[213] <213a> Μενεκράτους δὲ τοῦ ἰατροῦ, ἐπεὶ κατατυχὼν ἔν τισιν ἀπεγνωσμέναις
θεραπείαις Ζεὺς ἐπεκλήθη, φορτικῶς ταύτῃ χρωμένου τῇ προσωνυμίᾳ, καὶ δὴ
πρὸς τὸν Ἀγησίλαον ἐπιστεῖλαι τολμήσαντος οὕτως « Μενεκράτης Ζεὺς Ἀγησιλάῳ
βασιλεῖ χαίρειν », οὐκ ἀναγνοὺς τὰ λοιπὰ ἀντέγραψε « Βασιλεὺς Ἀγησίλαος
Μενεκράτει ὑγιαίνειν. »
Ἐπεὶ δὲ Κόνων καὶ Φαρνάβαζος τῷ βασιλέως ναυτικῷ θαλαττοκρατοῦντες
ἐπολιόρκουν τὰ παράλια τῆς Λακωνικῆς, ἐτειχίσθη δὲ τὸ ἄστυ τῶν Ἀθηναίων
Φαρναβάζου χρήματα δόντος, εἰρήνην ἐποιήσαντο Λακεδαιμόνιοι <213b> πρὸς
βασιλέα· καὶ πέμπουσι πολίτην Ἀνταλκίδαν πρὸς Τιρίβαζον, τοὺς ἐν τῇ Ἀσίᾳ
Ἕλληνας, ὑπὲρ ὧν ἐπολέμησεν Ἀγησίλαος, βασιλεῖ παραδιδόντες. Ὅθεν δὴ
ἥκιστα συνέβη τῆς κακοδοξίας ταύτης Ἀγησιλάῳ μετασχεῖν· ὁ γὰρ Ἀνταλκίδας
ἐχθρὸς ἦν αὐτῷ, καὶ τὴν εἰρήνην ἐξ ἅπαντος ἔπραττεν, ὡς τοῦ πολέμου τὸν
Ἀγησίλαον αὔξοντος καὶ ποιοῦντος ἐνδοξότατον καὶ μέγιστον.
Οὐ μὴν ἀλλὰ καὶ πρὸς τὸν εἰπόντα μηδίζειν τοὺς Λακεδαιμονίους ἀπεκρίθη
μᾶλλον τοὺς Μήδους λακωνίζειν.
Ἐρωτηθεὶς δέ ποτε ὁποτέρα βελτίων τῶν ἀρετῶν, ἀνδρεία ἢ δικαιοσύνη, οὐδὲν
ὄφελος ἀνδρείας ἔφασκεν <213c> εἶναι μὴ παρούσης δικαιοσύνης· εἰ δὲ
δίκαιοι πάντες γένοιντο, μηδέν´ ἀνδρείας δεηθήσεσθαι.
Εἰθισμένων δὲ τῶν τὴν Ἀσίαν κατοικούντων τὸν Περσῶν βασιλέα μέγαν
προσαγορεύειν, « Τί δαὶ ἐκεῖνος ἐμοῦ μείζων » ἔφη, « Εἰ μὴ καὶ δικαιότερος
καὶ σωφρονέστερος; »
Ἔλεγε δὲ τοὺς τὴν Ἀσίαν κατοικοῦντας ἐλευθέρους μὲν κακούς, δούλους δ´
ἀγαθοὺς εἶναι.
Ἐρωτηθεὶς δὲ πῶς ἄν τις μάλιστα εὐδοκιμοίη παρ´ ἀνθρώποις « Εἰ λέγοι »
εἶπε « τὰ ἄριστα, πράττοι δὲ τὰ κάλλιστα. »
Τὸν δὲ στρατηγὸν δεῖν ἔφασκε πρὸς μὲν τοὺς ἐναντίους τόλμαν, πρὸς δὲ τοὺς
ὑποτεταγμένους εὔνοιαν ἔχειν, πρὸς δὲ τοὺς καιροὺς λογισμόν.
