[239] <239a> Ταῖς εὐχαῖς προστιθέασι τὸ ἀδικεῖσθαι δύνασθαι.
Εὐχὴ δ´ αὐτῶν διδόναι τὰ καλὰ ἐπὶ τοῖς ἀγαθοῖς, καὶ πλέον οὐδέν.
Ἀφροδίτην σέβουσι τὴν ἐνόπλιον· καὶ πάντας δὲ τοὺς θεοὺς θήλεις καὶ
ἄρρενας λόγχας ἔχοντας ποιοῦνται, ὡς ἁπάντων τὴν πολεμικὴν ἀρετὴν ἐχόντων.
Ἐπιλέγουσι δὲ καὶ <οἱ> παροιμιαζόμενοι
«Τὰν χεῖρα ποτιφέροντα τὰν τύχαν καλεῖν, »
ὡς δέον ἐπικαλεῖσθαι τοὺς θεοὺς μετὰ τοῦ ἐγχειρεῖν τι καὶ πράττειν, ἄλλως δὲ μή.
Τοῖς παισὶν ἐπεδείκνυον τοὺς εἵλωτας μεθύσαντες εἰς ἀποτροπὴν πολυοινίας.
Ἔθος ἦν αὐτοῖς μηδὲ κόπτειν τὰς αὐλείους ἀλλ´ ἔξωθεν βοᾶν.
<239b> Στλεγγίσιν οὐ σιδηραῖς ἀλλὰ καλαμίναις ἐχρῶντο.
Κωμῳδίας καὶ τραγῳδίας οὐκ ἠκροῶντο, ὅπως μήτ´ ἐν σπουδῇ μήτ´ ἐν παιδιᾷ
ἀκούωσι τῶν ἀντιλεγόντων τοῖς νόμοις.
Ἀρχίλοχον τὸν ποιητὴν ἐν Λακεδαίμονι γενόμενον αὐτῆς ὥρας ἐδίωξαν, διότι
ἐπέγνωσαν αὐτὸν πεποιηκότα ὡς κρεῖττόν ἐστιν ἀποβαλεῖν τὰ ὅπλα ἢ
ἀποθανεῖν·
« Ἀσπίδι μὲν Σαΐων τις ἀγάλλεται, ἣν περὶ θάμνῳ
ἔντος ἀμώμητον κάλλιπον οὐκ ἐθέλων·
αὐτὸς δ´ ἐξέφυγον θανάτου τέλος· ἀσπὶς ἐκείνη
ἐρρέτω· ἐξαῦθις κτήσομαι οὐ κακίω. »
<239c> Κόραις καὶ κόροις κοινὰ τὰ ἱερά.
Σκιραφίδαν ἐζημίωσαν οἱ ἔφοροι, ὅτι ὑπὸ πολεμίων ἠδικεῖτο.
Σακκοφόρον ἀνεῖλον, διότι παρυφὴν εἰς τὸν σάκκον ἐνέβαλε.
Τὸν ἐκ τοῦ γυμνασίου νεανίσκον ἐπετίμων, ὅτι τὴν εἰς Πυλαίαν ὁδὸν
ἠπίστατο.
Κηφισοφῶντα, εἰπόντα περὶ τοῦ τυχόντος δύνασθαι ὅλην τὴν ἡμέραν λέγειν,
ἐξέβαλον, φάμενοι τὸν ἀγαθὸν μυθικτὰν δεῖν τοῖς πράγμασιν ἴσον τὸν λόγον
ἔχειν.
