[229] « Ὅπως » ἔφη « μὴ κυπτάζοντες περὶ <229a> τὰ σκῦλα τῆς μάχης
ἀμελῶσιν, ἀλλὰ καὶ τὴν πενίαν ἅμα τῇ τάξει διασῴζωσι. »
ΛΥΣΑΝΔΡΟΣ.
Λύσανδρος, Διονυσίου τοῦ τῆς Σικελίας τυράννου πέμψαντος αὐτοῦ ταῖς
θυγατράσιν ἱμάτια πολυτελῆ, οὐκ ἔλαβεν εἰπὼν δεδιέναι, μὴ διὰ ταῦτα μᾶλλον
αἰσχραὶ φανῶσιν. Ἀλλ´ ὀλίγον ὕστερον πρὸς τὸν αὐτὸν τύραννον ἐκ τῆς αὐτῆς
πόλεως ἀποσταλεὶς πρεσβευτής, προσπέμψαντος αὐτῷ τοῦ Διονυσίου δύο στολὰς
καὶ κελεύσαντος ἣν βούλεται ταύτην ἑλόμενον τῇ θυγατρὶ κομίζειν, αὐτὴν
ἐκείνην ἔφη βέλτιον αἱρήσεσθαι· καὶ λαβὼν ἀμφοτέρας ἀπῆλθεν.
Σοφιστὴς δὲ δεινὸς γενόμενος ὁ Λύσανδρος καὶ ἀπάταις τὰ πολλὰ ποικίλλων,
τὸ δίκαιον ἐν μόνῳ τῷ λυσιτελεῖ τιθέμενος καὶ τὸ καλὸν ἐν τῷ συμφέροντι,
τὸ ἀληθὲς ἔλεγε τοῦ ψεύδους κρεῖττον εἶναι, ἑκατέρου δὲ <229b> τῇ χρείᾳ
τὴν ἀξίαν καὶ τὴν τιμὴν ὁρίζεσθαι.
Πρὸς δὲ τοὺς ψέγοντας αὐτὸν ἐπὶ τῷ δι´ ἀπάτης τὰ πλεῖστα πράττειν ὡς
ἀνάξιον τοῦ Ἡρακλέους καὶ δόλῳ, οὐκ ἄντικρυς κατορθοῦντα, γελῶν ἔλεγεν,
ὅπου μὴ ἐφικνεῖται ἡ λεοντῆ, προσραπτέον εἶναι τὴν ἀλωπεκῆν.
Ἐπιμεμφομένων δ´ ἑτέρων αὐτὸν ἐπὶ ταῖς παραβάσεσι τῶν ὅρκων, οὓς ἐν Μιλήτῳ
ἐποιήσατο, ἔλεγε « Τοὺς μὲν παῖδας τοῖς ἀστραγάλοις δεῖ ἐξαπατᾶν, τοὺς δὲ
ἄνδρας τοῖς ὅρκοις. »
Νικήσας δὲ τοὺς Ἀθηναίους ἐξ ἐνέδρας περὶ Αἰγὸς ποταμοὺς καὶ λιμῷ πιέσας
αὐτοὺς παρεστήσατο τὴν πόλιν καὶ ἔγραψε τοῖς ἐφόροις « Ἑαλώκασιν αἱ Ἀθῆναι. »
<229c> Πρὸς Ἀργείους δὲ περὶ γῆς ὅρων ἀμφισβητοῦντας πρὸς Λακεδαιμονίους
καὶ δικαιότερα λέγειν αὐτῶν φάσκοντας σπασάμενος τὴν μάχαιραν « Ὁ ταύτης »
ἔφη « κρατῶν βέλτιστα περὶ γῆς ὅρων διαλέγεται. »
Τοὺς δὲ Βοιωτοὺς ἐπαμφοτερίζοντας, ὅτε διῄει τὴν χώραν, ὁρῶν προσέπεμψε
πυνθανόμενος πότερον ὀρθοῖς τοῖς δόρασιν ἢ κεκλιμένοις διαπορεύηται τὴν
χώραν αὐτῶν.