Ἐπιζητοῦντος δέ τινος τίνα δεῖ μανθάνειν τοὺς παῖδας, <213d> « Ταῦτ´ »
εἶπεν « οἷς καὶ ἄνδρες γενόμενοι χρήσονται. »
Δικάζοντος δέ <τινος> δίκην αὐτοῦ καὶ τοῦ μὲν κατηγόρου εὖ εἰρηκότος τοῦ
δ´ ἀπολογουμένου φαύλως, λέγοντος δὲ πρὸς ἕκαστα « Ἀγησίλαε, δεῖ τὸν
βασιλέα τοῖς νόμοις βοηθεῖν, » « Καὶ τὴν οἰκίαν » ἔφη « εἴ τίς σοι
διέσκαπτε καὶ τὸ ἱμάτιον εἰ ἀφῃρεῖτο, προσεδέχου ἂν τὸν οἰκοδόμον ἢ τὸν τὸ
ἱμάτιον ὑφάναντα ἐπικουρήσειν σοι; »
Ἐπιστολῆς δ´ αὐτῷ παρὰ τοῦ Περσῶν βασιλέως κομισθείσης — τῆς εἰρήνης
γενομένης —, ἣν ὁ μετὰ Καλλίου τοῦ Λακεδαιμονίου Πέρσης ἤνεγκε, περὶ
ξενίας καὶ φιλίας, οὐκ ἔλαβεν εἰπὼν ἀπαγγεῖλαι βασιλεῖ ὡς <213e> ἰδίᾳ μὲν
πρὸς αὐτὸν οὐδὲν δέοι ἐπιστολὰς πέμπειν· ἢν δὲ φίλος τῇ Λακεδαίμονι καὶ τῇ
Ἑλλάδι εὔνους ὢν φαίνηται, ὅτι καὶ αὐτὸς φίλος αὐτῷ κατὰ κράτος ἔσοιτο· «
Ἐὰν μέντοι ἐπιβουλεύων ἁλίσκηται, μηδ´ ἂν πάνυ πολλὰς δέχωμαι ἐπιστολάς,
πιστευέτω ἕξειν με φίλον. »
Φιλοτεκνότατος δ´ ὢν διαφερόντως λέγεται ὅτι μικροῖς τοῖς παιδίοις κάλαμον
περιβεβηκὼς ὥσπερ ἵππον οἴκοι συνέπαιζεν· ὀφθεὶς δὲ ὑπό τινος τῶν φίλων
παρεκάλει μηδενὶ φράζειν, πρὶν καὶ αὐτὸς πατὴρ παίδων γένηται.
Συνεχῶς δ´ αὐτοῦ τοῖς Θηβαίοις πολεμοῦντος καὶ τρωθέντος ἐν τῇ μάχῃ, φασὶ
τὸν Ἀνταλκίδαν εἰπεῖν <213f> « Καλὰ τὰ διδασκάλια παρὰ Θηβαίων
ἀπολαμβάνεις, μὴ βουλομένους αὐτοὺς μηδ´ ἐπισταμένους μάχεσθαι διδάξας. »
Τῷ γὰρ ὄντι Θηβαίους αὐτοὺς ἑαυτῶν πολεμικωτάτους τότε φασὶ γενέσθαι ταῖς
πολλαῖς στρατείαις τῶν Λακεδαιμονίων ἐπ´ αὐτούς. Διὸ καὶ Λυκοῦργος ὁ
παλαιὸς ἐν ταῖς καλουμέναις Ῥήτραις ἀπεῖπε πολλάκις ἐπὶ τοὺς αὐτοὺς
στρατεύειν, ὅπως πολεμεῖν μὴ μανθάνωσιν.
| [213] <213a> Le médecin Ménécrate, à qui la guérison de plusieurs maladies
désespérées avait fait donner le surnom de Jupiter, fier de ce titre, osa
écrire à Agésilas en ces termes : Ménécrate-Jupiter, au roi Agésilas,
salut. Agésilas, sans lire la lettre, lui récrivit sur-le-champ : Agésilas
roi, à Ménécrate, santé.