Οἱ παῖδες παρ´ αὐτοῖς ξαινόμενοι μάστιξι δι´ ὅλης τῆς ἡμέρας ἐπὶ τοῦ βωμοῦ
τῆς Ὀρθίας Ἀρτέμιδος μέχρι θανάτου πολλάκις διακαρτεροῦσιν ἱλαροὶ καὶ
γαῦροι, <239d> ἁμιλλώμενοι περὶ νίκης πρὸς ἀλλήλους, ὅστις αὐτῶν ἐπὶ πλέον
τε καὶ μᾶλλον καρτερήσει τυπτόμενος· καὶ ὁ περιγενόμενος ἐν τοῖς μάλιστα
ἐπίδοξός ἐστι. Καλεῖται δὲ ἡ ἅμιλλα διαμαστίγωσις· γίνεται δὲ καθ´ ἕκαστον
ἔτος.
Ἓν δέ τι τῶν καλῶν καὶ μακαρίων ἐδόκει παρεσκευακέναι τοῖς πολίταις ὁ
Λυκοῦργος ἀφθονίαν σχολῆς· τέχνης μὲν γὰρ ἅψασθαι βαναύσου τὸ παράπαν οὐκ
ἐξῆν· χρηματισμοῦ δὲ συναγωγὴν ἔχοντος ἐργώδη καὶ πραγματείας οὐδ´ ὁτιοῦν
ἔδει διὰ τὸ κομιδῇ τὸν πλοῦτον ἄζηλον πεποιηκέναι καὶ ἄτιμον. Οἱ δὲ
εἵλωτες αὐτοῖς εἰργάζοντο τὴν γῆν ἀποφορὰν τὴν ἄνωθεν ἱσταμένην
τελοῦντες. <239e> Ἐπάρατον δ´ ἦν πλείονός τινα μισθῶσαι, ἵν´ ἐκεῖνοι μὲν
κερδαίνοντες ἡδέως ὑπηρετῶσιν, αὐτοὶ δὲ μὴ πλέον ἐπιζητῶσιν.
Ἀπείρητο δ´ αὐτοῖς ναύταις εἶναι καὶ ναυμαχεῖν· ὕστερον μέντοι
ἐναυμάχησαν, καὶ τῆς θαλάσσης κρατήσαντες πάλιν ἀπέστησαν, διαφθειρόμενα
τὰ ἤθη τῶν πολιτῶν θεωροῦντες. Ἀλλὰ πάλιν μετεβάλοντο καθάπερ ἐν τοῖς
ἄλλοις πᾶσι· καὶ γὰρ χρημάτων συναχθέντων τοῖς Λακεδαιμονίοις οἱ
συναγαγόντες θανάτῳ κατεδικάσθησαν.
Ἀλκαμένει γὰρ καὶ Θεοπόμπῳ τοῖς βασιλεῦσι χρησμὸς ἐδόθη
« Ἁ φιλοχρηματία Σπάρταν ὀλεῖ· »
<239f> ἀλλ´ ὅμως Λύσανδρος ἑλὼν Ἀθηναίους πολὺν χρυσὸν καὶ ἄργυρον
εἰσήγαγε, καὶ παρεδέξαντο καὶ ἐτίμησαν τὸν ἄνδρα. Τοῖς μὲν οὖν Λυκούργου
χρωμένη νόμοις ἡ πόλις καὶ τοῖς ὅρκοις ἐμμείνασα ἐπρώτευε τῆς Ἑλλάδος
εὐνομίᾳ καὶ δόξῃ χρόνον ἐτῶν πεντακοσίων·
| [239] <239a> Dans toutes les prières qu'ils faisaient aux dieux, ils demandaient
la force de souffrir les injures. Tous leurs vœux se bornaient à obtenir
les moyens de bien faire, et rien de plus.
Ils honoraient Vénus armée, et représentaient leurs divinités, dieux et
déesses, avec une lance à la main, parce qu'ils leur attribuaient
également à tous la vertu guerrière en partage.
Ce proverbe usité parmi eux :
La main sur ton ouvrage invoque la Fortune,
signifiait qu'il ne faut implorer le secours des dieux qu'après avoir
commencé d'agir.
Pour détourner les jeunes gens de l'ivresse, ils leur faisaient voir les
ilotes ivres.
