[236] Βοῦλις καὶ Σπέρχις Λακεδαιμόνιοι πορευθέντες ἐθελονταὶ πρὸς Ξέρξην τὸν
Περσῶν βασιλέα ἐπὶ τιμωρίᾳ, ἣν ὦφλεν ἡ Λακεδαίμων κατὰ χρησμόν,
διότι κήρυκας <236a> πεμφθέντας ὑπὸ τοῦ Πέρσου ὡς αὐτοὺς ἀπέκτειναν, ἐλθόντες
πρὸς τὸν Ξέρξην ἐκέλευον ᾧ βούλεται τρόπῳ διαχρήσασθαι αὐτοὺς ὑπὲρ
Λακεδαιμονίων. Ὡς δ´ ἐκεῖνος ἀγασθεὶς ἀπέλυσε τοὺς ἄνδρας καὶ ἠξίου μένειν
παρ´ αὐτῷ, « Καὶ πῶς ἄν » ἔφασαν « δυναίμεθα ζῆν ἐνταῦθα, πατρίδα
καταλιπόντες καὶ νόμους καὶ τούτους τοὺς ἄνδρας, ὑπὲρ ὧν τοσαύτην ἤλθομεν
ὁδὸν ἀποθανούμενοι; »
Ἰνδάρνου δὲ τοῦ στρατηγοῦ ἐπὶ πλέον δεομένου καὶ λέγοντος τεύξεσθαι αὐτοὺς
τῆς ἴσης τιμῆς τοῖς μάλιστα ἐν προαγωγῇ φίλοις τοῦ βασιλέως, ἔφασαν «
Ἀγνοεῖν ἡμῖν δοκεῖς, ἡλίκον ἐστὶ τὸ τῆς ἐλευθερίας, ἧς οὐκ ἂν ἀλλάξαιτό
τις νοῦν ἔχων τὴν Περσῶν βασιλείαν. »
<236b> Λάκων, ἐπεὶ τῇ μὲν προτέρᾳ ἡμέρᾳ ὁ ξένος αὐτὸν ἐξέκλινε, τῇ δ´ ἑξῆς
στρώματα χρησάμενος δαψιλῶς ὑπεδέχετο, ἐπιβὰς τοῖς στρώμασι κατεπάτει,
ἐπιλέγων διὰ ταῦτα ἐχθὲς οὐδ´ ἐπὶ ψιάθου ὑπνωκέναι.
Ἕτερος ἐλθὼν εἰς Ἀθήνας καὶ ὁρῶν τοὺς Ἀθηναίους τὸ τάριχος ἀποκηρύττοντας
καὶ τὸ ὄψον καὶ τελωνοῦντας καὶ πορνοβοσκοῦντας καὶ ἕτερα ἔργα ἀσχήμονα
πράττοντας καὶ μηδὲν αἰσχρὸν ἡγουμένους, ὅτε ἐπανῆλθεν εἰς τὴν πατρίδα,
τῶν πολιτῶν πυνθανομένων αὐτοῦ ποῖά τινά ἐστι τὰ ἐν Ἀθήναις, <236c> «
Πάντα » εἶπε « καλά, » εἰρωνευόμενος καὶ παριστὰς ὅτι πάντα παρὰ τοῖς
Ἀθηναίοις καλὰ νομίζεται, αἰσχρὸν δ´ οὐδέν.
