[240] κατ´ ὀλίγον δὲ παραβαινομένων
καὶ πλεονεξίας καὶ φιλοπλουτίας παρεισδυομένης <240a> καὶ τὰ τῆς δυνάμεως
ἠλαττοῦτο· καὶ οἱ σύμμαχοι διὰ ταῦτα δυσμενῶς εἶχον πρὸς αὐτούς.
Ἀλλ´ ὅμως οὕτως ἔχοντες μετὰ τὴν Φιλίππου τοῦ Μακεδόνος ἐν Χαιρωνείᾳ
νίκην, πάντων αὐτὸν τῶν Ἑλλήνων ἡγεμόνα κατά τε γῆν καὶ κατὰ θάλασσαν
ἀναγορευσάντων, καὶ μεταξὺ δ´ Ἀλέξανδρον τὸν υἱὸν μετὰ τὴν Θηβαίων
καταστροφήν, μόνοι Λακεδαιμόνιοι, καίπερ ἀτείχιστον πόλιν ἔχοντες καὶ
ὀλίγοι πάνυ ὄντες διὰ τοὺς συνεχεῖς πολέμους καὶ πολὺ ἀσθενέστεροι καὶ
εὐχείρωτοι γενόμενοι, πάνυ βραχέα τινὰ ζώπυρα διασῴζοντες τῆς Λυκούργου
νομοθεσίας, <240b> οὔτε συνεστράτευσαν οὔτε τούτοις οὔτε τοῖς μεταξὺ
Μακεδονικοῖς βασιλεῦσιν, οὔτ´ εἰς συνέδριον κοινὸν εἰσῆλθον οὔτε φόρον
ἤνεγκαν· ἕως οὗ παντάπασιν ὑπεριδόντες τὴν Λυκούργου νομοθεσίαν ὑπὸ τῶν
ἰδίων πολιτῶν ἐτυραννεύθησαν μηδὲν ἔτι σῴζοντες τῆς πατρίου ἀγωγῆς, καὶ
παραπλήσιοι τοῖς ἄλλοις γενόμενοι τὴν πρόσθεν εὔκλειαν καὶ παρρησίαν
ἀπέθεντο καὶ εἰς δουλείαν μετέστησαν, καὶ νῦν ὑπὸ Ῥωμαίοις καθάπερ οἱ
ἄλλοι Ἕλληνες ἐγένοντο.
ΑΡΧΙΛΕΩΝΙΣ.
<240c> Ἀρχιλεωνὶς ἡ Βρασίδου μήτηρ, τελευτήσαντος αὐτῇ τοῦ υἱοῦ, ὡς
παραγενόμενοί τινες τῶν Ἀμφιπολιτῶν εἰς Σπάρτην ἧκον πρὸς αὐτήν, ἠρώτησεν
εἰ καλῶς καὶ ἀξίως τῆς Σπάρτης ὁ υἱὸς ἐτελεύτα· μεγαλυνόντων δ´ ἐκείνων
καὶ λεγόντων ἄριστον ἐν τοῖς ἔργοις ἁπάντων Λακεδαιμονίων εἶναι, εἶπεν·
«῀Ω ξένοι, καλὸς μὲν ἦν κἀγαθὸς ὁ παῖς μου, πολλοὺς δ´ ἄνδρας Λακεδαίμων
ἔχει τήνου κάρρονας. »
ΓΟΡΓΩ.