Lorsqu'ils voulaient entrer dans une maison, au lieu de frapper à la
porte, ils appelaient du dehors.
<239b> Ils se servaient d'étrilles de roseau, et non de fer.
Ils n'assistaient jamais à des tragédies, ni à des comédies, pour ne pas
entendre, même dans les choses d'amusement, des discours contraires aux lois.
Le poète Archiloque étant venu à Sparte, ils l'en chassèrent bien vite,
parce qu'ils surent qu'il avait dit dans un de ses poèmes qu'il valait
mieux jeter son bouclier que de périr :
J'ai laissé malgré moi mon bouclier aux champs.
Que de le posséder un ennemi se vante,
N'importe; de la Mort j'ai fui la main sanglante.
Je saurai d'un meilleur me pourvoir dans le temps.
<239c> Les jeunes garçons et les jeunes filles participaient aux mêmes sacrifices.
Les éphores condamnèrent à l'amende un citoyen nommé Sciraphidas, parce
qu'il était l'objet du mépris public.
Ils en condamnèrent un autre à mort, parce qu'il avait mis sur sa tunique
une robe de pourpre.
Ils réprimandèrent vivement un jeune homme du gymnase, parce qu'il savait
le chemin du Pylée.
L'orateur Céphisonte s'étant vanté qu'il parlerait une journée entière sur
tel sujet qu'on voudrait lui marquer, ils le bannirent de Sparte, en
disant qu'un bon orateur devait toujours proportionner la grandeur de son
discours à celle de son sujet.
Il y avait un certain jour où, à Lacédémone, l'on fouettait les enfants,
souvent jusqu'à la mort, sur l'autel de Diane Orthia. Ils
supportaient avec joie cette exécution sanglante, et se disputaient
l'honneur de recevoir plus de coups sans se plaindre ; <239d> le vainqueur
était comblé de gloire. Cette rivalité, qu'on appelait la flagellation, se
renouvelait tous les ans.
Une des plus sages et des plus heureuses institutions de Lycurgue, c'est
le grand loisir qu'il avait procuré aux Lacédémoniens. Il ne leur était permis
d'exercer aucun art mercenaire. Ils n'avaient besoin ni de travailler, ni de faire
aucun commerce, pour acquérir des biens, puisqu'il avait ôté aux richesses
le prix et l'estime qu'on y attachait partout ailleurs. Les Ilotes cultivaient la terre pour
eux et leur en payaient la rente, suivant l'ancien taux fixé par
Lycurgue. Un citoyen qui aurait affermé sa terre au-dessus de ce prix
serait devenu l'objet de l'exécration publique. <239e> Son motif en cela
avait été d'attacher les Ilotes à la culture par l'appât du gain, et
d'ôter à leurs maîtres l'envie d'augmenter leur fortune.
Il leur avait interdit aussi le commerce maritime et les guerres de mer.
Dans la suite ils se relâchèrent sur ce dernier point et devinrent maîtres
de la mer ; mais s'étant aperçus de la dépravation que ces guerres
maritimes introduisaient dans les mœurs, ils les abandonnèrent.
Au reste, sur ce point comme sur tous les autres, ils varièrent beaucoup.
Dans les commencements, ceux qui apportaient de l'argent à Sparte étaient
condamnés à mort. Car les rois Alcamène et Théopompe avaient reçu de
l'oracle cette réponse : L'avarice à la fin perdra Lacédémone.
<239f> Cependant lorsque Lysandre, après la prise d'Athènes, fit
transporter à Lacédémone beaucoup d'or et d'argent, ses concitoyens le
reçurent avec plaisir, et lui en surent le plus grand gré. Tant que
Sparte fut fidèle au serment qu'elle avait fait d'observer les lois de Lycurgue,
elle eut, pendant l'espace de cinq cents ans, la supériorité sur toutes les autres villes de la Grèce, par la sagesse de son administration et par la gloire qui en fut
le fruit.
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