Ἄλλος ἐρωτώμενος περί τινος ἀπεκρίνατο « Οὔ· » ὡς δ´ ὁ ἐρωτήσας ἀπεκρίνατο
ὅτι « ψεύδῃ », « Ὁρᾷς οὖν » ἔφη « ὅτι μάταιος εἶ περὶ ὧν ἐπίστασαι ἐρωτῶν. »
Ἧκόν ποτε κατὰ πρεσβείαν Λάκωνες πρὸς Λύγδαμιν τὸν τύραννον· ὡς δ´ ἐκεῖνος
ὑπερτιθέμενος πολλάκις συντυχεῖν ἀνεβάλλετο, τὸ δ´ ἐπὶ πᾶσι μαλακῶς ἔχειν
αὐτὸν ἔφη τις, οἱ πρέσβεις « Λέγε αὐτῷ » εἶπον « ὅτι μὰ τοὺς θεοὺς οὐ
παλαισόμενοι πρὸς αὐτὸν ἐληλύθαμεν, ἀλλὰ διαλεχθησόμενοι. »
<236d> Λάκωνά τινά τις μυσταγωγῶν ἠρώτα τί πράξας ἑαυτῷ σύνοιδεν
ἀσεβέστατον, ὁ δέ « Γινώσκουσιν οἱ θεοί » ἔφη· ἐπικειμένου δὲ μᾶλλον καὶ
λέγοντος « Πάντως σε δεῖ εἰπεῖν », ὁ Λάκων ἀντηρώτησε « Τίνι με δεῖ
εἰπεῖν, σοὶ ἢ τῷ θεῷ; » τοῦ δ´ εἰπόντος « Τῷ θεῷ », « Σὺ τοίνυν » ἔφη « ἀποχώρησον. »
Ἕτερος νυκτὸς μνῆμα παριὼν καὶ φαντασιωθεὶς δαιμόνιόν τι ἐπέδραμε τῇ λόγχῃ
διαράμενος, καὶ ἐναπερείδων εἶπε « Πῆ με φεύγεις, δὶς ἀποθανουμένη ψυχή; »
Ἄλλος εὐξάμενος ἀπὸ τοῦ Λευκάτα ῥίπτειν ἑαυτὸν ἀνέβη καὶ ὑπέστρεψεν ἰδὼν
τὸ ὕψος· ὀνειδιζόμενος δ´ εἶπεν « Οὐκ ᾤμαν τὰν εὐχὰν ἄλλας μείζονος εὐχᾶς
δεῖσθαι. »
<236e> Ἄλλος ἐπὶ παρατάξεως τῷ πολεμίῳ τὸ ξίφος καταφέρειν μέλλων, ἐπεὶ τὸ
ἀνακλητικὸν ἐσήμηνεν, οὐκέτι κατήνεγκε· πυθομένου δέ τινος, διὰ τί τὸν
ἐχθρὸν ἔχων ὑποχείριον οὐκ ἀπέκτεινεν, « Ὅτι » ἔφη « βέλτιόν ἐστι τοῦ
φονεύειν τὸ πείθεσθαι τῷ ἄρχοντι. »
Λάκωνί τινι ἡττωμένῳ ἐν Ὀλυμπίᾳ πάλην εἶπέ τις « Ὁ ἀνταγωνιστής, ὦ Λάκων,
ἐγένετό σου κρείσσων· » « Οὐ μὲν οὖν » ἔφη « ἀλλὰ καββαλικώτερος. »
<236f> Τῶν εἰσιόντων εἰς τὰ συσσίτια ἑκάστῳ δεικνύων ὁ πρεσβύτατος τὰς
θύρας, « Διὰ τούτων » φησίν « οὐδεὶς ἐξέρχεται λόγος. »
Δοκιμαζομένου μάλιστα παρ´ αὐτοῖς τοῦ μέλανος λεγομένου ζωμοῦ, ὥστε μὴ
κρεαδίου δεῖσθαι τοὺς πρεσβυτέρους, παραχωρεῖν δὲ τοῖς νεανίσκοις, λέγεται
Διονύσιος ὁ τῆς Σικελίας τύραννος τούτου χάριν Λακωνικὸν μάγειρον πρίασθαι
καὶ προστάξαι σκευάσαι αὐτῷ μηδενὸς φειδόμενον ἀναλώματος·
| [236] Sparte avait mérité pour avoir fait mourir les ambassadeurs de ce prince.