<240d> Γοργώ, βασιλέως Κλεομένους θυγάτηρ, Ἀρισταγόρου τοῦ Μιλησίου
παρακαλοῦντος αὐτὸν ἐπὶ τὸν πρὸς βασιλέα πόλεμον ὑπὲρ Ἰώνων καὶ
ὑπισχνουμένου χρημάτων πλῆθος καὶ ὅσῳ ἀντέλεγε πλείονα προστιθέντος, «
Καταφθερεῖ σε » ἔφη, « ὦ πάτερ, τὸ ξενύλλιον, ἐὰν μὴ τάχιον αὐτὸν τῆς
οἰκίας ἐκβάλῃς. »
Προστάξαντος δέ ποτ´ αὐτῇ τοῦ πατρὸς δοῦναί τινι σῖτον εἰς μισθοῦ λόγον
καὶ προστιθέντος « Ἐδίδαξε γάρ με τὸν οἶνον χρηστὸν ποιεῖν », « Οὐκοῦν, ὦ
πάτερ » ἔφη, « ὅ τ´ οἶνος πλείων ἐκποθήσεται καὶ οἱ πίνοντες θρυπτικώτεροι
καὶ χείρονες ἔσονται. »
Τὸν δ´ Ἀρισταγόραν ὑπό τινος τῶν οἰκετῶν ὑποδούμενον θεασαμένη <240e> «
Πάτερ » ἔφη, « ὁ ξένος χεῖρας οὐκ ἔχει. »
Ξένου δέ τινος μάλα κεκοςμημένῃ στολῇ προσάγοντος, παρωσαμένη αὐτόν «
Οὐκ ἄπει ἐντεῦθεν » εἶπεν « οὐδὲ τὰ τῆς γυναικὸς δυνάμενος; »
Ἐρωτηθεῖσα δὲ ὑπό τινος Ἀττικῆς « Διὰ τί ὑμεῖς ἄρχετε μόναι τῶν ἀνδρῶν αἱ
Λάκαιναι; » « Ὅτι » ἔφη « καὶ τίκτομεν μόναι ἄνδρας. »
Προτρεπομένη δὲ τὸν ἄνδρα Λεωνίδαν ἐξιόντα εἰς Θερμοπύλας ἄξιον τῆς
Σπάρτης φανῆναι, ἠρώτα τί χρὴ πράττειν· ὁ δ´ ἔφη « Ἀγαθὸν γαμεῖν καὶ ἀγαθὰ
τίκτειν. »
ΓΥΡΤΙΑΣ.
Γυρτιάς, Ἀκροτάτου ποτὲ τοῦ θυγατριδοῦ αὐτῆς ἔκ τινος τῶν παίδων μάχης
πολλὰς πληγὰς λαβόντος καὶ ἀπενεχθέντος οἴκαδε ὡς τεθνηκότος, κλαιόντων
τῶν οἰκείων τε καὶ γνωρίμων, « Οὐ σιωπήσετε; » ἔφη· « ἔδειξε γὰρ οἵου
αἵματος ἦν, » καὶ οὐκ ἔφη δεῖν τοὺς ἀγαθοὺς βοᾶσθαι ἀλλ´ ἰατρεύεσθαι.
<240f> Ὅτε δ´ ἄγγελος ἦλθεν ἐκ Κρήτης τὸν Ἀκροτάτου θάνατον ἀπαγγέλλων, «
Οὐκ ἔμελλεν » ἔφη « πρὸς τοὺς πολεμίους ἥκων ἢ αὐτὸς ὑπ´ ἐκείνων
ἀποθανεῖσθαι ἢ κατακανεῖν ἐκείνους; ἥδιον δ´ ἀκούειν ὅτι ἀπέθανε καὶ
ἑαυτῆς καὶ τῆς πόλεως ἀξίως καὶ τῶν προγόνων, ἢ εἰ ἔζη τὸν ἅπαντα χρόνον
κακὸς ὤν. »
ΔΑΜΑΤΡΙΑ.
Δαματρία τὸν υἱὸν δειλὸν καὶ ἀνάξιον ἑαυτῆς ἀκούσασα, παραγενόμενον
ἀνεῖλε· τὸ δ´ ἐπίγραμμα ἐπ´ αὐτῆς τόδε·
« Τὸν παραβάντα νόμους Δαμάτριον ἔκτανε μάτηρ,
ἁ Λακεδαιμονία τὸν Λακεδαιμόνιον. »
| [240] Dès qu'elle commença à s'en écarter et qu'une sordide avarice
s'empara peu à peu du cœur des citoyens, <240a> elle vit diminuer sa
puissance et aliéna l'esprit de ses alliés.
