[212] <212a> Διφρίδα δ´ οἴκοθεν ἀπαγγείλαντος αὐτῷ εὐθὺς ἐκ παρόδου ἐμβαλεῖν εἰς
τὴν Βοιωτίαν, καίτοι ἐκ μείζονος παρασκευῆς ὕστερον τοῦτο ποιῆσαι
διανοούμενος, οὐκ ἀπειθήσας τοῖς ἄρχουσι, μεταπεμψάμενος δύο μόρας τῶν
περὶ Κόρινθον στρατευομένων ἐπέβη τῆς Βοιωτίας. Καὶ συμβαλὼν ἐν Κορωνείᾳ
Θηβαίοις Ἀθηναίοις Ἀργείοις Κορινθίοις Λοκροῖς ἀμφοτέροις ἐνίκησε, καίτοι
ὑπὸ πολλῶν τραυμάτων κακῶς τὸ σῶμα διακείμενος, τὴν μεγίστην μάχην ὥς φησι
Ξενοφῶν τῶν καθ´ ἑαυτὸν γενομένων.
Οὐδὲν δὲ τῶν περὶ τὸν βίον καὶ τὴν δίαιταν διὰ τὰς τοσαύτας εὐτυχίας καὶ
νίκας ἤλλαξεν οἴκαδ´ ἐπανελθών.
Ὁρῶν δ´ ἐνίους τῶν πολιτῶν ἀφ´ ἱπποτροφίας <212b> δοκοῦντας εἶναί τινας
καὶ μεγαλοφρονοῦντας, ἔπεισε τὴν ἀδελφὴν Κυνίσκαν ἅρμα καθεῖσαν Ὀλυμπίασιν
ἀγωνίσασθαι, βουλόμενος ἐνδείξασθαι τοῖς Ἕλλησιν ὡς οὐδεμιᾶς ἐστιν ἀρετῆς
πλούτου δὲ καὶ δαπάνης τὰ τοιαῦτα.
Ξενοφῶντα δὲ τὸν σοφὸν ἔχων μεθ´ ἑαυτοῦ σπουδαζόμενον, ἐκέλευε τοὺς παῖδας
ἐν Λακεδαίμονι τρέφειν μεταπεμψάμενον, ὡς τὸ κάλλιστον τῶν μαθημάτων
παιδευθησομένους, ἄρχειν τε καὶ ἄρχεσθαι.
Ἄλλοτε δ´ ἐρωτώμενος διὰ τί μάλιστα παρὰ τοὺς <212c> ἄλλους εὐδαιμονοῦσιν
οἱ Σπαρτιᾶται, « Διότι » εἶπε « παρὰ τοὺς ἄλλους ἀσκοῦσιν ἄρχειν τε καὶ ἄρχεσθαι. »
Λυσάνδρου δὲ τελευτήσαντος εὑρὼν ἑταιρείαν πολλὴν συνεστῶσαν, ἣν ἐκεῖνος
εὐθὺς ἐπανελθὼν ἀπὸ τῆς Ἀσίας συνέστησεν ἐπὶ τὸν Ἀγησίλαον, ὥρμησεν αὐτὸν
ἐξελέγχειν οἷος ἦν ζῶν πολίτης.
Καὶ λόγον ἀναγνοὺς ἐν βιβλίῳ ἀπολελειμμένον, ὃν ἔγραψε μὲν Κλέων ὁ
Ἁλικαρνασσεύς, ἔμελλε δὲ λέγειν ἀναλαβὼν ὁ Λύσανδρος ἐν τῷ δήμῳ περὶ
πραγμάτων καινῶν καὶ μεταστάσεως τοῦ πολιτεύματος, ἠθέλησεν εἰς μέσον
ἐξενεγκεῖν· ἐπεὶ δέ τις τῶν γερόντων τὸν λόγον ἐπελθὼν καὶ φοβηθεὶς τὴν
δεινότητα <212d> συνεβούλευσε μὴ τὸν Λύσανδρον ἀνορύττειν , ἀλλὰ τὸν
λόγον μᾶλλον αὐτῷ συγκατορύττειν, ἐπείσθη καὶ ἡσύχασε.