Conon et Pharnabaze, qui commandaient l'armée navale des Perses,
étant maîtres de la mer, assiégeaient la côte maritime de la Laconie, et les Athéniens fortifiaient leur ville avec l'argent que Pharnabaze leur fournissait. Alors les Lacédémoniens <213b>
firent la paix avec le roi de Perse, et députèrent vers Téribase un
de leurs concitoyens nommé Antalcidas, chargé de remettre sous la
puissance de ce général les villes grecques d'Asie, pour la défense
desquelles Agésilas avait tant combattu : démarche honteuse dont le blâme
ne peut retomber sur ce prince. C'était Antalcidas qui, ennemi déclaré de
ce grand homme, voulait la paix à quelque prix que ce fût, parce que la
guerre augmentait beaucoup le crédit et la gloire d'Agésilas. Quelqu'un
ayant dit à cette occasion que les Lacédémoniens persisaient, il répondit
que c'était plutôt les Perses qui laconisaient.
Interrogé quelle vertu il croyait préférable, de la force ou de la
justice, il répondit <213c> que la force, sans la justice, était inutile,
et que si tous les hommes étaient justes, on n'aurait pas besoin de force.
Les Grecs d'Asie avaient coutume d'appeler le roi de Perse, le grand roi :
« Comment, dit Agésilas, est-il plus grand que moi, s'il n'est ni plus
juste, ni plus sage? »
Il disait de ces mêmes Grecs, qu'ils ne savaient pas être libres, mais
qu'ils étaient de bons esclaves.
Quelqu'un lui demandait quel était le plus sûr moyen de se faire estimer :
« C'est, répondit-il, de dire et de faire ce qu'il y a de meilleur. »
Il disait qu'un général devait être plein d'audace contre ses ennemis, et
de bienveillance pour ses soldats.
On lui demandait ce qu'il fallait enseigner aux enfants : <213d> « Les
choses, dit-il, dont ils feront usage quand ils seront hommes. »
Dans un procès dont il était juge, l'accusateur avait très bien parlé, et
l'accusé, qui se défendait mal, répétait à tout moment : « Agésilas, il
faut que le prince vienne au secours des lois. Eh quoi ! lui dit Agésilas,
si on avait abattu votre maison, ou qu'on vous eût enlevé votre habit,
attendriez-vous que votre architecte ou votre tailleur vinssent à votre
secours ? »
Quand la paix eut été conclue, Artaxerxés écrivit à Agésilas une lettre
qui lui fut remise par un Perse venu à Sparte avec le Lacédémonien
Callias, et dans laquelle ce prince lui offrait son amitié. Agésilas ne
voulut pas recevoir la lettre, et chargea l'envoyé de dire à son roi
<213e> qu'il n'avait pas besoin de lui écrire en particulier ; que s'il
était dans des dispositions favorables pour Sparte et pour la Grèce,
Agésilas serait le meilleur de ses amis : « Mais, ajouta-t-il, si je
découvre qu'il ait de mauvais desseins contre nous, qu'il ne se flatte pas
de m'avoir jamais pour ami, quand il m'accablerait de ses lettres. »
Il aimait si tendrement ses enfants, qu'il partageait leurs amusements, et
allait avec eux à cheval sur un bâton. Un de ses amis l'ayant surpris dans
cette posture, il lui dit de n'en parler à personne, avant d'être lui-même
devenu père.
Il était presque toujours en guerre avec les Thébains ;
et comme il fut blessé dans un de ces combats, Antalcidas lui dit : <213f>
« Vous recevez un beau salaire des Thébains, pour leur avoir appris malgré
eux à faire la guerre. » En effet, on prétend que les Thébains ne furent
jamais plus belliqueux que dans ce temps-là, à cause des fréquentes
expéditions des Lacédémoniens contre eux. Aussi l'ancien Lycurgue avait-il
défendu par ses lois qu'on fit souvent la guerre aux mêmes ennemis, de
peur qu'on ne leur apprît à la faire.
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