[237] ἔπειτα γευσάμενον καὶ δυσχεράναντα <237a> ἀποπτύσαι, καὶ τὸν μάγειρον
εἰπεῖν « Ὦ βασιλεῦ, τοῦτον δεῖ τὸν ζωμὸν γυμνασάμενον Λακωνικῶς ἐν τῷ Εὐρώτᾳ
λελουμένον ἐποψᾶσθαι. »
Πιόντες οἱ Λάκωνες ἐν τοῖς συσσιτίοις μετρίως ἀπίασι δίχα λαμπάδος· οὐ γὰρ
ἔξεστι πρὸς φῶς βαδίζειν οὔτε ταύτην οὔτ´ ἄλλην ὁδόν, ὅπως ἐθίζωνται
σκότους καὶ νυκτὸς εὐθαρσῶς καὶ ἀδεῶς ὁδεύειν.
Γράμματα ἕνεκα τῆς χρείας ἐμάνθανον· τῶν δ´ ἄλλων παιδευμάτων ξενηλασίαν
ἐποιοῦντο, οὐ μᾶλλον ἀνθρώπων ἢ λόγων. Ἡ δὲ παιδεία ἦν αὐτοῖς πρὸς τὸ
ἄρχεσθαι καλῶς καὶ καρτερεῖν πονοῦντα καὶ μαχόμενον νικᾶν ἢ ἀποθνήσκειν.
<237b> Διετέλουν δὲ καὶ ἄνευ χιτῶνος, ἓν ἱμάτιον εἰς τὸν ἐνιαυτὸν
λαμβάνοντες, αὐχμηροὶ τὰ σώματα καὶ λουτρῶν καὶ ἀλειμμάτων κατὰ τὸ
πλεῖστον ἀπεχόμενοι.
Ἐκάθευδον δὲ οἱ νέοι ὁμοῦ κατ´ ἴλην καὶ κατ´ ἀγέλην ἐπὶ στιβάδων, ἃς αὐτοὶ
συνεφόρουν, τοῦ παρὰ τῷ Εὐρώτᾳ πεφυκότος καλάμου τὰ ἄκρα ταῖς χερσὶν ἄνευ
σιδήρου κατακλάσαντες· ἐν δὲ τῷ χειμῶνι τοὺς λεγομένους λυκοφάνους
ὑπεβάλλοντο καὶ κατεμίγνυσαν ταῖς στιβάσι, θερμαντικὸν ἔχειν τι τῆς ὕλης
δοκούσης.
Ἐρᾶν τῶν τὴν ψυχὴν σπουδαίων παίδων ἐφεῖτο· τὸ δὲ πλησιάζειν αἰσχρὸν
νενόμιστο, ὡς τοῦ σώματος ἐρῶντας ἀλλ´ οὐ τῆς ψυχῆς· <237c> ὁ δ´ ἐγκληθεὶς
ὡς ἐπ´ αἰσχύνῃ πλησιάζων ἄτιμος διὰ βίου ἦν.
Ἔθος ἦν καὶ τοὺς νεωτέρους ὑπὸ τῶν πρεσβυτέρων ἐρωτᾶσθαι, ποῖ πορεύονται
καὶ ἐπὶ τί, καὶ τὸν μὴ ἀποκρινόμενον ἢ προφάσεις πλέκοντα ἐπιπλήττειν· ὁ
δὲ μὴ ἐπιπλήττων παρόντος αὐτοῦ ἁμαρτάνοντα ἔνοχος ἦν τῷ ἴσῳ ἐπιτιμίῳ ᾧπερ
καὶ ὁ ἁμαρτών· καὶ ὁ δυσχεραίνων δέ, εἰ ἐπιτιμῷτο, ἐν μεγάλῳ ὀνείδει ἦν.
Εἴ τις φωραθείη ἁμαρτάνων, ἔδει τοῦτον βωμόν τινα τῶν ἐν τῇ πόλει κύκλῳ
περιιέναι, ψόγον ᾄδοντα πεποιημένον εἰς ἑαυτόν· ὅπερ ἦν οὐδὲν ἕτερον ἢ
ἐπιπλήττειν αὐτὸν αὑτῷ.