Τοὺς δὲ ὑπεναντιουμένους αὐτῷ φανερῶς μὲν οὐκ ἐτάραττε· διαπραττόμενος δὲ
πέμπεσθαί τινας ἀεὶ στρατηγοὺς καὶ ἄρχοντας ἐξ αὐτῶν ἐπεδείκνυε γινομένους
ἐν ταῖς ἐξουσίαις πονηροὺς καὶ πλεονέκτας· εἶτα κρινομένοις πάλιν αὖ
βοηθῶν καὶ συναγωνιζόμενος οἰκείους ἐποιεῖτο καὶ μεθίστη πρὸς ἑαυτόν, ὥστε
μηδένα ἀντίπαλον εἶναι.
Ἐδεήθη τις αὐτοῦ γράψαι πρὸς τοὺς ἐπ´ Ἀσίας ξένους, ὅπως τύχῃ τοῦ δικαίου·
« Ἀλλ´ οἱ ἐμοὶ ξένοι » εἶπε « τὰ δίκαια δι´ ἑαυτῶν, κἂν ἐγὼ μὴ γράψω,
ποιοῦσιν. »
<212e> Ἐπεδείκνυέ τις αὐτῷ τῆς πόλεως τὸ τεῖχος ὀχυρὸν καὶ καρτερῶς ἄγαν
ἐξῳκοδομημένον καὶ ἠρώτα εἰ καλὸν αὐτῷ φαίνεται· « Νὴ Δί´ » ἔφη « καλὸν,
οὐχ ὡς ἀνδράσι δὲ ἀλλ´ ὡς γυναιξὶν ἐνοικεῖν. »
Μεγαρέως δέ τινος περὶ τῆς πόλεως πρὸς αὐτὸν μεγαλαυχουμένου, « Μειράκιον
» ἔφη, « οἱ λόγοι σου πολλῆς δυνάμεως δέονται. »
Ἃ δὲ τοὺς ἄλλους ἑώρα θαυμάζοντας ἐδόκει μηδὲ γινώσκειν. Καί ποτε
Καλλιππίδας ὁ τῶν τραγῳδιῶν ὑποκριτής, ὄνομα καὶ δόξαν ἔχων ἐν τοῖς Ἕλλησι
καὶ σπουδαζόμενος ὑπὸ πάντων, πρῶτον μὲν ἀπήντησεν αὐτῷ καὶ <212f>
προσεῖπεν, ἔπειτα σοβαρῶς εἰς τοὺς συμπεριπατοῦντας ἐμβαλὼν ἑαυτὸν
ἐπεδείκνυτο, νομίζων ἐκεῖνον ἄρξειν τινὸς φιλοφρονήσεως· τέλος δ´ εἶπεν «
Οὐκ ἐπιγινώσκεις με, ὦ βασιλεῦ, οὐδ´ ἤκουσας ὅστις εἰμί; » ὁ δ´ Ἀγησίλαος
ἀποβλέψας εἰς αὐτὸν· « Ἀλλ´ οὐ τύ ἐσσι Καλλιππίδας ὁ δεικηλίκτας; » οὕτω
δὲ Λακεδαιμόνιοι τοὺς μίμους καλοῦσι.
Τοῦ δὲ μιμουμένου τὴν τῆς ἀηδόνος φωνὴν ἀκοῦσαι παρακαλούμενος παρῃτήσατο
φήσας « Αὐτᾶς ἄκουκα πολλάκις. »
| [212] <212a> Diphridas étant venu de Sparte lui porter l'ordre d'entrer à
l'heure même en Béotie, il obéit, quoiqu'il eût remis à faire cette
expédition en un autre temps, et avec des troupes plus nombreuses. Il fit
donc venir vingt mille hommes de l'armée qui campait auprès de Corinthe,
entra dans la Béotie, attaqua près de Coronée les armées réunies
d'Athènes, de Thèbes, d'Argos, de Corinthe et de Locres, et remporta la
victoire. Il reçut plusieurs blessures dans ce combat, l'un des plus
mémorables de ce temps-là, au témoignage de Xénophon.