Μεγαρέως δ´ ἀνδρὸς ἔν τῳ κοινῷ συλλόγῳ παρρησίᾳ χρησαμένου πρὸς αὐτόν, «
Οἱ λόγοι σου » εἶπεν « ὦ ξένε, πόλεως δέονται. »
Ἐπεὶ δὲ Κορινθίων ἀφεστώτων διερχόμενος παρὰ <229d> τὰ τείχη τοὺς
Λακεδαιμονίους ἑώρα προσβάλλειν ὀκνοῦντας, καὶ λαγώς τις ὤφθη διαπηδῶν τὴν
τάφρον, « Οὐκ αἰσχύνεσθε » εἶπεν, « ὦ Σπαρτιᾶται, τοιούτους φοβούμενοι
πολεμίους, ὧν δι´ ἀργίαν οἱ λαγωοὶ τοῖς τείχεσιν ἐγκαθεύδουσιν; »
Ἐν δὲ Σαμοθρᾴκῃ χρηστηριαζομένῳ αὐτῷ ὁ ἱερεὺς ἐκέλευσεν εἰπεῖν, ὅ τι
ἀνομώτατον ἔργον αὐτῷ ἐν τῷ βίῳ πέπρακται. Ἐπηρώτησεν οὖν « Πότερον σοῦ
κελεύοντος ἢ τῶν θεῶν τοῦτο δεῖ ποιεῖν; » φαμένου δέ « Τῶν θεῶν, » « Σὺ
τοίνυν » ἔφη « ἐκποδών μοι μετάστηθι, κἀκείνοις ἐρῶ, ἐὰν πυνθάνωνται. »
Πέρσου δ´ ἐρωτήσαντος ποίαν μάλιστα ἐπαινεῖ πολιτείαν, <229e> « Ἥτις » ἔφη
« τοῖς ἀνδρείοις καὶ τοῖς δειλοῖς τὰ προσήκοντα ἀποδίδωσι. »
Πρὸς δὲ τὸν εἰπόντα, ὅτι ἐπαινοίη αὐτὸν καὶ ὑπερασπάζοιτο, « Δύο βοῦς »
ἔφη « ἔχω ἐν ἀγρῷ· σιγώντων δ´ ἀμφοτέρων, ἀκριβῶς ἐπίσταμαι τόν τ´ ἀργὸν
καὶ τὸν ἐργαζόμενον. »
Λοιδορουμένου δέ τινος αὐτῷ, εἶπε « Λέγε πυκνῶς, ὦ ξενύλλιον, λέγε μηδὲν
ἐλλείπων, ἄν σου δύνῃ τὰν ψυχὰν κενῶσαι κακῶν, ὧν ἔοικας πλήρης εἶναι. »
Χρόνῳ δ´ ὕστερον μετὰ τὴν τελευτὴν ἀντιλογίας συμμαχικῆς γενομένης,
Ἀγησίλαος ἦλθεν ἐπὶ τὴν τοῦ Λυσάνδρου οἰκίαν, <229f> ὅπως τὰ περὶ αὐτῆς
γράμματα διασκέψηται· ταῦτα γὰρ παρ´ αὑτῷ κατέσχεν ὁ Λύσανδρος. Εὗρε δὲ
καὶ βιβλίον γεγραμμένον τῷ Λυσάνδρῳ περὶ τῆς πολιτείας, ὡς χρὴ τῶν
Εὐρυπωντιδῶν καὶ Ἀγιαδῶν τὴν βασιλείαν ἀφελομένους εἰς μέσον θεῖναι καὶ
ποιεῖσθαι τὴν αἵρεσιν ἐκ τῶν ἀρίστων, ἵνα μὴ τῶν ἀφ´ Ἡρακλέους, ἀλλὰ τῶν
οἷος Ἡρακλῆς τῇ ἀρετῇ κρινομένων τὸ γέρας ᾖ, ᾗ κἀκεῖνος εἰς θεῶν τιμὰς
ἀνήχθη. Καὶ τοῦτον τὸν λόγον ὥρμησε μὲν εἰς τοὺς πολίτας ἐξενεγκεῖν καὶ
παραδεικνύναι τὸν Λύσανδρον οἷος ὢν πολίτης διαλανθάνοι καὶ ἐπὶ διαβολῇ
τῶν Λυσάνδρου φίλων. Λακρατίδην δέ φασι τότε προεστῶτα τῶν ἐφόρων,
εὐλαβηθέντα μὴ πείσῃ τιν´ ἀναγνωσθεὶς ὁ λόγος, ἐπιλαβέσθαι τοῦ Ἀγησιλάου
καὶ εἰπεῖν ὡς οὐ δεῖ ἀνορύττειν τὸν Λύσανδρον,
| [229] « De peur, répondit-il, qu'occupés <229a> des dépouilles,
les citoyens ne se négligent dans le combat; et de plus, afin
qu'ils conservent leur vertu avec leur pauvreté. »
LYSANDRE.