Καὶ τοὺς νέους δ´ οὐ μόνον τοὺς ἰδίους αἰδεῖσθαι πατέρας <237d> καὶ
ὑπηκόους τούτοις εἶναι, ἀλλὰ πάντας τοὺς πρεσβυτέρους ἐντρέπεσθαι, καὶ
ὁδῶν ὑποχωροῦντας καὶ καθέδρας ὑπεξανισταμένους καὶ παρόντων ἡσυχάζοντας.
Διὸ καὶ ἦρχεν ἕκαστος οὐχ ὥσπερ ἐν ταῖς ἄλλαις πόλεσι τῶν αὑτοῦ καὶ τῶν
τοῦ πλησίον, ὅπως ὅτι μάλιστα κοιτῶν αὑτοῦ καὶ τῶν τοῦ πλησίον, ὅπως ὅτι
μάλιστα κοινωνῶσι καὶ φροντίζωσιν ὡς οἰκείων.
Παῖς δὲ ὑπό τινος κολασθείς, εἰ τῷ πατρὶ ἐξήγγειλεν, αἰσχρὸν ἦν τῷ πατρὶ
μὴ προσεντεῖναι ἀκούσαντα πάλιν ἑτέρας· ἐπίστευον γὰρ ἑαυτοῖς ἐκ τῆς
πατρίου ἀγωγῆς μηδὲν αἰσχρὸν προστάξαι τοῖς τέκνοις.
Κλέπτουσι δὲ οἱ νέοι καὶ τῶν σιτίων ὅ τι ἂν δύνωνται, μανθάνοντες <237e>
εὐφυῶς ἐπιτίθεσθαι τοῖς καθεύδουσιν ἢ ῥᾳθύμως φυλάσσουσι· τῷ δὲ ἁλόντι
ζημία πληγαὶ καὶ τὸ πεινῆν. Γλίσχρον γὰρ αὐτοῖς ἐστι δεῖπνον, ὅπως δι´
αὑτῶν ἀμυνόμενοι τὴν ἔνδειαν ἀναγκάζωνται τολμᾶν καὶ πανουργεῖν.
Τὸ δ´ ἔργον τῆς συσσιτίας διά τε ταῦτα γλίσχρον ἦν καὶ ἵν´ ἐθίζωνται
μηδέποτε γίνεσθαι πλήρεις, δύνασθαι δὲ πεινῆν· οὕτω γὰρ ᾤοντο καὶ εἰς τὸν
πόλεμον χρησιμωτέρους ἔσεσθαι, εἰ δύναιντο καὶ ἀσιτήσαντες ἐπιπονῆσαι, καὶ
ἐγκρατεστέρους δὲ καὶ εὐτελεστέρους, εἰ πλείω χρόνον διάγοιεν ἀπὸ μικρᾶς
δαπάνης· τὸ δ´ ἀνοψίαν ὑποφέρειν <237f> καὶ βρῶμα τὸ τυχὸν προσφέρεσθαι
ᾤοντο ὑγιεινότερα τὰ σώματα καὶ εὐαυξῆ ἀπὸ τῆς ἐλλειπούσης ποιεῖν τροφῆς,
νομίζοντες εἰς βάθος τε καὶ πλάτος μὴ πιεζόμενον ἐπαίρειν εἰς ὕψος τὰ
σώματα· καὶ καλὰ δὲ ποιεῖν· τὰς γὰρ ἰσχνὰς καὶ διακένους ἕξεις ὑπακούειν
πρὸς τὴν διάρθρωσιν, τὰς δὲ πολυτρόφους διὰ βάρος ἀντιβαίνειν.
Ἐσπούδαζον δὲ καὶ περὶ τὰ μέλη καὶ τὰς ᾠδὰς οὐδενὸς ἧττον·
| [237] Mais a peine en eut-il goûté, <237a> qu'il le rejeta avec indignation.
« Prince, lui dit alors le cuisinier, il faut, avant de manger ce brouet, avoir
exercé son corps, comme les Spartiates, et s'être baigné dans l'Eurotas. »
Les Lacédémoniens, après avoir bu modérément dans leurs repas, s'en
retournaient chez eux sans flambeaux. Il ne leur était permis, ni dans
cette occasion, ni dans aucune autre, d'aller la nuit avec de la lumière,
parce qu'on voulait les accoutumer à marcher hardiment au milieu des
ténèbres.