Lorsqu'ils furent devant le roi, ils lui demandèrent de les punir pour
tous les Lacédémoniens, <236a> et de leur faire souffrir tel genre de mort
qu'il voudrait. Xerxès, plein d'admiration pour leur vertu, leur fit
grâce, et leur proposa même de rester à sa cour. « Prince, lui dirent-ils,
comment pourrions-nous vivre ici, et abandonner une patrie, des lois et
des concitoyens pour qui nous sommes venus de si loin chercher la mort? »
Indarnus, général de Xerxès, leur faisait les plus vives instances, et les
assurait que ce prince les traiterait à l'égal de ses plus intimes
favoris. «Vous ignorez sans doute, lui dirent-ils , le prix de la liberté.
Est-il un homme sensé qui voulût la changer même contre le royaume de Perse? »
<236b> Un étranger n'ayant point de lit à donner à un Spartiate, fit
semblant de ne pas le voir ; le lendemain il en emprunta un, et reçut très
bien son hôte. Celui-ci foula aux pieds les couvertures, en disant :
« Elles sont cause qu'hier je n'ai pas eu même une natte pour me coucher.»
Un Lacédémonien étant à Athènes, y vit les citoyens vendre de la viande et
des poissons salés, lever les impôts, trafiquer des esclaves et exercer,
sans en rougir, beaucoup d'autres métiers peu honnêtes. De retour dans sa
patrie, on lui demanda ce qu'il pensait d'Athènes : <236c> « Il n'y a rien
dans cette ville, répondit-il, qui ne soit honnête. » Il faisait entendre
ironiquement que les Athéniens ne connaissaient rien de honteux.
Un autre avait répondu négativement à une question qu'on lui avait faite.
« Vous mentez, lui dit celui qui l'avait interrogé. « Vous avez donc tort,
répliqua le premier, de me questionner sur ce que vous savez. »
Des Lacédémoniens qu'on avait députés vers le tyran Lygdamis, furent
plusieurs jours sans pouvoir obtenir audience. Enfin il leur fit dire
qu'il ne se portait pas assez bien pour les recevoir. — « Allez lui dire,
répondirent-ils, que nous ne venons pas pour lutter avec lui, mais pour l'entretenir. »
<236d> Un prêtre qui initiait un Spartiate à des mystères, lui dit de
déclarer l'action la plus criminelle qu'il eût commise. L'initié répondit
que les dieux la savaient. Mais le prêtre en exigeait l'aveu comme un
préliminaire indispensable. « Est-ce à vous ou au dieu que je dois le dire ?
reprit le Spartiate. — C'est au dieu, dit le prêtre. — Commencez donc
par vous éloigner, » répliqua le Spartiate.
Un autre passait la nuit auprès d'un tombeau, et croyant voir un spectre,
il courut à lui la lance à la main, en disant : « Où fuis-tu ? attends, et
tu mourras deux fois ! »
Un Spartiate avait fait vœu de se précipiter du haut du promontoire de
Leucate. Mais lorsqu'il y fut monté et qu'il en eut vu toute la
profondeur, il se retira. Comme on lui en faisait des reproches, il
répondit : « Je n'avais pas réfléchi que ce vœu en supposait un autre bien
plus grand. »
<236e> Dans une bataille, un soldat avait le bras levé pour frapper son
ennemi, lorsque entendant sonner la retraite, il s'arrêta. Un de ses
camarades lui ayant demandé pourquoi il avait épargné un ennemi dont il
lui était si facile de se défaire : « Il vaut mieux, dit-il, obéir à son
général que de tuer un ennemi. »
On disait à un Lacédémonien qui avait été vaincu aux jeux olympiques, que
son adversaire était plus brave que lui : « Non, répondit-il ; mais plus
adroit à terrasser. »
ANCIENNES INSTITUTIONS DES SPARTIATES.
<236f> Lorsque les Lacédémoniens entraient dans les salles où ils
mangeaient en commun, le plus ancien de l'assemblée disait à chacun d'eux,
en lui montrant la porte : « Il ne sort pas un mot par là. »
Ils aimaient avec tant de passion leur brouet noir, que les vieillards le
préféraient à la viande, qu'ils abandonnaient aux jeunes gens. On dit que
Denys le tyran, curieux de manger de ce ragoût, acheta exprès un cuisinier
lacédémonien, et lui dit de ne rien épargner pour le bien apprêter.
|