Lorsqu'il fut de retour à Sparte, tant de succès et de victoires ne lui
firent rien changer à sa manière de vivre.
Comme il vit que quelques citoyens tiraient vanité des chevaux <212b>
qu'ils entretenaient, il engagea Cynisca, sa sœur, à monter sur un char,
pour aller disputer le prix de la course aux jeux olympiques. Il voulait
montrer aux Grecs que ces combats ne prouvaient aucune valeur, mais
seulement de l'opulence.
Il avait attiré auprès de lui le sage Xénophon, pour qui il avait la plus
grande estime. Il le détermina à faire venir ses enfants à Lacédémone,
pour y être élevés, et y apprendre la plus belle des sciences, celle d'obéir et de commander.
On lui demandait un jour pourquoi les Spartiates étaient <212c> les plus
heureux de tous les peuples : « C'est, répondit-il, parce qu'ils
s'exercent plus que tous les autres peuples à la science d'obéir et de commander. »
Après la mort de Lysandre, Agésilas, qui savait que cet homme ambitieux, à
son retour d'Asie, avait formé contre lui une faction considérable,
résolut de le démasquer et de le faire connaître tel qu'il avait été pendant sa vie.
Il avait trouvé chez lui une harangue que Cléon d'Halicarnasse avait
composée, qui devait être prononcée devant le peuple par Lysandre, et dont
le but était de changer la constitution actuelle de Lacédémone. Agésilas
voulait la lire en pleine assemblée ; mais un des anciens à qui il l'avait
communiquée, craignant que l'art avec lequel elle était écrite ne fît
impression sur les esprits, lui conseilla de ne pas troubler les cendres
de Lysandre, <212d> et d'ensevelir plutôt ce discours avec lui. Agésilas
le crut, et ne fit plus aucune démarche.
Quant à ses ennemis secrets, il ne les attaqua point ouvertement ; au
contraire, il en fit nommer plusieurs à des charges civiles ou militaires
qui les obligeaient de l'accompagner, et prouva qu'ils s'étaient mal
conduits dans l'exercice de leur pouvoir. Lorsque ensuite ils furent
traduits en justice, il se rendit leur défenseur, et par ce moyen, il se
les attacha si fortement, qu'il n'eut plus un seul ennemi à Lacédémone.
Quelqu'un le priait d'écrire à ses amis d'Asie, pour lui faire obtenir une
chose qu'il disait juste : « Mes amis, lui dit Agésilas, n'ont pas besoin
que je leur écrive pour rendre la justice. »
<212e> On lui montrait les murailles d'une ville, en lui demandant s'il ne
les trouvait pas bien belles : «Assurément, dit-il, et
faites bien plutôt pour des femmes que pour des hommes. »
Un Mégarien parlait fort avantageusement de sa patrie. « Mon ami, lui dit
Agésilas, vos discours supposent une grande puissance. »
Il ne se souciait pas même de connaître ce qui faisait l'admiration des
autres. Callipidas, célèbre acteur tragique, jouissait à ce titre d'une
grande considération dans la Grèce. La première fois qu'il vit Agésilas,
il l'aborda familièrement, <212f> et se mêlant avec fierté parmi ceux de
sa suite, il affectait de se montrer au prince, dans l'espérance qu'il en
recevrait quelque témoignage d'estime et de bienveillance. Comme il vit
qu'Agésilas ne lui disait rien : «Eh quoi! prince, lui dit-il, est-ce que
vous ne me connaissez pas? est-ce que vous n'avez pas entendu parler de
moi? » Agésilas lui dit, en le regardant froidement : « N' êtes-vous pas
le comédien Callipidas? »
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