telle loi qu'il jugerait à propos. Il se rendit donc sur la place publique, où il parla ainsi : « Je ne ferai point de nouvelles lois, et je me garderai bien de rien changer, ni ajouter ou retrancher aux anciennes. J'ordonne donc qu'à compter de demain, toutes nos lois soient en vigueur.» <214c> Épaminondas, à la tête des Thébains et des alliés enflés de leur victoire, venait, comme un orage terrible, fondre sur Lacédémone. Agésilas, qui n'avait avec lui que très peu de monde, l'empêcha d'entrer dans la ville, et le força même de s'éloigner. A la bataille de Mantinée, il conseilla aux Lacédémoniens de négliger tous les autres combattants, pour s'attacher au seul Épaminondas. Il disait à cette occasion qu'il n'y avait de véritablement braves que les gens prudents; qu'eux seuls décidaient de la victoire. « Si donc, ajoutait-il, nous faisons périr Épaminondas, nous serons facilement maîtres des autres, qui n'ont ni bon sens, ni prudence. » L'événement justifia sa précaution, car au moment qu' Épaminondas, déjà vainqueur, mettait en fuite les ennemis, <214d> et se retournait pour rappeler les siens, un Spartiate le frappa d'un coup mortel. Les troupes d'Agésilas le voyant blessé, revinrent à la charge, et les Thébains ne se défendirent plus avec la même ardeur, tandis que les Spartiates redoublèrent de courage ; et la victoire demeura indécise. Lacédémone manquait d'argent pour payer les troupes étrangères qu'elle avait à sa solde. Agésilas, que le roi d'Egypte appelait à son secours, s'engagea au service de ce prince, moyennant une somme dont ils convinrent. La simplicité de son habillement le fit mépriser des Égyptiens. Ces peuples, qui avaient des rois l'idée la plus fausse, s'attendaient à voir le roi de Sparte <214e> aussi magnifiquement vêtu que celui de Perse. Mais Agésilas leur fit bientôt voir que c'est dans la prudence et le courage que consistent la gloire et la puissance. Il s'était aperçu que les troupes qu'il devait commander étaient effrayées de leur petit nombre, et de la multitude des ennemis, dont l'armée montait à deux cent mille hommes. Il s'avisa donc, avant le combat, d'une ruse secrète, pour relever leur courage. Il écrivit sur sa main gauche le mot victoire: ensuite, ayant pris <214f> des mains du prêtre le foie de la victime, il le mit dans sa main, et affectant un air rêveur et pensif, il l'y tint assez longtemps pour que les caractères tracés dans sa main pussent s'imprimer sur le foie. Alors il le montre à ses soldats, et leur dit que c'est un présage assuré que les dieux leur donnent de la victoire. Les troupes ne doutent plus du succès, et remplies de confiance, ne demandent qu'à combattre. Les ennemis se voyant très supérieurs en nombre, travaillèrent à enfermer le camp des Égyptiens. Nectabanis (c'était le roi d'Egypte) voulait sortir des lignes pour livrer la bataille. Agésilas lui dit qu'il n'avait garde de s'opposer à l'égalité que les ennemis allaient mettre entre les deux armées.


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Dernière mise à jour : 8/05/2008