Ils ne s'instruisaient dans les lettres que pour le simple besoin. Pour
toutes les autres sciences, ils les avaient bannies de leur ville, aussi
bien que les étrangers qui les professaient. Toute leur éducation
consistait à savoir bien obéir, supporter les travaux, et vaincre ou
mourir en combattant.
<237b> Ils ne portaient toute l'année qu'une simple tunique, soignaient
très peu leur corps, et ne faisaient presque point d'usage de bain ni
d'huile. Les jeunes gens dormaient par troupes sur des lits qu'ils
faisaient eux-mêmes avec des joncs qui croissent sur le bord de l'Eurotas,
et dont ils rompaient le bout avec leurs mains, sans y employer le fer.
L'hiver, ils étendaient sur ces joncs des espèces de couvertures qu'ils appelaient
des lycophons, et auxquelles ils attribuaient la vertu d'échauffer.
Il était permis chez eux de s'attacher à des jeunes gens d'un heureux
naturel , mais ils regardaient comme une infamie de concevoir pour eux un
amour criminel ; <237c> et celui qu'on aurait convaincu d'un pareil
attachement eût été déshonoré pour la vie.
Un vieillard qui rencontrait un jeune homme avait droit de lui demander où
il allait, et ce qu'il allait faire. S'il ne répondait pas, ou qu'il
cherchât quelque détour, il devait le réprimander. Si le vieillard lui
voyait faire une faute, et qu'il ne l'en reprît pas, il était condamné à
la même peine que le jeune homme avait encourue. Celui-ci recevait-il mal
la réprimande , c'était pour lui le plus grand déshonneur.
Lorsqu'un citoyen était pris en faute, on l'obligeait de faire le tour
d'un des autels de la ville, en chantant une chanson qui contenait la
censure du mal qu'il avait fait, ce qui n'était autre chose que se
réprimander soi-même.
On accoutumait les enfants, non seulement à respecter leurs parents <237d>
et à leur obéir, mais encore à honorer tous les vieillards, à leur céder
le pas, à se lever pour leur donner leur place, à se tenir devant eux dans
un respectueux silence. Aussi chaque père de famille avait-il soin, non
seulement de ses enfants, de ses esclaves, de ses biens, comme on fait
dans les autres villes , mais encore de ceux de ses voisins, autant que
des siens propres ; en sorte que tout paraissait commun entre les
citoyens. Si un enfant corrigé par un autre que son père allait se
plaindre, le père, sous peine de se déshonorer, devait aggraver
la punition. D'après l'éducation qu'ils avaient reçue, ils étaient persuadés
que personne ne pouvait exiger de leurs enfants rien que d'honnête.
Les jeunes gens dérobaient, pour se nourrir, tout ce qu'ils trouvaient.
<237e> Ils s'exerçaient à surprendre adroitement les personnes négligentes
ou endormies. Lorsqu'ils étaient pris sur le fait, on les châtiait, et ils
étaient obligés d'endurer la faim. On leur donnait très peu à manger, afin
qu'étant contraints de chercher eux-mêmes le supplément de leur
nourriture, la nécessité les rendît entreprenants et industrieux.
Outre ce premier motif, on voulait encore par là les accoutumer à n'être
jamais rassasiés, et à savoir supporter la faim. Ils comptaient aussi en
tirer plus de service à la guerre, dont ils pourraient, même en mangeant
très peu, soutenir les fatigues. Ils les rendaient en même temps plus
sobres et plus économes, en faisant qu'une dépense très médiocre suffit
longtemps à leurs besoins. <237f> D'ailleurs une nourriture simple et sans
apprêt était beaucoup plus saine, leur formait un tempérament mâle et
robuste, et, en ne leur donnant que l'embonpoint nécessaire, ne les
empêchait pas d'acquérir cette taille avantageuse qui contribue tant à la
beauté . En effet, les corps maigres et déliés ont une souplesse et une
agilité que n'ont point ceux qui sont gras et épais.
On ne les instruisait pas avec moins de soin de la poésie et de la musique,
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