Dans cet état même d'affaiblissement, lorsque Philippe de Macédoine,
vainqueur à Chéronée, eut été déclaré généralissime des troupes de la
Grèce sur terre et sur mer; quand, après lui, Alexandre son fils eut
soumis les Thébains, les Spartiates, qui n'avaient pour défense qu'une
ville sans murailles, que des guerres fréquentes avaient réduits à un très
petit nombre, et mis dans un état de faiblesse qui rendait leur oppression
facile, les Spartiates, dis-je, furent les seuls qui, conservant encore un
germe précieux des lois de Lycurgue, <240b> ne servirent point dans les
armées de ces deux princes et de leurs successeurs au royaume de
Macédoine. Ils ne se rendirent jamais aux assemblées communes de tous les
autres peuples de la Grèce, et ne payèrent aucune contribution.
Mais ensuite, ayant entièrement abandonné les lois de Lycurgue, ils furent
asservis par leurs propres concitoyens. Alors, ne conservant plus
rien de leurs anciennes institutions, devenus semblables à tous les autres
peuples, ils perdirent avec la liberté leur ancienne splendeur, et finrent
par subir, comme le reste de la Grèce, le joug des Romains.
APOPHTEGMES DES FEMMES LACÉDÉMONIENNES.
ARGILÉONIS.
<240c> Brasidas, fils d'Argiléonis, ayant été tué à l'armée, les députés
que ceux d'Amphipolis envoyèrent à Sparte vinrent visiter sa mère.
Elle leur demanda si Brasidas était mort glorieusement et en digne
Spartiate. Ils firent un éloge magnifique de sa valeur, et lui dirent que
c'était le plus grand homme de guerre qu'eût eu Lacédémone. « Étrangers,
leur dit-elle, il est vrai que mon fils était brave, mais Sparte a
plusieurs citoyens qui valent mieux que lui. »
GORGO.
<240d> Aristagoras, tyran de Milet, sollicitait vivement Cléomène, roi de
Sparte, de prendre, contre le roi de Perse, la défense des Ioniens,
et lui offrait beaucoup d'argent pour l'y déterminer. Plus Cléomène
refusait, plus Aristagoras ajoutait à la somme. Sa fille, témoin de leur
conversation, dit à Cléomène : « Mon père, ce misérable étranger vous
corrompra, si vous ne le chassez promptement de chez vous. »
Son père lui dit un jour de donner du froment à un homme, pour récompense
de ce qu'il lui avait appris à mieux faire le vin. « Mon père, lui
dit-elle, il ne vous a pas rendu service, ce sera le moyen qu'on en boive
davantage, et la licence, qui en sera la suite, rendra les citoyens plus méchants. »
Pendant qu'Aristagoras était chez Cléomène, elle vit
qu'il se faisait chausser par un de ses esclaves : <240e> « Mon père,
dit-elle, est-ce que votre hôte n'a point de mains ? »
Elle voyait un jour un étranger qui passait sa robe d'une manière molle et
efféminée. « Va, lui dit Gorgo en le repoussant, tu n'es pas capable de ce
que fait la moindre femme. »
GYRTIAS.
Acrotatus, petit-fils de Gyrtias, dans une querelle de jeunes gens, avait
reçu tant de coups qu'on le rapporta chez lui presque mort. Les proches et
les amis de Gyrtias fondaient en larmes : « Ne finirez-vous pas ? leur
dit-elle ; il a montré de quel sang il était sorti. Il ne faut pas donner
à des gens de cœur des regrets inutiles, mais penser à les guérir. »
<240f> Lorsqu'on lui apporta la nouvelle de la mort de son petit-fils,
elle dit : « Dès qu'il allait à la guerre, ne fallait-il pas qu'il y
mourût ou qu'il tuât les ennemis ? Il m'est bien plus doux d'apprendre que
sa mort a été digne de lui, de sa patrie et de ses ancêtres, que de lui
voir traîner longtemps une vie honteuse. »
DAMATRIA.
Damatria ayant appris que son fils avait agi lâchement et d'une manière
indigne d'elle , elle le fit mourir à son retour de l'armée. On fit à ce
sujet l'épigramme suivante :
Damatrie à la mort condamne un lâche fils :
De sa mère, de Sparte il était le mépris.
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