Denys le tyran avait envoyé à Lysandre deux robes pour sa fille, en lui
faisant dire de choisir celle qu'il voudrait. Il répondit que sa fille
ferait ce choix mieux que lui, et les garda toutes les deux.
C'était un homme fin et rusé, qui se faisait un jeu de la fraude, plaçait
la justice et l'honnêteté dans l'intérêt propre, disait que la vérité ne
valait pas mieux en soi que le mensonge, <229b> et que l'utilité seule
déterminait le prix et la dignité de l'un et de l'autre.
On lui reprochait un jour ses tromperies fréquentes et cette conduite
pleine d'artifice et de fausseté, si peu digne d'un descendant d'Hercule.
« Ne savez-vous pas, dit-il en riant, qu'où la peau du lion ne peut
atteindre, il faut coudre celle du renard? »
Il répondit à ceux qui le blâmaient d'avoir violé le serment qu'il avait
fait à ceux de Milet : Qu'on amusait les enfants avec des hochets, et les
hommes avec des serments.
Lorsqu'il eut vaincu, auprès d'Egos-Potamos, les Athéniens qui avaient
donné dans une embuscade, et qu'il les eut réduits par famine à rendre la
ville à discrétion, il n'écrivit aux éphores que ces mots : « Athènes est prise. »
<229c> Les Argiens étaient en dispute avec les Spartiates sur les limites
de leurs territoires respectifs, et soutenaient que leurs raisons étaient les meilleures. Lysandre tirant son épée, leur dit : «. Celui qui est le plus fort avec cette arme est celui qui raisonne le mieux sur les limites des terres.»
Comme les Béotiens balançaient à lui accorder le passage sur leurs terres,
il leur envoya demander s'ils voulaient qu'il les traversât les lances
droites ou baissées.
Dans une assemblée des députés de la Grèce, celui de Mégare parlait à
Lysandre avec beaucoup de liberté, « Mon ami, lui dit-il, tes discours
auraient besoin d'une ville. »
Il marcha contre Corinthe, qui avait quitté le parti des Lacédémoniens.
<229d> Mais ses troupes montraient peu d'ardeur pour en faire le siége. Au
moment même il vit un lièvre qui sautait le fossé. « Eh quoi ! leur
dit-il, n'avez-vous pas honte de craindre des ennemis dont l'indolence est
telle qu'ils laissent les lièvres reposer tranquillement au pied de leurs murailles? »
Comme il se faisait initier aux mystères de Samothrace, le prêtre lui
ordonna de déclarer le plus grand crime qu'il eût commis dans sa vie.
« Est-ce vous ou les dieux qui l'exigent, lui demanda Lysandre? — Ce sont
les dieux. — Sortez donc d'ici, dit-il au prêtre, et si les dieux
m'interrogent, je saurai leur répondre. »
Il répondit à un Perse qui lui demandait quelle forme de gouvernement lui
paraissait préférable : <229e> «Celle où l'on rend également aux gens de
cœur et aux lâches ce qui leur est dû. »
Quelqu'un lui disait qu'il le louait toujours, et prenait partout sa
défense. « J'ai deux bœufs à la campagne, lui dit Lysandre, et quoiqu'ils
ne parlent point, je sais très bien lequel des deux est bon travailleur,
et quel est celui qui ne fait rien. »
Un étranger ne cessait de médire de lui. « Continuez, petit homme, lui dit
Lysandre, continuez, et ne vous lassez point. Peut-être que vous
parviendrez enfin à vider votre âme de tout le poison dont elle est remplie. »
Peu de temps après sa mort, il s'éleva une contestation entre Sparte et
les alliés. Agésilas se transporta dans la maison de Lysandre <229f> pour
y consulter les mémoires qu'il avait laissés relatifs à cette affaire. Il
en trouva un sur le gouvernement, écrit de la main de Lysandre, lequel
portait qu'il fallait enlever la royauté à la famille des Eurytionides et
des Agides, et choisir pour roi un des principaux citoyens ; que cet
honneur devait être le partage, non des descendants d'Hercule, mais de
celui qui aurait imité la vertu de ce héros, que ses exploits avaient
élevé au rang des dieux. Agésilas voulait rendre ce mémoire public,
afin de démasquer Lysandre, et de mettre les citoyens en garde contre ses
partisans; mais Lacratidas, alors le premier des éphores, craignant
que cette lecture ne produisît un effet dangereux, retint Agésilas, lui
conseilla de laisser Lysandre en paix,
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